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Full text of "Bulletin de la Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France"

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BULLETIN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ  DES  SCIENCES  NATURELLES 

DE  L'OUEST  DE   LA  FRANCE 


BULLE  1^  IN 


DE    LA 


SOCIÉTÉ 


DES 


SCIENCES  NATURELLES 

DE    L'OUEST    DE    LA    ERANCE 

fondée  le  27  février  1891 


TROISIEME    SÉRIE 
TOME     II 

PREMIÈRE   PARTIE 
1912 


Secrétariat   au    Muséum    d'Histoire   Naturelle 


NANTES 


Nantes.  —  Imprimerie  A.  DUGAS,  quai  Cassard,  5 


BULLETIN 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  DES  SCIENCES  NATURELLES 

DE   L'OUEST  DE    LA   FRANCE 
EXTRAITS    DES    PROCÈS-VERBAUX 


Séance  du  12  Janvier  1912 

Présidence  de  M.  le  D^"  A.  Col. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
précédente,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Prcsentation  de  nouveaux  membres. 

Le  Docteur  Ch.  Valentin  des  Ormeaux,  membre  titu- 
laire, s'est  fait  inscrire  comme  Membre  à  vie. 

M.  Joseph  Richard,  3,  place  de  la  Monnaie,  Nantes,  pré- 
senté par  MM.  Bureau  et  Péneau,  est  nommé  Membre  affilié. 

M.  lîenri  Herpin,  à  l'Institution  Saint-Sauveur,  à  Redon, 
présenté  par  JNOL  Ferronnière  et  Bureau,  est  nommé  Membre 
affilié. 

M.  L.  Collin,  professeur  au  Collège  de  Lesneven  (Finistère), 
présenté  par  MM.  Azéma  et  Bureau,  est  nommé  Membre  cor- 
respondant. 

Nécrologie. 

Décès  de  M.  Michel-Lévy,  directeur  du  Service  de  la  Carte 
géologique  de  France,   membre  honoraire. 


Acquisition  (Voiwrages. 

La  Société  et  le  Cours  municipal  de  Géologie  ont  acheté  à 
M'^**  Dumas  les  ouvrages  de  Botanique  et  Géologie  de  la  biblio- 
thèque de  son  père  que  nous  ne  possédions  pas.  Sur  le  mon- 
tant de  cet  achat  (470  francs),  la  société  a  contribué  pour  la 
somme  de  305  francs.  Voici  la  liste  des  ouvrages  achetés,  non 
compris  les  brochures  de  moins  de  150  pages,  dont  le  nombre 
s'élève  à  350. 

Botanique  : 

Bras,  Antoine.  —  Catalogue  des  plantes  vasculaires  du  dépar- 
tement de  l'Aveyron.  1877. 

Bois  et  Gadeceau.  —  Les  végétaux,  leur  rôle  dans  la  vie  quo- 
tidienne. 1909. 

Christ,  D.-H.  —  Die  Farnkraûter  der  Krde.  1897. 

Fritel,   p. -H.    —   Paléobotanique.   1903. 

Hegi  et  DuNziNGER.  —  Alpenflora  die  Verbreitetstem-Alpen- 
planzen  von  Bayern,  Tyrol  und  der  Schweiz.  1905. 

Hoffmann,  Julius.  —  Alpine  flora,  for  Tourits  and  Amateur 
botanists.  1903. 

Lecoq  et  Lamotte.  —  Catalogue  raisonné  des  plantes  vascu- 
laires du  Plateau  central  de  la  FYance,  1847. 

Le  Grand,  Antoine.   —  Flore  analytique  du  Berry,  1887. 

LowE,  E.-J.  —  A  Natural  hisotry  of  new  and  rare  Ferns.  1868. 
—  Ferns  :  British  and  exotic. 

Loiseleur-Deslonchamps.  —  Nouvelle  notice  sur  les  plantes 
à  ajouter  à  la  Flore  de  pTance.  1827. 
-      Flora  gallica.  2e  édition.  1828. 

Rupin,   Ernest.    —   Catalogue  des  plantes  vasculaires  de  la 
Corréze.  1884. 

Schroter,  Ludw.C.  —  Taschenflora  des  Alpen-Wanderers.  1903. 

Géologie  ; 

Fallot.   —  Etudes  géol.  sur  le  terrain  th-élacé  du  Sud-Est. 
Rai'lin.   —  Notes  géolog.  sur  l'Aciuilaiue. 


III 


Benoist.  —  Testacés  fossiles  de  Bordeaux. 

MouRLON.   —  Catalogue  des  Bibliographies  géologiques. 

Leriche.  —  Contribution  à  l'étude  des  poissons  fossiles    du 
Nord  de  la  France. 

GossELET.  —  Esquisse  géolog.  du  nord  de  la  France. 

Glangeaud.  —  Le  Jurassique  à  l'Ouest  du  Plateau  central. 

Bergeron.  —  Etude  géol.  du  massif  S.-O.  du  Plateau  Central. 

Millet.  —  Indicateur  de  Maine-et-Loire. 

Guiller-Chelot.  —  Géologie  de  la  Sarthe. 

MouRET.  —  Esquisse  géologique  des  environs  de  Brive. 

Raulin.   —  Mémoire  sur  la  Constitution  géologique  du  San- 
cerrois. 

NivoiT.  —  Géologie  appliquée. 

Zeiller.    —  Flore  du  Bassin  Ilouillier  de  Brives. 

Caralp.   —  Etudes  géolog.  des  Hautes  montagnes  des  Pyré- 
nées centrales. 

Dumas,  Emilien.  —  Statist.  géol.  du  Gard. 
Etc. 

Communications  diverses. 

M.  J.  Welsch,  de  la  Faculté  de  Poitiers,  nous  a  adressé  une 
série  de  Graines  de  la  Tourbe  du  Croisic  et  de  Bretignolles. 
Ranuncnhis  aquatilis    Le  Croisic. 
Ceratophyllnm  demersum       — 
Riibus  fruticosus  —  Bretignolles. 

Scirpiis  lacnstris  — 

—  Tahernœmontanum    —  — 
Myriophyllum  spicaium         — 

Airiplex  —    , 

Potamogeton  —  — 

.—  pectinatus  — 

Castafia  alba  — 
Ruppia  — 

—  rostellata  — 
Cornus  sangiiinea  — 

^I.  P.  Frémv,  professeur  à  1"  Institut  libre  de  Saint-Lô,  en- 


IV 

voie  une  note  accompagnée  d'une  photographie  sur  «  Une 
fascie  de  la  Carlina  viilgaris  L.  «. 

M.  le  D^  A.  Labbé,  à  la  demande  du  Président,  improvise 
une  fort  intéressante  causerie  basée  sur  les  études  qu'il  poursuit 
sur  la  faune  des  crustacés  des  eaux  douces  de  notre  région. 
M.  Labbé  est  écouté  avec  intérêt  et  applaudi. 

M.  Brandicourt  présente  un  serpeht  venimeux  du  Congo, 
la  Vipera  hexacera  de  Duméril  et  Bibron. 

M.  L.  Bureau  présente  2  reptiles  rapportés  du  Congo  par 
le  lieutenant  Paul  Vie,  frère  de  notre  collègue. 


Séance  du  2   Février    1912 
Présidence  de -M.   A.   Col,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  de  janvier  est  adopté  après 
lecture  par  le  Secrétaire. 

Présentation  cVun  nouveau  Membre. 

M.  Louis  Campredon,  chimiste  à  Saint-Nazaire-sur-Loire, 
présenté  par  MM.  Col  et  Bureau,  est  nommé  Membre  correspon- 
dant. 

Ouvrages  offerts. 

D'"  Henri  Martin.  —  Présentation  d'un  crâne  humain 
trouvé  avec  le  squelette  à  la  base  du  Moustérien  de  la 
Quina.  1   broch. 

Société  Ramond,  de  Bagnères-de-Rigorre.  —  Petit  Manuel 
de  l'Arbre  et  de  l'Eau,  à  l'usage  des  écoles  primaires. 

1   broch.  illustrée. 

Communications  verbales. 

M.  1^'erronnière  fait  part  de  c|uelques  déductions  sur  la 
tectonique  de  la  région  ouest  de  la  Loire- Inférieure,  tirées  de 
ses  études  sur  le  terrain. 


M.  Col  communique  à  la  Société  le  résultat, d'expériences 
qu'il  a  faites  au  cours  de  l'année  191 1,  en  vue  d'élucider  l'inté- 
ressante question  de  savoir  si  les  suçoirs  du  Lalhrxa  clandes- 
tina  laissés,  même  avec  les  racines,  sur  les  plantes  nourricières 
de  ce  parasite,  étaient  susceptibles  de  reproduire  ce  dernier. 

La  solution  de  cette  question  devait  montrer  "si,  pour  la  des- 
truction de  la  Clandestine  dans  les  vignes  il  y  avait  utilité  ou 
superfluité  d'enlever  du  sol,  avec  les  tiges  du  parasite,  leurs 
racines  et  les  suçoirs  fixés  sur  la  plante  nourricière.  Chez  la 
plupart  des  végétaux,  les  racines  étant  incapables  de  produire 
des  tiges,  on  pouvait  a  priori  supposer  que  les  suçoirs  devaient 
disparaître  dès  qu'ils  n'étaient  plus  en  rapport  avec  les  tiges 
du  Lathrasa  ;  cependant  certains  observateurs  étaient  plutôt 
d'un  avis  contraire.  Heinricher  rapporte  que  le  professeur 
Schrotter,  de  Zurich,  lui  écrivait  en  1894  que  l'éloignement  du 
Lathrea  sqiiamaria  des  vignes  d'Oberrieden,  sur  les  bords  du 
lac  de  Zurich,  était  regardé  comme  presque  impossible,  le  plus 
petit  morceau  le  reproduisant  à  nouveau  ;  et  le  savant  autri- 
chien ajoute  que  si  les  racines  du  parasite  restées  sur  les  plantes 
hospitalières  et  fixées  par  des  suçoirs  peuvent  se  régénérer 
en  donnant  des  bourgeons,  les  difficultés  de  le  détruire  sont 
encore  plus  compréhensibles. 

Le  10  mars  1911,  M.  Col  arracha  dans  les  environs  de  Nantes 
un  certain  nombre  de  végétaux  parasités  par  la  Clandestine 
et  portant  sur  leurs  racines  des  suçoirs  et  des  racines  de  cette 
dernière  ;  transplantées  dans  le  jardin  de  l'Ecole  de  médecine  de 
notre  ville,  ces  plantes  furent  cultivées  pendant  quelques  mois. 

Quelques-unes  de  ces  plantes  :  un  rosier,  deux  ronces,  un 
saule,  un  rhizome  d'ortie  furent  arrachées  deux  mois  et  demi 
après,  le  25  mai  ;  on  n'apercevait  que  la  cicatrice  des  suçoirs 
ou  bien,  si  ces  derniers  étaient  encore  visibles,  leurs  tissus 
noircis  et  spongieux  montraient  un  état  de  mortification 
avancé.  Les  autres  plantes  ne  furent  examinées  que  le  25  juil- 
let, c'est-à-dire  plus  de  quatre  mois  après  leur  transplantation, 
laquelle  avait  été  faite  en  les  entourant  d'une  certaine  quan- 
tité de  la  terre  où  ils  furent  pris,  afin  de  ne  pas  mettre  la  clan- 
destine en  des  conditions  trop  nouvelles. 


VI 

Un  saule,  un  érable  et  une  benoite  avaient  végété  vigoureu- 
sement et  leurs  racines,  bien,  qu'en  bon  état,  ne  montraient 
plus  que  les  cicatrices  des  suçoirs.  Un  tubercule  de  Ficaire  por- 
teur de  deux  énormes  suçoirs  de  Clandestine  avait  disparu 
ainsi  que  ces  derniers. 

Il  serait  certainement  plus  démonstratif  de  faire  ces  expé- 
riences sans  arracher  les  plantes  nourricières,  mais  il  est  diffi- 
cile de  le  faire,  surtout  en  des  lieux  non  réservés,  et  l'auteur 
pense  néanmoins  que  les  expériences  qu'il  rapporte  sont  assez 
probantes  pour  pouvoir  affirmer  aux  viticulteurs  que  pour 
détruire  la  Clandestine  il  est  inutile  d'enlever  les  racines  et  les 
suçoirs,  même  fixés,  qui  disparaissent  d'eux-mêmes  quand  ils 
sont  isolés  des  tiges  du  parasite.  La  couleur  blanche  de  ces 
dernières  les  distingue  facilement  des  racines  et  des  suçoirs, 
colorés  extérieurement  en  jaune.  Quant  aux  écailles  foliaires, 
elles  disparaissent  rapidement,  comme  les  racines,  quand  elle 
sont  isolées  dans  la  terre  humide,  ainsi  que  M.  Col  l'a  observé 
dans  d'autres  expériences. 

M.  LE  Président  nous  fait  part  également  d'une  différence 
qu'il  a  observée  entre  les  cellules  des  épidermes  des  graines  de 
poire  et  de  celles  de  pommes.  Remarque  faite  incidemment  au 
cours  de  recherches  faites  dans  le  but  de  déterminer  des  fruits 
de  rosacées  provenant  d'une  sépulture  gallo-romaine  et  con- 
servées au  musée  de  Clermont-Ferrand. 

Les  cellules  épidermiques  des  pépins  de  la  poire,  comme  de 
ceux  de  la  pomme,  sont  des  cellules  étroites,  ai',;ngées,  suivant 
le  grand  axe  du  fruit,  et  renferment  un  principe  mucilagineux 
qui  se  gonfle  au  contact  de  l'eau.  Mais  tandis  que  dans  la  poire 
ces  cellules  gonflent  uniformément,  ne  montrant  plus  que  de 
minces  parois,  dans  la  pomme  il  n'y  a  que  les  zones  les  plus 
externes  de  l'épaisse  membrane  cellulaire  externe  qui  se  gon- 
flent et  deviennent  transparentes,  ne  laissant  nettement  visi- 
bles qu'une  part-c  des  parois  latérales  ;  toute  la  partie  profonde 
de  ces  cellules  épidermiques  persiste  et  demeure  très  visible. 
Des  coupes  transversales  de  graines  de  pommes  ou'  de  poires 
se  différencient  facilement  si,  après  les  avoir  mouillées  avec  de 


VII 

l'eau,  on  les  traite  par  le  chloroiodure  de  zinc.  La  partie  non 
gélifiée  de  l'épiderme  de  pomme  apparaît  colorée  en  bleu  et 
comme  des  cellules  superposées  à  des  cellules  gélifiées  plus  ex- 
térieures. 

Dans  la  poire,  au  contraire,  la  première  assise  de  cellules 
visibles  au-dessous  de  la  couche  mucilagineuse  sont  les  cel- 
lules sous-épidermiques  qui  sont  placées  en  alternance  avec 
celles  de  l'épiderme.  Sous  l'épiderme,  il  existe  dans  les  deux 
graines  des  assises  de  cellules  dures  et  colorées  en  brun,  dans 
la  poire  ces  cellules  sont  plus  petites,  leur  cavité  est  même  pro- 
portionnellement plus  petite  que  dans  celles  de  pomme  ;  en 
outre,  les  zones  intérieures  d'épaississement  de  chaque  cel- 
lule sont  cellulosiques  dans  la  poire  et  se  colorent  en  bleu  par 
le  traitement  ci-dessus,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  les  graines  de 
pomme. 


Fragnieut  d'une  coupe  U-ansversale  de  Pépin  de  Pomme  (gr.  180  diamètres). 
—  Les  tissus  sous-épidermiques  ont  leurs  membranes  totalement 
colorées  en  jaune  par  le  chloroiodure  de  zinc. 


Fragment  d'une  coupe  transversale  de  Pépin  de  Poire  (gr.  180  diam.).  — 
Dans  les  tissus  sous-énidermiques  la  lamelle  moyenne  séparant  les 
cellules  est  seule  colorée  en  jaune  par  le  chloroiodure  de  zinc,  les  zones 
internes  des  parois  des  cellules  se  colorent,  au  contraire,  en  bleu,  ainsi 
que  les  cellules  épidermiques. 


vin 


\\\\iiir\ 


Epideiines  vus  à  plat  (gross.   135  diamètres). 
A.  Pomme.  —  B.  Poire. 


Ces  différences  étaient  à  signaler,  car  dans  l'excellent  tra- 
vail de  M.  Péchoutre  ^^^  sur  le  développement  de  l'ovule  et  de 
la  graine  chez  les  Rosacées,  la  seule  différence  signalée  par 
l'auteur  entre  les  graines  mûres  de  pomme  et  de  poire  est  la 
forme  des  cellules  épidermiques  :  imbriquées  dans  la  pomme, 
plus  haute  dans  la  poire. 


(1)  PÉGHOUTRiE.  Ann.  Se.  nat.  ou  thèse  doctorat  Sciences,  Paris  1902. 


IX 


Séance  du  1"  Mars  1912 
Présidence  de  M.  A.  Col,  Président. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance 
précédente,  qui  est  adopté. 

Nomination  d'un  nouveau  membre. 

M.  P.  Frémy,  professeur  à  l'Institut  libre  de  Saint-Lô 
(Manche),  présenté  par  MM.  Bureau  et  Col,  est  nommé 
Membre  correspondant. 

Ouvrages  offerts. 

Fernald  et  J.  D.  Sornborger.  —  Some  récent  additions  to 

the  Labrador  Flora.  1  broch. 

Maurice  Lambertie.   —  5  brochures  sur  l'Entomologie. 

Don  des  auteurs. 
Cacarrié.     —    Etude    du    Bassin    antliraxifère    de    l'Anjou 
(œuvre  posthume). 

(1  brochure  offerte  par  M.  de  Grossouvre.) 

Correspondance. 

Lettre  de  l'Académie  des  Sciences  naturelles  de  Philadel- 
phie invitant  notre  Société  à  se  faire  représenter  à  son  cente- 
naire. 

Présentation  de  Mémoires. 

M.  le  M^  Viaud-Grand-Marais  adresse  un  petit  mémoire  : 
«  La  Scabiosa  maritinra  dans  nos  îles  vendéennes  et  son  identi- 
fication avec  le3  Scabiosa  atropurpurea  et  ccdyptocarpa  ». 

M.  de  Grossouvre  nous  a  envoyé  un  important  travail 
accompagné  de  planches  sur  le  Crétacé  de  la  Loire- Inférieure 
et  de  la  Vendée.  "Si.  Bureau  présente  les  matériaux  apparte- 
nant au  Muséum  et  qui  ont  servi  de  base  à  ce  travail. 

M.   PÉNEAU   présente   une  petite  série   de  Myriapodes   de 


l'Ouest  de  la  France  recueillis  par  lui  et  déterminés  presque 

tous  par  M.  Brolemann  : 

Scutigera  coleoptrata.  —  Très  commune  à  Nantes  dans  les 
maisons  ;  elle  envahit  très  rapidement  les  nouvelles 
constructions.  N'était  son  aspect  'peu  esthétique, 
c'est  un  animal  utile  qui  fait  la  chasse  aux  mouches 
domestiques. 

Lithobius  forficatus  Linné.  —  Commun  partout  en  Loire-Infé- 
rieure et  toute  l'année  :  dans  la  terre  des  jardins, 
sous  les  écorces,  etc. 

—  melanops  Scop.  —  Dans  un  jardin  à  Nantes,  en  mai. 
crassipes  L.  ;  Koch.  —  Sous  les  écorces,  à  Saint-Her- 

blain,  en  mars. 
Polydesmus  coriaceus.  —  Au  pied  d'une  plante,  dans  le  marais 
de  Logné,  en  juin. 

—  complanatus  L.   —  Sous    les  pierres,  en  avril,  dans  la 

vallée  du  Cens. 
Cylindroiulus  silvarum  Meinert.   —  Sous  les  écorces,  en  mars, 
dans  la  vallée  du  Cens. 

—  londinensis  psilopygus  Latzel.  —  Sous  un  arbre  abattu, 

en  avril,  à  Nort. 
Geophilus  osquidatum  Brolem.    —  Sous  les  écorces,  en  avril, 
dans  la  valée  du  Cens.   Espèce  récemment    décrite 
des  Pyrénées,  par  M.  Brolemann 

—  carpophagus  Leach.  —  Sous  les  écorces,  en  avril,  à  Nort. 
Cryptops  hortensis  Leach.  —  Sous  les  écorces,  en  mars,  dans  la 

vallée  du  Cens. 
Schizophyllum  mediterraneum  Latzel.   —  Loire-Inférieure. 
Glomeris  convexa  C.  Kock.    —  Lac    de   Grandheu,    en   mai  ; 

Saint-Herblain,  en  mars,  sous  les  mousses. 
Polyxenus  lagurus  L.   —  Sous  les  écnrces.  Saint-Herblain  et 

vallée  du  Cens,  mars  et  avril. 


XI 


Séance  du   19  avril  1912 

Présidence  de  M.  A.   Col,   Président. 

En  ouvrant  la  séance,  le  Président  fait  connaître  la  distinc- 
tion méritée  que  vient  de  recevoir  notre  Secrétaire  général 
M.  Louis  Bureau,  nommé  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  ; 
il  se  fait  l'interprète  de  tous  pour  lui  exprimer  ses  plus  chaleu- 
reuses félicitations  et  lui  dire  combien  chacun  est  heureux  de 
voir  enfin  réalisé  un  souhait  poursuivi  depuis  longtemps  par 
la  Société. 

Le  D^"  Bureau  remercie  M.  Col  des  sympathiques  paroles 
bu'il  vient  de  lui  exprimer. 

M.  Col  rappelle  l'appui  donné  dans  cette  circonstance  par 
le  général  Jourdy  et  propose  de  lui  adresser  nos  remerciements, 
ce  qui  est  adopté. 

Le  Président  annonce  ensuite  que  notre  savant  collègue, 
M.  P.  Œhlert,  conservateur  du  ]\Iusée  de  Laval,  déjà  chevalier 
de  la  Légion  d'honneur,  a  été  promu  officier.  La  Société  lui 
adresse  ses  plus  sincères  félicitations. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  ensuite  lu  et 
adopté. 

Correspondance. 

Nous  avons  reçu  : 

a)  Lîne  lettre  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  nous 
annonçant  l'allocation  d'une  subvention  de  LOOO  francs. 

b)  Lettre  du  Comité  d'organisation  du  XIV®  Congrès  inter- 
national d'Anthropologie   et   d'Archéologie  préhistoriques. 

Ouvrages  offerts. 

R.  Potier  de  la  Varde.  —  Contribution  à  la  Florule  de  Tahiti, 
Galien  Mingaud.  —  Notes  zoologiques. 

C.-A.  PicQUENARD.   —  Etudcs  sur  les  collections  botaniques 
des  frères  Crouan.  2  broch. 

Don  des  auteurs. 


XII 


A.  BoFiLL  Y  PocH.  —  El  Noguera  Ribagorzana.  1  broch. 

BuRRARD  et  Hayden.  —  Esquisse  de  la  Géographie  et  de  la 

Géologie  des  Montagnes  de  l'Himalaya  et  du  Thibet. 

Résumé  par  M.  de  Salignac-Fénelon.  1  broch. 

Don  de  M.  Maurice  Gourdon. 

Edouard  Bureau.    —   Le  Bassin  houllier  de  la  Basse-Loire. 

1  vol.  in-4o.  Don  de  M.  E.  Bureau. 

L.  SuDRY.  —  L'Etang  de  Thau.  1  vol.  in-4o. 

Don  de  l'auteur. 

Présentation  d'un  nouveau  Membre. 

M.  CoLLOT,  Arthur,  étudiant  en  médecine,  présenté  par 
Mm.   Péneau  et  Polo,  est  nommé  Membre  affilié. 

Comptes   rfe   19n. 

Le  Trésorier,  M.  Louis  Bureau,  fait  l'exposé  de  l'exercice 
financier  1911,  qui  montre  que  la  situation  de  la  Société  est 
toujours  satisfaisante.  Un  exemplaire  des  comptes  est  remis 
aux  Membres  présents  à  la   séance. 

Muséum. 

M.  L.  Bureau  présente  les  objets  suivants  récemment  reçus  : 
Mammifères  :   LTn  jeune  Maki   (Lemur  mongoz)  de  3  jours, 

né  à  la  Gironnière,  près  Sainte-Luce,  chez  notre  collègue 

M.  Rousseau  et  offert  par  lui. 
Oiseaux   :    Une   oie   d'Egypte   (Chenalopex  yEgyptiaca),   tuée 

près  de  Nantes,  en  mars  1912  et  achetée  chez  un  marchand 

de  comestibles. 
Deux    Sterna    anglica,    l'une    offerte    par    M.    Seguin-Jard, 

été    tuée    à    l'Aiguillon-sur-Mer  ;    l'autre    offerte  par     M^'^ 

Lehuédé,  de  Batz,  provient  des  collections  de  son  père. 


xni 


Séance  du  3  Mai  1912 
Présidence  de  M.  Col,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  adopté. 

Correspondance. 

Lettre  du  Général  Jourdy,  en  réponse  aux  remerciements 
qui  lui  ont  été  exprimés  dans  notre  dernière  séance. 

Présentation  de  Mémoire. 

M.  G.  Ferronnière  envoie  une  «  Note  sur  un  banc  de 
Calcaire  perforé,   observé  à  Chatelaillon  ». 

Ouvrages  offerts. 

M.  L.  Bureau    présente  plusieurs    ouvrages  qu'il     offre  à 
la  Bibliothèque,    parmi  lesquels     : 
Haekel.    —  Das  System  der  Medusen. 
Bell.   -     British  Stalk-Eyed  Crustacea. 
Bâte  et  Westwood.   —    British  Sencle-Eyed  Crustacea. 
FoRBES.    —    British  Star   Fishes. 

Communications  verbales. 

M.  A.  Labbé  fait  une  intéressante  causerie  sur  l'anato- 
mie  et  la  physiologie  des  Poissons  venimeux,  particulière- 
ment des    Cottes. 


Séance  du  7  Juin  1912 
Présidence  de  M.  A.  Col,  Président. 

M.     Campredon,     de    Saint-Nazaire    et    quelques    autres 
personnes  assistent  à  la  réunion. 

Le  procès-verbal  de  la  réunion  de  Mai  est  lu  et  adopté. 


XIV 

Correspondance. 

Lettres  de  l'Assocation  française  pour  l'avancement  des 
Sciences,  relatives  au  Congrès  qui  se  tiendra  à  Nîmes  du 
lei-  au  7  août  1912. 

Ouvrages  offerts. 

H    DU  Laurens  de  la  Barre.    —   Sur  un  gisement  de  grès 
tertiaire  fossilifère  trouvé  dans  le  Finistère.   1  brochure. 

Communications  verbales. 

M.  J.  PÉNEAU  présente  : 

1^  Un  diptère  pupipare  :  Craiaerhina  pallida  Olfers  re- 
cueilli à  Nantes  le  2  juin,  par  M.  J.  Rousselot. 

Cet  hippoboscidé  vit  en  parasite  sur  la  Buse,  l'Hirondelle 
de  cheminée  et  surtout  le  Martinet. 

On  consultera  avec  fruit,  pour  l'étude  de  ces  intéressants 
insectes  le  travail  de  M.  E.  Massonuat  (Coni.  à  F  étude  des 
Pupipares.   Univ.   de  Lyon,   1909). 

Le  développement  de  ces  insectes  est  très  curieux  :  l'em- 
bryon se  dégage  de  l'œuf  et  accomplit  toute  son  évolution 
larvaire  dans  l'utérus  maternel  ;  les  organes  de  la  larve 
restent  à  peu  près  à  l'état  de  disques  imaginaux  ;  elle  respire 
par  la  paire  de  stigmates  de  la  plaque  postérieure  qui  commu- 
nique avec  l'extérieur  par  l'orifice  vulvaire.  La  ponte  n'a 
lieu  qu'au  moment  où  la  larve  est  sur  le  point  de  se  trans- 
former en  pupe. 

On  a  trouvé  des  Hippoboscides  sur  beaucoup  d'animaux  : 
Cheval,  Dromadaire,  Bœuf,  Cerf,  Mouton,  Chamois,  Chien, 
Grand  et  moyen  Duc,  Chouette,  Chevêche,  Milan  royal, 
Vautour,  Chat-Huant,  Butor,  Héron  bihoreau,  H.  cendré. 
Spatule,  Gobe-Mouche  gris.  Merle,  Loriot,  Pie,  Pie-grièche 
écorcheur.  Coucou,  Geai,  Pigeons  :  Bizet,  ramier  ;  Bergeron- 
nette {Motacella  citreola)  ;  Fauvette  grise,  Roitelet  (Regulus 
ignicapillu,s),  Roi  de  calle  (Rallus  cr(x),  (Chevalier  {Totanus 
lujl)oleucus),  Verdia,  Pouillot  ;  Hirondelles,  Abeilles. 

Les  pupipares  paraissent  jouer  un  rôle  très  important  dans 


XV 

la  propagation  de  certainos  maladk-s  coiiLagicuses  à  Héma- 
tozoaires   et  Trypanosomes  ; 

2"  Un  singulier  Coléoptère  :  Alractocerns  africanus  I3oliem. 

Cet  insecte  qui  appartient  à  notre  collègue  M.  Vie,  a  été 
rapporté  du  Congo  par  son  frère. 

Le  genre  Atractocerus  a  été  décrit  simultanément  en  1801 
par  Palisot  de  Bcauvois  et  Milin  de  Grandmaison  ;  il  appar- 
tient à  la  famille  des  Lymexylonides  et  renferme  une  quinzaine 
d'espèces  disséminées  dans  toute  la  zone  équatoriale  et  se 
ressemblant    étroitement. 

M.  PÉNEAU  montre  sur  une  carte  la  distribution  géographi- 
que de  ce  genre,  établie  d'après  J.  Bourgeois. 

Il  présente,  à  titre  de  comparaison,  un  Lymexylonide  de 
notre  faune,  le  Lyme.vylon  navale. 

3°  Plusieurs  échantillons  d'un  insecte  Névroptère  :  V As- 
calaphus  meridionalis  Charpentier,  envoyés  par  notre  collègue 
M.  ]\Iaurice  Gourdon. 

Ils  ont  été  capturés  dans  la  Basse  Vallée  de  Burbe,  près  de 
Bagnères-de-Luchon,  à  7/SOO  mètres  d'altitude.  Ils  volti- 
geaient pendant  les  heures  les  plus  chaudes  de  la  journée  sur 
les  pentes  de  la  rive  droite  de  la  vallée,  ces  pentes  sont  cou- 
vertes de  touffes  de  gazon  et  de  bruyères,  alternant  avec  des 
pierrailles,   des  ronces,  et  quelques  autres  plantes. 

L'année  dernière,  M.  Gourdon  a  vu  ces  insectes  en  deux 
autres  points  des  Pyrénées,  également  chauds  et  ensoleillés  : 
dans  la  Montagne  de  Cazarilh  et  dans  le  Val  d'Aran. 

M.   L.  Bureau  fait  la   présentation  ci-dessous  : 

Melizophilus  uiidatus  bradfordiensis  (Lath.) 

J'offre  au  Muséum,  au  nom  de  ^I.  Collingwood  Ingram, 
un  nid  de  Pitchon  provençal  dartfordien,  Melizophilus  undalus 
bradfordiensis  (Latham),  avec  3  œufs  (sur  1  qu'il  contenait), 
trouvé,  le  12  mai  1912,  dans  une  excursion  ([ue  nous  fîmes, 
entre  Camaret  et  le  Fret  (Finistère).  Le  nid,  placé  à  0"^50 
de  terre;  était  supporté  par  les  rameaux  contigus  de  deu.K 
ajoncs,  Ulex  eiiropœns.  Assez  semblable  à  celui  de  la  Fauvette 


XVI 

grisette,  il  a  la  forme  d'une  coupe,  toutefois,  an  peu  plus 
étroite  et  plus  profonde  :  diamètre  extérieur,  0'"080  ;  diam. 
intérieur,  0'"055  ;  hauteur  extérieure  0"i070  ;  haut,  intérieure 
0"^Q50.  Les  matériaux  qui  le  composent  sont  uniquement 
des  Graminées,  de  taille  moyenne  à  l'extérieur,  très  fines  à 
l'intérieur. 

Le  Pitchou  de  Bretagne  est  semblable  à  celui  des  îles 
Britanniques. 

Celte  sous-espèce  habite  tout  le  territoire  français,  à  l'ex- 
ception de  la  région  méditerranéenne  où  elle  est  remplacée 
par  l'espèce  typique,  M.  undatus  (Boddaert)  1783,  nom 
donné,  par  cet  auteur  (Table  des  Planches  enluminéez  d'his- 
toire naturelle  de  Buffon,  Utrecht,  1783,  p.  40),  pour  dési- 
gner le  Pitchou  (Buffon  :  Hist.  natur.  des  Oiseaux,  éd. 
in-4°,  VI  (1783"»,  figuré  sous  le  nom  de  Pitte-chou  de  Provence, 
par  Daubenton,  dans  les  Planches  enluminées). 

Cretté  de  Palluel  a,  le  premier,  attiré  l'attention  sur  la 
forme  de  Bretagne  à  laquelle  il  donna  le  nom  de  Melizophilus 
arnwricus  {Omis,  1899,  X,  p.  42),  et  M.  E.  I4artert  a  reconnu 
depuis  sa  véritable  valeur  (Die  Vogelder  paleearktischen 
Fauna,  Helft  V,  1909,  p.  601),  comme  cela  résulte  de  l'exa- 
men que  j'ai  fait,  en  juin  1905,  des  spécimens  anglais  du 
British-Museum. 

M.  P.  Citerne  présente  un  pied  de  Godetia  anormal,  la 
tige  principale  est  terminée  par  un  épaississement  à  4  ailes  ; 
il  en  est  résulté  un  arrêt  de  croissance  et  la  formation  de 
bourgeons  à  l'aisselle  des  3  feuilles  inférieures. 

M.  A.  Col  présente  un  grand  nombre  de  très  longs  stolons 
mesurant  jusqu'à  7  mètres  et  plus  de  longueur  et  formés 
par  le  roseau  commun  Phragmites  coiumiinis,  plante  n'ayant 
ordinairement  que  des  rhizomes  souterrains.  Il  en  a  rencontré 
en  abondance  à  l'ouest  de  4>entemoult,  sur  les  grandes 
étendues  de  sable  qui  sont  au  sud  de  la  Loire. 

Sur  une  certaine  longueur,  ces  stolons  portent  des  feuilles 
aussi  longues  et  aussi  larges  que  celles  des  tiges  verticales, 
ensuite  les  feuilles   ont   un  limbe   de   plus  en   plus  petit,  les 


XVII 

gaines  restant  toujours  longues.  Prescju'à  cha((ue  nœud  s'élève 
une  jeune  tige  aérienne,  tandis  que  des  racines  fixent  au  sol 
un  grand  nombre  de  ces  nœuds.  Parfois  même  les  tiges  issues 
de  ce  stolon  se  recourbent  vers  le  sol  et  s'y  enfoncent  pour 
former  des  rhizomes. 

Lloyd,  dans  sa  flore,  mentionne  bien  comme  variation  du 
roseau  commun  des  tiges  rampantes  et  stériles  mesurant 
jus{[u'à  vingt  mètres,  mais  M.  Col  pense  avoir  constaté  la 
cause  de  leur  formation. 

L'Administration  des  Ponts  et  Chaussées  a  approfondi 
le  lit  de  la  Loire  et  a  comblé,  avec  le  sable  retiré  par  ses  dra- 
gueuses, un  marais  voisin,  où  prospéraient  Salix,  Phragmites, 
Phalaris,  etc.,  faisant  ainsi  sans  intention  une  expérience 
de   physiologie   botanique. 

La  formation  des  stolons  du  roseau  est  anormale  et  paraît 
due  à  l'enfouissement  de  la  base  des  tiges  verticales  des  ro- 
seaux dans  le  sable  rejette  par  les  dragueuses.  En  effet,  la 
partie  souterraine  initiale  des  stolons  se  montre  toujours 
enfoncée  verticalement  dans  le  sable,  on  peut  la  suivre  jus- 
qu'à 30  ou  40  centimètres  sans  rencontrer  le  rhizome  primitif. 
De  plus,  les  stolons  ne  sont  presque  jamais  appliqués  contre 
le  sol  dès  leur  sortie  de  terre,  ils  forment  en  ce  point  une 
courbe  plus  ou  moins  brusque,  comme  si  le  vent  ou  encore 
le  pied  du  bétail  ou  des  passants  avait  accidentellement 
inclinées  vers  le  sol  des  tiges  feuillées  verticales. 

Certaines  tiges  courtes,  manifestement  couchées  vers  le 
sol  par  une  force  extérieure,  ont  leur  extrémité  changée  en 
un  stolon  encore  court. 

D'autres  tiges  de  roseau  appliquées  contre  le  sol  vers 
leur  base  se  relèvent,  à  une  courte  distance,  en  tiges  verticales  ; 
mais  alors  on  constate  que  de  telles  tiges  sont  toujours  issues 
de  rhizomes  horizontaux  assez  rapprochés  de  la  surface  du 
sol,  ou  bien  sont  insérées  sur  les  stolons  dont  il  est  question. 

Il  paraît  donc  bien  évident  que  le  milieu  souterrain  et  hu- 
mide où  ont  été  placés  par  expérience  accidentelle,  des  tiges 
de  roseau  destinées  à  être  aériennes,  a  modifié  ces  tiges,  a 
rendu  instable  leur  géotropisme  négatif  et  a  fait  de  leurs  ter 


XVIII 

minaisons  aériennes  des  tiges  aptes  à  devenir  stolons,  au 
cas  où  une  cause  accidentelle  l<?s  courberait  assez  près  du  sol. 
C'est  là  une  méthode  par  laquelle  une  plante  rhizomateuse, 
enfouie  sous  une  épaisse' couche  de  sable,  repeuple  rapidement 
la  surface  nouvelle,  et,  si  l'on  peut  dire  ainsi,  s'établit  à  un 
étage  plus  élevé. 


Remise  d'un  Souvenir  à  notre  Secrétaire-Général 


A  notre  réunion  du  17  avril,  notre  Président  faisait  part 
aux  Sociétaires  présents  de  la  récente  nomination  au  titre  de 
Chevalier  de  la  Légion  d'honneur  de  notre  si  dévoué  Secrétaire 
Général.  Se  faisant  l'interprète  de  tous,  le  Président  exprimait 
ensuite  au  nouveau  décoré  ses  plus  chaleureuses  félicitations. 

Cette  décoration,  méritée  depuis  longtemps,  était  encore 
toute  nouvelle  puisqu'elle  avait  été  décernée  le  Snmedi  13, 
à  la  clôture  du  Cinquantième  Congrès  des  Sociétés  Savantes, 
tenu  à  la  Sorbonne,  à  Paris. 

La  nouvelle  de  cette  distinction  que  le  D^'  Bureau  avait 
toujours  été  loin  de  solliciter,  nous  réjouit  tous,  et,  désirant 
donner  à  notre  Secrétaire  Général  un  souvenir  durable  de 
notre  satisfaction  et  de  notre  sympathie,  dès  le  22  avril 
nous  demandions  à  tous  nos  collègues,  ainsi  qu'à  ses  amis, 
parents  et  élèves  de  vouloir  bien  se  joindre  à  nous. 

Nous  eûmes  bientôt  le  plaisir  de  voir  notre  appel  recevoir 
l'accueil  le  plus  favorable,  presque  tous  s'empressant  d'y 
répondre  et  d'y  contribuer,  chacun  selon  ses  ressources,  et 
le  17  juin  nous  adressions  à  tous  les  souscripteurs  l'invita- 
tion suivante  : 

((  Cher  Monsieur, 

«  Nous  sommes  heureux  de  vous  remercier  de  l'empresse- 
ment avec  lequel  vous  avez  bien  voulu  vous  joindre  à  nous. 
Le  projet  auquel  vous  avez  participé  a  rencontré  partout  le 


XIX 


mcilk'ur  accueil  et  nous  sommes  dès  maintenant  en  mesure 
de  remettre  au  Docteur  Louis  Bureau,  au  nom  de  ses  Amis, 
de  ses  Collègues  et  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de 
l'Ouest  de  la  France  : 

«   lo  Une  Croix  de  Chevalier  de  la  Légion  d'honneur  ; 

((  2°  Un  Bronze  d'Art,  choisi  par  M.  Bureau  lui-même, 
La  Pêcheuse  Cancalaise,  œuvre  de  Guilbert,  artiste  qui  a 
obtenu  une  médaille  d'or  au  Salon  de  1900. 

«  Ces  objets  seront  remis  au  Docteur  Bureau  dans  une 
réunion  intime  qui  aura  lieu  Salons  Turcaud,  4,  rue  Voltaire, 
à  Nantes,  le  Jeudi  27  Juin,  à  8  heures  et  demie  du  soir. 

«  Nous  vous  verrions  avec  le  plus  vif  plaisir  parnd  les  per- 
sonnes assistant  à  cette  manifestation  de  sympathie,  et  nous 
vous  prions,  cher  Monsieur,  d'agréer  l'expression  de  nos 
meilleurs  sentiments. 

Tous  ceux  auxquels  leurs  occupations  le  permirent  répon- 
dirent à  notre  invitation,  et  notre  réunion,  empreinte  de  la 
plus  franche  cordialité,  laissa  à  tous  le  plus  charmant  souvenir. 

En  remettant  les  objets  au  D''  Bureau,  notre  Président, 
M.  Col,  prononça  le  discours  suivant  : 

«  Cher  Collègue, 
«  Messieurs, 

<(  De  tout  temps  les  hommes  ont  éprouvé  un  grand  plaisir 
à  se  réunir  pour  se  réjouir  des  événements  qu'ils  jugeaient 
importants  ou  heureux  dans  la  vie  individuelle  ou  celle  d'un 
groupement  social  ;  aussi  pour  célébrer  tout  événement  re- 
marquable, dans  la  Société  civile  ou  dans  la  Société  religieuse, 
dans  la  vie  d'une  cité  ou  celle  d'une  famille,  les  fêtes  sont 
traditionnelles  et  pour  en  perpétuer  le  souvenir,  les  hommes 
dés  qu'ils  surent  écrire,  gravèrent  sur  la  pierre  ou  le  bronze 
des  monuments  commémoratifs  les  faits  eux-mêmes  ou  l'ex- 
pression des  sentiments  qu'ils  en  éprouvaient. 

«  Ce  sont  Messieurs  les  multiples  sentiments,  d'où  cette 
antique  tradition  tire  son    origine    qui,  à  des  titres  divers, 


XX 

nous  réunissent  ce  soir  autour  de  M.  le  Professeur  Louis 
Bureau,  pour  nous  réjouir  avec  lui  de  la  haute  distinction 
que  les  Pouvoirs  publics  lui  ont  décernée,  pour  lui  en  remettre 
les  brillants  insignes  et  lui  offrir,  en  l'artistique  représentation 
de  cette  grave  et  alerte  Pêcheuse  de  Cancale,  un  souvenir 
durable,  qui  puisse,  par  sa  dédicace,  lui  rappeler  cette  soirée, 
ainsi  que  nos  sentiments  de  vive  et  affectueuse  sympathie, 
et  par  l'idée  de  la  mer,  qui  s'y  rattache,  évoquer  quelques-uns 
des  beaux  jours  de  sa  laborieuse  carrière  de  naturaliste. 

«  Cher  Monsieur  Bureau,  au  nom  de  vos  amis,  de  la  Société 
des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest  de  la  France,  de  vos  col- 
lègues, je  vous  offre  ces  souvenirs. 

«  On  ne  pouvait.  Messieurs,  trouver  un  moment  mieux  in- 
diqué que  le  Cinquantenaire  du  Congres  des  Sociétés  Savantes, 
pour  admettre  dans  l'Ordre  de  la  Légion  d'honneur,  un  des 
Membres  fondateurs  de  la  Société  Zoologique  de  France, 
et  fondateur  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest 
de  la  France,  qui,  dans  les  fonctions  un  peu  effacées  de  Secré- 
taire Général  et  de  Trésorier  de  cette  dernière  Société,  en 
reste  toujours  l'âme  et  le  véritable  Directeur. 

«  Mon  Cher  Secrétaire  Général, 

«  Si  la  distinction  honorifique  qui  vous  fut  décernée,  pour 
votre  œuvre  scientifique,  a  réjoui  vos  nombreux  amis  per- 
sonnels, et  tous  ceux  qui  ont  su  apprécier  les  éminentes  qua- 
lités de  votre  érudition  ou  de  vos  travaux,  et  votre  entier 
dévouement  aux  intérêts  de  l'enseignement  et  des  progrés 
de  la  science  à  Nantes  et  dans  sa  région,  les  Membres  de  la 
Société  des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest  de  la  France  ont 
des  raisons  particulières  d'y  applaudir.  C'était  pour  eux 
un  désir  formé  depuis  quelques  années,  et  la  Société  entière 
bénéficie  de  l'éclat  de  la  distinction  donnée  à  son  fondateur 
et  dirigeant  ;  aussi  je  vous  adresse  leurs  plus  chaleureuses 
félicitations  et  l'expression  de  leur  vive  satisfaction. 

«  Permettez-moi  de  rappeler  au  souvenir  de  vos  nombreux 
amis,  de  vos  collègues  et  au  vôtre,  quelques-uns  des  jours 
heureux    que    votre    carrière    scientifique    vous    a    procurés, 


XXI 

parmi  ceux  qui  onl  dû  vous  laisser  les  meilleurs  souvenirs. 
Vous  ne  m'en  voudrez  pas  de  ce  regard  jeté  sur  le  passé,  voire 
modestie  seule  en  souffrira,  mais  nous  en  tirerons  plus  d'un 
enseignement. 

«  Deux  tendances  dominent  dans  l'œuvre  cjue  vous  pour- 
suivez :  celle  d'étudier  les  êtres  dans  les  conditions  naturelles 
de  leur  existence,  et  celle  de  grouper  les  efforts  des  natura- 
listes. 

<(  A  la  première,  nous  devons  des  travaux  de  longue 
patience,  qui,  poursuivis  avec  constance  pendant  nombre 
d'années,  aboutissent  à  une  connaissance  exacte  des  faits, 
tels  qu'ils  se  présentent  réellement  dans  la  nature  ;  de  ce 
nombre,  sont  vos  études  sur  le  Saumon  dans  le  bassin  de  la 
Loire,  celles  sur  l'âge  des  Perdrix,  celles  sur  les  livrées  de 
l'Aigle  botté. 

«  A  la  seconde,  pour  le  plus  grand  avantage  des  naturalistes 
régionaux  et  des  collections  du  Muséum  de  la  ville  de  Nantes, 
nous  vous  devons  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest 
de  la  France. 

«  Vous  avez  compris  que  le  vrai  naturaliste  ne  doit  pas 
se  cantonner  dans  des  recherches  de  Laboratoire,  sur  des 
échantillons  qu'ils  reçoit,  ou  dans  l'étude  des  spécimens  des 
cabinets  d'histoire  naturelle  ;  que  c'était  à  travers  champs, 
dans  les  dunes,  sur  les  falaises  ou  les  îles  de  nos  côtes  que 
l'ornithologiste  devait,  le  fusil  à  la  main,  suivre  les  oiseaux, 
afin  de  pouvoir  les  observer  dans  des  conditions  nettement 
définies. 

«  Pour  connaître  le  monde  marin,  vous  avez,  dès  le  début, 
séjourné  sur  différents  points  de  nos  côtes,  muni  d'une  biblio- 
thèque de  nombreux  et  importants  ouvrages,  permettant 
l'étude  immédiate  des  animaux  rencontrés  et  capturés  ; 
allant  par  mer  d'un  point  à  un  autre. 

«  Plus  tard,  à  bord  du  navire  d'un  ami,  vous  avez  continué 
de  vous  familiariser  avec  les  êtres  peuplant  la  mer. 

«  A  une  époque  où,  par  suite  de  diverses  causes  :  énorme 
quantité  de  matériaux  amassés  et  accrue  chaque  jour  par  les 


XXII 


décuuvertes  géographiques  et  les  grandes  croisières  scienti- 
fiques ;  importance  donnée  aux  travaux  d'anatomie  et  aux 
expériences  physiologiques,  les  naturalistes  se  spécialisaient 
dans  les  travaux  de  classification  ou  dans  ceux  de  laboratoire, 
vous  avez  continué  la  tradition  de  vos  devanciers  en  restant 
surtout  un  observateur  de  la  nature,  qui  autant  que  possible 
y  puise  toujours  ses  renseignements,  sans  renoncer  pourtant 
aux  enseignements  de  l'élevage,  ou  des  expériences  du  Labo- 
ratoire. 

«  Aussi  les  quelques  naturalistes  qui,  vers  la  fin  du  XIX^ 
siècle,  réagirent  contre  une  direction  trop  exclusive  donnée 
aux  sciences  naturelles,  et  qui  pour  mieux  masquer  le  retour 
à  d'anciennes  méthodes,  rénovées  il  est  vrai  par  les  progrès 
des  sciences  physico-chimiques,  mirent  en  honneur  les  mots 
de  biologie  et  de  science  biologique,  ne  vous  apprirent  rien. 
Vous  n'aviez  jamais  quitté  la  bonne  voie,  que  la  plupart  au 
contraire  avait  perdue  de  vue. 

«  Dans  toutes  vos  études,  vous  vous  attachiez  particulière- 
ment à  l'observation  des  mœurs  des  animaux  et  à  celle  des 
conditions  biologiques  de  leur  existence.  Ce  doit  être  pour 
vous  un  très  agréable  souvenir,  que  celui  de  la  belle  soirée 
printanière  du  11  mai  1868,  où  dans  le  port  de  Nantes,  vous 
vous  êtes  embarqué,  plein  d'ardeur  scientifique  et  de  l'en- 
thousiasme de  vos  vingt  ans,  sur  le  Saint-Coloniban,  navire 
de  plaisance  de  l'un  de  vos  frères,  non  pour  un  lointain  ou 
dangereux  voyage,  mais  pour  visiter  les  îles  Houat  et  Hsedic. 
Avec  quel  plaisir  au  matin,  après  une  nuit  de  navigation, 
arrivé  en  face  de  ces  îles,  vous  avez  vu  pour  la  première  fois 
parmi  d'autres  Hirondelles  de  mer,  de  beaux  oiseaux  élancés, 
à  poitrine  rose  et  dont  la  queue  s'ornait  de  deux  longs  fila- 
ments blancs,  c'étaient  des  Sternes  de  Uougall,  venues  des 
Açores  ou  de  l'Afrique  du  Sud,  en  voyage  de  noce  sur  les 
côtes  bretonnes. 

«  A  l'heureuse  impression  que  vous  fît  cette  rencontre, 
nous  devons  sans  doute  la  monographie  de  cette  Sterne, 
parue  à  Londres  en  1905,  parmi  les  travaux  du  quatrième 
Congrès  d'Ornitholoi^ie. 


■XXIII 

Pour  élucider  de  lili^ieuses  questions  de  livre  es,  vois  vous 
êtes  fait  dénicheur  d'Aigles.  .Jus{|ue  dans  la  classique  Grèce, 
et  aux  rives  du  Bosphore,  vous  avez  été  chasser  l'oiseau  de 
Jupiter.  Mais  quel  plaisir  fut  le  vôtre,  le  jour  où,  en  1868, 
dans  la  forêt  d'Ancenis,  vous  avez  trouvé  un  couple  d'aigle 
bottés,  dont  les  couleurs,  ainsi  que  celles  des  deux  aiglons 
contenus  dans  leur  aire,  vous  montraient  définitivement, 
après  de  nombreuses  observations  moins  démonstratives, 
qu'il  existe  des  aigles  bottés,  à  plumage  sombre,  ou  nègres, 
et  d'autres  à  plumage  de  teinte  claire  comme  chez  l'homme 
de  race  blanche,  il  y  a  des  bruns  et  des  blonds.  Vous  avez 
ainsi  montré  que  la  diversité  des  opinions  émises  sur  ces  in- 
téressants rapaces,  qui,  chaque  année,  nous  viennent  du  Sud 
comme  les  hirondelles,  tenait  à  ce  dimorphisme  mélanique. 
Votre  mémoire  paru  sur  ce  sujet  est  resté,  comme  avait  prévu 
Von  Pelzen,  l'histoire  définitive  des  livrées  si  controversées 
de  l'Aigle  botté. 

K  Avec  quelle  constance  inlassable  vous  avez  recherché 
l'occasion  propice  qui  vous  conduisit  un  soir,  à  débarquer, 
après  une  journée  d'infructueuses  tentatives,  sur  un  îlot 
inhospitalier  dont  le  sol  s'effondrait  sous  le  pied,  miné  qu'il 
était  par  les  galeries  des  lapins,  mêlées  à  celles  des  oiseaux  au 
masque  changeant,  afin  d'arriver  juste  à  l'époque  où  cet 
oiseau,  le  Macareux  arctique,  avant  de  cjuitter  nos  côtes,  voit 
tomber  pièce  à  pièce  son  rutilant  masque  nuptial  et  ))âlir  les 
voyantes  couleurs  de  ses  pattes.  Ainsi  dépouillé  de  la  parure 
qu'il  reprend  chaque  année  en  Avril,  le  Macareux  est  devenu 
pareil  au  Macareux  de  Graba  que  les  tempêtes  ramènent 
parfois  sur  nos  côtes. 

((  En  découvrant  cette  curieuse  métamorphose,  vous  avez 
démontré  que  le  Macareux  arctique  et  le  Macareux  de  Graba 
ne  sont  qu'une  même  espèce  sous  la  livrée  de  noce  et  la  livrée 
d'hiver. 

'(  Etendant  vos  recherches  sur  la  mue  du  bec  à  tous  les 
oiseaux  de  la  tribu  des  Mormonidés,  vous  avez  montré  que 
plusieurs  espèces  du  nord  de  l'Océan  Pacifiqu-e  devaient  dis- 
paraître de  la  nomenclature. 


XXIV 

«  Des  innombrables  courses  que  vous  avez  faites  pour  con- 
tribuer à  ce  beau  monument  scientifique  qu'est  la  carte  géo- 
logique détaillée  de  la  France,  et  en  particulier  pour  dresser 
les  feuilles  de  Château-Gontier,  d'Angers,  d'Ancenis,  de 
Saumur,  de  Nantes,  enfin,  la  seule  inachevée,  aucune  ne  dait 
vous  avoir  laissé  un  aussi  agréable  souvenir  que  celle  de  la 
journée  où,  préparant  les  excursions  pour  guider  la  Société 
Géologique  de  France,  lors  de  sa  réunion  extraordinaire  de 
1908,  vous  avez  recueilli  dans  le  talus  d'un  chemin,  près  de 
Chaudefonds,  des  empreintes  de  végétaux  fossiles  associés  à 
un  minuscule  Brachiopode,  le  Strophodonta  comitans.  Cette 
trouvaille  fut  pour  vous  l'indice  révélateur  de  la  présence, 
en  notre  région,  d'un  horizon  ou  étage  dévonien  supérieur, 
méconnu  jusqu'alors  et  de  la  proximité  d'une  terre  voisine 
à  l'époque  dévonienne,  là  où  l'on  avait  cru  jusqu'ici  à  l'em- 
placement d'une  mer  profonde. 

((  De  nouvelles  recherches  amenèrent  la  découverte  d'une 
intéressante  flore  dont  Jes  affinités  les  plus  étroites  sont  avec 
les  flores  dévoniennes  du  Canada  et  de  l'île  aux  Ours,  île  aux 
bords  à  pic,  presque  inabordable,  située  au  large  du  Cap  Nord 
par  75°  de  latitude. 

«  Ce  fut  pour  vous  une  série  de  joies,  de  satisfactions  et 
de  succès  légitimes,  au  cours  de  ces  jours  de  septembre  1908, 
où  vous  avez  guidé  dans  notre  région,  la  Société  Géologique 
de  France.  Les  excursions  préparées  avec  soin  et  munifis- 
cence,  les  fouilles  faites  à  l'avance,  à  Bois-Gouët  notamment, 
les  fossiles  tout  prêts,  avec  le  matériel  même  de  l'emballage, 
les  qualités  des  réceptions  faites  laissèrent  aux  Congressistes 
un  tel  souvenir  qu'ils  vous  offrirent,  ainsi  qu'à  votre  frère 
le  Professeur  Edouard  Bureau,  gravée  sur  une  artistique 
plaquette  de  bronze,   l'expression  de  leur  reconnaissance. 

«  C'était  aussi  un  juste  hommage  dû  au  géologue  qui, 
pour  sa  part,  a  établi  la  carte  géologique  détaillée  de  la  France 
sur  plus  de  7.100  kilomètres,  la  soixante-quinzième  partie 
de  la  superficie  de  la  France.  Avec  la  feuille  de  Nantes,  votre 
travail  en  atteindra  la  cinquante-sixième  partie  et  se  rappor- 
tera à  plus  de  neuf  mille  cinq  cents  kilomètres  carrés. 


XXV 

((  Les  ombreuses  solitudes  de  la  forêt  d'Andaiue,  daus  l'Orne, 
n'ont  pu  protéger  contre  votre  perspicace  curiosité  scienti- 
fique, les  restes  imposants  des  tombeaux  ceUi(|ues.  Vous 
avez,  eu  avril  1883,  escaladé  le  beau  dolmen  nommé  la  Pierre 
de  la  (lionne,  sur  lequel  vous  avez  trouvé  le  plus  curieux 
spécimen  de  ces  anciens  et  énigmatiques  organismes  fossiles 
appelés  bilobites.  Vous  êtes  revenu  dans  cette  forêt  solitaire, 
vous  vous  êtes  improvisé  maître  mouleur,  et  grâce  à  ce  tra- 
vail, se  trouve,  à  l'abri  de  toute  destruction,  dans  le  Muséum 
de  Nantes,  la  reproduction  fidèle  d'un  magnifique  échantillon 
des  plus  anciennes  traces  que  des  organismes  vivants  aient 
laissées  sur  notre  sol. 

«  Mais  votre  regard  scrutateur  n'interroge  pas  cpie  la  ferre, 
pour  y  découvrir  les  traces  d'un  lointain  passé,  ou  reconsti- 
tuer les  phases  des  époques  géologiques,  souvent  il  recherche 
et  suit  dans  les  airs  le  vol  de  certains  oiseaux  de  passage, 
migrateurs  occasionnels  ou  erratiques,  comme  ce  curieux 
Gallinacé,  aux  pattes  ressemblant  à  celles  d'un  lapin,  le  Sijr- 
rhapte  paradoxal,  dont  quelques  bandes,  parties  des  Stepi)es 
salées  de  l'Asie  centrale,  arrivèrent  deux  fois,  à  travers  ï Eu- 
rope, jusqu'au  littoral  de  l'Océan  Atlantique. 

((  Même  les  pierres  tombées  du  ciel,  comme  cette  intéres- 
sante météorite  du  château  de  Grammont,  en  Vendée,  étaient 
pour  vous  sujets  de  recherches. 

«  Une  tortue  luth,  un  baleinoptére  étaient-ils  capturés  sur 
nos  côtes  bretonnes  ou  vendéennes,  le  Directeur  du  Muséum 
de  Nantes  accourait  et  ne  perdait  pas  l'occasion  de  les  acqué- 
rir pour  l'Etablissement  qu'il  dirige. 

((  Depuis  1882,  en  effet,  vous  étiez  devenu  Directeur  du 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  la  ville  de  Nantes.  En  vous 
confiant  ses  collections,  la  Ville  ne  pouvait  faire  choix  plus 
judicieux,  ce  qu'est  devenu  le  Muséum  sous  votre  direction 
le  montre  bien. 

«  Vous  avez  voulu  que  cet  Etablissement,  en  plus  des  col- 
lections générales  nécessaires  à  l'instruction  du  public  et  à 
la  formation  des  naturalistes,  possédât  les  collections  régio- 
nales les-  plus  complètes  afin  que  tous  les  savants  :  étrangers 


XXVI 

ou  français,  venant  en  Bretagne  ou  en  Vendée,  pour  étudier 
n'importe  quelle  question  d'histoire  naturelle,  soient  attirés 
à  Nantes  devenu  centre  scientifique  de  l'Ouest  de  la  France. 
Ce  sont  ces  hommes  d'élite,  qui  par  leur  influence,  portent 
au  loin  la  renommée  des  villes  dont  ils  ont  apprécié  l'activité, 
et  dont  ils  ont  rapporté  les  idées  les  plus  fécondes,  les  ensei- 
gnements les  plus  complets. 

a  A  notre  époque,  où  l'on  se  méfie  volontiers  d'une  réclame 
tapageuse  qui  veut  s'imposer,  en  est-il  de  meilleure,  parceque 
plus  discrète  et  indirecte,  pffur  une  ville  commerciale  et  in- 
dustrielle ?  Géologues,  minéralogistes,  zoologistes  et  bota- 
nistes trouvent  toujours  en  vous  un  guide,  éclairé  sur  presque 
toutes  les  branches  de  l'histoire  naturelle,  leur  faisant  les 
honneurs  des  collections  de  Nantes  et  du  sol  armoricain. 
Mais  pour  cela,  le  Directeur  ne  doit  pas  se  cantonner  au  milieu 
de  ses  collections. 

«  Visitant  souvent  les  marchés  du  littoral  et  surtout  celui 
du  Croisic,  vous  avez  formé  une  collection  importante  des 
poissons  de  nos  côtes.  L'usage  relativement  récent  des  dra- 
gages en  profondeur,  par  les  chalutiers  à  vapeur,  nous  a  valu 
les  espèces  les  plus  curieuses  et  les  plus  instructives  venant 
des  profondeurs  de  l'Océan. 

((  Avec  succès  vous  recherchiez  vous-même,  dans  les  marais 
de  l'Erdre  et  de  Logné,  une  curieuse  espèce  de  lézard,  à  la 
fois  vivipare  et  amphibie. 

«  Plus  d'une  fois  l'aube  naissante  vous  surprit  à  l'affût 
dans  les  marais  du  littoral  ou  les  îles  de  la  Loire,  épiant  le 
passage  de  quelque  rare  oiseau  migrateur. 

«  Un  grand  nombre  d'échantillons  d'oiseaux  de  votre 
collection  sont  venus  compléter  les  belles  collections  ornitho- 
logiques  du  Muséum  de  Nantes  et  former  une  série  incompa- 
rable pour  l'étude  des  oiseaux  de  France. 

«  C'était  bien  de  parcourir  la  région,  pour  réunir  des  ma- 
tériaux d'étude  dignes  de  l'importance  du  Muséum  de  Nantes, 
mais  il  fallait  aussi  créer  une  organisation  —  aux  ramifica- 
tions multiples  —  capable  de  centraliser  les  documents  ré- 
gionaux, et  qui,  par  ses  relations  susciterait  les  dons  de  pièces 


XXVII 

rares  trouvées  inopinément,  ou  d'importantes  collections, 
fruit  de  nombreuses  années  de  travail. 

«  Ce  fut  pour  vous  la  joie  de  la  réussite,  quand  le  11  dé- 
cembre 1890,  sur  votre  rapport,  la  Commission  du  Muséum, 
présidée  par  le  l)^  Laennec,  reconnut  l'utilité  de  créer  à 
Nantes  une  Société  d'histoire  naturelle,  et  en  adopta  peu 
après  les  Statuts.  Le  27  février  1891,  eut  lieu  la  première 
assemblée  générale  de  cette  Société  nouvelle,  qui  comprenait 
déjà   154  membres  titulaires  ou   correspondants. 

«  Vous  avez  veillé,  à  ce  que  le  Bulletin  trimestriel,  publié 
par  notre  Société  des  Sciences  Naturelles  de  l'Ouest  de  la 
France,  ne  devint  pas  un  simple  recueil  de  vulgarisation 
scientifique,  mais  des  Archives  régionales,  ayant  une  haute 
valeur,  par  celle  des  travaux  originaux  qui  y  sont  publiés. 
Le  nombre  des  Sociétés  scientifiques  qui  ont  accepté,  ou  de- 
mandé l'échange  de  leurs  publications  avec  notre  Bulletin 
montre  le  succès  de  cette  conception  ;  parmi  ces  Sociétés 
correspondantes  figurent  actuellement  :  121  Sociétés  fran- 
•  çaises,  91  Sociétés  des  autres  pays  de  l'Europe,  depuis  la 
Russie  et  l'Angleterre,  jusqu'au  Luxembourg,  au  Portugal  et 
au  Danemark,  et  enfin  45  Sociétés  des  autres  parties  du 
monde. 

«  Les  publications  de  ces  257  Sociétés,  auxquelles  il  faut 
ajouter  7  Revues  périodiques,  sont  reçues  en  échange  du 
Bulletin  de  la  Société  et  deviennent,  de  par  les  statuts  mêmes 
de  cette  dernière,  la  propriété  du  Muséum  de  Nantes.  Ainsi 
a  été  atteint  votre  but,  qui  était  de  contribuer  à  former 
dans  notre  ville  une  riche  bibliothèque  d'histoire  naturelle, 
indispensable  instrument  de  travail,  qui  seul  permet  de  ne 
pas  rester-en  retard  sur  les  rapides  progrès  actuels  de  la  science. 

«  Grâce  à  vous,  près  du  Muséum  de  Nantes  a  grandi  une 
Société  active,  qui  accroît  les  relations  de  cet  Etablissement 
municipal,  stimule  le  zèle  des  naturalistes  de  la  région,  fait 
avantageusement  connaître  dans  le  monde  entier,  par  ses 
travaux  et  ses  publications,  notre  Muséum  d'histoire  naturelle, 
augmente  sans  cesse  sa  bibliothèque  et  partant  le  patrimoine 


XXVIII 

de  la  ville  de  Nantes,  des  publications  échangées  et  des  livres 
achetés  par  la  Société.  Entre  les  donateurs  et  l'Etablissement" 
officiel     elle    sert    d'intermédiaire    discret,     effaçant    toutes 
fâcheuses  divergences  d'opinion. 

«  Vous  avez  ainsi  réalisé  ce  que  les  biologistes  appellent 
une  symbiose  ou  association  à  avantage  réciproque. 

«  Dans  la  nature,  une  algue  formée  de  petites  cellules 
isolées,  cachées  dans  le  feutrage  d'un  mycélium  de  Lichen, 
y  trouve  un  abri  et  en  revanche  enrichit  l'organisme  total 
de  produits  alimentaires  dont  elle  fait  la  synthèse.  Telle, 
abritée  dans  le  Muséum  de  Nantes,  notre  Société  en  enrichit 
la  bibliothèque  et  les  collections. 

«  Il  ne  saurait  y  avoir  de  fêtes  sans  vœux,  aussi  en  termi- 
nant je  vous  souhaite,  cher  M.  Bureau,  que  la  nature  long- 
temps encore  continue  à  vous  dévoiler  ses  plus  intéressants 
secrets,  nous  savons  que  vous  y  trouvez  votre  plus  grand 
plaisir. 

«  Que,  des  volumineux  registres,  où  sont  inscrites  vos  notes 
sur  les   oiseaux   de   France,    sortent   encore   quelques   belleg 
études  comme  celle  où  vous  avez  montré  les  signes  révéla- 
•    teurs  de  l'âge  exact  des  Perdrix. 

«  Enfin  je  voudrais  aussi  rendre  hommage  à  l'inlassable 
complaisance  avec  laquelle  vous  mettez  votre  érudition  au 
service  de  vos  confrères,  même  de  ceux  au  plus  modeste 
savoir,  rendre  hommage  au  naturaliste  qui  à  une  époque  de 
spécialisation  à  outrance  possède  des  connaissances  assez 
vastes  pour  guider  en  maître  la  Société  Géologique  de  France, 
^ou  de  savants  ornithologistes  étrangers,  dont  le  profond  savoir 
s'étend  sur  les  trois  règnes  de  la  nature  et  dont  la  renommée 
porte  au-delà  des"  frontières  et  de  l'Europe  la  réputation 
des  savants  français. 

«  Puisse  les  générations  futures  ne  pouvoir  faire,  à  nos 
contemporains  et  compatriotes,  le  reproche  d'avoir  ignoré 
votre  valeur  et  votre  mérite.  Aussi  pardonnez-moi,  si  d'une 
main  trop  inhabile,  j'ai  soulevé  le  voile  de  modestie  sous  lequel 
se  plaisent  le  vrai  mérite  et  la  science. 


XXIX 

M.  le  D^  Labbé  prit  ensuite  la  parole  : 

-(   Mon  Cher  Monsieur  Bireau, 

«  Vos  collaborateurs  e\  vos  élèves  sont  heureux  de  s'as- 
socier pour  fêter  cette  croix,  toute  petite,  mais  très  brillante 
que  vous  nous  avez  donné  l'occasion  et  le  plaisir  de  vous  offrir. 

«  D'autres  ont  dit  ou  diront  que  vous  êtes  un  Maître  en 
ornithologie  et  en  géologie,  que  vous  avez  fait  de  notre  Mu- 
séum un  des  premiers  de  France,  que  vous  avez  fondé  une  de 
nos  meilleures  Sociétés  scientifiques  provinciales.    • 

«  Tous  ceux  qui  vous  approchent  penseront  que  cette  déco- 
ration est  aussi  bien  méritée  par  l'homme  modeste  et  char- 
mant qui  continue  les  traditions  d'une  vieille  famille  Nantaise, 
que  par  le  savant  que  nous  respectons. 

«  A  vos  élèves,  à  vos  amis,  à  tous  ceux  qui  vous  entourent 
et  dont  vous  êtes  le  conseiller,  vous  montrez  mieux  que  du 
savoir,  mieux  que  de  la  bonté  et  de  l'indulgence,  vous  donnez 
un  exemple  rare,  cet  enthousiasme  pour  toutes  les  choses 
de  sciences,  cette  ardeur  vers  la  découverte,  cette  ténacité 
dans  la  volonté  de  savoir,  qui  sont  des  qualités  de  jeunesse 
et  que  tant  de  jeunes,  hélas  1  ne  connaissent  plus. 

'■(  Vous  n'êtes  pas  de  ceux  que  découragent  les  difficultés 
et  que  déconcertent  les  contradicteurs.  Vous  avez  conservé 
intacte  votre  foi  dans  la  science  et  n'avez  jamais  cru  à  sa 
faillite. 

«  C'est  ce  feu  sacré  que  nous  admirons  dans  vos  recherches 
et  dans  vos  enseignements.  C'est  ce  feu  sacré  qui  fait  de  vous 
le  meilleur  et  le  plus  jeune  des  professeurs  d'énergie. 

«  Et  cette  Cancalaise  (qui  pourrait  bien  être  une  Croisi- 
caise)  nous  fait  souvenir  que  c'est  avec  la  même'  ardeur  que 
vous  poursuivez  encore  actuellement  la  réalisation  d'un  de 
vos  plus  anciens  et  plus  chers  projets,  projet  qu'avec  votre 
ami  Chevreux  vous  fûtes  sur  le  point  jadis  de  faire  aboutir  ; 
projet  qui  aura  pour  notre  Ecole  et  pour  l'avenir  de  la  science 
nantaiiie  des  conséquences  dont  vous  aviez  deviné  toute  la 
portée. 


XXX 

«  Dans  une  ville  universitaire,  vous  auriez  été  chef  d'école, 
car  vous  n'êtes  pas  ce  travailleur  qui  s'isole,  mais  celui  qui 
favorise  le  travail  des  autres  de  son  exemple  et  de  ses  conseils. 

«  Aussi,  bien  que  Nantes  ne  soit  pas  encore  une  ville  univer- 
sitaire, notre  réunion  démontre  que  vous  avez  su  grouper  à 
vos  côtés  toute  une  petite  phalange  d'amis  sincères  et  dévoués, 
d'élèves  reconnaissants,  dont  longtemps  encore  nous  l'espé- 
rons, vous  resterez  le  vaillant  chef  de  file.  » 

M.  le  D^'  Valentin  Des  Ormeaux,  un  des  vieux  élèves  du 
D^"  Bureau,  rappelle  quelques  anecdoctes  de  ses  années 
d'étude  sous  son  professorat,  et  dit  toute  l'estime  qu'il  a 
gardée  pour  lui. 

Au  début  delà  réunion,  le  D^Malherbe,  Directeur  de  l'Ecole 
de  Médecine,  avait  exprimé,  dans  les  termes  suivants,  son 
plaisir  de  se  joindre  aux  naturalistes  : 

«  jNIon  Cher  Bure\u, 

((  Il  y  a  quelques  semaines,  j'avais  le  plaisir  et  l'honneur 
de  vous  dire  au  nom  de  l'Ecole  de  Médecine,  quelle  avait  été 
la  satisfaction  de  tous  vos  collègues  en  vous  voyant  décerner 
enfin  la  récompense  que  vous  aviez  si  bien  méritée,  cette 
croix  de  la  Légion  d'honneur,  si  bien  due  à  vos  beaux  travaux, 
à  votre  infatigable  dévouement  à  la  science,  à  la  très  habile 
direction  que  vous  avez  su  donner  à  notre  Muséum  d'histoire 
naturelle. 

«  Aujourd'hui,  c'est  le  tour  de  parole  des  savants  qui,  sous 
votre  égide,  se  consacrent,  soit  par  devoir,  soit  par  goût  à 
l'étude  de  l'une  des  innombrables  parties  de  la  science  de  la 
nature,  de  cette  science  qui,  toute  votre  vie,  vous  a  tant  pas- 
sionné. 

((  A  l'occasion  de  cette  fête  où  vous  seront  remis  des  té- 
moignages matériels  de  notre  respect  et  de  notre  amitié,  je 
dois  laisser  la  parole  aux  savants  naturalistes  qui  vous  en- 
tourent ;  mais,  si  je  ne  puis  vous  parler  au  nom  des  sciences 
naturelles,  je  puis  du  moins  le  faire  en  qualité  d'ami  et  c'est 
en  cette  quaUté  que  je  tiens  à  honneur  de  vous  dire  avec  quelle 


XXXI 

joie  nous  saluons  tous  le  succès  bien  mérité  d'un  savant  aussi 
droit  que  vous,  aussi  modeste,  aussi  peu  arriviste  et,  en  même 
temps,  d'un  ami  avec  lequel  nous  n'avons  eu  que  les  relations 
les  plus  franches  et  les  plus  cordiales. 

«  Je  porte  la  santé  de  Monsieur  Louis  Bureau,  direc- 
teur du  Muséum  de  Nantes,  Chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur !  » 

Puis  le  D'"  Bureau,  profondément  ému,  adresse  à  tous  ses 
plus  sincères  remerciements   : 

((  Mon   Cher  Directeur, 

«  Mon  Cher  Président, 

«  Mes  Chers  Collégi'es  et  Amis, 

«  Le  jour  est  encore  proche  où,  sous  la  présidence  de  notre 
cher  et  vénéré  directeur,  M.  le  docteur  A.  Malherbe,  beaucoup 
d'entre  vous  avez  eu  la  généreuse  pensée  de  m'apporter,  ici 
même,  le  témoignage  de  votre  amitié.  Cette  fête  de  famille 
comprenait  seulement  mes  excellents  confrères  de  l'Ecole  de 
Médecine. 

«  D'autres  foyers  de  sympathie  prenaient  en  même  temps 
naissance  au  sein  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de 
l'Ouest  où  je  compte  tant  de  sincères  amitiés  ;  parmi  vous, 
mes  chers  élèves  qui  suivez  les  cours  de  zoologie  et  de  bota- 
nique à  l'Ecole  de  Médecine,  et  parmi  les  nombreux  amis  qui 
m'entourent. 

«  Cette  manifestation  est  due,  vous  le  savez,  à  un  comité 
d'initiative  composé  de  mes  meilleurs  camarades  :  M.  Col, 
président  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest  ; 
MM.  Georges  Ferronnière,  Maurice  Gourdon,  les  docteurs 
Labbé  et  Polo  et  Joseph  Péneau.  J'ai  le  devoir  et  la  vive 
satisfaction  de  les  en  remercier  ce  soir. 

«  Mon  cher  monsieur  Col,  un  double  lien  nous  attache.  J'ai 
appris  d'abord  à  apprécier  votre  mérite  et  votre  caractère 
fait  de  générosité  et  de  droiture,  lors  de  vos  débuts  à  l'Ecole 
de  Médecine  comme  professeur  suppléant  et  chef  des  travaux 
pratiques  d'histoire  naturelle.  Plus  tard,  lorsque  les  circons- 


XXXII 

tances  ont  permis  votre  titularisation,  vos  collègues  s'en  sont 
réjouis  et  vous  avez  conquis  toutes  les  amitiés. 

«  La  Société  des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest,  dont  vous 
vous  êtes  fait,  tout  à  l'heure,  le  si  aimable  interprète,  s'ho- 
nore de  vous  avoir  comme  président.  Vous  êtes  bien  le  digne 
continuateur  de  vos  devanciers.  Par  vos  études  générales  et 
solides,  les  grades  que  vous  avez  conquis,  vos  travaux  spéciaux 
de  botanique  connus  et  appréciés,  vous  avez  apporté  au  ser- 
vice de  notre  Société  cette  autorité  morale  et  scientifique 
d'où  elle  tire  son  bon  renom  et  sa  prospérité. 

«  Sous  votre  présidence,  nos  séances  ont  été  très  suivies, 
les  communications  intéressantes  et  nombreuses,  de  nouveaux 
membres  sont  venus  combler  les  vides,  trop  nombreux,  hélas  1 
laissés  par  la  perte  de  collègues  regrettés.  Esprit  ouvert  à 
toutes  les  innovations  heureuses,  votre  présidence,  mon  cher 
monsieur  Col,  car  nous  espérons  bien  qu'elle  ne  sera  pas  la 
dernière,  marque,  dans  nos  annales,  une  période  de  prospérité. 

'(  Dès  votre  entrée,  vous  avez  compris  le  but  utile  et  géné- 
reux ({ue  poursuit  notre  Société,  la  première  de  ce  genre  fon- 
dée dans-  le  but  de  créer  des  ressources  nouvelles  à  un  établis- 
sement scientifique  :  le  Muséum  d'Histoire  naturelle,  et  de 
procurer  aux  personnes  qui  s'intéressent  à  la  géologie,  à  la 
zoologie  ou  à  la  botanique,  l'occasion  de  se  réunir,  d'échan- 
ger leurs  idées  et  de  publier  leurs  travaux. 

«  La  Société  dont  vous  êtes  le  président  estimé  de  tous 
entre  dans  sa  22^^  année,  et  l'ensemble  de  ses  travaux  consti- 
tue déjà  une  véritable  encyclopédie  régionale. 

K  Vous  avez  contribué  à  son  bon  renom  ^.ar  vos  communi- 
cations. Et,  ce  qui  n'est  pas  un  moindre  mérite,  par  votre 
aménité  dans  la  direction  des  séances,  vous  avez  non  seule- 
ment conquis  l'affection  de  tous,  mais  contribué  à  resserrer 
ces  liens  d'amitié  qui  sont  le  gage  du  succès.  Nous  vous  en 
sommes  tous  profondément  reconnaissants. 

«  Et  vo'is,  mon  cher  Labbé,  qui  vous  êtes  fait  l'écho  des 
élèves  cA  piKir_.iacie  et  des  candidats  au  diplôme  des  sciences 
physiques,  chimiques  et  naturelles,  que  nous  avons  mission 
d'instruire  avec  la  collaboration  de  notre  collègue  et  ami  le 


XXXIII 

docteur  Citerne,  je  ne  sais  comment  vous  remercier  de  vos 
témoignages  d'affectueuse  sympathie.  Vous  êtes  le  chef  des 
travaux  pratiques  et  le  professeur  accompli,  ne  connaissant 
pas  les  heures  de  repos  lorsqu'il  s'agit  de  l'avenir  des  élèves. 
Le  bienveillant  intérêt  que  vous  portez  à  tous  n'exclue  pas 
l'esprit  de  justice  et  de  fermeté  qui  est,  pour  tous  ceux  qui 
suivent  votre  enseignement  et  vos  conseils,  un  gage  certain 
de  succès. 

«  A  ces  mérites,  vous  en  ajoutez  bien  d'autres.  Par  votre 
esprit  scientifique  et  vos  travaux  avantageusement  connus, 
vous  avez  pris  rang  parmi  les  meilleurs  zoologistes  de  notre 
époque,  et  l'autorité  que  vous  tenez  de  votre  savoir,  vous 
l'employez,  avec  dévouement,  au  service  de  votre  ville  adop- 
tive.  Vous  êtes,  en  effet,  le  pionnier  des  conquêtes  auxquelles 
Nantes  a  le  droit  d'aspirer  dans  le  domaine  de  l'étude  et  de 
l'enseignement  des  sciences. 

«  Témoin  de  vos  efforts,  le  jour  ne  me  semble  pas  éloigné 
où  vous  serez  en  mesure  de  donner,  aux  amis  des  sciences  na- 
turelles, une  preuve  éclatante  de  votre  initiative  et  de  votre 
persévérance. 

«  Je  suis  heureux  de  rendre  aussi  un  juste  tribut  d'hom- 
mage à  mes  excellents  amis,  organisateurs  de  cette  fête  : 
M.  Georges  Ferronnière,  professeur  à  l'Université  libre  d'An- 
gers, mon  excellent  collaborateur  à  la  feuille  géologique  de 
Nantes  ;  M.  Maurice  Gourdon  qui,  depuis  trente  ans,  explore 
les  Pyrénées  françaises  et  espagnoles  ;  M.  le  docteur  Polo, 
vice-président  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest, 
et  M.  Joseph  Péneau,  secrétaire  de  la  Société  et  préparateur 
au  Muséum  qui,  tout  jeune  encore,  fait  déjà  autorité  en 
matière  d'entomologie.  C'est  à  leur  appel  que  vous  avez  ré- 
pondu avec  un  empressement  dont  je  vous  suis  profondément 
reconnaissant. 

«  Les  félicitations  que  je  viens  d'adresser  à  ceux  de  mes  amis 
auxquels  je  suis  plus  étroitement  lié  par  la  communauté  des 
études,  je  les  adresse  aussi  chaleureuses  à  vous  tous,  mes 
chers  Collègues,  car  le  savoir  et  le  dévouement  que  chacun  de 
vous  apporte  dans  la  spécialité  médicale  qui"  lui  est  dévolue 


XXXIV 

ont  souvent  leur  retentissement  au-delà  des  limites  dans  les- 
quelles s'exerce  chaque  jour  votre  activité.  Votre  présence 
dans  cette  réunion  de  famille  m'est  particulièrement  chère  ; 
elle  est  un  gage  de  votre  amitié  et  de  cette  union  indissoluble 
qui  est  de  tradition  dans  notre  Ecole  de  Médecine.  Aux  an- 
ciens, vénérés  de  tous,  succèdent  les  jeunes  animés  des  senti- 
ments de  piété  filiale  que  leur  ont  transmis  leurs  prédécesseurs. 
C'est  à  ce  touchant  spectacle  que  vous  m'avez  convié  ce  soir. 
«  Au  milieu  de  vous,  je  vois  aussi  nombre  d'amis  auxquels 
je  suis  attaché  par  les  liens  d'une  vive  affection.  Qu'ils  veuil- 
lent bien  recevoir  l'expression  de  ma  reconnaissance  et  de 
mon  plus  affectueux  souvenir. 

«  Mes  chers  élèves,  je  suis  également  heureux  de  vous  offrir 
une  très  large  part  de  mes  sentiments  amicaux.  Ils  vont  de 
pair  avec  ceux  que  vous  prodiguent,  chaque  jour,  tous  vos 
maîtres.  Par  une  délicate  attention,  vous  avez  tenu  à  m'ap- 
porter  ce  soir  vos  témoignages  de  sympathie  ;  je  vous  en  suis 
très  reconnaissant  et  je  vous  unis,  de  grand  cœur,  à  tous  mes 
collègues  et  amis  pour  vous  remercier  de  ces  jolis  souvenirs 
qui  me  rappelleront  toute  ma  vie  cette  fête  inoubliable  de 
réciproque  amitié. 

«  Permettez-moi  aussi  de  reporter  ma  pensée  vers  mes 
amis  absents,  empêchés  par  leur  éloignement  ou  retenus  par 
des  causes  diverses,  pour  vous  unir  tous  dans  ma  très  vive  et 
durable  affection.  » 

Après  avoir  donné  connaissance  lies  lettres  et  télégrammes 
d'excuses  de  MM.  E.  Jourdy,  Ch.  Oberthûr,  L.  Fleury, 
M.  Gourdon,  M.  Chevaher,  A.  Dugas,  etc.,  etc.,  le  Président 
invite  ensuite  à  faire  honneur  au  lunch  servi  pour  la  cir- 
constance. 

Nous  sommes  heureux  de  reproduire  ici  le  discours  que  le 
D'"  Bureau  avait  prononcé  le  1^^  mai  1912,  au  dîner  que  lui 
avaient  offert  ses  Collègues  de  l'Ecole  de  Médecine  : 


XXXV 


:;  Mon  cher   Directeur, 
«  Mes  chers  Collègues, 

«  C'est  une  bien  délicate  attention  de  votre  j)art  d'être 
venus  si  nombreux  m'apporter  le  témoignage  de  votre  sincère 
amitié.  Déjà,  chacun  de  vous  m'en  a  donné  des  gages  dès  la 
première  heure,  et  comme  si  ce  n'était  pas  assez  de  ces  mar- 
ques d'estime  individuelles,  vous  avez  tenu,  par  une  commu- 
nauté de  sentiments,  à  donner  une  preuve  nouvelle  de  cette 
union  qui  fait  du  personnel  de  notre  Ecole  de  Médecine  et  de 
Pharmacie  une  grande  famille  attachée  à  son  chef  vénéré  par 
les  liens  d'une  vive  affection. 

«  Enfant  de  cette  famille  dont  tous  les  membres  sont  dé- 
voués à  une  noble  cause  :  la  prospérité  toujours  croissante  de 
l'Ecole,  il  me  suffit  de  me  reporter  au  début  de  mes  études 
médicales  pour  apprécier  les  immenses  progrès  qui  ont  été 
réalisés  depuis,  et,  ces  progrès,  l'Ecole  les  doit  à  la  haute  va- 
leur de  ses  Directeurs,  à  l'ardeur  qu'ils  surent  communiquer 
à  leurs  collaborateurs  pour  l'instruction  de  la  jeunesse  et, 
disons-le  bien  haut,  à  la  foi  de  tous  dans  l'avenir. 

«  Laennec,  avec  son  ardeur  vive  et  communicative,  ses  argu- 
ments persuasifs, l'autorité  qu'il tenaitd'un nom  illustreet aussi 
de  son  mérite  personnel,  en  obtenant  la  transformation  de  notre 
Ecole  préparatoire  en  Ecole  de  plein  exercice,  a  ouvert  cette 
voie  du  progrès  dans  laquelle  nous  n'avons  cessé  d'avancer. 

«  Mon  vénéré  Directeur,  élevé,  vous  aussi,  dans  l'amour  de 
cette  Ecole,  par  un  père  dont  plusieurs  d'entre  nous  ont  reçu 
le  magistral  et  solide  enseignement  clinique,  vous  vous  êtes 
montré,  dès  le  début  des  hautes  et  honorifiques  fonctions 
dont  vous  fûtes  investi,  aux  applaudissements  de  tous,  orga- 
nisateur de  premier  ordre,  entièrement  dévoué  à  votre  man- 
dat. Les  perfectionnements  réalisés  par  votre  labeur  et  vos 
incessantes  démarches  près  des  pouvoirs  publics,  votre  loyauté, 
votre  franche  cordialité,  égale  pour  tous,  vous  ont  valu  l'es- 
time générale  de  vos  collaborateurs  et  de  vos  nombreux  élèves. 
Aussi  lorsque  arriva,  enfin,  le  jour  tant  désiré  de  votre  promo- 
tion, ce  fut  une  véritable  victoire  pour  vos  amis. 

4 


^XXVI 

«  Ces  lauriers  n'ont  pas  mis  fin  à  votre  activité.  Votre  ambi- 
tion était  tout  autre.  Vous  n'avez  jamais  poursuivi  qu'un  but  : 
la  prospérité  de  l'Ecole.  Maintes  fois  déjà  vous  en  avez  donné 
la  preuve  en  revendiquant  pour  elle  le  rang  de  Faculté  auquel 
lui  donnent  droit  les  traditions  du  passé,  son  enseignement 
complet,  la  valeur  de  ses  professeurs,  le  chiffre  toujours  crois- 
sant de  la  population  d'une  ville  appelée,  par  sa  situation  géo- 
graphique, vis-à-vis  le  canal  qui  réunira  bientôt  les  deux 
océans,  à  jouer  dans  le  mouvement  économique  de  l'Europe 
un  rôle  prépondérant. 

«  Votre  légitime  ambition  est  partagée  par  tous.  Puissiez- 
vous  voir  le  couronnement  de  votre  œuvre. 

«  Et,  cette  prospérité,  avec  la  clairvoyance  qui  caractérise 
les  vrais  organisateurs,  non  seulement  vous  avez  voulu  qu'elle 
fût  toujours  croissante,  mais  aussi  qu'elle  s'étendît  à  toute 
institution  de  nature  à  développer  la  vie  scientifique  à  Nantes. 
C'est  dans  ce  but  que  vous  avez  créé  la  Société  de  Protection 
et  de  Perfectionnement  de  l'Ecole  de  plein  exercice  de  Méde- 
cine et  de  Pharmacie,  appelée,  dans  l'avenir,  à  rendre  les  plus 
grands  services. 

«  Toutes  les  sciences  sont  sœurs  ;  aussi,  dans  l'esprit  de 
Paul  Bert,  Nantes,  Faculté  de  Médecine,  devait,  en  raison  de 
sa  situation  géographique,  devenir  le  siège  d'une  Faculté  des 
Sciences. 

«  Si,  en  effet,  la  physique,  la  chimie,  les  mathématiques 
peuvent  s'enseigner  partout,  il  n'en  est  pas  de  même  des 
sciences  naturelles,  dont  les  conditions  de  prospérité  sont 
intimement  liées  à  la  géographie  physique.  La  région  nan- 
taise, par  sa  situation  intermédiaire  entre  le  nord  et  le  midi, 
au  voisinage  de  l'Océan,  avec  ses  côtes  alternativement  ro- 
cheuses et  sablonneuses,  ses  marais  salants,  son  grand  fleuve, 
la  Loire,  son  lac,  le  plus  grand  de  France,  offre  aux  botanistes 
et  aux  zoologistes  des  éléments  d'étude  exceptionnellement 
variés. 

«  On  a  dit  quelquefois  que  notre  région  était  privée  de  mon- 
tagnes, façon  bien  inexacte  d'envisager  la  péninsule  bretonne 
qui  est  précisément  le  type  classique  des  régions  montagneuses 


XXXVII 

les  plus  anciennes  du  globe.  Nous  ne  voyons,  en  effet,  à  l'ho- 
rizon, ni  les  pics,  ni  les  cimes  neigeuses  des  jeunes  chaînes 
pyrénéennes  et  alpines,  arasés  qu'ils  ont  été  par  les  agents 
atmosphériques  pendant  la  suite  incalculable  des  siècles  pas- 
sés ;  mais  leurs  racines  restées  intactes  ont  le  privilège  de  con- 
tenir les  archives  les  plus  anciennes  du  monde  et  d'être  acces- 
sibles à  nos  investigations,  dans  une  certaine  mesure.  Ce  sont 
elles  qui  portent  inscrites  sur  leurs  feuillets  la  solution  des  plus 
captivants  problèmes  de  la  mécanique  terrestre,  de  l'appari- 
tion et  du  perfectionnement  de  la  vie  organique. 

«  Ce  sont  les  éléments  d'étude  de  toutes  les  questions  qui 
se  rattachent  aux  sciences  naturelles  que  nous  avons  cherché, 
avec  des  amis  dévoués,  à  rassembler  et  à  mettre  en  lumière, 
avec  la  ferme  conviction  que  c'était  faire  œuvre  utile  de  pré- 
parer l'avenir  scientifique  de  Nantes.  Tous  les  moyens  qui 
ont  paru  propres  à  obtenir  ce  résultat  ont  été  mis  en  œuvre  : 
développement  des  collections  et  de  la  bibliothèque  du 
Muséum,  fondation  d'une  Société  qui,  tout  en  aidant  le  Mu- 
séum, s'assure  des  ressources  pour  l'avenir  et  publie  un  Bul- 
letin estimé. 

«  Cette  œuvre  de  décentralisation,  conçue  dans  un  but  bien 
défini,  essentiellement  régional,  a  reçu  le  meilleur  accueil  dans 
le  monde  scientifique  et  des  encouragements  flatteurs.  Plu- 
sieurs fois,  dans  des  rapports  officiels,  elle  a  été  citée  comme 
l'une  de  celles  qui  ont  le  mieux  compris  leur  mission.  Ce  n'est 
donc  que  justice  d'en  reporter  l'honneur  à  mes  nombreux 
amis  qui  y  ont  collaboré. 

«  Entre  temps  le  Muséum,  œuvre  de  mes  prédécesseurs,  fut 
choisi  par  plusieurs  donateurs  d'importantes  collections  pa- 
léontologiques,  zoologiques  et  botaniques  comme  étant,  de 
toute  la  région,  le  mieux  approprié  à  les  recevoir  et  à  en  assu- 
rer la  conservation. 

«  Enfin,  lorsque  le  moment  parut  venu,  il  y  a  quelques  an- 
nées, de  montrer  aux  spécialistes  les  ressources  de  la  ville  de 
Nantes  et  de  la  région  pour  les  études  géologiques,  le  général 
Jourdy,  commandant  en  chef  le  XP  corps  d'armée,  aussi 
connu  dans  le  monde  scientifique,  comme  géologue,  par  ses 


XXXVIII 

travaux  de  tectonique,  que  dans  le  monde  militaire,  arrivait 
à  Nantes  pour  y  terminer  sa  carrière. 

«  Bientôt  au  courant  de  la  structure  de  la  Bretagne,  sur 
laquelle  il  publia,  dans  notre  Bulletin,  d'intéressants  travaux, 
son  plus  grand  désir  fut  de  déterminer  la  Société  Géologique 
de  France  à  tenir  à  Nantes  une  de  ses  réunions  extraordinaires. 

«  Une  invitation  faite  à  son  président,  M.  H.  Douvillé, 
membre  de  l'institut  et  professeur  à  l'Ecole  nationale  des 
Mines,  par  la  Société  des  Sciences  naturelles  de  l'Ouest,  fut 
favorablement  accueillie.  La  réunion  eut  lieu  du  P''  au  9  sep- 
tembre 1908.  Elle  attira  les  géologues  les  plus  en  vue.  Comme 
dans  les  grands  congrès,  un  livret-guide,  rédigé  dans  le  but 
d'augmenter  l'intérêt  des  excursions,  fut  distribuée  à  tous  les 
membres.  Huit  jours  de  vie  en  commun,  passés  à  déchiffrer 
l'histoire  du  passé,  particulièrement  dans  les  régions  d'Ance- 
nis,  de  Chalonnes-sur-Loire  et  de  Châteaubriant,  la  visite  de 
fouilles  importantes  ouvertes,  à  cette  occasion,  dans  les  riches 
dépôts  tertiaires  du  Landreau,  de  Saffré  et  de  Campbon, 
eurent  un  réel  succès.  Des  liens  d'amitié  s'établirent  et  se  res- 
serrèrent, et  chacun  emporta  de  cette  réunion  le  meilleur  sou- 
venir. 

((  Voilà  très  simplement,  mes  chers  collègues,  un  aperçu  de 
ce  qlii  a  été  fait,  dans  le  domaine  des  sciences  naturelles,  tant 
pour  augmenter  notre  patrimoine  scientifique  que  pour  faire 
connaître  les  ressources  de  la  région  nantaise  aux  savants  qua- 
lifiés pour  les  apprécier. 

«  Ces  premiers  résultats  sont  le  fruit  du  labeur  de  mes  pré- 
décesseurs et  de  nombreux  amis.  Il  ne  m'en  revient  qu'une 
bien  faible  part.  Assurément  mon  mérite  n'est  pas  grand,  aussi, 
je  le  laisse  volontiers  de  côté  pour  ne  voir,  dans  la  distinction 
dont  j'ai  été  l'objet,  à  l'occasion  du  cinquantenaire  des  Socié- 
tés savantes,  qu'un  témoignage  d'estime  et  de  sympathie 
auquel  s'est  généreusement  associé  notre  ancien  maire, 
M.  Guist'hau,  minisire  de  l'Instruction  publique. 

<(  A  ce  témoignage  qui  m'est  cher,  vient  se  joindre  la  mani- 
festation si  amicale  dont  vous  me  donnez  ce  soir  le  touchant 
spectacle.  Je  retrouve  ici  comme  un  nouveau  foyer  de  famille 


XXXIX 

où  les  événements  de  la  vie  d'un  de  ses  mcmlDrcs  sont  ressen- 
tis par  tous.  ♦ 

<c  Ce  sera,  jusqu'à  la  tin  de  mes  jours,  un  réconfortant  sou- 
venir. Permettez-moi,  mon  cher  Directeur,  et  vous  Lous,  mes 
chers  Collègues  et  amis,  de  vous  en  remercier  du  fond  du  cœur 
et  de  vous  assurer  de  mon  inaltérable  affection.  » 


Séance  du  5  Juillet  1912 

Présidence  de  M.  le  D"^  A.  Col,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente,  dont  lecture  est 
faite  par  le  Secrétaire,  est  adopté. 

Nécrologie   : 

Le  Président  fait   part   du   décès   de  : 

M.  PoYDRAs  DE  LA  Lande,  Julien,  2,  rue  d'Argentré,  à 
Nantes,  Membre  titulaire  depuis  notre  fondation. 

Présentation  d'un  nouveau  Membre  : 

M.  E.  Dattin,  11,  rue  de  Strasbourg,  à  Nantes,  présenté 
par  Mm.  Bureau  et  Péneau,  est  nommé  Membre  titulaire. 

Communications  verbales  : 

M.  le  D""  Labbé  signale  un  cas  de  Myase  oculaire  qui  lui  a 
été  communiqué  par  le  D''  Sourdille  ;  la  larve  de  diptère  a 
été  retirée  de  la  chambre  oculaire  d'une  enfant  de  8  ans. 

M.    E.    Dattin   présente   un 

Lépidoptère  nouveau  pour  la  faune  française  :  Lozopera 
Beatricella  Wesghm.   (Tortricide). 

M.  Dattin  a  capturé  7  exemplaires,  2  c^,  5  n  de  ces  insectes 
à  Bourg-de-Batz  (Loire-Inférieure),  le  19  mai  1912.  Ils  volti- 
geaient en  assez  grand  nombre  vers  19  heures,  autour  d'une 
grande  oml)elIifère  :  Smyrnium  Olusalrum  L.  Etant  retourné 
visiter  la  localité  le  3  juillet,  il  a  rapporté  des  ombelles  de 

5 


XL 


cette  plante,  habitées  par  des  chenilles.  Celles-ci  s'introduisent 
dans  les  grainéS  et  en  rongent  l'intérieur.  Le  5  juillet,  deux  de 
ces  chenilles  sont  entrées  dans  la  tige,  à  environ  15  centim. 
au-dessous  de  la  naissance  de  l'ombelle,  pour  y  achever  leur 
existence  larvaire,  ainsi  qu'ont  coutume  de  faire  les  autres 
chenilles  connues  du  genre  Lozopera. 

L.  Beatricella  n'était,  jusqu'à  présent,  indiquée  que  d'An- 
gleterre. Elle  a  été  décrite  pour  la  première  fois  par  Lord  Wal- 
singham  dans  En^oniologisfs  monthly  Magazine  1898,  d'après 
des  exemplaires  obtenus  par  sa  sœur,  M^^^^  Beatrix  Carpenter, 
de  chenilles  trouvées  dans  la  tige  d'une  ombellifère,  rapportée 
avec  doute  à  Pastinaca  sativa.  En  1899,  M.  W.  Purdy  a  signalé, 
dans  la  même  publication,  qu'il  avait  élevé  des  chenilles  de 
cette  espèce  sur  Pastinaca  sativa. 

En  1911,  M.  A.  Thurnall  ayant  ouvert,  en  Essex,  des  tiges 
mortes  de  Coniiun  macnlatuni  L.,  trouva  dans  l'une  d'elles 
3  chenilles  qui,  écloses  vers  le  8  juin,  donnèrent  3  Beatricella 
(Entoni.  mont.  Mag.,  1911,  p.  260). 

On  connaît  donc  aujourd'hui  7  Lozopera  françaises  : 
Francillana  F.  —  Chenille  sur  Daiicus  caroia  L.,  et  d'après 
Lord  Walsingham  sur  Ferula  coninninis  L. 

Bilbaënsis  Rossl.  —  wSur  Crithmiun  inariiinnim  L. 
Deaurana  Peyr.  —  Chenille  inconnue. 
Tornella  Wesghm.  —  Chenille  inconnue. 
Beatricella  Wesghm.    —   Chenille  sur  Pastinaca  sativa  L., 
Conium  maculatum  L.,  Smyrnium  obtusatrum  L. 

Flagellana  Dup.   —  Chenille  sur  Eryngiuni  campestre  L. 
Dilucidana  Steph.  —  Chenille  sur  Pastinaca  sativa  L.  =  Pen- 
cedanum  sativum. 

M.  le  D^'  Polo  rend  compte  d'une  excursion  géologique 
qu'il  fit  à  la  fin  de  mai  dernier  dans  les  Ardennes,  sous  la 
d  rect  on  de  M.  Ch.  Barrois  On  sait  que  la  formation  des 
montagnes  des  Ardennes  est  due  aux  plissements  hercyniens, 
de  même  que  notre  Massif  Armoricain.  L'excursion  se  fit  en 
descendant  les  couches  géologiques.  A  Couvin  (Belgique), 
l'excursion  vit  le  Frasnien,  très  fossilifère  :  Cardinm  palma- 
tmii,    j)res([ue   loutc  la  faune  de   Cop-Choux  à   Hlujnclwnella 


XLI 

cuboides,  si  connue  des  géologues  nantais  ;  ensuite  on  étudia 
le  Givélien,  V Eifélien  (Couvinien).  Rentrée  en  France  à  Vireux, 
les  excursionnistes  admirèrent  la  belle  coupe  de  la  Meuse  dans 
les  Ardennes  françaises,  avec,  de  Fumay  à  Givet  :  le  Cambrien, 
le  Coblenlzien,  le  Givétien  :  fossilifères  eu  de  nomlireux  en- 
droits, lis  recueillirent,  entre  autres  fossiles  :  Oldhamia  radiata. 
De  Givet,  l'excursion  retourna  dans  le  Gédinnien  belge.  Grâce 
à  l'entremise  d'un  géologue  belge,  M.  Mailez,  la  circulation 
sur  la  voie  ferrée  de  Luxembourg  à  Bruxelles  permit  d'obser- 
ver une  belle  faille  du  Cambrien  et  du  Gédinnien.  En  rentrant 
de  nouveau  en  France  à  Laison.  on  put  examiner  une 
curieuse  coulée  porphyroïde  injectée  dans  les  schistes  et 
renfeimant  des  fragments  de  la  roche  encaissante. 

Le  D''  Polo  présente  un  certain  nombre  de  fossiles  et 
d'échantillons  de  roche  rapportés  de  cette  excursion. 

Le  D''  L.  Bureau  présente  un  oiseau,  le  Courlis  cendré 
(Numeniiis  arquatus)  dont  il  a  observé  récemment  la  nidi- 
fication en  Bretagne. 

M.  Rey  signale  l'abondance  de  V  Ophrys  anmifera  dans  les 
bois  de  La  Baule  et  du  Pouliguen.  Cette  orchidée  est  signalée 
comme  rare,  et  à  Pornichet  seulement,  par  la  Flore  de  Lloyd. 

M.  J.  PÉXEAU  fait  connaître,  d'après  un  mémoire  récent  de 
MM,  Howard  et  Fiske.  les  principaux  résultats  de  la  lutte 
entreprise  par  le  Gouvernement  américain  contre  les  chenilles 
de  Li paris. 


Séance  du  H  Novembre  1912 

En  ouvrant  la  séance,  M.  le  D^  Col,   président,  invite  le 
Général  Jourdy  à  prendre  la  présidence. 

Présidence  du  Général  Jourdy 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  de 
juillet. 


XLII 


Distinctions  honorifiques  : 

Le  Président  est  heureux  de  faire  ressortir  les  distinctions 
honorifiques  qui  ont  été  accordées  à  plusieurs  de  nos  collè- 
gues : 

M.  Charles  Oberthur,  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

M.  Th.  ViAUD,  officier  de  l'Listruction  publique. 

M.  Pelous,  officier  d'Académie. 

Nécrologie  : 

Après  avoir  signalé  les  événements  heureux,  le  Président 
doit,  par  contre,  annoncer  les  pertes  douloureuses. 

M.  Crié  (Louis),  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de 
Rennes,  Membre  honoraire  depuis  189L  Décédé  en  juillet 
dernier. 

M.  Brandicourt  (Henri),  3,  place  Royale,  à  Nantes, 
Membre  affilié   depuis   1908.   Décédé  le  31   octobre  dernier. 

Si  tous  les  décès  de  nos  Membres  sont  douloureux  pour  la 
Société,  celui  de  notre  jeune  collègue  Brandicourt,  absolu- 
ment inattendu,  nous  est  particulièrement  sensible.  Doué 
d'une  robuste  santé,  intelligent  et  enthousiaste,  un  bel  avenir 
s'ouvrait  devant  Henri  Brandicourt  quand  la  mort  est  venue 
brusquement  le  frapper  à  la  suite  d'une  chute  de  cheval. 
Nous  adressons  à  sa  famille  nos  plus  sincères  condoléances. 

Correspondance  : 

Lettre  de  M.  le  Préfet  de  la  Loire-Inférieure,  nous  faisant 
connaître  que  le  Conseil  général  nous  a  accordé  une  subven- 
tion. 

Lettre  du  Ministère  de  l'Instruction  publique,  nous  remet- 
tant un  certain  nombre  d'exemplaires  du  5P^  Congrès  des 
Sociétés  savantes,  qui  se  tiendra  à  Grenoble  en  mai  1913. 

Parmi  les  questions  inscrites  à  ce  programme,  nous  relevons  : 

Etude  minéralogique  des  roches  sédimentaires. 

Monographie  d'un  genre  ou  sous-genre  de  mollusques  fossiles  en  étudiant 

ses  transformations  à  travers  plusieurs  périodes  géologiques. 
Recueillir  des  documents  précis  sur  les  anciennes  lignes  de  rivage  le  long 

des  côtes  de  France. 


XLIII 

Tracer  des  cartes  précises  de  la  répartition  de  certains  fascies  aux  diverses 

époques  géologiques  dans  une  région  de  la  France. 
Réunir  des  documents  précis  relatifs  à  1  époque  pléistocène  d'une  partie 

de  la  France  et  déterminer  1  époque  de  début  du  creusement  des  vallées 

actuelles. 
Monographie  dun  gisement  de  Fossiles. 
Etudier  les  minéraux  de  lOisans. 
Repeuplement  en  poissons  des  lacs  et  des  cours  d'eau. 
Etude  des  qualités  biologiques  des  Eaux,  basée  sur  la  considération  de  la 

faune  des  invertébrés  et  de  la  flore. 
Etude  de  la  faune  et  de  la  flore  des  Alpes. 
Perfectionnement  des  méthodes  de  capture  des  animaux  aquatiques  et 

des  méthodes  de  récolte  des  plantes  aquatiques. 
Les  jardins  alpins. 

Applications  de  la  photographie  aux  études  biologiques. 
Les  maladies  à  hématozoaires. 
Du  rôle  des  insectes  dans  la  propagation  des  maladies  contagieuses. 

Ouvrages  reçus  : 

Ch.  Janet.  —  Le  Sporophyte  et  le  Gamétophyte  du  végétal. 
Le  Soma  et  le  Germen  de  l'Insecte.  1  broch. 

A.  Thieullen.  —  Fausses  légendes.  —  Erreurs  et  interpréta- 
tions. 1  broch. 

Raoul  Laffon.  —  Catalogue  descriptif  des  plantes  phanéro- 
games de  la  commune  de  Saint-Cernin-de-Larche  (Cor- 
rèze).  1  broch. 

Ph.  Dautzenberg.  —  La  Faunule  conchyliologique  marine  de 
Paris-Plage  (Pas-de-Calais).  1  broch. 

—  A  propos  du  «  Gasar  )  d'Adamon.  1  broch. 
Ph.  Dautzenberg  et  H.  Fischer.  —  Mollusques  et  Brachio- 

podes  recueillis  en  1908  par  la  mission  Bénard  dans  les 
mers  du  Nord.  1  broch. 

Ed.  Chevreux.  —  Deuxième  expédition  dans  l'Antarctique, 
dirigée  par  le  D'"  Charcot,  1908-1910.  Diagnoses  d'Am- 
phipodes  nouveaux.  1  broch. 

—  Description  d'un  Amphipode  nouveau  provenant  de  la 

campagne  de  VHirondelle-II,  en  1911.  1  broch. 

Ph.  Dautzenberg.  —  Liste  de  Coquilles  marines  provenant 

de  l'Ile  de  Halmahero  (Djilolo).  1  broch. 


XLIV 

Ed.  Chevreux.  —  Sur  une  variété  de  la  Perdrix  Gambra. 

1  broch. 

Ch.  Janet.   —  Constitution  morphologique  de  la  bouche  de 

l'Insecte.  1  broch. 

—  Organes  sensitifs  de  la  mandibule  de  l'Abeille.       1  broch. 

—  Sur  l'existence  d'un  organe  chordotonal  et  d'une  vésicule 

pulsatile  antennaires  chez  l'Abeille.  1  broch. 

(Don  des  auteurs.) 
Communications  verbales. 

Le  D'  A.  Labbé  fait  une  communication  préliminaire  sur 
La  thigmomorphose^*^  et  la  variation  lente  dans  le  genre  Ano- 
mia. 

En  ce  moment  où  les  théories  mutationistes  et  mendéliennes 
se  partagent  les  sympathies  de  la  majeure  partie  des  biolo- 
gistes, il  ne  semble  pas  inutile  d'essayer  de  réhabiliter  la  varia- 
tion lente  et  l'importance  des  facteurs  externes  dans  l'évo- 
lution des  espèces.  L'étude  des  oscillations  spécifiques  dans 
un  même  genre  et  des  variations  individuelles  dans  une  même 
espèce  constitue  à  ce  point  de  vue  la  meilleure  méthode  de  tra- 
vail et  peut  seule  servir  de  base  aux  recherches  des  naturalistes 
futurs.  Mais  pour  cela,  les  collections  ne  servent  pas  à  grand 
chose,  et  les  méthodes  biométriques  peuvent  fournir  des  résul- 
tats erronés.  Il  faut  toujours  étudier  l'individu  dans  son  milieu 
et  ne  pas  l'en  séparer. 

L'auteur  a  commencé  à  étudier  à  ce  point  de  vue  les 
variations  de  V  Anomia  ephippium  L.,  par  rapport  au  sub- 
stratum  sur  lequel  se  fixe  cet  acéphale.  Ces  modifications 
sont  surtout  intéressantes  pour  les  Anomies  fixées  sur  des 
Pecten  ;  ici,  non  seulement  la  valve  plate,  fixée,  mais  aussi 
la  valve  convexe  épousent  les  stries  et  cannelures  du  Pecten. 
Il  y  a  des  variations  dans  les  couleurs,  la  taille,  les  orne- 
ments, la  forme  de  l'échancrure,  l'umbo  et  les  côtes.  L'accrois- 
sement et  la  forme  du  manteau  étant  absolument  différents 
sur  les  deux  valves  de  la  coquille,  il  faut,  pour  expliquer  la 
correspondance  des  ornements  sur  ces  deux  valves  que  l'exci- 

(1)  De  C/r/u«,  contact. 


XLV 


tation  de  contact  et  le  tropisme  qui  en  résulte  ait  influé  la 
physiologie  entière  de  l'animal  :  c'est  un  caractère  acquis  par 
adaptation.  Et  il  est  à  penser  que  ce  caractère  acquis  puisse 
devenir  héréditaire.  Les  60  espèces  d'Anomia  du  Catalogue 
de  Pœtel  ne  diffèrent  que  par  les  mêmes  caractères  trouvés 
chez  divers  individus  de  V  Anoinia  ephippiuni.  Il  y  a  certaine- 
ment une  vingtaine  de  nos  espèces  indigènes,  et  même  des 
Placuanomia,  qui  ne  sont  que  des  variétés  d'Anomia  êphip- 
pium.  Ces  variétés  se  produisent  au  contact  d  un  substratum  ; 
mais  le  caractère  peut  se  transmettre  héréditairement,  puisque 
l'on  trouve  sur  des  roches  lisses  des  Anomies  à  tel  point  pec- 
tinif ormes  qu'on  les  prendrait  pour  des  Pecten.  A  ce  titre  et 
si  la  fixation  du  caractère  est  durable,  on  doit  les  considérer 
comme  des  espèces  nouvelles. 

Un  travail  ultérieur  complétera  et  développera  les  faits  pré- 
cédents. 

M.  G.  Ferronnière  présente  un  fragment  de  Dent  d'Hip- 
popotame appartenant  à  M.  Benoit,  notaire  à  Guérande.  Ce 
fragment  provient  de  la  collection  de  M.  Muterse  et  porte 
l'étiquette  Hipp^^  amphibius,  localité  :  Clis.  M.  Ferronnière 
estime  que  cette  dent  n'est  pas  fossile  ;  il  est  cependant  im- 
possible d'en  être  certain.  Notre  collègue  a  recherché  les  osse- 
ments quaternaires  qui  auraient  été  recueillis  dans  la  pres- 
qu'île guérandaise  et  il  n'a  pu  en  trouver  trace.  Toutefois,  on 
montre  actuellement  à  Batz,  dans  la  collection  Lehuédé,  une 
tête  de  Rhinocéros  (jR.  sondaïcus  =  R.  javanus  Cuv.)  qui 
aurait  été  recueillie  près  de  la  ferme  de  Ker-Bouchard. 
L'excellent  état  de  conservation  de  cette  pièce  ne  !ais:,e  aucun 
doute  sur  l'époque  extrêmement  récente  à  laquelle  elle  a  dû 
être  jetée  là  par  quelque  marin. 

M.  Ferronnière  montre  également  des  Silex  éclatés  pro- 
venant de  la  grande  côte  du  Croisic.  Sans  préjuger  de  leur  âge, 
il  fait  observer  que  la  roche  dans  laquelle  ils  ont  été  taillés 
n'est  pas,  comme  on  l'a  dit  souvent,  du  silex  du  Grand  Pres- 
signy  mais  bien  certainement  du  silex  local.  Sur  toute  notre 
côte,  et  principalement  à  Préfailles,  Sainte-MargueriLte,  au 
Pouliguen,  à  la  plage  Valentin,  entre  Pen-Bron  et  La  Tjurballe, 


XLVI 


ainsi  que  sous  la  terre  végétale  qui  couronne  les  falaises  du 
Croisic,  on  trouve  des  galets  d'un  silex  semblable  provenant 
de  terrains  actuellement  démantelés  et  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  les  pierres  de  délestage  si  communes  près  de  nos 
ports. 

M.  Ferronnière  présente  ensuite  une  dent  d'Hipparion 
gracile  provenant  de  Martigné-Briand  (M.-et-L.),  et  faisant 
partie  de  la  collection  léguée  par  le  D^'  Farges  à  l'Université 
d'Angers. 

Puis,  un  fragment  de  dent  d'Elephas  merîdionalis  trouvée 
jadis  par  M.  Brossard  de  Corbigny  dans  le  creusement  d'un 
puits  à  Chantonnay  (Vendée),  et  figurée  par  le  D^  Farge 
(Soc.  Linn.  de  M.-et-L.,  1862)  ;  cette  dent  a  été  retrouvée 
parmi  des  échantillons  récemment  entrés  en  possession  du 
Laboratoire  de  Géologie  de  l'Université  d'Angers. 

Enfin,  du  Gypse  de  formation  actuelle  des  marais-salants  de 
Batz,  à  propos  duquel  il  fait  remarquer  la  localisation  très 
restreinte  de  ce  minéral  au  bord  du  marais  après  le  passage  à 
niveau  de  Ker-Bouchard. 


Séance  du  6  Décembre  1912 

Présidence  de  M.  le  D^'  A.  Col,  Président 

Le  procès-verbal  de  la  séance  du  8  novembre,  lu  par  le 
Secrétaire,  est  adopté  "sans  observation. 

Présentation  d'un  nouveau  Membre  : 

M.  le  Dr  baron  de  Lastours,  5,  place  Dumoustier,  Nantes, 
présenté  par  MM.  Bureau  et  Péneau,  est  nommé  Membre 
titulaire. 

Correspondance  : 

Lettre  de  M.  le  Profr  Joubin,  invitant  notre  Société,  au 
nom  du  Prince  de  Monaco,  à  se  faire  représenter  au  IX^  Cou- 


XLVII 

grès  international  de  Zoologie,  qui  se  tiendra  à  Monaco  du 
25  au  30  mars  1913. 

Ouvrages  offerts  : 

Sur  la  présence  de  Cephalozia  macrostachya  Kaal  dans  la 
Manche. 

Sur  une  variété  de  1'  Oxyrrhynchium  Swartzii  (Turn.),  par 
M.  Potier  de  la  Varde,  1  brochure  offerte  par  l'auteur. 

Communications  verbales  : 

M.  Col,  président,  communique  à  la  Société  une  note  de 
M.  Gadeceau.  l'ami  et  le  continuateur  du  regretté  botaniste 
Lloyd,  sur  deux  Œnanthe  de  la  Flore  de  l'Ouest  de  la  France. 

Il  s'agit  des  Œnanthe  inscrits  dans  la  5^  et  dernière  édition 
de  la  Flore  de  Lloyd  sous  les  noms  de  Œ.  silaifolia  Bieberstein 
et  Œ.  peucedanifolia  PoUich. 

Ayant  constaté  des  intermédiaires  entre  ces  deux  espèces, 
M.  Gadeceau  hésite  sur  la  valeur  spécifique  de  ces  deux  formes 
d'Œnanthe.  Mais  sans  vouloir  se  prononcer  sur  cette  question 
litigieuse,  l'auteur  de  la  note  tient  à  faire  connaître  aux  bota- 
nistes de  la  région  la  regrettable  confusion  qui  a  fait  attribuer 
à  ces  deux  Œnanthes  des  noms  qui  ne  leur  conviennent  pas. 

Les  dénominations  adoptées  dans  la  5^  édition  de  Lloyd 
étaient  dues  à  M.  Foucaud  ;  mais  depuis,  en  1903,  M.  Rouy 
les  avait  contestées  en  un  travail  très  documenté  et  en  une 
note  dont  les  planches,  reproduction  des  figures  ou  des  plantes 
authentiques  des  auteurs,  montraient  avec  évidence  que  l'Œ. 
peucedanifolia  de  Foucaud  était  l'Œ.  fitipenduloïdes  de  Tbuil- 
lier,  et  que  l'Œ.  si/aï/o/m  (Foucaud)  n'était  pas  l'Œ.  silaifolia 
de  Bieberstein.  M.  Gadeceau,  tout  en  arrivant  à  des  conclu- 
sions conformes  en  cela  à  celles  de  M.  Rouy  identifie  avec 
l'Œ.  peucedanifolia  de  PoUich,  l'Œ.  silaifolia  Foucaud,  espèce 
plus  répandue  dans  l'Ouest  que  l'Œ.  fîlipenduloides  Thuillier. 
M.  Rouy,  au  contraire,  rattachait  Œ.  silaifolia  Foucaud  au 
type  Œ.  média  Grisenbach. 

L'Œ.  média  de  Boreau  lui  paraît  voisin,  sinon  authentique 
à  l'Œ.  fitipenduloïdes  Thuil.  ;   enfin,   l'auteur  insiste    sur.  la 


XLVIII 

forme  variable  des  tubercules  radicaux  qui  ne  peut  pas  servir 
à  différencier  nos  deux  Œnanthe  de  l'Ouest  :  filipendulcïdes 
Thuil.  et  peucedanifolia  Pollich. 

M.  Col  indique  l'application  qu'il  a  faite  de  lapparûl  du 
Professeur  Florence,  de  Lyon,  à  l'identification  de  fragments 
de  charbon  de  bois  ;  cet  appareil,  construit  par  la  Maison  Na- 
chet,  de  Paris,  permet  l'éclairage  de  la  surface  des  objets  opa- 
ques examinés  au  microscope,  et  cela  grâce  à  un  prisme  placé 
à  la  base  du  tube  du  microscope,  au-dessus  de  l'objectif  ; 
un  tube  latéral  muni  d'un  diaphragme  permet  de  diriger  la 
lumière  sur  ce  prisme.  L'examen  microscopique  de  fragments 
de  charbon  de  bois  dont  la  surface  avait  été  polie  sur  une 
pierre  à  rasoir  ne  donna  à  M.  Col  aucun  résultat  ;  au  contraire, 
l'examen  de  la  surface  de  section  obtenue  par  simple  cassure 
montra  nettement  un  réseau  hexagonal  formé  par  les  parois 
des  fibres  du  bois,  vues  en  coupe  transversale,  tandis  que  les 
vaisseaux  apparaissaient  comme  de  larges  lacunes  trouant  ce 
réseau.  Les  éclats  offrant  des  surfaces  parallèles  à  l'axe  longi- 
tudinal des  branches  formant  le  charbon  montraient  très  net- 
tement les  ponctuations  ou  les  ornements  lignifiés  couvrant 
les  faces  latérales  des  vaisseaux  du  bois. 

M.  DE  Lastours  entretient  la  Société  des  élevages  de  Lépi- 
doptères exotiques  qu'il  poursuit  à  Varades  (Loire-Inférieure). 
Il  s'attache  surtout  à  l'étude  des  Saturnides.  Il  fait  part  des 
remarques  qu'il  a  notées  sur  l'importance  du  degré  hygromé- 
trique pour  le  développement  des  Lépidoptères. 

Parmi  les  espèces  élevées  à  Varades,  on  remarque  notam- 
ment les  Actias  Selene,  qui  présentent  des  teintes  plus  accu- 
sées que  les  types  indigènes  naturels  et  se  rapprochent  beau- 
coup de  la  sous-espèce  callandra  Jordan,  découverte  récem- 
ment aux  îles  ^ndaman  :  la  même  modification  se  produit 
pour  les  cocons. 

Enfin  M.  de  Lastours  présente  et  offre  au  Muséum  les 
espèces  ci-dessous  provenant  de  ses  élevages  de  Varades  : 

Anthera  Roylei. 

Caligula  Simla. 
—  Japon  ica. 


XLIX 


Piniijsamia  Cecropia. 
Ilemilcuca  Ncvadcnsis. 
CricLila  Andrci. 
Epiphora  Bauhinix. 
Aciias  Selene. 
Tropea  Luna. 


ERRATUM 


Dans  le  nos  l  et  2  (30  juin  1912),  p.  viii,  ligne  7,  au  lieu 
de  "imbriquées  dans  la  pomme";  lire  :  "  cubiques  dans  la 
pomme  ". 


LE 


CRETACE 

de  la  Loize-lnféiieuie  et  de  la   Vendée 


par 
A.  DE  GROSSOUVRE 


STRATIGRAPHIE 

Le  terrain  crétacé  n'est  représenté  au  voisinage  du  rivage 
atlantique  que  par  divers  lambeaux  d'étendue  très  restreinte, 
celui  déjà  très  anciennement  connu  de  Touvois  (Loire-Infé- 
rieure) et  ceux,  plus  récemment  découverts,  de  Commequiers 
et  de  Bois-de-Céné  (Vendée). 

Le  premier  fut  trouvé  vers  1836,  grâce  à  une  fouille  faite 
pour  une  recherche  d'eau  ;  les  bancs  calcaires  qu'il  renfermait 
furent  à  cette  époque  l'objet  d'une  exploitation  assez  active 
en  vue  de  la  fabrication  de  la  chaux.  Les  carrières  étaient  ou- 
vertes dans  le  parc  du  château  de  Touvois  :  elles  sont  aujour- 
d'hui comblées  et  le  Crétacé  de  cette  région  n'est  plus  visible 
que  dans  de  rares  circonstances,  lors  du  fonçage  d'un  puits, 
du  creusement  d'une  mare... 

Dans  un  travail  manuscrit,  daté  du  14  novembre  1858, 
Cailliaud  a  consigné  le  résultat  de  ses  observations  sur  ce 
gisement  dans  un  passage  qui  a  été  reproduit  par  M.  Louis 
Bureau.  ^^^  Je  résume  ci-dessous  les  parties  essentielles  de  la 
coupe^qu'il  a  donnée  : 

(1)  1900.  Louis  Bureau.  —  Notice  sur  la  Géologie  de  la  Loire- Infé- 
rieure. 

Nantes.  —  Bull.  Soc.  Se.  Nal.  Ouest,  3*  Sèr.,  t.  Il,  30  juin  1912. 


2  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3'    SÉR.,    T.    II 

l^^SO.  Terrain   graveleux   de  transport   avec  ossements 

ô'Halitherium  (Falun  miocène  remanié). 

l"*  et  plus.        Argile  nuancée  de  zones  jaunâtres  et  verdâtres. 

0°i40  à  O^iôô.  Calcaire  gris  fossilifère,  souvent  en  blocs  isolés 
empâtés  dans  de  l'argile  verdâtre. 

0™40.  Sable  ferrugineux    avec    fossiles    ayant   conservé 

leur  test. 

0°»20  à  0^30.    Calcaire  bleuâtre,   dur,   compact,   rempli  de  fos- 
siles. 
Petit  lit  de  sable  ferrugineux. 

0°i20  à  On^SO.    Calcaire  gris  fossilifère. 

3™  Argile  bleuâtre. 

Sable  ferrugineux. 

Un  peu  plus  tard  (1842),  Rivière  ^^^  a  donné  une  coupe  qui 
lui  fut  communiquée  par  le  baron  Bertrand-Geslin,  dont  les 
observations  remontaient  à  1835. 

Bancs  de  quartzite  gris-blanc  ou  ferrugineux. 

5m  à  gm_  Sable  jaune  et  rouge  avec  cailloux  roulés. 

CneO  à  fn»         Sable  vert. 

|m  à  2"".  Calcaire  très  fossilifère  avec   nombreuses    Ostrea 

columba. 

0™60  à  l'"25.   Argile  bleue  micacée  avec  débris  d' Os/rt'o  columba. 

l^^O  à  2^25.  Argile  bleue  avec  lignites,  pyrites  et  nodules  rou- 
lés de  calcaire  compact. 

A^%Q  à  5™85.  Sable  bleu- verdâtre,  fin,  avec  morceaux  de  lignite. 
Micaschiste. 

Il  est  à  remarquer  que  ces  deux  coupes  sont  assez  sensible- 
ment différentes  :  Cailliaud  indique  trois  bancs  calcaires  sépa- 
rés par  des  lits  sableux  et  Bertrand-Geslin  un  seul  massif 
calcaire  de  1  à  2  mètres  d'épaisseur.  On  pourrait  néanmoins 
admettre  que  ces  deux  coupes  sont  exactes  et  qu'elles  ne  dif- 
fèrent que  parce  qu'elles  ont  été  relevées  en  des  points  diffé- 
rents. 

Ces    couches    ont    fourni     une     faune     assez     abondante  : 

(1)  1842.  A.  Rivière.  —  Mémoire  sur  le  Groui)e  crétacique  ou  les 
terrains  crétacés  de  la  Vendée  et  de  la  Bretagne.  Ann.  des  Se.  Géol.,  1, 
p.  634, 


A.    DE   GHOSSOnVRE.   —    LE    CRETACE  6 

M.  L.  Bureau  a  donné  la  liste  des  fossiles  de  Touvois  qui  se 
trouvent  au  Musée  de  Nantes  et  qui  proviennent  des  collections 
Cailliaud  et  Bertrand-Geslin. 

Dans  cette  liste,  laissons  de  côté  les  Céphalopodes  sur  les- 
quels je  reviendrai,  plus  loin,  pour  faire  la  révision  de  leurs 
déterminations  :  je  saisis  cette  occasion  pour  remercier  très 
sincèrement  M.  L.  Bureau  d'avoir  bien  voulu  me  communi- 
quer les  matériaux  que  possède  le  Musée  de  Nantes  et  d'avoir 
obtenu  de  M.  Ferronnière  la  communication  de  ceux  de  la 
Faculté  catholique  d'Angers.  La  liste  de  M.  Bureau  comprend 
quelques  Gastropodes,  considérés  comme  cénomaniens,  un 
assez  grand  nombre  de  Lamellibranches  aussi  cénomaniens, 
à  part  Ostrea  carinata  et  0.  cohimba,  qui  se  trouvent  également 
dans  le  Tui  onien,  et  j'ajouterai  encore  Ostrea  sarthacensis 
Bayle,  plus  généralement  désigné  sous  le  nom  d'  0.  dilu- 
viana. 

Pour  les  Echinides,  la  proportion  n'est  plus  la  même  :  sur 
douze  espèces,  quatre  sont  spéciales  au  Cénomanien,  trois  au 
Turonien  et  cinq  communes  aux  deux  étages. 

La  série  des  fossiles  comprend  en  outre  un  Rudiste  déter- 
miné comme  Biradiolites  corniipasioris,  espèce  essentiellement 
turonienne. 

Tous  les  échantillons  du  musée  de  Nantes  sont  étiquetés 
comme  recueillis  à  Touvois,  mais  sans  indication  du  banc  dont 
ils  proviennent.  La  présence  d'espèces,  les  unes  cénomaniennes, 
les  autres  turoniennes,  a  conduit  à  supposer  qu'à  Touvois  deux 
étages  étaient  représentés,  que  la  partie  inférieure  des  calcaires 
appartenait  à  l'étage  inférieur  et  la  partie  supérieure  au"*  Tu- 
ronien. 

Les  Céphalopodes  cités,  à  part  Actinocamax. plenus,  classé 
par  certains  géologues  dans  le  Cénomanien,  par  d'autres  dans 
le  Turonien,  appartiennent  tous  à  des  espèces  cénomaniennes, 
mais  leurs  déterminations  sont  inexactes  et  doivent  être  révi- 
sées. Ce  sont  : 

Am.    Vibrayei  d'Orb. 
Am.    Geslini  d'Orb. 
Am.  Mantelli  d'Orb. 


4  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3«    SÉR.,    T.    II 

Am.  Toiowagensis  Defr. 
Am.  navicularis  Sow. 

Les  deux  échantillons  étiquetés  Am.  Vibrayei  n'appartien- 
nent certainement  pas  à  cette  espèce,  ni  même  au  genre  Neo- 
lobites  dont  celle-ci  est  le  type  :  ils  n'ont  pas  leur  bord  externe 
tronqué,  comme  l'Am.  Vzôrai/ei,  mais  tranchant  et  leurs  cloi- 
sons sont  bien  différentes  de  celles  de  cette  espèce  Ils  font  par- 
tie de  ce  groupe  que  l'on  avait  d'abord  rattaché  au  genre 
Sphenodiscus,  mais  qui  en  a  été  séparé  avec  raison  par  Hyatt 
pour  constituer  le  genre  Metengonoceras,  qui  a  des  représen- 
tants dans  l'Albien  supérieur,  le  Cénomanien  et  le  Turonien. 
L'espèce  de  Touvois  est  nouvelle  et  je  propose  pour  elle  le 
nom  de  Metengonoceras  tolviense  :  jusqu'à  présent  j'ignore 
son  existence  dans  d'autres  gisements. 

L'échantillon  déterminé  comme  Am.  Geslini  doit  bien  être 
classé  dans  le  même  groupe  que  cette  espèce  :  il  lui  est  très  ana- 
logue, mais  en  réalité  il  diffère  du  type  figuré  et  décrit  par 
d'Orbigny.  A  Touvois  même  on  peut  distinguer  plusieurs  for- 
mes spécifiques  :  j'ai  déterminé  l'une  d'elles  comme  A/77. 
Bureaui  :  elle  a  été  décrite  par  M.  Petrascheck  du  Crétacé  de 
la  Saxe,  où  elle  se  rencontre  dans  des  couches  que  ce  géo- 
logue considère  comme  représentant  la  zone  de  V  Adinocamax 
plenùs. 

Ce  groupe  comprend  encore  à  Touvois  d'autres  formes  dont 
j'ai  décrit  une  sous  le  nom  d'A/n.  Diimasi  :  on  la  trouve  à 
Brioliay,  près  Angers,  associée  à  des  espèces  franchement  turo- 
niennes  :  à  Touvois,  c'est  l'échantillon  étiqueté  Am.  Mantelli 
qui  doit  être  rattaché  à  cette  espèce. 

L'échantillon  étiqueté  A/77,  roiomagensis  n'est  qu'un  petit 
fragment  d'un  grand  individu,  absolument  indéterminable. 

Quant  à  l'échantillon  déterminé  comme  Am.  navicularis 
Sow,  il  est  bien  différent  de  celui  figuré  par  Sowerby  sous  ce 
nom,  mais  c'est  bien  le  véritable  Am.  navicularis,  celui  décrit 
par  Mantell,  dont  le  gisement  en  Angleterre  est  très  vraisem- 
blablement turonien.  Aux  environs  d'Angers,  des  échantillons 
de  cette  même  espèce  se  trouvent  associés  à  des  espèces  turo- 
niennes. 


A.    DE   GROSSOUVRE.   —   LE   CRETACE  0 

En  résumé,  cette  faune  est  nettement  différente  de  toutes 
celles  que  l'on  a  distinguées  dans  le  Cénomanien  ;  elle  offre  des 
affinités  turoniennes;  elle  constitue  une  faune  bien  individua- 
lisée qui  doit  se  placer  tout  à  fait  à  la  base  du  Turonien,  au- 
dessous  de  celle  du  tuffeau  de  Saumur,  telle  que  je  l'ai  indi- 
quée autrefois.  La  présence  de  V  Actinocamax  plenus  permet  de 
paralléliser  cet  horizon  avec  la  zone  de  V  Ad.  plenus  du  bassin  de 
Paris,  zone  où  l'on  ne  connaît  pas  en  France  d'autres  Céphalo- 
podes que  V  Am.  peramplus,  accompagné  d' Inoceramus  labia- 
tus  et  Discoïdes  infenis  (à  Tracy,  Yonne),  mais  dans  laquelle, 
en  Belgique,  aux  environs  de  Tournai,  ^^^  on  trouve,  ainsi  que 
je  l'ai  indiqué,  des  formes  turoniennes  :  Am.  peramplus,  Prio- 
notropis  cf.  papqlis,  In.  lahiatiis,  Spondylus  spinosus,  Echino- 
coniis  subrotiindus.  Il  est  à  remarquer  qu'à  Touvois,  comme 
dans  le  bassin  de  Paris,  comme  en  Saxe  et  en  Bohême,  la 
faune  de  Gastropodes  et  de  Lamellibranches  a  plutôt  un 
caractère  cénomanien  :  mais  peut-être  les  déterminations 
auraient-elles  besoin  d'être  parfois  révisées? 

La  découverte  de  nouveaux  gisements  apporte  des  données 
complémentaires  qui  confirment  les  considérations  précé- 
dentes. 

IMon  regretté  confrère  Dumas  a  trouvé  à  Commequiers  un 
Placenticeras,  qu'il  ne  paraît  pas  possible  de  rattacher  à  aucune 
espèce  connue,  et  une  Ammonite  du  groupe  du  G(S  ini  qui  ap- 
partient à  une  des  espèces  turoniennes  des  environs  d'Ange  s. 
Dans  ce  même  gisement,  M.  le  D^  Polo  a  recueilh  des  f.  agments 
de  tours  d'une  forme  très  intéressante  qui,  à  première  vue, 
rappelle  assez  V Am.  perarmatus,  mais  en  réalité  ressemble 
encore  plus  à  ï  Am.  Footeaniis,  espèce  appartenant  au  genre 
Pseudaspidoceras  Hyatt.  Or,  V  Am.  Footeanus  se  trouve  dans 
l'Inde  à  la  base  du  groupe  d'Ootatoor,  c'est-à-dire  du  Turonien. 

Dans  la  commune  de  Bois-de-Céné,  M.  le  D^  Fortineau  a 
recueilli  quelques  échantillons  que  M.  H.  Douvillé  a  bien  voulu 
examiner  et  qu'il  a  déte/minés  comme  il  suit  : 
Acfœonella,  sp. 

(1)  19(il.  A.  DE  Grossouvre.  —  stratigraphie  de  la  craie  supérieure, 
p.  112  et  p.  199. 


6  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3'   SÉR.,    T.    II 

Lima  cf.  simplex  d'Orb. 

Ostrea  diluviana  Linné.    . 

Sauvagesia  Nicaisei  var.  Ville'  (2  échantillons). 
Ce  Rudiste  se  trouve  à  la  fois  dans  le  Cénomanien  et  le  Turo- 
nien,  mais  le  genre  Actœonella  n'est  pas  encore  connu  au-des- 
sous du  Turonien. 

Quand  au  Rudiste  de  Touvois,  M.  H.  Douvillé  l'a  déterminé 
comme  Durania  Arnaiidi  Toucas,  espèce  turonienne. 

Tout  cet  ensemble  de  documents  paléontologiques  confirme 
donc  l'attribution  au  Turonien  des  couches  crétacées  de  Tou- 
vois ;  rien  n'indique  qu'une  paitie  de  ces  couches,  qui  semblent 
bien  constituer  un  ensemble  inséparable,  vu  leur  peu  d'épais- 
seur et  l'identité  de  leur  constitution,  puissent  être  rapportées 
au  Cénomanien. 

Dans  les  collections  du  Musée  d'Angers,  j'ai  pu  observer  une 
série  d'Ammonites  appartenant  à  l'horizon  du  Crétacé  de  la 
Vendée  et  de  la  Loire-Inférieure,  associées  à  d'autres  espèces 
franchement  turoniennes. 

De  Briollay,  le  musée  renferme  les  espèces  suivantes,  à 
gangue  calcaire,  par  conséquent  d'un  niveau  supérieur  à 
celui  de  la  gare,  qui  occupe  le  sommet  du  Cénomanien  et  dont 
j'ai  donné  la  faune  autrefois  ^^\  Ces  Ammonites  sont  donc  bien 
turoniennes. 

Metengonoceras  sp.  indet. 

Fagesia  navicularis  Mantell  sp. 

Fagesia  superstes  Koosmat  sp. 

Neoptychites  sp. 

Mammites  Dumasi  nov.  sp. 

Mammites  Petraschecki  nov.  sp. 

Mammites  Gourdoni  nov.  sp. 
De  Seiches. 

Mammites  cf.  Petraschecki. 
De  Villevêque,  deBrisaille  et  de  Saint-Cyr-en-Bourg  (Maine- 
et-Loire)  et  du  Puy-Notre-Dame  (Deux-Sèvres). 

Fagesia  navicularis  Mantell  sp. 

(1)  1889.  A.  DE  Grossouvre.  —  Sur  le  terrain  crétacé  clans  le  Sud-Ouest 
de  la  France.   Bul.  Soc.   Géol.  de  France,  3«  série,  XVIII,  p.  503. 


A.    DE    GROSSOUVRE.  —   LE   CRETACE  7 

Le  niveau  de  Touvois  et  de  la  Vendée  est  exactement  repré- 
senté dans  les  Charentes  par  la  zone  D*  de  M.  Arnaud.  J'avais 
déterminé  les  Ammonites  de  ce  niveau,  existant  dans  la  col- 
lection Arnaud,  comme  Acanihoceras  naviculare,  Ac.  rotoma- 
gense,  Ac.  sarthacense  et  Neolobites  cf.  Geslini,  et  j'en  avais 
conclu  que  la  zone  D^  devait  être  classée  plutôt  dans  le  Céno- 
manien  que  dans  le  Turonien.  Je  suis  persuadé  que  mes  déter- 
minations auraient  besoin  d'être  révisées.  En  tout  cas,  je  puis 
dire  que  le  prétendu  Neolobites  cf.  Geslini,  dont  je  possède  un 
échantillon,  n'est  autre  que  le  Mammites  Bureaui,  nov.  sp. 

En  Saxe,  on  retrouve  les  Mammites  du  groupe  du  Geslini: 
M.  Petrascheck  n'en  cite  qu'un  seul  échantillon  dans  le  Cari- 
naten-Quader,  et  comme  il  n'en  a  pas  donné  le  dessin,  celui-ci 
doit  être  considéré  comme  indéterminé.  Du  Carinaten-Planer 
d'Ockerwitz  et  de  Dona,  il  a  pu  en  examiner  16  échantillons  : 
il  en  a  figuré  trois  d'Ockerwitz  qui  se  rapportent  aux  espèces 
que  je  décris  sous  les  noms  de  M.  Petraschecki  et  M.  Bureaui. 
L' Ammonites  peramplus  Mantell  accompagne  ces  espèces, 
ainsi  que  le  Pseudaspidoceras  Footeanum  Stol.  et  le  Placen- 
ticeras  Memoria- Schlonhachi,  espèces  turoniennes.  M.  Petras- 
check considère  le  Carinaten-Planer  comme  correspondant 
à  la  zone  à  Act.  plenus  ^^\  ce  qui  est  bien  conforme  aux 
conclusions  que  nous  avons  tirées  de  l'examen  de  la  faune 
du  Crétacé  de  la  Vendée  et  de  la  Loire-Inférieure.  D'ailleurs 
Act.  plenus  a  été  trouvé  à  ce  niveau  par  Geinitz  ^^K  Ici 
comme  dans  l'Ouest  de  la  France,  la  faune  de  Gastropodes  et 
de  LameUibranches  parait  se  composer  en  majeure  partie 
d'espèces  cénomaniennes. 

(1)  1899.    W.    Petrascheck.  —    Studien    uber  Faciès  Bildungengim 
Gebiete  d.  Sachs.  Kreideformation.  Abh.  d.  Isis,  p.  51. 

1^1905.  \V.  Petrascheck.  —  Die  zone  d.  Act.  plenus  in  der  Kreide  des 
ostlichen  Bolimen.  Jahrb.  d.  kk.  geol.  Reichsanstalt.  LV. 

(2)  1899.  W.  Petrascheck,   loc.  cit.,  p.  48. 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST,  —    3«   SÉR.,    T.    II 


Résumé   et   Conclusions 

I.  —  Le  Crétacé  du  littoral  atlantique  existe  dans  les  dé- 
partements de  la. Loire-Inférieure  et  de  la  Vendée  en  gisements 
plus  nombreux  qu'on  ne  le  pensait  et  se  compose  de  couches 
sableuses  et  calcaires  :  ces  dernières  renferment  de  nombreux 
grains  de  quartz,  de  sorte  qu'il  est  fort  probable  qu'on  doit 
attribuer  à  leur  décalcification  les  dépôts  sableux  cités  aux 
environs  de  Challans. 

IL  —  Ce  Crétacé  représente  un  faciès  de  la  zone  à  Acti- 
nocamax  pleniis  caractérisé  par  une  faune  assez  abondante 
d'Ammonites,  faune  qui  possède  une  individualité  propre, 
diffère  nettement  des  faunes  cénomaniennes  sous  jacentes 
et  se  rattache  au  contraire,  par  certains  éléments  communs, 
aux  faunes  turoniennes  supérieures. 

III.  —  Cette  zone  est  caractérisée,  à  Touvois  et  dans  les 
divers  autre  gisements  d'Europe,  par  l'ensemble  d'espèces 
suivantes  : 

Actinocarnax  plenus. 

Ammonites  peramplus  Mantell. 

Neoptychites  cf.  Telniga  Stoliczka,  sp. 

Placendiceras  memoria  Schlonbachi  Laube  et  Bruder. 

Placenliceras,  nov.  sp. 

Metengonoceras  tolviense  de  Grossouvre. 

Mammites  Bureaui  de  Grossouvre. 

Mammites  Dumasi  de  Grossouvre. 

Mammites  Gourdoni  de  Grossouvre. 

Mammites  Petrnschecki  de  Grossouvre. 

Mammites  Pervinquierei  de  Grossouvre. 

Pseudaspidoceras  cf.  Footeanum  Stoliczka,  sp. 

Fagesia  navicularis  Mantell,  sp. 

Fagesia  siiperstes  Kossmat,  sp. 

Prionotropis  cf.  papalis  d'Orbigny,  sp. 

Puzosia  montis  albi  Laube  et  Bruder. 

Puzosia  Laiibei  de  Grossouvre. 


A.    DE    GROSSOUVRE.  —    LE   CRÉTACÉ  9 

Au-dessus  vienl  une  zone,  con  espondanl  au  tuffeau  de 
Saumur,  avec 

Ammonites  peramplus  IMantell. 

Neoptychites  Telinqa  Stoliczka,  sp. 

Neoptychites  Xetra  Stoliczka,  sp. 

Placenliceras  mcmoria  Schlonbachi  Laube  et  Bruder. 

Puzosia  montis  albi  Laube  et  Bruder. 

Pu:osia  Laiibei  de  (G^rossouvre. 

M am mites  Revellierei  Courtiller,  sp. 

Mammites  nodosoïdes  Schlotheim,  sp. 

Mammites  cf.  nodosoïdes,  nov.  sp. 

Mammites  michelobensis  Laube  et  Bruder. 

Mammites  conciliatus  Stoliczka,  sp. 

Prionotropis  Schluieri  Laube  et  Bruder. 

Prionotropis  lannensis  de  Grossouvre. 

Prionotropis  papaliformis  Laube  et  Bruder. 

Prionotropis  bohémiens  de  Grossouvre. 

Prionotropis  (?)  Flenriausi  d'Orbigny,  sp. 

Mortoniceras  salmuriense  Courtiller,  sp. 

Pseudaspidoceras  Footeanum  Stoliczka,  sp. 

Pseudotissotia  Doiwillei  Pérou. 
Ces  deux  zones  composent  le  Salmurien  :    au-dessus  vient 
l'Angoumien  dans  lequel  on  peut  distinguer  trois  zones. 

IV.  —  Dans  l'Ouest  de  la  France  on  constate  l'existence 
de  la  transgiession  tmonienne  dont  j'ai  déjà  signalé  les  traces 
en  Aquitaine  (Stratigraphie  de  la  craie  supérieure,  p.  919) 
ainsi  qu'en  Belgique,  que  l'onobseive  également  en  Bohême 
(Petrascheck)  et  qui  est  très  développée  aux  Etats-Unis  où 
les  couches  du  Colo  ado  (Turonien)  s'étendent  sur  dévastes 
surfaces,  dépassant  de  beaucoup  les  hmites  d'extension 
des  dépôts  antérieurs  et  s'avançant  vers  le  Nord  jusque  sur 
le  territoiie  du  Canada. 

V.  —  Enfin,  il  est  intéressant  de  noter  l'homologie,  au  point 
de  vue  stratigraphique  et  paléontologique,  des  dépôts  crétacés 
des  deux  côtés  de  l'Atlantique. 

Aux  Etats-Unis  le  groupe  du  Colorado,  équivalent  de  notre 


10  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^    SÉR.,    T.    II 

étage  Turonien,  est  caractérisé  par  une  abondante  faune  de 
Mammites  du  groupe  du  Geslini  {Metoicoceras  Hyatt),  dont 
les  représentants  sont  également  assez  nombreux  dans  les 
couches  turoniennes  de  l'Ouest  de  la  France. 

Des  deux  côtés,  à  cette  même  époque,  se  produit  une  trans- 
gression. 

J'ai  déjà  signalé  cette  même  homologie  aux  débuts  des 
temps  campaniens  où  l'on  rencontre,  aux  Etats-Unis  et  en 
France,  quelques  Céphalopodes  communs  :  Mortoniceras  dela- 
warense  (=  M.  campaniense  de  Gros.),  Scaphites  hippocrepis. 

Vers  la  fin  des  temps  crétacés,  des  deux  côtés  aussi  se  mani- 
feste une  transgression  des  couches  à  Belemnitella  miicronata, 
à  l'Ouest  dans  l'Etat  de  New- Jersey,  comme  à  l'Est  dans  le 
Cotentin  et  en  Irlande. 


PALÉONTOLOGIE 


Dans  cette  partie  je  ne  décrirai  pas  seulement  les  diverses 
espèces  d'Ammonites  de  Toiivois,  mais  celles  du  même  niveau 
que  l'on  trouve  aux  environs  d'Angers  et  en  outre  quelques 
espèces  crétacées  intéressantes  de  l'Ouest  de  la  France. 

Genre  MAMMITES  Laube  et  Bruder,   1887. 

Ce  genre  a  été  créé  en  1887  par  MM.  Laube  et  Bruder  pour 
un  certain  nombre  d'espèces  qui,  disent-ils  «  ont  des  analogies 
à  la  fois  avec  Schlonbachia  et  Acanthoceras,  mais  qui  cepen- 
dant ne  peuvent  être  rattachées  ni  à  l'un,  ni  à  l'autre  de  ces 
genres.  Comme  le  premier,  elles  possèdent  une  petite  quille 
sur  le  bord  externe  des  tours,  quille  très  faible,  parfois  à  peine 
indiquée  et  due  seulement  à  une  saillie  du  siphon  ;  elles  s'en 
distinguent  d'ailleurs  par  tous  leurs  autres  caractères,  notam- 
ment par  la  forme  de  leurs  lobes  et  par  leurs  côtes,  un  peu  inflé- 
chies en  avant. 

Elles  se  rapprochent  des  Acanthoceras  par  l'ornementation 
de  leurs  tours,  garnis  de  grosses  côtes,  avec  tubercules  près  de 
l'ombilic  et  sur  le  bord  externe  ;  elles  en  diffèrent  par  l'absence 
d'une  rangée  de  tubercules  sur  le  milieu  du  bord  externe.  »  ^^\ 

M.  Kossmat  (Untersuchungen  ub.  cl.  sudindische  Kreidef., 
p.  128),  puis  M.  Petrascheck  (Amm.  d.  sachsischen  kreidefor- 
mation),  ont  fait  remarquer  que  les  Mammites  n'ont  en  réalité 
aucune  affinité  avec  les  Schlonbachia,  puisque  l'existence  d'une 
quille  sur  le  bord  externe,  seul  caractère  commun,  résulte  uni- 
quement d'une  saillie  accidentelle  du  siphon. 

Ce  groupe  appartient  nettement  à  la  famille  des  Acantho- 

(1)  1887.  Laube  et  Bruder.  —  Ammoniten  der  bohmischen  Kreide. 


12  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3*^   SÉR.,    T.    II 

ceratidés,  dans  laquelle  je  l'ai  placé  en  1893  ^^\  et  se  rapproche 
surtout  de  Y  Am.  Mante.lli  ^^\ 

Hyatt,  dans  son  mémoire  posthume  publié  par  les  soins  de 
M.  W.-T.  Stanton,  a  créé  un  genre  Schluetericeras  pour  le 
groupe  de  VAm.  nodosoïdes,  ignorant  vraisemblablement  que 
pour  celui-ci  existait  déjà  le  genre  Mammites,  précédemment 
défini  (1887)  par  MM.  Laube  et  Bruder. 

En  même  temps  il  a  établi  une  superfamille  des  Mammitidés 
qu'il  a  subdivisée  en  diverses  familles:  Mojsisovicsidés,Buchicé- 
ratidés,  Pseudotissotidés  et  Tissotidés,  mais  il  a  placé  son  genre 
Schluetericeras  dans  la  famille  des  Mantellicératidés,  laquelle 
fait  partie  de  la  superfamille  des  Mantellicératidés  :  celle-ci 
comprend  encore  les  Metoicocératidés,  les  Heinziidés,  les  Pul- 
chellidés,  les  Knémicératidés,  les  Engonocératidés  et  les  Pla- 
centicératidés,  association  arbitraire  et  tout  à  fait  artificielle, 
qui  paraît  bien  peu  en  rapport  avec  les  affinités  réelles  de  ces 
divers  groupes. 

Parmi  eux,  la  famille  des  Metoicocératidés  ne  possède  que 
le  seul  genre  Metoicoceras,  composé  de  cinq  espèces  qui  pré- 
sentent de  grandes  affinités  avec  VAm.  Geslini  d'Orb.  ;  à 
mon  avis,  les  unes  comme  les  autres  appartiennent  au  même 
genre  et  doivent  être  classées  avec  les  Mammites  Laube  et 
Bruder. 

Le  genre  Metoicoceras,  dit  en  effet  Hyatt,  comprend  des 
formes  se  rapprochant  beaucoup  des  Heinzia  et  des  Pulchellia, 
mais  en  différant  cependant  par  leur  mode  de  développement  ; 
la  ressemblance  n'apparaît  qu'à  un  stade  déjà  avancé  et,  si 
l'on  ne  connaissait  pas  les  jeunes,  on  les  rattacherait  aux 
Heinzia. 

Hyatt  a  étudié  le  développement  du  Metoicoceras  Swalloi'i 
Shumard,  sp.  (PL  XI,  fig.  7-24)  :  on  voit  qu'au  diamètre  de 
4  à  5  centimètres  cette  espèce  présente  une  très  grande  ana- 
logie avec  un  Mammites  et  notamment  avec  M.  Bevellierei 
Courtiller,  sp.  du  Salmurien  de  la  Touraine  et  de  l'Aquitaine. 

(1)  189.').   A.  DE  ("iRossouvKE.  —  I.cs  Aniiiionitcs  de  la  craie. 

(2)  1901.  A.  DE  Grossouvre.  —  Stratigraphie  de  la  craie  supérieure, 
p.  708. 


A.    DE   GROSSOUVRE.  —    LE   CRÉTACÉ  13 

A  ce  stade,  c'est  une  forme  assez  épaisse,  à  bord  extérieur 
tronqué,  présentant  autour  de  l'ombilic  une  rangée  de  tuber- 
cules desquels  partent  des  côtes  s'interrompant  sur  le  bord 
externe,  où  elles  se  terminent  par  un  tubercule,  en  général 
plus  ou  moins  allongé  dans  le  sens  spiral  ;  ce  tubercule  est 
précédé  par  un  autre  d'ordinaire  moins  accusé.  Les  côtes  sont 
larges,  peu  saillantes.  Le  dessin  des  cloisons  est  sensiblement 
identique  à  celui  du  M.  Reuellierei.  L'analogie  est  donc  com- 
plète avec  cette  dernière  espèce. 

On  ne  peut  nier  non  plus  que  ce  genre  ne  présente  de  très 
grandes  affinités  avec  les  Heinzia  et  il  est  certain,  par  exemple, 
que  le  Heinzia  provincialis  d'Orb.  sp.  pourrait  être  classé 
comme  Metoicoceras,  car  la  présence  de  tubercules  ombilicaux 
ne  paraît  pas  être  un  caractère  essentiel,  les  M.  gibbosum 
Hyatt  et  M.  Whitei  Hyatt  n'en  possédant  pas. 

La  ressemblance  avec  les  Pulchellia  est  aussi  très  accusée, 
ce  qui  a  conduit  M.  Petrascheck  à  rapporter  à  ce  dernitr  genre 
son  Am.   Geslini. 

Evidemment  les  Manimites,  tels  "que  M.  nodosoïdes  et  M. 
Reuellierei,  sont  repiésentés  d'ordinaire  par  des  formes  plus 
épaisses,  plus  renflées  que  celles  du  groupe  de  Y  A  m.  Geslini. 
Mais  on  trouve  aussi  parmi  les  premiers  des  variétés  à  tour 
plus  plats  que  ceux  des  formes  types.  En  particulier,  j'ai  pu 
observer  une  nombreuse  série  d'échantillons  de  Mammites 
Reuellierei  de  la  Touiaine  et  de  l'Aquitaine  et  constater, 
comme  cela  arrive  d'ailleurs  pour  toutes  les  espèces,  qu'il 
existe  des  variétés  plus  globuleuses  que  le  type  de  Courtiller 
et  d'autres  au  contraire  moins  épaisses,  à  tours  plus  élevés,  à 
ombilic  plus  étroit  et  à  ornementation  moins  accentuée,  qui 
alors  se  rapprochent  tout  à  fait  des  espèces  pour  lesquelles 
Hyatt  a  créé  le  genre  Metoicoceras. 

Les  unes  ne  peuvent  donc  être  séparées  des  autres  et  toutes 
doivent  être  rangées  dans  le  genre  Mammites,  car  ce  nom  seul 
doit  être  maintenu  en  raison  de  la  loi  de  priorité. 

Je  sais  bien  que  M.  Kossmat  a  rejeté  ce  dernier  genre  qu'il 
considère  comme  détachera  tort  du  genre  Acanthoceras,  mais 
pour  la  même  raison  les  genres  Pulchellia  et  Heinzia  devraient 


14  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3^    SÉR.,    T.    II 

être  supprimés  de  la  nomenclature  et  on  arriverait  ainsi  à 
placer  dans  le  seul  genre  Acanthoceras  toute  la  série  de  formes 
que  j'ai  classées  dans  la  famille  des  Acanthoceratidés,  telle  que 
je  l'ai  définie  en  1893^^^  ;  leurs  affinités  mutuelles  sont  évi- 
demment très  grandes,  mais  ce  n'est  pas  une  raison  pour  qu'il 
ne  soit  pas  utile  et  licite  d'établir  des  coupures  dans  cet  en- 
semble. 

En  réunissant  d'une  part  les  espèces  du  genre  Mammites 
Laube  et  Bruder  1887,  de  l'autre  celles  décrites  par  Hyatt  et 
rapportées  par  lui  au  genre  Metoicoceras,  puis  le  Met.  Pontieri 
décrit  par  M.  Leriche,  VA  m.  Geslini  d'Orb.,  et  enfin  la  série 
d'espèces  nouvelles  dont  je  vais  m'occuper,  on  constitue  un 
groupe  qui  me  paraît  bien  homogène,  composé  de  formes  dont 
les  caractères  se  modifient  d'une  manière  presque  continue 
et  qui  peuvent  se  distinguer  les  unes  des  autres  par  les  varia- 
tions suivantes  :  tours  à  section  trapézoïdale  plus  ou  moins 
allongée  dans  le  sens  de  la  hauteur  ;  tubercules  ombilicaux 
plus  ou  moins  nombreux,  plus  ou  moins  accentués  ou 
même  faisant  absolument  défaut  ;  côtes  larges,  peu  élevées, 
droites  ou  légèrement  falculiformes.  Ces  divers  caractères  ne 
sont  pas  d'ailleurs  assez  tranchés  pour  permettre  de  séparer 
dans  cet  ensemble  des  sous-genres  nettement  définis,  attendu 
qu'ils  varient  d'une  manière  graduelle  d'un  type  à  l'autre. 
Ainsi  on  passe  des  formes  à  tubercules  ombilicaux  très  pro- 
noncés telles  que  M.  Revellierei,  à  cellci  ayant  des  côtes  effi- 
lées près  de  l'ombihc,  comme  le  M.  Whitei,  par  des  intermé- 
diaires tels  que  le  M.  Geslini,  dans  lequel  les  côtes  sont  seule- 
ment légèrement  surélevées  autour  de  l'ombilic. 

D'un  autre  côté,  je  crois  devoir  écarter  les  espèces  du  groupe 
de  V Am.  salmuriensis  Courtiller  ^^^  et  celles  du  groupe  de 
ï  Am.   Footeaniis  ;  je  ne  puis  considérer  ces  dernières  comme 

(1)  A.  DE  Grossouvre.  —  Les  Ammonites  de  la  craie  supérieure, 
p.  22. 

(1)  Je  persiste  à  regarder  cette  espèce  comme  appartenant  au  genre 
Mortoniceras  :  la  quille  qu'elle  présente  sur  le  milieu  du  bord  externe  ne 
me  paraît  pas  due  à  une  saillie  accidentelle  du  siphon  ;  de  plus  sa 
cloison  est  analogue  à  celle  de  l' Am.  Bourgeoisi  et  bien  différente  de 
celle  de  l'Am.  Fooleanus,  avec  lequel  elle  ne  peut  être  réunie  dans  le 
genre  Pseudaspidoceras. 


A.    DE    GRASSOUVRE.  —    LE    CRÉTACÉ  15 

constituant  un  sous-genre  des  Mommites  teh  que  je  viens 
de  les  définir  :  elles  s'en  distinguent  trop  nettement  par  leur 
forme  générale  (ombilic  plus  grand,  tours  à  section  presque 
carrée  ou  subquadrangulaire),  leur  ornementation  (côtes  géné- 
ralement simples)  et  leur  ligne  suturale  très  différente. 

J'ai  dit  que  le  bord  externe,  qui  est  tronqué,  reste  lisse  :  il 
en  est  généralement  ainsi  dans  l'adulte,  mais  il  peut  arriver  aussi 
que  ce  bord  présente  de  larges  ondulations  cui  réunissent 
les  tubercules  terminaux  se  correspondant  sur  chaque  face, 
ondulations  qui  offrent  l'apparence  de  larges  côtes  rectilignes. 
C'est  ce  que  montrent  les  figures  données  par  Hyatt  pour  son 
Metoicoceras  Whitei,  pi.  XIII,  fig.  3,  et  pi.  XIV,  fig.  5.,  et  par 
M.  Petrascheck  pour  son  Piilchellia  Geslini,  pi.  Vil,  fig.  l*', 
mais  ce  caractèie  est  loin  de  se  présenter  d'une  manière  cons- 
tante. 

Dans  la  coquille  ariivée  à  son  complet  développement, 
l'avant-dernier  tubercule  des  côtes  s'efface  (sauf  dans  le  M.  no- 
dosoîdes),  puis  le  tubercule  terminal  et,  finalement  vers  l'extré- 
mité de  la  loge,  les  côtes  passent  sur  le  bord  externe,  devenu 
plus  ou  moins  convexe,  sous  forme  de  bandelettes  larges  et 
peu  saillantes. 

Enfin,  il  est  un  autre  caractère  qu'il  convient  de  signaler  : 
c'est  que  dans  les  derniers  tours  de  la  coquille  l'ombilic  s'élar- 
git assez  rapidement,  ce  qui  donne  à  celle-ci  un  aspect  sca- 
phitoïde  analogue  à  celui  du  Stoliczkaia  dispar  ;  de  plus,  à 
ce  stade  les  tours  deviennent  proportionnellement  plus  épais. 

La  cloison  des  Mammites,  très  analogue  à  celle  des  Acantho- 
ceras,  est  caractérisée  par  des  selles  très  larges  et  des  lobes 
assez  larges,  la  première  selle  et  le  premier  lobe  étant  nette- 
ment bifides. 

MM.  Laube  et  Bruder  ont  donné  le  dessin  de  la  cloison  du 
Mammites  nodosoîdes  (Amm.  d.  bohmischen  Kreide,  p.  230),  que 
j'ai  reproduit  (Ammonites  de  la  craie  supérieure,  p.  28,  fig.  14) 
en  y  joignant  celui  de  la  cloison  du  Mammites  Revellierei  (p.  28, 
fig.  15). 

Les  figures  ci-dessous  représentent  les  cloisons  de  deux 
fragments  de  Mammites  de  Touvois,  qui  me  paraissent  devoir 


16 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   S'   SÉR.,    T.    II 


être  rapportés  à  M.  Duniasi  :  l'échantillon  correspondant  à  la 
figure  1  a  sa  surface  usée,  de  sorte  que  les  détails  de  la  cloison 
sont  très  atténués. 

A 


FiG.  1 

Mammites  Dumasi 

Cloisons  d'après  un  échantillon  de  Touvois. 

(Grossissement  =  2,3) 


FiG.  2 

Mammites  Dumasi 

Cloisons  d'après  un  échantillon  de  Touvois. 

(Grossissement  =  2,3) 

Ayant  suffisamment  insisté  sur  les  caractères  communs  aux 
diverses  espèces  de  ce  genre,  je  pourrai  me  borner  pour  cha- 
cune d'elles  à  une  description  plus  rapide  ;  je  crois  d'ailleurs 
utile  de  passer  en  revue  toutes  celles  distinguées  jusqu'ici,  en 
même  temps  que  je  ferai  connaître  les  nouvelles  trouvées  dans 
le  Crétacé  de  l'Ouest  de  la  France. 


A.    DE    GROSSOUVRE.  —    LE    CRÉTACÉ  17 

Mammites  nodosoïdes  ScholLlicim,  sp. 

Ammonites  nodosoïdes   Schlotheim.  Manuscr. 
1871.  —  —         Schliiter.  Ceph.  d.ob.  Kreide,  p.l9, 

pi.  VIII,  fig.  1-4. 
1887.    Mammites  nodosoïdes     Laube  et  Bruder,  Amm.  cl.  bohm. 

Kreide,   p.    229,   pi.    XXV,    fig. 

1  a-b. 

1902.  —  —         W.    Petrascheck,   Amm.   d.   sachs. 

Kreidef.,  p.  142. 

1903.  —  —         Pervinquière.    Etudes    de    paléon- 

tologie tunisienne.  Céphalopodes 
des  terrains  secondaires,  p.  309. 
pi.  XVIII,  fig.  1-3. 

Ombilic  relativement  large  ;  tubercules  ombilicaux  coniques, 
persistants  ;  côtes  partant  par  paires  de  ces  tubercules  et  en 
plus  côtes  intercalaires  ;  des  deux  tubercules  situés  à  l'extré- 
mité des  côtes,  sur  le  bord  externe,  le  plus  externe  s'affaiblit 
et  disparaît  au  fur  et  à  mesure  que  la  coquille  s'accroît  ;  l'in- 
terne prend  au  contraire  un  développement  de  plus  en  plus 
prononcé  et  finit  par  se  transformer  en  une  véritable  épine. 

Gisement.  Salmurien  inférieur,  en  Bohême,  en  Saxe,  en 
Westphalie,  en  Angleterre,  en  France  et  en  Tunisie. 

Mammites  cf.  nodosoïdes,  nov.,  sp. 

Nouvelle  espèce  dont  l'ornementation  varie  comme  dans  la 
précédente  :  elle  diffère  de  celle-ci  à  l'état  adulte  par  la 
disparition  des  tubercules  ombilicaux. 

Gisement.  Salmurien  inférieur  des  environs  de  Saumur 
(Maine-et-Loire). 

Mammites  michelobensis  Laube  et  Bruder. 

Espèce  très  analogue  dans  le  jeune  âge  au  M.  nodosoïdes  ; 
l'évolution  de  l'ornementation  est  semblable  et  la  différence, 
à  l'état  adulte,  consiste  dans  le  moindre  développement  des 
tubercules  et  leur  nombre  plus  grand. 

Gisement.  Salmu'ien  de  la  Bohême  et  de  la  Saxe. 


18  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3"   SÉR.,    T.    H 

Mammites  conciliatus  Stoliczka,  sp. 

1865.    Ammonites  conciliatus   Stoliczka.  Cret.  S.  ludia,  vol.  I,  p. 

99,  pi.  L,  fig.  4,  pi.  LI,  fig.  1. 
1897.    Acanthoceras  conciliatiim    Kossmat.  Unters.  ub.  d.  siidin. 

Kreidef,  p.  129. 

Espèce  bien  nettement  caractérisée  par  la  subdivision  des 
côtes  qui  se  produit  seulement  au  premier  des  tubercules  du 
côté  externe. 

Gisement.  Sommet  de  l'Ootatoor  Group,  c'est-à-dire  du 
Turonien. 

Mammites  Lapparenti  Pervinquière. 

1907.  Mammites  Lapparenti  Pervinquière.  Etudes  de  paléonto- 
logie tunisienne.  Céphalopodes 
des  terrains  secondaires,  p.  312, 
pi.  XIV,  fig.  5-6. 

Forme  voisine  du  M.  conciliatus,  mais  les  côtes  partent  du 
tubercule  ombilical  comme  chez  le  M.  nodosoïdes  ;  elle  dif- 
fère de  celui-ci  par  l'équidistance  des  quatre  rangées  de  tuber- 
cules qui  se  trouvent  sur  le  contour  externe,  alors  que  dans 
M.  nodosoïdes  les  tubercules  situés  à  l'extrémité  des  côtes  cor- 
respondantes de  chaque  face  sont  plus  éloignés  l'un  de  l'autre 
qu'ils  ne  le  sont  des  tubercules  qui  les  précèdent. 

Gisement.  Cénomanien  de  la  Tunisie. 

Mammites  Revellierei  Courtiller,  sp. 

1860.    Ammonites  Rochebrunei    Coquand.    Descrip.    phys.    géol. 

paléont.  et  miner,  du  dép.  de 
la   Charente,   t.    ii,    Marseille, 
1860,  p.  117. 
1867.    Ammonites  Revellierei   Courtiller.  Les  Ammonites  du  tuf- 

feau,  p.  4,  pi.  III,  fig.  1-4. 
'  Mammites  Revellierei    Palœontologia  universalis,  fiche  7. 

Cinq  tubercules  ombilicaux  coniques,  d'où  se  détachent 
deux  côtes  légèrement  rejetées  en  arrière  ;  une  côte  intermé- 


A.    DE    GROSSOUVRE.  —    LE   CRÉTACÉ  19 

diaire.  Tubercules  des  deux  rangées  du  bord  externe  s'affai- 
blissant  très  rapidement  au  fur  et  à  mesure  du  développement 
de  la  coquille. 

Gisement   Salmurien  de  la  Touraine,  des  Charentes,  etc. 

Mammites  bïnicostatus  W.  Petrasclieck. 

1902.    Mammites  binicostatus    W.  Petrascheck.  Amm.  d.  sachs. 

Kreidef.  p.  145,  pi.  VII,  fig.  6  ; 
pi.  VIII,  fig.  1.  et  3 

Six  à  huit  tubercules  ombilicaux  coniques  d'où  sedétachent 
deux  côtes  presque  droites,  très  légèrement  rejetées  en  arrière  ; 
jamais  de  côtes  intercalaires,  ce  qui  distingue  cette  espèce  du 
M.  Revellierei. 

Gisement.  Salmurien  inférieur  de  la  Saxe. 

Mammites  Pervinquierei,  nov.  sp. 
PI.  II,  fig.  3. 

Sur  le  dernier  tour  quatre  tubercules  ombilicaux,  desquels 
se  détachent  deux,  parfois  trois  côtes  droites,  radiales  ; 
deux  ou  trois  côtes  intercalaires.  De  la  sorte  le  nombre  des 
côtes  sur  le  bord  externe  est  au  moins  quatre  fois  celui  des  tu- 
bercules ombilicaux.  Les  tubercules  de  la  deuxième  rangée 
sont  peu  apparents  ;  ceux  de  la  troisième,  c'est-à-dire  de 
l'extrémité  des  côtes,  bien  marqués,  sont  nettement  allongés 
dans  le  sens  de  l'enroulement. 

Gisement.  Salmurien  inférieur  de  Touvois. 

Écliantillon  examiné  :  un  seul,  de  Touvois,  appartenant  au 
Musée  de  Nantes. 

Dimensions  : 
Diamètre  52  ^/^. 
Diamètre  de  l'ombilic  :  8  "V"^. 
Hauteur  du  dernier  tour  :  27  "Y'". 
Epaisseur  (entre  les  tubercules  ombilicaux)  22  '"/"'. 


20  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3*   SÉR.,    T.    II 

Mammites  Gourdoni,  nov.  sp. 
PI.  I,  fig.  1. 

Tubercules  ombilicaux  très  surélevés  et  allongés  dans  le 
sens  radial,  au  nombre  de  six  sur  l'avant  dernier  tour,  de  dix 
sur  le  dernier.  De  ces  tubercules  se  détachent  deux  côtes 
droites,  radiales,  bien  moins  larges  que  dans  les  autres  espèces 
de  ce  genre,  relativement  plus  surélevées  et  pincées;  rare- 
ment une  côte  intercalaire.  Les  deux  tubercules  terminaux 
sont  très  nets.  L'extrémité  du  dernier  tour  se  déroule  d'une 
manière  très  accusée.  La  loge  d'habitation  occupe  le  tiers 
du  dernier  tour  et  vers  son  extrémité  il  n'y  a  plus  de  tuber- 
cules ombiUcaux,  mais  seulement  alternance  de  côtes  longues 
et  de  côtes  courtes. 

Gisement    :    Un    seul   échantillon    du    Salmurien    inférieur 
des  environs  de  Briollay,  appartenant  au  Musée  d'Angers. 
Dimensions  : 

Diamètre  :  138  m/ m. 

Diamètre  de  l'ombilic  :  35  "V'^i. 

Hauteur  du  tour  :  60  m/™. 

Epaisseur  :  45  ^/^K 

Diamètre  de  l'ombilic  de  l'avant  dernier  tour  :  11  "Y™. 

Mammites  Swalovi  vShumard,  sp. 

1859.    Ammonites  Swalovi   Shumard.  Trans,  Saint-Louis,  Acad. 

Se,  vol.  I,  p.  591. 
1903.    Metoicoceras  Swalovi  Hyatt.  Pseudoceratites  of  the  Cre- 

taceous,  p.  118,  pi.  XI,  fig.  7-24  ; 

pi.  XIII,  fig.  1-2  ;  pi.  XV,  fig.  1-4. 

Ombilic  relativement  large  ;  côtes  nombreuses,  surélevées 
près  de  l'ombilic,  autour  duquel  elles  partent  par  paires  ; 
généralement  une  côte  intercalaire  descendant  jusqu'au  pre- 
mier tiers  de  la  hauteur  des  flancs  ;  côtes  droites,  radiales,  à 
peine  un  peu  rejetées  en  arrière.  L'avant  dernier  tubercule 
de  l'extrémité  des  côtes  peu  accusé  ;  le  tubercule  terminal 
assez  peu  allongé  dans  le  sens  de  l'enroulement. 


A.    DE   GROSSOUVRE.   —    LE    CRÉTACÉ  21 

Gisement  :  Colorado  Formation  (Turonien)  de  Grayson 
County  (Texas). 

Mammites  Geslini  d'Orb.  sp. 

1840.    Ammonites  catillus    d'Orb  (non  Sow).  Pal.  fr.,  I,  p.  325, 

pi.  97,  fig.  12. 

1847.    Ammonites  Geslinianus    d'Orb.  Prodrome.  Terrains  créta- 
cés, 20®  étage,  Cénomanien,  p.  146. 

L'échantillon  qui  a  été  figuré  comme  type  par  d'Orbigny 
est  porté  sur  le  catalogue  de  sa  collection  comme  provenant 
des  marnes  du  grès  vert  supérieur,  de  la  ferme  de  la  Mairie, 
près  le  village  de  Lamenais,  aux  environs  de  Vibraye  (Sarthe). 
Une  vieille  étiquette  porte  l'inscription  suivante  :  «  du  grès 
vert  du  canton  et  des  environs  de  Vibraye  (Sarthe),  d'une 
ferme  appelée  la  Maitrie  où  l'on  a  tiré  de  la  marne,  ou  bien 
du  village  de  Lamenais  (Lamenay)  où  l'on  a  tiré  de  la 
castine  pour  la  forge  ».  ^^^ 

La  carte  d'Etat-Major  n'indique  pas  de  village  de  la  Mairie 
ou  de  la  IVIaitrie  aux  environs  de  Lamenais. 

J^a  gangue  de  cet  échantillon  est  un  calcaire  gris-verdâtre. 
D'après  les  indications  de  la  carte  géologique  ce  calcaire  appar- 
tiendrait au  Cénomanien  inférieur  :  son  niveau  serait  au- 
dessous   des  Sables  du  Perche. 

Cet  échantillon  se  distingue  par  sa  taille,  car,  détail  im- 
portant, qui  parait  être  passé  inaperçu  le  plus  souvent,  la 
figure  donnée  par  d'Orbigny  le  représente  réduit  de  1/4  : 
son  diamètre  est  de  130  °V""  ^t  celui  de  son  ombilic,  relati- 
vement large  de  54  °^/™. 

D'Orbigny  a  encore  cité  cette  espèce  de  Touvois,  mais 
aucun  des  échantillons  de  cette  localité  que  nous  avons  exa- 
minés et  qui  présentent  des  caractères  analogues  ne  peuvent 
lui  être  exactement  identifiés. 


(1)   Je  suis  redevable  de  ces  indications  à  l'obligeance  de  M.  Thevenin, 
que  je  tiens  à  remercier  ici. 


22  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    — ^   3^   SÉR.,    T.    II 

Mammites  Petraschecki,   nov.  sp. 
PI.  II.  fig.  2. 

1902.    Pulchellia  Gesliniana    W.     Petrascheck,    p.    parte    (non 

d'Orb).  Am.  d.  sachs.  Kreide.,  p. 
140,  pi.  VII,  fig.  3-4. 

Ombilic  très  étroit,  côtes  flexueuses,  assez  fortement  suré- 
levées autour  de  l'ombilic,  à  peu  de  distance  duquel  elles  se 
séparent  par  groupes  de  deux  ou  trois  ;  côtes  intercalaires. 
Sur  la  région  externe  des  flancs  le  nombre  des  côtes  est  au 
moins  trois  fois  plus  grand  qu'autour  de  la  région  ombilicale. 
Vers  l'extrémité  du  dernier  tour  de  l'échantillon  examiné,  les 
tubercules  externes  disparaissent  et  l'ornementation  consiste 
alors  en  côtes  longues  partant  de  l'ombilic,  séparées  par  des 
côtes  intercalaires  qui  descendent  seulement  un  peu  au-dessous 
de  la  moitié  des  flancs. 

La  loge  d'habitation  dans  l'échantillon  de  Briollay,  occupe 
près  de  la  moitié  du  dernier  tour  :  à  ce  stade  de  dévelop- 
pement l'ombilic  est  relativement  large. 

Gisement.  Salmurien  inférieur  de  la  Saxe,  de  Briollay  près 
Angers  et  de  Commequiers  (Vendée). 
Dimensions  de  V échantillon  figuré  : 

Diamètre  :  103  m/ m. 

Diamètre  de  l'ombilic  :  24  "V"^- 

Hauteur  du  dernier  tour  :  42  '"/'". 

Epaisseur  du  dernier  tour  :  22  "V"^- 

Mammites  Bureaui,  nov.  sp. 
PI.  I,  fig.  2. 

1902.    Pulchellia  Gesliniana    W.     Petrascheck,    p.    parte    (non 

d'Orb).  p.  140,  pi.  VII,  fig.  5. 

Ombilic  très  étroit  ;  côtes  à  peine  surélevées  autour  de  l'om- 
biUc  et  se  subdivisant  vers  le  premier  tiers  de  la  hauteur  des 
flancs  en  deux  côtes  qui  se  rejettent  légèrement  en  arrière  ; 
très  rarement  une  côte  intercalaire.  Tubercules  terminaux 
indistincts. 


A.    DE    GROSSOUVRE.  —    LE    CRÉTACÉ  23 

Gisement.    Cénomanien   supérieur .  (?)   et   Salmurien   de    la 
Saxe.    —   Salmurien  inférieur  de  Touvois. 
Dimensions  de  F  échantillon  figuré  : 
Diamètre  :  100  "V""- 
Diamètre  de  l'ombilic  :  13  "V"- 
Hauteur  du  dernier  tour  :  50  ^/^. 
Epaisseur  :  28  '"/m. 
Diamètre  de  l'ombilic  de  l'avant-dernier  tour  :  4  '"/'". 

Mammites  Dumasi,  nov.  sp. 
PI.  II,  fig.  1. 

Forme  très  voisine  de  la  précédente,  dont  elle  n'est  peut-être 
qu'une  variété  renflée.  Les  côtes  sont  plus  fortes,  plus  sail- 
lantes, et  les  deux  tubercules  externes  sont  bien  marqués. 
Vers  la  fin  du  dernier  tour  les  côtes  s'élargissent  fortement 
dans  la  région  externe  des  flancs  et  traversent  le  bord 
externe  sous  forme  de  larges  bandelettes  séparées  par  d'étroi- 
tes dépressions. 

Gisement.  Salmurien  inférieur  de  Briollay,  près  Angers,  et 
de  Touvois. 

Dimensions  de  V échantillon  figuré  : 

Diamètre  :  114  m/ m. 

Diamètre  de  l'ombilic  :   15  "V™- 

Hauteur  du  dernier  tour  :  35  "7"^ 

Epaisseur  :  31  ^/"\ 

Diamètre  de  l'ombilic  de  l'avant-dernier  tour  :  5  ">/•" 

Mammites  Pontieri  Leriche,  sp. 

1905.    Metoicoceras  Pontieri    Leriche.  Ann.  Soc.  géol.  du  Nord, 

XXXIV,  p.  120. 

Espèce  voisine  des  M.  Whitei  Hyatt  et  M.  kanabensis 
Hyatt  ;  elle  en  diffère  essentiellement  par  ses  côtes  qui  sont 
flexueuses  comme  celles  des  M.Geslini,  Petraschecki,  Bureaui, 
Dumasi.  En  outre,  elle  diffère  de  M.  Whitei  par  un  ombilic 
plus  grand  et  des  côtes  intercalaires  au  nombre  de  trois,  tan- 


24  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

dis  qu'il  n'y  en  a  que  deux  dans  l'espèce  de  Hyatt  ;  et  de 
M.  kanabensis  par  ce  caractère  que,  dans  ce  dernier,  il  n'y  a 
pas  de  côtes  intercalaires,  toutes  descendant  jusqu'au  bord 
de  l'ombilic. 

Gisement.  Salmurien  inférieur  (zone  à  Inocoramus  labiatus) 
de  Lumbres  (Pas-de-Calais). 

Mammites  Whitei  Hyatt,  sp. 

1875.    Buchiceras  Swalovi   White.    Geog.    and    geol.    Expl.    and 

Surv.  West  of  100  th  meridian,  IV, 
p.  202,  pi.  20,  fig.  1. 

1894.  —  —       Stanton,Bul.  U.  S.  geol.Surv.,  nol06, 

p.  168,  pi.  37,  pi.  38,  fig.  1-3. 

1903.    Metoicoceras    Whitei     Hyatt,     Pseudoceratites       of    the 

Creaceous,  p.  122,  pi.  XIII,  fig. 
3-5  ;  pi.  XIV,  fig.  1-10  et  15. 

Cette  espèce  diffère  du  M.  Swalovi  Shumard,  sp.,  par  l'ab- 
sence d'une  surélévation  des  côtes  sur  le  bord  de  l'ombilic 
et  par  un  ombilic  très  étroit  :  côtes  droites,  radiales,  et  géné- 
ralement une  ou  deux  côtes  intercalaires. 

Gisement.  Colorado  Formation  (Turonien)  de  l'Utah  et  du 
Texas. 

Mammites  kanabensis  Hyatt,  sp. 

1903.    Metoicoceras  kanabensis    Hyait.    Pseudoceratites    of    the 

Cretaceous,    pi.  XV,  fig.   9-11. 

Cette  espèce  seulemeiit  figurée,  sans  aucune  diagnose,  res- 
semble assez  au  jeune  de  M.  Whitei  :  elle  en  diffère  par  ses 
côtes  partant  toutes  des  bords  de  l'ombilic,  sans  intercalation 
de  côtes  secondaires. 

Gisement.  Colorado  formation  (Turonien)  de  l'Utah. 

Mammites  aeceleratus  Hyatt,  sp. 

1903.    Metoicoceras  acceleratum   Hyatt.    Pseudoceratites    of    the 

Cretaceous,    p.  127,    pi.  XIV, 
fig.  11-14. 


A.    DE    QROSSOUVRE.  —    LE   CKÉT4CÉ  25 

Espèce  assez  mal  définie  par  un  échantillon  unique,  de 
petite  taille  et,  de  plus,  en  assez  médiocre  état  de  conserva- 
tion :  elle  présente  certaines  analogies  avec  M.Whitei. 

Gisement.  Colorado  formation  (Turonien)  de  l'Utah. 

Mammites  gibbosus  Hyatt,  sp. 

1903.    Metoicoceras  gibbosum    Hyatt.  Pseudoceratites  of  the  Cre- 

taceous,  p.  121,  pi.  XV,  fig.  5-8. 

Forme  épaisse,  à  ombilic  très  étroit  ;  côtes  non  surélevées 
autour  de  l'ombilic,  alternativement  longues  et  courtes. 
Gisement.  Colorado  formation  (Turonien)  du  Texas. 


Genre  PSEUDASPIDOCERAS,   Hyatt,   1903. 

Pseudoaspidoceras,  sp. 

Je  rapporte  à  ce  genre  un  très  court  fragment  de  spiie,  com- 
prenant seulement  deux  côtes,  qui,  à  première  vue,  offre  une 
très  grande  analogie  avec  V  Ammonites  perarmatus  du  Juras- 
sique. 

La  section  du  tour  est  subquadrangulaire,  un. peu  plus  haute 
que  large.  L'échantillon  ressemble  beaucoup  à  un  fragment 
que  l'on  détacherait  du  dernier  tour  de  l'individu  figuré  par 
M.  Petrascheck  {loc.  cit.,  pi.  IX  (III),  fig.  la)  sous  le  nom  de 
Mammites  Footeanus  Stol.  sp.,  espèce  qui  appartient  au  genre 
Pseudaspidoceras  Hyatt. 

Seulement  le  tubercule  interne  est  plus  éloigné  de  la  paroi 
ombilicale  que  dans  la  figure  de  M.  Petrascheck  :  le  tubercule 
externe  est  beaucoup  plus  prononcé  que  l'interne  ;  toute 
trace  de  côte  rehaut  ces  deux  tubercules  a  disparu. 

Les  cloisons  sont  très  spéciales  :  elles  appartiennent  au  type 
de  celles  des  Acanthoceratidés.  Le  lobe  siphonal  est  un  peu 
plus  long  que  le  premier  lobe  latéral.  La  première  selle  est  très 
large  et  partagée  en  deux  parties  sensiblement  égales  par  un 
lobule  assez  profond.  Le  premier  lobe  latéral  est  assez  étroit  : 
sa  largeur  est  environ  le  quart  de  celle  de  la  première  selle  ; 


26  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3*   SÉR.,    T.    II 

il  est  divisé  en  deux  parties  symétriques  par  une  denticulation 
médiane.  La  deuxième  selle  est  très  étroite,  plus  encore  que  le 
premier  lobe  latéral.  Trois  selles  suivent  encore  jusqu'à  l'om- 
bilic, aussi  larges  que  la  précédente,  mais  descendant  moins 
bas. 

Gisement.  Ce  fragment  et  un  autre,  provenant  d'un  échan- 
tillon de  plus  grande  taille  mais  réduit  à  un  seul  tubercule, 
proviennent  de  Gommequiers  (Vendée),  où  ils  ont  été  recueil- 
lis par  M.  le  D^  Polo.  La  gangue  est  formée  par  un  calcaire 
blanchâtre  celluleux  avec  petits  grains  de  quartz. 

Genre  FAGESIA  Pervinquière,   1907. 

Ce  genre  a  été  créé  en  prenant  comme  type  V Ammonites 
superstes  Kossmat,  forme  turonienne  de  l'Inde  qui  offre  une 
étrange  ressemblance  avec  V  Am.  coronaiiis  du  Callovien. 

J'ai  autrefois  ^^^  montré  que  cette  espèce,  primitivement 
classée  dans  le  genre  Holcostephanus,  présentait  plutôt  les 
caractères  de  la  famille  des  Acanthoceratidés,  mais  que  tandis 
que  ses  lobes  étaient  bifides  comme  dans  les  Acanthoceras 
typiques,  ses  selles  ne  l'étaient  point,  ce  qui  la  sépare  des 
formes  de  ce  genre. 

Adoptant  cette  manière  de  voir,  M.  Pervinquière  dans  son 
bel  ouvrage  Etudes  de  paléontologie  tunisienne,  1907,  a  pensé 
qu'il  convenait  d'établir  une  nouvelle  coupure  générique  à 
laquelle  il  a  donné  le  nom  de  Fagesia  et  qu'il  caractérise  de 
la  manière  suivante  : 

Coquille  globuleuse,  à  enroulement  assez  serré  :  tours  épais, 
arrondis,  à  section  surbaissée.  Ombilic  profond,  à  paroi  verti- 
cale, orné  généralement  d'une  couronne  de  tubercules,  des- 
quels partent  habituellement  deux  ou  trois  côtes  larges,  assez 
accentuées,  dirigées  obliquement  en  avant  et  traversant  la 
région  ventrale  sans  interruption. 


(1)  1899.  A.  DE  Grossouvke.  —  Sur  V Ammonites  peramphis  et 
quelques  autres  fossiles  turoniens.  But.  Soc.  Géol.  de  France,  3«  série, 
XXVIl,  p.  334. 


A.    DE    GROSSOUVRE.  —    LE   CRÉTACÉ  27 

Ligne  suturale  à  selles  élancées,  trifides,  et  à  picmiei-  et 
deuxième  lobes  bifides. 

Dans  cette  diagnose  on  doit  considéi  ei-  comme  accessoii  es 
l'enioulement  plus  ou  moins  seiré  et  l'allure  des  côtes,  incli- 
nées vers  l'avant  ;  ce  sont  des  caractères  qui  bien  souvent  n'ont 
même  pas  une  valeur  spécifique. 

Je  considère  que  ce  genre  diffère  encore  des  vrais  Acan//;o- 
ceras  par  l'absence  de  tubercules  sur  le  milieu  du  contour 
externe,  caractère  que  nous  observons  aussi  chez  les  Mam- 
mites,  mais  ceux-ci  ont  des  côtes  beaucoup  plus  larges,  bien 
moins  saillantes  et  ne  traversant  pas  la  région  siphonale  ;  la 
ligne  suturale  est  aussi  différente. 

J'ai  cru  autrefois  à  l'absence  complète,  à  tous  les  âges,  de 
tubercules  siphonaux  chez  V  Ammonites  Mantelli  :  s'il  en  eût 
été  ainsi,  VAm.  superstes  aurait  semblé  appartenir  au  même 
groupe,  mais  l'examen  d'une  série  d'échantillons  bien  typiques 
de  VAm.  Mantelli  m'a  permis  de  reconnaître  mon  erreur  : 
en  isolant  les  tours  internes,  j'ai  constaté  que  les  tubercules 
siphonaux  existaient  toujours  dans  le  jeune  âge  et  disparais- 
saient ensuite,  plus  ou  moins  tôt  ou  plus  ou  moins  tardi- 
vement, selon  les  échantillons  :  V  Am.  Mantelli  doit  donc  bien 
être  rattachée  aux  vrais   Acanthoceras  ^^\ 

Au  genre  Fagesia  je  rattache  V  Ammonites  navicularis  Man- 
tell,  non  l'espèce  telle  que  l'ont  intei  prêtée  Sowerby  et  Sharpe 
et  à  leur  suite  tous  les  auteui  s,  mais  l'espèce  définie  par  l'échan- 
tillon typique  de  Mantell,  dont  M.  Woodward,  directeur  du 
British  Muséum,  a  bien  voulu  m'envoyer  le  moulage.  Quoi- 
que l'échantillon  type  soit  très  déformé,  son  identification 
avec  l'échantillon  de  Touvois  que  je  vais  décrire  ne  me  paraît 
pas  douteuse,  bien  que  celui-ci  soit  de  plus  petite  taille  ; 
j'ai  vu  au  Musée  d'Angers  des  échantillons  de  même  taille 
que  celui  d'Angleterre  qui  ne  peuvent  en  êtie  séparés,  non  plus 
que  de  celui  de  Touvois. 

Hyatt  a  bien  proposé  pour  VAm.  navicularis  le  nom  géné- 
rique de   Calycoceras,  mais  comme  cet  auteur  avait  en  vue 

(1)  1901.  A.  DE  Grossouvre.  —  stratigraphie  de  la  craie  supérieure, 
p.  768. 


28 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   S"    SÉR.,    T.    Il 


l'espèce  telle  qu'elle  était  comprise  par  tous  les  paléontolo- 
gistes sans  exception,  et  non  le  type  vrai  de  Mantell,  il  en 
résulte  que  l'on  ne  peut  adopter  pour  ce  dernier  le  nom  de 
Hyatt. 

Fagesia  navicularis  Mantell,  sp. 

1822.    Ammonites  navicularis    Mantell,     (non     auct.).     Foss.    S. 

Downs,  p.  198,  pi.  XXII,  fig.  5. 

Coquille  très  globuleuse,  à  ombilic  moyen  (0,29),  à  tours 
larges  et  déprimés,  à  côtes  ne  présentant  jamais  de  tubercules 
sur  le  milieu  du  bord  externe,  comme  il  en  existe  au  moins 
dans  les  jeunes  de  V  Ammonites  navicularis  de  Sharpe. 


Fig.  3. 

Fagesia  navicularis.    Section  des  tours. 

Ecliantillon  de  Touvois. 


Côtes  fortes,  très  saillantes,  arrondies,  séparées  par  des  sil- 
lons de  même  importance  que  les  côtes. 

Dans  le  jeune,  la  paroi  ombilicale  montre  des  côtes  radiales 
surélevées  sur  le  sommet  de  cette  paroi  en  un  tubercule  du- 
quel partent  deux  côtes  légèrement  rejetées  en  arrière  :  en 
outre,  parfois  une  côte  intercalaire. 

Dans  l'adulte,  les  côtes  principales  prenant  naissance  sur 


A.    DE    GROSSOUVRE.   —    LE    CRÉTACÉ  29 

le  bord  de  l'ombilic  deviennent  de  plus  en  plus  prononcées  en 
s'en  éloignant,  atteignent  leur  maximum  vers  le  sommet  de 
la  paroi  ombilicale  et  se  continuent  en  se  rejetant  nettement 
en  arrière.  En  général  une  côte  intercalaire,  moins  forte  que 
les  côtes  principales  et  ne  les  rejoignant  pas,  s'atténue  progres- 
sivement pour  s'effacer  complètement  vers  le  sommet  de  la 
paroi  ombilicale  :  le  nombre  total  des  côtes,  sur  le  dernier  tour 
de  l'échantillon  examiné,  est  de  40. 

Cloisons  peu  distinctes  sur  l'échantillon  examiné  :  on  voit 
que  le  premier  lobe  est  nettement  bifide  ;  les  selles  sont  moins 
trapues,  plus  élancées  que  dans  les  Acanthoceras,  la  première 
selle  m'a  paru  bifide. 

Gisement.  L'échantillon  examiné  provient  du  Salmurien  de 
Touvois. 

Le  type  de  Mantell  vient  de  Offham,  Kent  ;  son  niveau  est 
rapporté  par  divers  géologues  que  j'ai  consultés,  tantôt  au 
Cénomanien  (zone  de r//o/as/ersu&g'Zo6osus),  tantôt  au  Turonien. 

Cette  espèce  paraît  n'être  pas  rare  en  Maine-et-Loire  : 
le  Musée  d'Angers  en  renferme  une  série  d'échantillons. 
D'abord  ceux  de  Briollay,  d'une  gangue  calcaire  très  diffé- 
rente de  celle  du  gisement  classique  de  Briollay,  lequel  appar- 
tient au  Cénomanien  supérieur.  De  la  même  localité  et  de  la 
même  gangue  un  Metengonoceras  et  un  Neoptychites  cf.  Te- 
linga  dont  la  présence  atteste  bien  l'âge  turonien  du  gise- 
ment. Autres  échantillons  du  Puy-Notre-Dame,  de  Villevêque 
et  de  Saint-Cyr-en-Bourg. 

Genre  NEOLOBITES  Fischer,   1882. 

Ce  genre  a  été  créé  par  Fischer  pour  V  Ammonites  Vibrayei 
d'Orb.,  espèce  que  précédemment  (1881)  Neumayr  et  Uhlig 
avaient  classé  dans  leur  genre  Engonoceras  :  celui-ci  comprenait 
encore  V Am.  pedernalis  v.  Buch  et  une  Ammonite  nouvelle 
provenant  du  Cénomanien  de  Tuffé  (Sarthe)  ;  cette  dernière, 
ainsi  que  je  l'ai  dit  en  1908,  ^^^  appartient  bien  au  groupe  de 

(1)  1908.  A.   DE  Grossouvre,   —  Description  des  Ammonitides  du 


30  BULL,    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3'   SÉR.,    T.    II 

Y Am.  Vibrayei,  très  distinct  de  celui  de  l'A.  pedernalis,  et 
c'est  avec  raison  que  Fischer  l'en  a  séparé  pour  en  former 
un  nouveau  genre  auquel  il  a  donné  le  nom  de  Neolobites.  Ce 
genre,  dit -il,  comprend  des  formes  «  à  coquille  aplatie,  à  carène 
aiguë,  à  lobes  et  selles  simples,  non  découpés  et  ressemblant  à 
ceux  des  Lobites  triasiques  ».  C'est  évidemment  par  suite  d'un 
lapsus,  comme  je  l'ai  fait  remarquer  (1908),  que  Fischer  a 
parlé  d'une  carène  aigûe,  attendu  que  le  bord  ventral  des 
formes  de  ce  groupe  est  tronqué. 

MM.  von  Hans  von  Staff  et  Otto  Eck  ont  consacré  un 
mémoire  à  ce  genre,  ^^^  dans  lequel  ils  insistent  sur  les  confu- 
sions commises  par  divers  auteurs  dans  la  compréhension 
de  l'espèce  de  d'Orbigny,  et  ils  décrivent  deux  nouvelles  es- 
pèces d'après  des  échantillons  de  la  collection  Schweinfurth, 
provenant  de  la  Craie  d'Egypte.  Tous  les  Neolobites  décrits 
jusqu'à  ce  jour  ont  d'étroites  analogies  avec  le  type  de  d'Or- 
bigny et  constituent  une  première  série  de  formes  qu'on  serait 
assez  tenté  de  considérer  comme  de  simples  variétés  d'un 
même  type  spécifique.  J'ai  eu  moi-même  l'occasion  d'exami- 
ner trois  échantillons  qui  me  furent  communiqués  par  Peron, 
provenant  du  sommet  du  Djebel-M'rilah  (zone  inférieure  du 
Cénomanien)  et  qui  se  rapportent  au  type  décrit  depuis  par 
M.  Pervinquière  sous  le  nom  de  Neolobites  Fourtani  {=  N. 
Peroni  Fourtau,  non  Hyatt).  J'ai  eu  encore  entre  les  mains 
un  échantillon  du  Cénomanien  d'El  Goleah,  remarquable  par 
sa  belle  conservation,  qui  montrait  à  l'extrémité  des  flancs, 
sur  le  bord  de  la  troncature,  une  série  de  petits  tubercules 
à  peine  visibles  et  que  l'on  ne  pouvait  apercevoir  qu'en  fai- 
sant jouer  l'échantillon  sous  la  lumière. 

Je  n'insiste  pas  davantage  sur  cette  question,  voulant  seu- 
lement décrire  une  espèce  nouvelle  qui  se  distingue  nettement 
de  toutes  celles  cré»-es  jusqu'ici  par  le  dessin  de  sa  ligne  sutu- 

Crétacé  supérieur  du  Limbourg  et  du  Hainaut,  p.  8  (Mémoires  du  Musée 
royal  d'histoire  naturelle  de  Belgique,   IV). 

(1)  1908.  Von  Hans  von  Staff  und  Otto  Eck.  Uber  die  Notwen- 
digkeit  einer  Revision  des  Genus  Neolobites  Fischer.  Sonder-Abdruck 
aus  d.  Sitzungsber  d.  Gesch.  Naturforschender  Freundc.  Jahrg.,  1908, 
n"  9. 


A.    DE   GROShOUVRE,  —    LE   CRÉTACÉ  31 

raie.  Tandis  que  les  cloisons  de  toutes  ces,  dernières  sont 
])resque  identiques,  elles  diffèrent  essentiellement  de  celles  de 
la  nouvelle  espèce,  bien  que  celles-ci  conservent  cependant 
le  caractère  essentiel  d'avoir  leurs  contours  entiers  et  non 
découpés. 

Nèolobites  Bedoti  nov.  sp.  ^ 

PI.  III,  fig.  2. 

Coquille  peu  épaisse,  à  ombilic  très  étroit. 

Tours  à  flancs  très  faiblement  convexes,  ayant  leur  plus 
grande  épaisseur  au  quart  environ  de  leur  hauteur  au-dessus 
de  l'ombilic. 

Retombée  des  flancs  dans  l'ombilic  à  courbure  très  étroite. 

Bord  externe  tronqué  à  peine  convexe. 

Flancs  lisses,  sauf  sur  la  chambre  d'habitation  qui  occupe 
près  des  deux  tiers  du  dernier  tour  et  qui,  vers  son  extrémité, 
est  ornée  de  côtes  falculif ormes  très  fines  et  presque  invisibles. 

Selles  très  caractéristiques,  à  contours  simples  et  de  forme 
rectangulaire  allongée.  La  première  selle  ou  selle  externe  est 
subdivisée  par  un  lobe  adventif  et  chacune  de  ses  divisions 
présente  elle-même  un  lobule  adventif.  La  seconde  selle  est 
faiblement  échancrée,  les  trois  selles  suivantes  sont  entières  ; 
la  sixième  et  la  septième  sont  aussi  échancrées  *^^ 


Fig.  4. 

Nèolobites  Bedoti 

Cloisons  d'après  l'échantillon  du  musée  de  Genève 

(Grossissement  =  5) 

La  ligne  suturale  comprend  neuf  selles. 

(1)  C'est  par  suite  d'une  erreur  de  repi'oductiun  que  la  6"  selle  n'est  pas 
représentée  éciiancrée. 


32  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.  —    S^    SÉR.,    T.    II 

Les  lobes  se  terminent  en  pointe  plus  ou  moins  prononcée 
et  ont  ainsi  une  sorte  de  forme  en  arc  brisé. 

Le  premier  lobe  latéral  descend  beaucoup  plus  bas  que  le 
lobe  siphonal  et  un  peu  plus  bas  que  les  autres  lobes  qui  vont 
en  remontant  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  se  rapprochent  de  l'om- 
bilic. 

Dimensions  de  V échantillon  examiné  : 

Diamètre  :  54  m/ m. 

Diamètre  de  l'ombilic  :  4  ^j^. 

Hauteur  du  dernier  tour  à  son  extrémité  :  31  ^/^. 

Epaisseur  maximum  :  6  "^/m. 

Gisement.  L'échantillon  examiné,  qui  appartient  au  Musée 
de  Genève  et  m'a  été  communiqué  par  le  Directeur  de  ce 
Musée,  M.  Bedot,  auquel  je  tiens  à  renouveler  ici  mes  remer- 
ciements, est  étiqueté  comme  provenant  de  Tuffé  (Sarthe). 
Sa  gangue  est  formée  par  un  grès  à  ciment  siliceux  jaunâtre 
avec  grains  de  quartz.  D'après  la  situation  géographique  et 
la  nature  de  la  gangue,  cette  espèce  appartient  à  l'assise  sa- 
bleuse et  gréseuse  de  la  base  de  l'étage  Cénomanien  désignée 
sous  le  nom  de  Sables  du  Maine. 

Genre  METENGONOCERAS  Hyatt,   1903. 

On  a  d'ordinaire  rapporté  au  genre  Sphenodiscus  une  série 
d'Ammonites,  du  sommet  de  F  Infra-Crétacé  et  de  la  base  du 
Crétacé,  caractérisées  par  un  bord  ventral  tranchant  et  une 
ligne  suturale  à  éléments  nombreux  et  à  contours  relative- 
ment simples. 

Cette  classification  était  erronée,  car  le  genre  Sphenodiscus 
a  été  créé  par  Meek  en  1872,  en  prenant  comme  type  Ammo- 
nites lenticularis  Owen,  espèce  habitant  le  groupe  des  Fox 
Hills,  c'est-à-dire  le  Campanien  supérieur  ^^\  et  se  distin- 
guant par  des  caractères  constants  des  formes  précédentes^^\ 

Aussi  Hyatt  a-t-il  proposé,  en  1903   pour  ces  dernières,  le 

(1)  A.  DE  Grossouvre,  —  Recherches  sur  la  craie  supérieure.  I, 
Stratigraphie,  p.  747. 

(2)  A.  DE  Grossouvre.  —  Description  des  Ammonitides  du  Crétacé  supé- 
rieur du  Limbourg  belge  et  hollandais  et  du  Hainaut,  p.  11. 


A.    I)K    (ÎKOSSOl  VUK.  —    I,K    CRÉTACK  33 

nom  générique  de  Metengnnoceras.  Ce  sont  des  coquilles  plates, 
à  ombilic  étroit,  à  flancs  convexes  lisses  ou  parfois  ornés  de 
côtes  falculiformes,  plus  rarement  de  petits  tubercules.  Dans 
les  premiers  tours,  le  bord  externe  est  tronqué  et  la  coquille 
est  alors  semblable  à  celle  d'un  Engonoceras  Neumayr  et 
Uhlig,  emend.  Joh.  Bohm.  Puis  le  bord  externe  s'amincit, 
devient  tranchant  dans  l'adulte  et  finalement  un  peu  arrondi 
sur  la  dernière  loge.  La  coquille  offre  alors  l'aspect  des  Oppelia 
de  rOolithe  inférieure.  La  ligne  suturale,  composée  de  nom- 
breux lobes  et  selles  est  très  caractéristique  et  permet  de  dis- 
tinguer facilement  les  Metengonoceras  adultes  des  Sphenodis- 
cus  :  les  lobes  sont  denticulés,  les  selles  réniformes  sont  en- 
tières, la  selle  externe  ^^^  est  ordinairement  bifide,  tandis  que 
dans  les  Sphenodisciis  les  5  ou  6  premières  selles  sont  feston- 
nées et  parfois  presque  persillées. 

Les  diverses  espèces  appartenant  au  genre  Metengonoceras 
sont  d'apparence  très  semblable  et  ne  peuvent  guèiejêtre 
distinguées  les  unes  des  autres  que  par  le  détail  de  leurslcloi- 
sons. 


-nroriO 


FiG.  5.  —  Metengonoceras,  sp. 
Cloison  d'après  un  fragment   du   Cénomanien   de  la   Sarthe.   Grossisse" 
ment  =  3.  (Extrait  des  Mémoires  du  Musée  royal  d'histoire  naturelle 
de  Belgique,  IV). 

Le  genre  Metengonoceras  apparaît  vers  le  sommet  du  Gault  : 
le  carton  d'Ammonites  de  la  Sarthe,  examiné  par  Nenmayr  et 
Uhlig,  portait  un  fragment  d'Ammonite,  de  couleur  brune, 
à  gangue  certainement  phosphatée,  qui  devait  provenir  des 
couches  les  plus  inférieures  du  Crétacé  de  la  Sarthe,  c'est-à- 
dire  de  la  zone  à  Am.  inflatus,  sommet  de  l'étage  Albien.  J'ai 

(1)  Ou  plutôt  le  premier  élément  de  cette  selle. 


34  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.     —    3^   SER.,    T.    II 

donné  le  dessin  de  la  cloison  de  cet  échantillon  dans  la  Des- 
cription des  Ammonitides  du  Crétacé  supérieur  du  Limbourg 
et  du  Hainaut  :  je  le  reproduis  ici,  malheureusement  la  cloi- 
son n'est  pas  complète,  de  sorte  qu'il  serait  prématuré  de  don- 
ner un  nom  à  cette  forme. 

Hyatt  a  décrit  deux  espèces,  Metengonoceras  inscriptum  et 
M.  ambiguum,  provenant  du  groupe  de  Fredericksburg,  qui 
appartient  à  l'Albien  inférieur  ^^\ 

Deux  des  nouvelles  espèces  que  je  vais  établir  sont  d'origine 
cénomanienne,  la  troisième  est  du  Turonien  inférieur  de  Tou- 
vois.  Précédemment,  Hyatt  a  créé  deux  espèces,  M.  acutiim 
et  M.  Diimblei  des  argiles  d'Eagle  Ford  (Etats-Unis),  c'est- 
à-dire  aussi  du  Turonien  ^^\  On  voit  donc  que  des  deux  côtés 
de  l'Atlantique  l'extension  verticale  des  Metengonoceras  est 
la  même. 

Metengonoceras  Douvillei,  nov.  sp. 
PI.  III,  fig.  3. 

1893.  Sphenodiscus  cf.  pedernalis,  A.  de  Grossouvre.  Les  Ammo- 
nites de  la  craie  supérieure, 
p.  140,  fig.  58. 

L'échantillon  examiné  possède  au  moins  une  partie  de  sa 


Fig.  6. 
Cloisons  d'après  un  échantillon  du  Cénomanien  de  Sainte-Croix,  près  Le 
Mans.  Extrait  des  Mémoires  pour  servir  à  l'explication  de  la  carte  géolo- 
gique de   France  (A.  de  Grossouvre,  les  Ammonites  de  la  Craie). 
Grossissement  =2,5 

loge  d'habitation,  qui  occupe  un  peu  plus  de  la  moitié  du  der- 
nier tour.  Le  bord  externe,  très  tranchant  jusqu'un  peu  après 

(1)  1901.  A.  DE  Grossouvre,  loc.  cit.,  p.  735. 

(2)  1901.  A.   DE  Grossouvre,  loc.  cit.,  p.  738. 


A.    DE    GimSSOUVHK.    —     LE    CHKTACK  35 

la  dernière  cloison  s'épaissit  progressivement  et  entiii  s'ar- 
rondit vers  son  extrémité.  Sur  la  loge  on  aperçoit  de  fines 
côtes  falculiformes  à  peine  visibles  et,  sur  la  moitié  externe 
des  flancs,  cinq  à  six  côtes  arquées  un  peu  plus  fortes  :  cette 
ornementation  rappelle  tout  à  fait  celle  de  VOppelia  siibra- 
diaia  du  Bajocien. 

La  cloison  comprend,  du  bord  ventral  jusqu'au  bord  de 
l'ombilic,  12  à  13  selles  :  elle  est  analogue  à  celle  du  Metengo- 
noceras  inscriptum  Hyatt  du  Gault  supérieur  des  environs  de 
Decatur  (Etats-Unis)  ;  toutefois  une  comparaison  utile  est 
impossible,  car  les  dessins  des  cloisons  donnés  par  Hyatt  pa- 
raissent manquer  de  précision. 

L'échantillon  examiné,  qui  appartient  à  la  collection  de 
l'Ecole  des  Mines,  à  Paris,  provient  d'une  carrière  de  Sainte- 
Croix,  très  probablement  ouverte  dans  les  sables  et  grès  du 
Perche,  qui  appartiennent  à  la  partie  supérieure  de  l'étage 
Cénomanien. 

Metengonoceras  Arnaud!,  nov.  sp. 

1901.    Sphenodiscus  pedernalis    A.  de  Grossouvre.  Strntigraphie 

de  la  craie  supérieure,  p.  368. 

L'échantillon  examiné  que  j'avais  cru  pouvoir  identifier  à  celui 
de  Sainte-Croix,  en  diffère  par  le  dessin  des  cloisons,  dessin  qui 
présente  certainement  le  même  plan  dans  les  deux  espèces, 
mais  qui  n'est  pas  identique,  comme  je  l'avais  pensé  à  la  suite 
d'un  examen  trop  superficiel.  La  selle  externe  est  notamment 
très  différente  dans  les  deux  échantillons.  Les  corps  des  selles 
sont  plus  étroits  et  plus  allongés  que  dans  l'espèce  du  Gault 
de  la  Sarthe  (fig.  6),  et  que  dans  celle  du  Gault  des  Etats-Unis  : 
de  l'étude  des  espèces  connues,  il  semble  résulter  qu'on  peut 
poser  cette  loi  que  dans  les  Metengonoceras  les  corps  des  selles 
sont  d'autant  plus  élancés  que  ceux-ci  appa;  tienennt  à  un 
horizon  géologique  plus  élevé. 

Le  dessin  des  cloisons  n'est  pas  sans  présenter  quelques  ana- 
logies avec  celui  des  cloisons  du  M.  Diimhlei  HyatL  du  l'uio- 


36 


BULL.    SOC.    se.    NAT.-  OUEST.    —    3^    SÉR.,    T.    H 


nieii  du  Texas,  mais  dans  ce  dernier  la  base  des  selles  est  beau- 
coup plus  pincée  que  dans  notre  espèce. 

Gisement.  L'échantillon  examiné,  provenant  de  la  collection 


FiG.  7.  —  Metengonoceras  Arnaudi,  nov.  sp. 

Cloisons  d'après  un  échantillon  du  Cénomanien  de  Fouras  (Charente- 
Inférieure).  Grossissement  —  2,5.  (Extrait  des  Mémoires  du  Musée 
royal  d'histoire  naturelle  de  Belgique,   IV), 


Arnaud,  a  été  recueilli  dans  les  couches  à  Orbitolina  concava 
de  Fouras,  dans  la  zone  A  de  M.  Arnaud,  qui  constitue  la  base 
de  l'étage  Cénomanien  des  Charentes,  mais  qui  appartient  à 
un  niveau  plus  élevé  que  la  base  du  Cénomanien  de  la  Sarthe. 


Metengonoceras  tolveiense,  nov.  sp. 
PI.  III,  fig.  4. 

La  ligne  des  cloisons  se  compose  de  14  selles  dont  la  base 
est  beaucoup  plus  étroite  et  le  corps  plus  élancé  que  dans  les 
Metengonoceras  précédents  :  à  cet  égard  elle  se  rapproche  du 
M.  aculuni  Ilyatt  du  Turonien  du  l'exas,  mais  dans  ce  dernier 
les  dimensions  des  premières  selles  du  côté  ventral  varient 


A.    UE    GROSSOUVRE 


LE    C  < ETAGE 


37 


beaucoup  de  l'uue  à  l'aulie,  taudis  que  dans  noLc  espèce  elles 
sont  sensiblement  égales. 

Les  deux  échantillons  examinés  dont  l'un  complet,  forte- 
ment restauré,  proviennent  de  Touvois  et  appartiennent  au 
Musée  d'Histoire  naturelle  de  Nantes.  L'échantillon  figuré,  sur 


FiG.  8. 

Metengonoceras  tolveiense,  nov.  sp. 

Cloisons  (partie)  d'après  un  échantillon  de  Touvois 

Grossissement  =  8 


lequel  a  été  pris  le  dessin  de  la  cloison  donné  ci-dessus,  est 
représenté  en  coupe  sur  la  figure  4  de  la  planche  III.  Il  pos- 
sède une  partie  de  sa  dernière  loge  dont  l'ornementation  est 
analogue  à  celle  du  M.  Doiwillei. 

Gisement.  Salmurien  inférieur  de  Touvois. 

Genre  PLACENTICERAS,  Meek  1870. 


Placenticeras,  nov.  sp. 

Un  échantillon  d'Ammonite  de  Commequiers,  recueilli  par 
notre  regretté  confrère  M.  Dumas  et  appartenant  au  Musée 
de  Nantes,  à  gangue  de  calcaire  blanchâtre  renfermant  des 
grains  de  quartz,  se  rattache  sans  aucun  doute  possible  à  ce 
genre  ;  malheureusement,  il  est  trop  mal  conservé  pour  servir 
de  type  pour  une  nouvelle  espèce. 


38  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3*    ^ÉR.,    T.    II 

Il  rappelle  un  peu  le  PL  Fritschi  de  Gros.  {Les  Ammonites 
de  la  Craie  supérieure,  p.  124,  pi.  V,  fig.  1  et  2),  mais  il  en  dif- 
fère par  les  caractères  suivants  :  les  tours  sont  moins  épais, 
l'ombilic  est  relativement  plus  large  (21,5  du  diamètre  total 
au  lieu  de  18,70).  L'ornementation  des  flancs  est  analogue  à 
celle  de  la  plupart  des  espèces  de  ce  genre  :  on  aperçoit  quel- 
ques tubercules  sur  le  bord  immédiat  de  l'ombilic  et  des  côtes 
arquées,  bien  marquées,  sur  la  moitié  externe  des  flancs.  Des 
tubercules  allongés  dans  le  sens  de  l'enroulement  semblent 
exister  sur  les  deux  bords  de  la  troncature  externe,  comme 
dans  PI.  syrtale,  au  moins  autant  qu'on  peut  en  juger  dans 
l'état  de  conservation  de  l'échantillon,  tandis  que  chez 
Pi   Fritschi  les  deux  carènes  sont  au  contraire  lisses. 

La  cloison  ressemble  davantage  à  celle  du  PL  Fritschi,  qui 
est  sénonien  (coniacien  inférieur),  qu'à  celle  du  PL  Memoria- 
Schlœnbachi  Laube  et  Bruder  qui,  en  Bohême  et  en  Saxe, 
occupe  à  peu  près  le  même  niveau  que  notre  échantillon. 

Celui-ci  présente  aussi  des  analogies  assez  grandes  avec 
PL  tamulicam  Blanford,  sp.  (in  Kossmat,  Untersuchungen 
uber  sûdindische  Kreideformation,  pi.  VIII,  fig.  1),  qui  est  de 
la  partie  supérieuie  du  Trichinopoly  Group  de  l'Inde,  c'est-à- 
dire  du  Sénonien,  d'un  niveau  beaucoup  plus  élevé;  mais  la 
cloison  est  différente  et  les  lobes  de  l'espèce  de  la  Vendée 
?ont  beaucoup  plus  trapus  que  ceux  représentés  par  M.  Koss- 
mat. 

En  résumé,  l'espèce  de  la  Vendée  est  nettement  différente 
des  espèces  déjà  décrites  du  genre  Placenticeras. 

Gisement.  Salmurien  inférieur  de  Commequiers    (Vendée). 


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^if 'iesT  Mammites  Gourdoni,  nov.  sp. 

Salmurien  de  Bnolïay(Maine-et-Loire).  Echantillon  du  Musée  d'histoire 
naturelle  d'Angers. 


FiG.  2.  —  Mammites  Bureaui,  no^v.ïS.' 
Liuii,  pi.  VT 

Salniurien  de  Touvois  (Loire- Inférieure).  Echantillon  du  Musée  d'histoire 
naturelle  de  Nantes. 


MEMOIRE  DE  M.  A.   DE  GROSSOUVRE 

Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Ouest  3"  Sût.,  T.  II,  PI.  I 


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PLANCHE  II 


FiG.  1.  —  Mammites  Dumasi,  nov.  sp. 

Salimirien  de  Briollay  (Maine  et-Loire).  Echantillon  du  Musée  d'histoire 
naturelle  d'Angers. 


FiG.  2.  —  Mammites  Petraschecki.  nov.  sp. 

Salmurien  de  Briollay  (Maine-et-Loire).  Echantillon  du  Musée  d'histoire 
naturelle  d'Angers. 


FiG.  3.  —  Mammites  Pervinquierei,  nov.  sp. 

Salmurien  de  Touvois  (Loire- Inférieure).  Ecliantillon  du  Musée  d'histoire 
naturelle  de  Nantes. 


MÉMOIRE  DE  M.  A.   DE  GROSSOUVRE 

Bull.  Soc.  Se   Nat.  Ouest  3e  Séi\,  T.  II,  PI.  Il 


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PLANCHE  III 


FiG.  1.  —  Fagesia  navicularis  Mantell,  sp. 

Salmurien   de  Touvois   (Loire-Inférieure).    Echantillon   du   Musée  d'his- 
toire naturelle  de  Nantes. 


FiG.  2.  — Neolobites  Bedoti,  nov.  sp. 

Cénomanien  de  Tuffé  (Sarthe).  Echantillon  du  Musée  d'histoire  naturelle 

de  Genève. 


FiG.  3.  —  Metengonoceras  Douvillei,  nov.  sp. 

Cénomanien   de   Sainte-Croix  (Sarthe).    Echantillon   des   Collections   de 
l'Ecole  des  Mines,  à  Paris. 


FiG.  4.  —  Metengonoceras  tolveiense.  nov.  sp. 

Salmurien  de  Touvois  (Loire-Inférieure).  Echantillon  du  Musée  d'histoire 
naturelle  de  Nantes. 


MÉMOIRE  DE  M.  A.   DE  GROSSOUVRE 


Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Ouest 


3-^£ér.,  T.  II,  PI.  III 


^fe,'- 


^ 


2b 


PARASITISME 


de  Balzamia  valgaris  mn) 


Pin  noir  d'Autriche  en  Anjou 


L.    DU    REAU 


Deux  points  m'ont  paru  intéressants  à  signaler.  La  pré- 
sence en  Anjou  de  cet  ascomycète  hypogé  rare  (Balzamia 
vulgaris  Vitt)  et  son  parasitisme  sur  le  Pin  noir  d'Autriche. 

Ce  champignon  a  été  découvert  par  Vittadini  en  Italie 
(1831)  ;  pour  lui  a  été  créé  le  genre  et  l'espèce.  Cependant 
il  doit  être  rare  même  en  Italie,  car  j'ai  pu  m'assurer,  grâce 
à  la  grande  amabilité  de  M.  Bouvet,  conservateur  de  l'herbier 
Loyd,  qu'il  ne  figurait  pas  dans  la  collection  si  complète  de 
Mattirolo,  déposée  à  Angers  et  venant  d'Italie  en  son  entier. 

Puis  il  a  été  retrouvé  en  France  par  Tulasne  (1840)  à 
deux  reprises  différentes,  une  première  fois  à  Boiigival  et 
une  seconde  fois  à  Apt.  Les  exemplaires  sont  encore  visibles 
dans  l'herbier  de  Tulasne,  au  Muséum  d'histoire  naturelle 
à  Paris  et  je  dois  à  M.  Hariot,  qui  a  bien  voulu  me  les  com- 
muniquer, la  certitude  sur  la  détermination  du  genre  et  de 
l'espèce. 

Le  silence  se  fait  jusqu'en  1844  ou  Berkeley  le  retrouve 
en  Angleterre,  un  peu  différent  ;  ou  une  espèce  voisine  pour 
laquelle  il  crée  le  nom  de  platyspora. 

Nantes.  —  Bull.  Soc.  se.  nat.  Ouest,  3=  sér.,  t.  U,  30  Juin   1912. 

4 


40  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^    SÉR.,    T.    II 

En  1871,  CooKE  cite  ce  champignon  comme  rare  en 
Angleterre  et  en  donne  une  bonne  description.  Enfin  malgré 
mes  recherches  je  n'ai  rien  trouvé  sur  lui  en  Anjou,  ce  qui 
m'incite  à  donner  quelques  détails  sur  ses  formes  et  quelques 
observations  que  j'ai  pu  faire. 

La  fructification,  de  la  grosseur  d'une  fève,  est  rouge-brun  ; 
elle  est  bien  figurée  chez  les  auteurs  (31,  40,  71).  Son  aspect 
extérieur  rappelle  la  forme  du  cerveau  par  son  irrégularité 
et  ses  circonvolutions.  Vu  sous  un  plus  fort  grossissement, 
l'épiderme  est  hérissé  de  petites  verrues  qui  rappellent  l'aspect 
du  pied  de  la  Laminaria  saccharina. 

La  couleur  rouge  et  l'irrégularité  des  contours  distinguent 
à  première  vue  ce  genre  des  genres  voisins.  La  chair  intérieure 
est  encore  plus  caractéristique,  elle  se  présente  avec  de  nom- 
breux méats  distincts. 

Dans  l'intérieur  des  lacunes  ainsi  formées  on  trouve  des 
asques  ovoïdes,  contenant  de  trois  à  sept  spores.  La  spore 
est  oblongue,  avec  les  extrémités  très  arrondies  ;  à  l'état 
frais  elle  est  absolument  lisse  et  translucide.  Même  fixée 
elle  prend  mal  les  colorants. 

La  thionine  phéjiiquée  y  décèle  cependant  une  sphère 
centrale  qui  est  probablement  une  matière  grasse  de  réserve 
et  un  très  grand  nombre  de  granules,  dont  trois  principaux 
à  l'un  des  pôles  de  la  spore  doivent  être  des  éléments  nu- 
cléaires. On  obtient  à  peu  près  le  même  résultat,  mais  moins 
net  avec  les  autres  colorants  usuels.  Cette  absence  d'ornements 
visibles  sur  les  spores  sépare  nettement  les  Balzamia  des 
Tuber  où  les  spores  sont  couvertes  d'épines  et  de  protubé- 
rances. La  chair  de  tous  les  exemplaires  recueiUis  est  franche- 
ment blanche  ;  la  diagnose  de  Cooke  (1871)  annonce  une 
couleur  jaune  pâle.  Cette  différence  me  semble  néghgeable 
chez  les  champignons  où  les  couleurs  sont  fugaces  et  variables 
au  plus  haut  degré.  L'odeur  forte  que  signalent  les  auteurs  (id) 
n'existe  pas  à  l'état  frais,  comme  j'ai  pu  m'en  assurer,  mais 
après  une  exposition  d'un  quart  d'heure  au  moins  à  l'air, 
l'odeur  de  noisette  avariée  apparaît  très  violente. 

J'ai  trouvé  les  exemplaires  que  je  possède  le  2  octobre  1910 


L.    DU    REAU.    —    BALZAMIA    VULGARIS  41 

et  le  10  octobre  1911,  ce  qui  montre  bien  que  la  période  d'évo- 
lution est  la  même  en  France  qu'en  Angleterre  (1871).  Cooke 
assigne  comme  temps  propice  pour  la  recherche  les  mois 
d'octobre,  novembre  et  décembre.  Il  se  trouve  à  environ 
six  centimètres  de  profondeur  dans  un  bois  de  Pins  ;  le  sous- 
sol  est  formé  d'alluvions  anciennes  déposées  par  la  Sarthe  dans 
le  parc  des  Roches,  à  Morannes  (Maine-et-Loire).  J'ai  pu  m'as- 
surer  de  l'action  nocive  de  ce  parasite  sur  les  pins,  car  ces 
derniers  ont  l'air  de  souffrir  et  en  cherchant  dans  le  sol  avec 
précaution,  j'ai  pu  recueillir  des  hyphes  allant  jusqu'aux 
racines  et  pénétrant  entre  l'écorce  et  le  bois  par  un  poil  d'ab- 
sorption. La  racine  ne  tarde  pas  à  pourrir.  Il  est  assez  difficile 
de  faire  des  coupes  dans  la  racine  malade,  car  le  bois  est  resté 
dur,  alors  que  l'écorce  se  délite.  Le  mycélium  est  très  abondant 
et  sa  blancheur  le  signale  à  la  vue  très  loin  autour  de  la  fruc- 
tification. 

La  présence^de^ce  champignon  m'a  été  révélée  par  l'obser- 
vation de  petits  grattis  ronds  produits  par  des  écureuils. 
Ces  trous  sont  faciles  à  distinguer  de  ceux  des  lapins  qui  sont 
ovales  et  dont  la  terre  est  rejetée  d'un  seul  côté,  alors  que  ceux 
que  font  les  écureuils  pour  rechercher  ce  champignon  sont 
circulaires  avec  la  terre  rejetée  tout  à  l'entour. 

C'est  probablement  l'odeur  de  noisette  avariée  que  prend 
le  champignon  en  séchant,  plus  que  sa  valeur  nutritive  qui 
attire  les  écureuils.  Vittadini  qui  l'a  découvert  a  eu  le  courage 
de  l'essayer  comme  comestible,  je  dois  dire  que  l'essai  ne  fut 
pas  heureux,  et  qu'il  lui  fait  assez  mauvaise  réputation.  Je  cite  ; 
Esculente,  sed  moderato  usu,  evacuationes  profusas  producit. 

Quoiqu'il  en  soit,  c'est  pour  les  écureuils  un  travail  long  et 
pénible  auquel  j'ai  assisté,  et  c'est  à  cette  collaboration  que 
je  dois  d'avoir  les  exemplaires  qui  sont  en  ma  possession. 

En  résumé  : 

Les  Balzamia  vulgaris  (Vitt.)  habitent  les  terrains  argilo- 
sihceux  découverts  et  sont  quelquefois  parasites  des  pins.  Chair 
blanche,  épiderme  ferrugineux,  grands  méats  inférieurs  indépen- 
dants, osques  ovoïdes,  spore?  elliptiques  lisses  et  translucides, 
petites,  longueur  moyenne  0,0165  m/m.  largeur  0,0090  m/m. 


42  BULL.    SOC.    se.    NA.T.    OUEST.     —    3«    SÉR.,    T.    II 


BIBLIOGRAPHIE 


1831  Cari.  Vittadini.  —  Monographia  Tuberacearum,  pageSO. 
1840  TuLASNE.  -  Fungi  hypogei,  T.  xv,  f.  2,  pages  318,  122, 

125. 
1844  Berkeley.  —  Balzamia.  Annals  of  natiiral  history,  t.  xiii, 

page  359. 
1869  L.  FucKEL.   —  Beitrage  zur  Kenntniss  des  Rheinischen 

Pilze,  page  246. 
1871  M.  C.  CooKE.  —  Handbook-Biitish  Fungi,  page  747. 
1895  Gh.  Menier.  —  Champignons  de  la  Loire-Inférieure. 

Collection    des   champignons   hypogés   de    M.  Mattirolo, 
herbier  Loyd-Angers.  M.  Bouvet,  conservateur. 

Herbier    de    Tulasne.     —    Muséum    d'histoire    naturelle, 
Paris,  M.  Hariot,  conservateur. 


SUR    UNE 

Fascie  de  CARLINA  VULGARIS  L. 

PAR 

P.  FRÉMY 


Les  fascies  sont  des  monstruosités  végétales  qui  consistent 
dans  un  aplatissement  très  marqué  de  certains  organes,  des 
organes  caulinaires  en  particulier. 

Dans  ses  «  Éléments  de  Tératologie  végtale  «  (1841)  Moquin- 
Tandon  décrit  un  grand  nombre  de  plantes  affectées  de  cette 
déformation.  En  particulier,  il  rapporte  (p.  148)  avoir  vu  dans 
l'herbier  Poiret  une  fascie  remarquable  de  Carlina  vulgaris, 
dont  l'axe  avait  au  moins  un  dcm.  de  largeur.  J'ai  rencontré, 
le  11  juillet  1911,  à  Baubigny  (Manche)  un  phénomène  analo- 
gue sur  un  sujet  de  la  même  espèce. 

La  tige  de  cette  plante  mesure  35  cm.  de  longueur,  6  de 
largeur,  sur  2  m.  m.  d'épaisseur.  Elle  est  donc  six  fois  seulement 
plus  longue  que  large,  au  lieu  de  40  à  80  chez  les  individus 
normalement  constitués. 

Sur  cette  sorte  de  lame  aplatie  sont  disposés  sans  ordre 
apparent  des  feuilles  très  nombreuses,  de  forme  ordinaire, 
et  de  dimensions  légèrement  réduites. 

A  3  cm.  de  son  extrémité,  sans  augmenter  de  largeur,  la 
tige  se  partage  en  trois  rameaux  aplatis  comme  elle  et  terminés 
par  des  inflorescences. 

Chaque  rameau  latéral  porte  deux  capitules:  l'un  à  l'exté- 
rieur normal,  mais  très  réduit,  l'autre  à  l'intérieur  très  nette- 
Nantes.  —  Bull.  Soc.  Se.  Nal.  Ouest,  3'  Sér.,  t.  11,  30  Juin  1912.  5 


44 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3«   SÉR.,    T.    II 


ment  fascié  ;  mais  au  lieu  d'être  aplati,  ce  dernier  est  replié 
quatre  fois  sur  lui-même.  Il  forme  ainsi  une  sorte  de  masse 
épineuse  au  milieu  de  laquelle  les  bractées  scarieuses  carac- 
téristiques   du   genre    Carlina   dessinent    une   ligne  sinueuse 


continue.  Étalé  sur  un  plan  ce  capitule  pourrait  avoir  de 
8-10  cm.  Quant  au  rameau  central  il  porte  un  seul  capitule, 
fascié  lui  aussi  et  replié  6  fois  sur  lui-même. 

Les  fleurs  et  les  graines  semblent  normales. 

L'examen  miscrocopique  ne  révèle  dans  la  tige  d'autres 
particularités  qu'une  symétrie  bilatérale  très  nette  et  qu'une 


p.    FRÉMY.    —   CARLINA    VULGARIS   L,  45 

augmeiilalioli  considérable  du  nombre  des  faisceaux  libéro- 
ligneux. 

Quelles  sont  les  causes  de  ces  déformations  ?  Linné  dans  sa 
Philosophie-Botanique  (1751)  explique  les  fascies  par  la 
suture  de  rameaux  voisins  comme  dans  la  greffe  par  approche. 

En  1869,  Masters  ^^*  soutient  encore  cette  opinion.  Actuel- 
lement on  regarde  la  fasciation  comme  la  conséquence  d'un 
traumatisme.  On  sait  que  la  tige  toute  entière  provient  de  la 
division  maintes  fois  répétée  d'un  groupe  de  cellules  initiales 
situé  à  son  extrémité.  Si  ces  cellules  fonctionnent  normalement 
elles  forment  une  tige  à  symétrie  radiale,  si  au  contraire 
quelques-unes  se  trouvent  mortifiées  ou  détruites,  celles  qui 
restent  proliféreront  dans  deux  directions  seulement  et  don- 
neront un  organe  à  symétrie  bilatérale. 

Cette  explication  déjà  entrevue  par  Moquin-Tandon  ^^^ 
devient  d'autant  plus  acceptable  qu'elle  est  confirmée  par  les 
expériences  de  Sachs  sur  le  Haricot,  en  1856,  et  par  celles  de 
Blaringhem  sur  les  inflorescences  de  Maïs  en  ces  dernières 
années. 

Mais  dans  le  cas  de  la  Carlina  de  Baubigny,  comment 
le  traumatisme  a-t-il  pu  se  produire  ?  Il  semble  dû  vraisem- 
blablement à  l'action  des  animaux  errant  librement  dans  le 
champ,  qui  auront  écrasé  ou  brouté  l'extrémité  de  la  jeune 
plante. 


(1)  Vegetable  Teratology,  London  (1869). 

(2)  Op.  ci<.,  p.  151. 


Le  Seabiosa  mar»itîma 

des   lies   vendéennes   et   son   identification 

AVEC    LES 

SCABICSA    ATROPVRPVREA    L.    ET    CALYPTCCARPA   S»    AM. 


D-^  VIAUD-GRAND-MARAIS 


Lors  de  notre  première  excursion  à  l'Ile-d'Yeu,  en  1876, 
nous  avions,  M.  le  Professeur  Ménier  et  moi,  remarqué  dans 
les  pâtures  placées  entre  le  fort  de  Kerchalon  et  la  mer,  une 
Scabieuse  rose  à  capitules  globuleux  et  à  feuilles  à  lobes  plus 
ou  moins  étroits. 

Elle  ne  pouvait  être  le  Seabiosa  Cohimbaria  L.  à  fleurs  plus 
bleutées  et  à  calicule  muni  d'une  couronne,  tandis,  qu'ici,  il 
était  spongieux  et  recourbé  en  dedans. 

Elle  nous  parut  répondre  au  Se.  maritima  L,  indiqué 
dans  la  Flore  de  Lloyd  à  la  Rochelle  et  à  Royan.  '^^ 

A  notre  retour  à  Nantes,  nous  la  montrâmes  à  Lloyd.  Sa 
réponse  fut  :  Ce  n'est  rien  qui  vaille.  C'est  un  Se.  alropiirea 
dégénéré  et  échappé  des  jardins. 

Nous  retournâmes  dans  l'île  au  mois  de  mai  suivant  poui- 
y  rechercher  un  Matthiola,  découvert  par  M.  Ménier  dans 
les  sables  du  sémaphore  et  qui  est  devenu  le  M.  oyensis. 

(1)  Dans  la  dernière  édition  de  la  Flore  de  Lloyd  publiée  par  M.  Gadeceau 
le  Se.  maritima  est  indiqué  à  Kermor  (Finistère),  Picquenart,  à  F'aramé  et 
Rotheneuf  (I.-et-V.)  et  c'est  lui  qui,  en  juillet,  doit  donner  leur  couleur  rose 
aux  terres  en  friches  de  l'île  d'Ouessant. 

Nantes.  —  Bull.  Soc.  Se.  Nal.  Ouest,  3*  Sér.,  t.  Il,   30  juiu  1012. 


48  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

Nous  profitâmes  de  cette  excursion  pour  revoir  la 
Scabieuse  de  Kerchalon  ;  elle  existait  non  seulement  dans  les 
pâtures  avoisinant  le  fort,  sur  des  glacis,  mais  encore  dans  son 
intérieur,  où  elle  offrait  le  type  bien  net  du  Se.  atropurpurea. 
De  l'intérieur  du  fort  à  la  côte,  elle  présentait  tous  les  passages 
entre  la  Veuve  des  jardins  et  la  Se.  marilima  :  capitules  tan- 
tôt cylindriques,  tantôt  globuleux  ;  fleurs  roses,  lilacées, 
blanches  ou  pourpre  foncé,  etc. 

Il  ne  pouyait  y  avoir  de  doute,  il  s'agissait  bien  du  Se. 
atropurpurea  échappé  des  jardins,  quoique  les  plus  rappro- 
chés fussent  assez  loin  du  fort  et  qu'aucune  autre  plante 
horticole  n'accompagnât  le  Scabieuse.  Il  n'était  pas  moins 
vrai  que  les  échantillons  les  plus  rapprochés  de  la  mer  res- 
semblaient terriblement  au  Se.  maritima. 

Les  variations  de  la  Veuve  des  Jardins  sont  connues  et  ce 
n'est  que  par  sélection  que  l'on  obtient  les  belles  variétés 
noir-pourpre  auxquelles  elle  doit  son  nom.  Abandonnées  à 
elles-mêmes  les  Veuves  du  plus  beau  pourpre  dégénèrent 
en  deux  ans,  donnant  des  fleurs  lilas,  rosées  ou  blanches. 
Leurs  capitules  tendent  à  devenir  ovoïdes.  Elles  ne  méri- 
tent plus  d'être  cultivées. 

Il  ne  fut  donc  pas  parlé  de  la  plante  de  Kerchalon  dans  le 
récit  des  Excursions  botaniques  à  l' lle-d'Yeu  ni  dans  le 
Catalogue  que  nous  pubhâmes,  M.  Ménier  et  moi,  en  1894. 

Voici  la  diagnose  différentielle  des  Seahiosa  maritima  et 
atropurpurea  d'après  le  Prodrome. 

Se.    ATROPURPUREA    L. 

Caule  raeemoso  foliis  radiealibn.^  lanceolato-avatis,  lijratis, 
grosse  dentalis  ;  eaulinis  pinnatipartitis,  lobis  oblongis,  dentatis, 
incisive.  Capitulis  fruetiferisovatis,  corollis  radiantibus,  involucro 
paulo  longiorihus,atropnrpureis,  rarins  roscis  aut  albis.  Colitur; 
spontanea  dicilur  in    India  ? 

Se.  MARITIMA   L.  '- 

Caule  raeemoso  foliis  radicalibus  pinnati/idis,  lobis  den- 
tatis ;   eaulinis   mediis   pinnatifidis,  lobis  linearibus  integriis  ; 


VIAUD-GRAND-MAKAIS.   —    LE    SCABIOSA    MARITIMA  19 

siiminis  linearibiis  integeniniis.    FI.  lilacini,   rosci  nul  albidi. 

Capitulis  fruct'iferis  globosis,  itwoliicro  jlorihus  subradian- 
tibus  diiplo   breviore. 

In  aridis  maritimis   (iallice  meridionalis. 

Dans  son  Botaniciim  gallicum,  t.  I,  p.  255  et  256,  Diiby 
complète  les  descriptions  de  Candolle  et  fait  suivre  la  dia- 
gnose  de  Se.  atropurpurea  de  cette  réflexion  :  Nondiiin  pro 
certe  habere  possiim  hanc  speciem,  iitvuli  clarissinms  Ganllrr, 
à  precendente  non  diversam  esse. 

Je  ne  pensais  plus  à  la  Scabieuse  de  l'Ile-d'Yeu  quand 
le  24  août  1897,  je  me  trouvai  à  la  pointe  de  la  Fosse, 
soit  à  l'extrémité  sud  de  Noirmoutier,  au  milieu  d'une  troupe 
d'excursionnistes  se  préparant  à  aller  visiter  l'île  voisine. 

Le  vent  soufflait  en  tempête  et  les  grandes  volutes  des 
lames  qui  déferlaient  sur  les  Braillards  firent  hésiter  les  plus 
braves. 

On  se  borna  à  traverser  le  Goulet  pour  cueillir  à  Fromen- 
tine  le  Pancratium  maritimum.  ^^^ 

Voulant  reprendre  ma  boîte,  je  me  suis  trouvé  en  présence 
d'une  autre  beaucoup  plus  neuve,  quoique  usagée,  et  qu'une 
jeune  fille  vint  me  réclamer. 

Mi^*^  de  Bourmont  me  pria  d'examiner  ses  récoltes.  Toutes 
les  bonnes  plantes  de  la  partie  méridionale  de  l'île  s'y  trou- 
vaient :  Artemisia  erithmoides,  Centaurea  aspera,  ^^^  Linuria 
SLipina,  etc. 

Après  me  les  avoir  montrées,  elle  tira  du  fond  de  la  boîte 
un  petit  échantillon  d'une  Scabieuse  à  fleurs  rosées  et  me 
dit  :  J'en  ferais  le  Scabiosa  maritima  ;  mais  comme  il  ne 
se  trouve  pas  dans  votre  catalogue,  et  n'est  pas  indiqué 
dans  l'île  par  M.  Lloyd,  je  me  suis  probablement  trompée.  — 
Pas  du  tout.   Mademoiselle;  mais  il  est  étrange  qu'herboii- 

(1)  Par  suite  de  la  construction  des  chalets,  il  n'y  en  a  plus  au  nord 
de  l'estacade  et  l'on  n'a  chance  d'en  rencontrer  que  dans  les  dunes, 
au  sud  du  village. 

(2)  Le  Centaurea  aspera  commence  à  se  montrer  sur  un  autre  point 
de  l'île,  entre  le  Sableau  et  le  Bois  de  la  Chaise. 


50  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3*    SÉR.,    T.    II 

sant  depuis  40  ans  je  ne  l'aie  pas  rencontré  ;  que  ni  Piet,  ni 
Impost  n'en  aient  pas  parlé  ;  que  la  Société  botanique  de 
France,  dans  son  excursion  de  1861  ne  l'ait  pas  signalé  ; 
qu'il  n'ait  pas  été  vu  par  Lloyd  et  Gobert  dans  leurs  herbori- 
sations dans  cette  région  de  l'île.  Mais  sur  quel  point  exact 
l'avez-vous  cueilli?  —  A  la  Tresson,  sur  le  bord  de  la  route. 
Je  n'ai  vu  que  ce  pied,  mais  il  doit  sans  doute  y  en  avoir 
d'autres. 

Le  comte  de  Bourmont  et  sa  famille  partant  le  jour  suivant 
ne  purent  me  conduire  au  lieu  où  ils  avaient  recueilli  la  Sca- 
bieuse. 

Le  surlendemain  j'allai  à  la  découverte  par  une  pluie 
battante.  A  la  Guérinière  je  ralliai  le  curé,  M.  Boisseau  et 
un  instituteur  en  vacances,  M.  Rivet.  Nous  explorâmes  les 
champs  et  les  pâtures,  à  gauche  et  à  droite  de  la  route  du 
Gois  et  de  la  Fosse,  sans  résultat,  jusqu'au  hameau  de  la 
Tresson.  ^^^ 

Remontant  en  voiture,  nous  nous  fîmes  conduire  dans  la 
direction  de  la  Maison-Rouge. 

Après  avoir  dépassé  de  2  à  300  métrés  le  hameau  de  la  Tres- 
son, une  pâture  située  à  gauche  nous  apparut  complètement 
rose  et  couverte  de  S  câbleuses  en  fleurs.  Nous  retrouvâmes 
la  plante  dans  des  pâtures  voisines,  mais  elle  n'existait  pas 
dans  les  sables  de  l'autre  côté  de  la  route.  Il  ne  pouvait  y 
avoir  de  doute,  c'était  bien  le  Se.  maritima. 

Comment  avait  elle  pu  nous  échapper  jusqu'ici?  Elle  ne 
pouvait  être  que  d'introduction  récente. 

L'abondance  de  la  plante  m'en  fit  récolter  plusieurs  cen- 
taines d'exemplaires  sans  crainte  d'appauvrir  la  localité. 

Je  surveille  chaque  année  cette  localité  ;  la  Scabieuse 
s'étend  de  plus  en  plus  au  sud  de  la  route  vers  la  Maison- 
Rouge  et  au  nord  vers  la  Tresson.  On  en  voit  même  quelques 
pieds  de  l'autre  côté  de  la  route. 

Il  se  passera  pour  elle  ce  qui  s'est  passé  pour  le  Sinapis 
iiicana  découvert  il  y  a  une  trentaine  d'années  par  le  D^  Cail- 

(1)  Kn  fait  de  plantes  adventives  nous  ne  vîmes  que  le  Scolijmiiii 
hispanicus  et  le  Xanihiuin  Slumarium  déjà  signalés. 


VIAUD-GRAND-MARAIS.     -     LK    SCABIOSA    MARITIMA  51 

leteau  sur  la  chaussée  Jacobscn  et  qui  gagne  de  proche 
en  proche  les  environs. 

Depuis  cette  course  à  la  Tresson,  M.  le  curé  de  la  Guéri- 
nière,  botaniste  à  ses  heures,  s'est  mis  à  la  recherche  de  la 
Scabieuse  autour  du  chef-lieu  de  sa  paroisse  et  des  villages, 
mais  sans  résultats. 

Il  m'a  rapporté  du  cimetière  des  Scabieuses  provenant 
d'anciens  semis  d" alropurpurea.  Dans  ce  milieu  sablonneux 
et  grâce  à  la  fumure  du  sous-sol,  elles  ont  poussé  vigoureuse- 
ment. Raides  et  dressées,  elles  atteignent  40  à  60  centimètres. 

C'est  ïatropurpurea  typique,  avec  ses  teintes  diverses, 
mais  généralement  brun-noir  et  n'ayant  aucune  tendance  à 
varier. 

Une  nouvelle  herborisation  à  l'île  d'Yen  s'imposait.  Les 
pluies  continuelles  du  mois  d'août  faisaient  espérer  de  trouver 
la  plante  de  Kerchalon  en  un  état  parfait  de  végétation. 

Malgré  la  présence  du  cône  la  pointe  en  bas,  arboré  au 
château  de  Noirmoutier,  je  partis  avec  de  bons  amis  de  Gre- 
noble qui  ne  se  laissèrent  pas  effrayer  par  la  grande  houle 
et  ce  vent  de  tempête,  spiritus  procellorum,  que  le  psalmiste 
appelle  la  voix  de  Dieu. 

Toute  la  côte,  sauf  la  partie  comprise  entre  Port-Joinville 
et  les  Corbeaux,  fut  fouillée  avec  soin.  De  Scabieuses  nulle 
part,  sauf  à  Kerchalon.  ^^^ 

Sous  l'influence  de  la  pluie,  l'escarpe  du  fort  et  la  prairie 
qui  la  sépare  de  la  plage  étaient  verdoyantes  et  présentaient 
de  nombreux  exemplaires  de  la  Scabieuse  ;  celle-ci  était  toute- 
fois plus  abondante  dans  le  fort  lui-même. 

Parmi  les  exemplaires  recueiUis,  les  uns  rose-clair  ou  Ulacés, 
à  capitules  fructifères  globuleux  ne  paraissaient  pas  différer 
de  ceux  de  la  Tresson,  si  ce  n'est  par  la  moindre  dimension 
et  la  raideur  des  tiges  et  il  était  bien  difficile  de  ne  pas  les 
appeler  Se.  maritima  ;  d'autres  un  peu  noirs,  roses  ou 
blancs,     à    capitules    ovoïdes    ne   pouvaient   être    que    des 

(1)  En  dehors  de  la  Scabieuse  de  Kerchalon,  la  Société  botanique  del'^ance 
n'en  a  trouvé  aucune  autre  à  l'ile  d'Yeu,  en  1911,  où  elle  a  cueilli  le  Gladolws 
illyricus,  lorsqu'on  ne  trouve  à  Noirmoutier  que  le  G.  segelicni. 


52  BULL.    SOC.    se.    NA  I  .    OUEST.    —   3^    SÉR.,    T.    II 

S.  atropiirpiirea   plus    ou  moins  dégénérés  et  entre  les  deux 
extrêmes  il  avait  tous  les  passages. 

Lloyd  que  nous  vénérions  tous  comme  un  maître  ayant 
donné  son  herbier  à  une  autre  ville  que  Nantes,  j'ai  voulu 
voir  des  échantillons  de  Se.  maritima  déterminé  par  lui.  J'en 
ai  trouvé  un  exemplaire  dans  l'herbier  de  M.  Gadeceau  pro- 
venant de  graines  fournies  par  le  maître. 

Il  avait  pris  la  taille  des  Scabieuses  cultivées  ;  les  divisions 
de  ses  feuilles  s'étaient  élargies  et  ses  capitules  devenaient 
presque  ovoïdes. 

Si  le  Scabiosa  maritima  peut  par  la  culture  devenir  la 
Veuve  des  horticulteurs,  on  doit  avouer  qu'il  y  met  du  temps. 
Cette  modification  ne  s'est  pas  faite  au  Jardin  des  Plantes 
de  Nantes  dans  des  semis  provenant  des  graines  de  la  Tresson. 

Le  problème  se  trouve  compliqué  par  la  création  d'une 
nouvelle  espèce  créée  par  Saint-Amand  dans  sa  Flore  Age- 
naise,  le  Se.  ealyptocarpa.  Je  l'ai  reçue  d'Agen  de  mon 
excellent  ami  Amblard. 

Voici  sa  diagnose  d'après  Saint-Amand  : 

Corolles  5  fides  radiantes;  feuilles  radicales,  ovales,  spatulées, 
crénelées,  les  caidinaires  décomposées,  à  segments  linéaires  ; 
réceptacle  des  fleurs  subnle. 

Lieux  incultes,  bords  des  chemins  et  des  champs  écartés  de 
toute  habitation.  Plus  commune  que  le  Se.  Columbaria,  et 
certainement  originaire  de  nos  contrées. 

((  Obs.—  Cette  espèce  a  le  port  du  Se.  Columbaria,  mais  ses 
fleurs  sont  purpurines,  ses  semences  sont  couronnées  par  une 
membrane  repliée  en  dedans,  le  réceptacle  des  fleurs  est 
allongé  en  alêne  et  non  ovoïde.  Elle  serait  la  souche  de  la 
plante  cultivée  sous  le  nom  de  5c.  atropurpurea  et  sert  d'in- 
termédiaire entre  elle  et  le  Se.  maritima.  » 

Loitet  écrit  dans  la  Flore  de  Montpellier,  p.  229  :  Scabios.\ 
MARITIMA  L.  =^  CALYPTOCARPA  Saîut-Amaud. 

Nyman  :  Conspectus  Florœ  europeœ,  p.  343  :  Se.  atropur- 
purea, Sicilia,  Espagna,  etc.,  sed  vix  planta  in  hortis 
vulgata  et  inde  elapsa,  cujus  typus  silvestris  sit  Se.  calypto- 
eARPA  Saint-Amand.    Si  vero,   ut  putant    alii,   spccies  ipsa  à 


VI/VUD-GKAND-MARAIS.    —     LE    SCABIOSA    MARITIMA  53 

Se.  MARITIMA  orta  esl.  Se.  CAL^  ptocarpa,  ///  rediliis  plaiitœ  nillœ 
versus  ad  marilim<im  consideranda  est. 

Rouy  :  Flore  de  France  C.  VIII,  p.  116  et  suivantes,  fait 
du  Se.  calyptocarpa  une  variété  de  Se.  maritima  et  changeant 
son  nom  en  celui  AWmansii  et  de  Vatropurpurea  une  autre 
variété,   indiquant   qu'elle   est   cultivée. 

J'ai  voulu  toutefois,  pour  en  avoir  le  cœur  net,  examiner 
ces  plantes  dans  l'herbier  du  Muséum  de  Paris,  ce  qui 
m'a  été  facile  grâce  à  la  complaisance  de  M.  Poisson. 

Le  Se.  maritima  y  est  en  nombre  considérable  d'échan- 
tillons provenant  de  la  région  méditerranéenne,  des  lieux 
incultes  et  sablonneux  de  l'Aveyron,  du  Lot  et  du  Lot-et- 
Garonne. 

Quant  au  Se.  atropiirpurea,  il  est  représenté  par  des 
échantillons  d'Espagne,  de  Sicile,  de  l'Inde  même,  mais 
indiqué  partout  comme  cultivé  ou  échappé  des  cultures. 
Pendant  que,  sans  résultat,  je  cherchais  les  caractères  diffé- 
rentiels pouvant  exister  entre  les  deux  types,  Franchet  venu 
voir  ce  que  je  faisais,  me  dit  avec  sa  bonne  brusquerie  : 
Vous  perdez  bien  votre  temps,  c'est  la  même  plante  qui,  à 
côté  de  son  type  sauvage,  a  une  variété  horticole. 

C'est  en  effet  la  vraie  conclusion  à  tirer  de  cette  étude. 

Il  y  en  a  toutefois  une  secondaire  qui  n'est  pas  négligeable. 
C'est  que,  par  la  culture  ordinaire,  on  n'arrive  pas  facilement 
à  créer  le  Se.  atropurpurea  et  que,  si  celui-ci  retourne  au  type, 
ce  n'est  que  très  péniblement  et  qu'au  bout  de  plusieurs 
années.  Il  reste  longtemps  plus  raide  dans  toutes  ses  propor- 
tions que  le  Se.  maritima. 

Comment  classer  maintenant  nos  deux  Scabieuses  ven- 
déennes ? 

Pour  celle  de  la  Tresson  il  n'y  a  pas  d'hésitation,  c'est  le 
Se.  maritima,  type  venu  là  par  une  cause  fortuite  depuis 
peu  d'années  et  s'acclimatant  de  plus  en  plus  dans  l'île. 

Pour  celui  de  Kerchalon,  c'est  bien  la  var.  atropurpurea 
en  voie   de  retour   au  type,   surtout   près  de  la  mer. 


Données  siratigraphiques  iournies  par  h  Dunes 


sur  les  Côtes  de  Vendée 


Leur  importance  en  Préhistoire  et  en  Géographie  historique. 


i)'-  .Marcel  BAUDOUIN  (Vendée). 


I.    —   Introduction. 

Sur  les  côtes  de  Vendée,  il  existe,  à  rheure  actuelle,  deux 
sortes  de  Dunes  : 

lo  Les  Dunes  situées  sur  le  bord  même  de  la  mer,  à 
l'époque  où  nous  sommes,  ou  Dunes  littorales  ; 

2°  Les  Dunes  situées  non  loin  de  l'Océan,  mais  séparées 
de  la  mer,  à  l'heure  présente,  par  des  Marais  mouillés,  ou 
Dunes  intérieures. 

De  l'examen  des  trouvailles,  faites  au-dessous  et  fi  Vintérieur 
de  ces  formations  géologiques,  il  semble  résulter  que  ces  deux 
espèces  de  Dunes  sont  presqu' aussi  récentes  l'une  que 
l'autre  ;  mais  que  l'une  d'elles  —  les  Dunes  de  l'intérieur 
ou  de  la  deuxième  catégorie  —  ne  se  sont  plus  accrues  depuis 
qu'elles  ont  été  isolées  des  influences  océaniques,  par  suite  du 
retrait  des  eaux,  là  où  des  Marais  se  sont  formés,  c'est-à-dire 
depuis  leur  éloignement  assez  considérable  du  rivage  [environ 
1.200  à  1.500  ans,  au  maximum].  —  Ce  qui  était  à  prévoir, 
du  reste. 

Nantes.  —  Bull.  Suc.  se.  nat,  Oiiest„  3*  séi'.,  t.  II,  30  Juin  1912. 


56  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.  —  3^   SÉR.,    T.    H 

En  tout  cas,  il  est  facile  de  démontrer  que  celles  de  la  pre- 
mière catégorie  sont  toutes  post-romaines. 

Il  faut  donc  en  conclure  que  les  Marais  eux-mêmes  sont 
PLUS  RÉCENTS  cucorc  et  qu'on  doit  trouver,  çà  et  là,  des 
dépôts  d'âges  différents,  permettant  de  se  rendre  compte  du 
Développement  de  ces  terrains,  si  caractéristiques  des  côtes 
vendéennes. 

L'apparition  successive  de  ces  dunes  littorales  et  continen- 
tales est  évidemment  en  rapport  avec  des  changements  no- 
tables survenus,  à  la  fin  de  l'Epoque  néolithique  et  de  l'Epoque 
romaine,  au  niveau  des  Rivages  vendéens. 

Certes,  d'anciennes  dunes,  pré-romaines,  ont  existé,  sinon 
partout  [ce  que  nous  ignorons],  du  moins  en  certains  points, 
puisqu'on  en  connaît  ;  mais  la  plupart  ont  disparu  sous  l'ac- 
tion des  Eaux  envahissantes  par  suite  d'un  dernier  affaissement 
notable  de  la  Plaine  maritime,  comme  je  l'ai  signalé  depuis 
longtemps,  et  ainsi  qu'y  ont  insisté  récemment  MM.  Rutot, 
Atgier,  etc.,  pour  la  Bretagne  et  la  Charente-Inférieure. 

Cette  récente  modification  des  rivages  s'est  produite  pro- 
bablement à  la  fin  du  III^  siècle  après  J.-C,  d'une  façon  d'ail- 
leurs encore  assez  mal  connue  :  époque  où  ont  commencé  aussi 
à  se  former  les  Tourbières,  qui  sont  devenues  les  Marais  ven- 
déens du  Sud  et  du  Nord.  En  certaines  régions,  elle  a  pu  être 
plus  récente^^^ 

Il  est  inutile,  croyons-nous,  de  décrire  ici  ces  Dunes,  et  en 
particulier  celles  du  nord  de  la  Vendée,  de  l'embouchure  du 
Lay  à  la  Baie  de  Bourgneuf  —  car  nous  avons  pour  but  prin- 
cipalement leur  examen  archéologique,  parce  qu'elles  sont  très 
bien  figurées  (sauf  quelques  inexactitudes  de  détails,  en  l'es- 
pèce peu  intéressantes)  sur  les  Cartes  géologiques  publiées  par 
le  Service  des  Mines  (Feuilles  des  Sables-d'Olonne  et  de  Pal- 
luau).  Aussi  renvoyons-nous  à  ces  documents  les  lecteurs  qui 
désireront  apprécier  notre  argumentation  et  contrôler  les  faits 
avancés. 

(1)   On  a  découvert  récemment,  en  Loire- Inférieure,  des  tourbes  méro- 
vingiennes submergées  (Piriac,  1912). 


M.    BAUOOUIN.    —    DONNKKS   STHATIGUAPHIQUES  57 

§   I.    —    Considérations  générales. 

M.  de  Lappareiit,  dans  son  Traité  de  Géologie^^\  n'a  pas 
manqué  de  consacrer,  au  demeurant,  un  chapitre  à  la  «  valeitr 
CHRONOMÉTRiQUE  DES  DUNES  ".  II  u'attribuc  pas  à  ce  ((  chro- 
nomètre »  d'un  genre  spécial  une  valeur  absolue,  parce  que, 
dit-il,  ((  les  dunes  de  nos  côtes,  entr'autres,  ont  une  mobilité, 
qui  paraît  être  de  date  relativement  récente  ».  Mais  c'est  pré- 
cisément cette  mobilité,  toute  moderne,  qui  est  intéressante, 
au  point  de  vue  où  nous  nous  plaçons  ! 

Par  ce  fait  que  nous  trouvons  aujourd'hui  des  dunes  là  où 
il  n'y  en  avait  pas  jadis,  par  suite  de  cette  mobilité  même 
nous  sommes  fixé,  au  moins  d'une  façon  relative,  sur  la  date 
de  formation  ou  de  dépôt  des  objets  qu'elles  recouvrent  de  nos 
jours  !  Or,  n'est-ce  point  là  le  type  des  données  scientifiques 
que  peut  fournir  la  Stratigraphie  ?  On  ne  peut  pas  désirer 
mieux  !  Si  le  sable  vole,  comme  les  paroles,  les  Substriictions 
—  comme  les  écrits  —  et  les  stations  archéologiques,  formées 
de  matériaux  lourds,  restent  et  ne  déménagent  pas. 

«  Les  idiomes  des  Bataves,  des  Angles  et  des  Frisons,  a  dit 
M.  de  Lapparent,  ne  contiennent  aucun  mot  spécial  désignant 
un  monticule  de  sable  mouvant  !  Ni  Strabon,  ni  Pline  ne  men- 
tionnent l'existence  des  Dunes  :  et  un  passage  d'Ausone,  cité 
par  M.  Delfortrie,  semble  indiquer  que  la  mobilité  des  sables 
était  inconnue  en  Gascogne,  à  l'époque  gallo-romaine  !  n 

Ausone,  en  effet,  s'exprime  ainsi,  dans  une  épître  adressée 
à  Théon,  habitant  du  Médoc. 

Quid  geris,  extremis  posiliis  telliiris  in  oris, 
Cullor  arenariim  vates  ?    Ciii  Litus  arandum 
Oceani  finem  jiixta,  solemqiie  cadentem... 

Mais  il  s'agit  ici  des  sables  de  la  plage,  et  non  pas  de  vastes 
dunes,  analogues  à  celles  que  ce  pays  présente  de  nos  jours  ! 

On  peut  s'étonner,  à  bon  droit,  comme  l'a  fait  remarquer 

(1)  De  Lapparent  (A.).  — •  Traité  de  Géologie.  —  Paris,  F.  Savv,  1883, 
in-8°,  p.  147-148. 


58  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.     —   3^   SÉR.,    T.    II 

M.  Ernest  Desjardins/^^  de  ne  pas  trouver  la  moindre  men- 
tion chez  les  anciens  d'un  phénomène  aussi  général  que  la 
formation  des  Dunes  !  Par  suite,  il  ne  serait  pas  sûr  que 
ce  phénomène  ait  existé  de  tout  temps  ;  et  il  semble  probable 
qu'il  ne  s'agit  là  que  d'un  fait  relativement  très  moderne. 
Mais  est-ce  bien  certain  ?  Ne  s'agirait-il  pas  simplement  d'un 
défaut  dans  l'observation,  d'un  oubli? 

Les  Dunes,  à  elles  seules,  comme  y  a  insisté  aussi  M.  E.  Des- 
jardins, après  M.  de  Lapparent,  ne  seraient  donc  pas,  comme 
le  pense  M.  Reclus,  des  Sablières  mesurant  le  temps  ! 

Mais,  cependant,  en  combinant  leur  étude  et  l'histoire  de 
leur  développement  avec  celle  des  Monuments  préhistoriques 
ou  historiques,  on  peut  tirer  de  ces  rapprochements  des  ren- 
seignements chronologiques  de  la  plus  grande  valeur,  comme 
nous  allons  le  prouver. 

Passons  à  un  autre  ordre  d'idées.  —  M.  de  Lapparent  a  écrit 
que,  d'après  les  témoignages  historiques,  «toutes  les  dunes  de 
l'Europe  étaient  autrefois  couvertes  de  Forêts  ».  Je  crois  que 
cette  phrase  n'est  pas  tout  à  fait  exacte,  et  qu'il  faudrait  dire  : 
«  Tous  les  points  où  il  y  a  actuellement  des  dunes  étaient  autre- 
fois couverts  de  forêts  ».  Ce  qui  veut  dire  que  ces  Dunes  là,  en 
réalifé,  n' existaient  pas  à  cette  époque.  Les  anciens  géographes 
sont  d'ailleurs  unanimes  à  affirmer  que  les  bois  s'étendaient 
jusqu'à  ce  qui  est  la  mer  actuellement.  Ce  qui  le  prouve,  d'ail- 
leurs, c'est  cet  autre  passage  de  M.  de  Lapparent  lui-même  : 

«  Les  Dunes  des  Landes  recouvrent,  dit-il,  en  de  nombreux 
points  des  troncs  de  chênes,  de  pins  et  d'autres  essences.  La  forêt 
d'Arcachon  contient,  avec  des  pins  gigantesques,  des  chênes 
d'une  circonférence  énorme,  attestant  la  haute  antiquité  de 
ces  bois.  » 

Mais  si,  au-dessous  du  sable,  se  voient  des  chênes,  c'est  que  ces 
chênes  vivaient  là,  avant  la  formation  de  la  dune^'^^  !  Ils  n'ont 
pas  pu,  en  effet,  pousser  au-dessus  d'elle,  une  fois  sa  constitu- 

(1)  Ilist.  (le  1(1  Gaule  romaine. 

(2)  On  sait  qu'actuellement  on  arrête  précisément  le  développement 
et  la  marche  des  Uuncs,  en  les  reboisant  (Procédé  de  Hrémontior,  1787). 


M.    BAUDOUIN.  DONNÉES    STRATIGRAPHIQUKS  59 

tion  ébauchée,  car  on  sait  combien  il  est  difficile  de  faire  pros- 
pérer aujourd'hui  des  chênes  en  plein  sable  quartzeux... 

Il  est  donc  démontré  pour  nous  que /es  r/nnes  nexishiicnl  pus 
jadis  où  elles  sont  aeliiellemenl  sur  les  côtes  de  France,  avanl 
l'invasion  romaine,  c'est-à-dire  avant  l'exploitation  réglée  de 
nos  forets  littorales,  et  surtout  avant  le  phénomène  d'r///a?.s.sr- 
ment  qui  s'est  ])roduit  en  Vendée  du  début  de  la  période  néoli- 
thique à  l'époque  mérovingienne. 

M.  de  Lapparent  lui-même  en  a  donné  d'autres  preuves. 
De  nombreux  faits,  d'ailleurs,  plaident  en  faveur  de  l'hypo- 
thèse de  l'existence  de  jorêls  anciennes,  s'avançant  jusqu'à  la 
mer  et  dans  la  mer,  sur  les  côtes  océaniques  avant  la  fo  ma- 
tion  des  Dunes  actuelles  : 

1"  Sous  un  grand  nombre  de  dunes  de  Gascogne,  on  dé- 
couvre des  troncs  de  chênes,  de  pins  et  d'autres  essences, 
engloutis  dans  le  sable  (E.  Reclus)  ;  2°  les  auteurs  anciens 
parlent  de  forêts  pour  les  côtes  de  la  Mer  du  Nord  (E.  Desjar- 
dins) ;  3°  sous  les  grèves,  au  nord  de  Lesneven,  on  a  men- 
tionné l'existence  de  forêts  sous-marines  (Rev.  scient.,  1885- 
1886);  etc.,  etc.  ;  4°  M.  le  D^  Atgier  a  démontré  l'existence  de 
forêts  anciennes  entre  les  îles  de  Ré  et  d'Aix  et  le  continent, 
en  Charente-Inférieure,  etc.,  etc.  *^^ 

Chez  nous,  on  connaît  les  dépôts  de  tourbe  des  côtes  de  Ven- 
dée (Les  Granges,  près  La  Gachère  ;  La  Parée,  Bretignolles), 
où  il  y  a  des  arbres,  encore  debout,  dans  l'Océan  ! 

Pourquoi,  jadis,  sur  les  côtes  de  Vendée,  comme  ailleurs, 
n'y  avait-il  là  pas  de  dunes  ?  Il  est  des  plus  probable  que  cela 
tient  à  deux  causes  : 

1°  Les  anciens  rivages  n'avaient  rien  de  commun  avec  ceux 
d'aujourd'hui  ;  ils  s'avançaient  beaucoup  plus  au  large  ;  et,  là 
où  étaient  les  dunes  antiques,  le  sol  a  aujourd'hui  disparu  ! 

2o  Les  forêts  puisscmtes  du  Bocage  vendéen  (le  Marais 
n'existait  pas  à  cette  époque)  s'avançaient  alors  jusqu'à 
l'Océan  ;  comme  nous  le  voyons  encore  de  nos  jours  à  Noir- 
moutier,  par    exemple,  au    bois  de  chênes  verts,  dit  Bois  de 

(1)    Congrès  prchisloriqae  de   Beauvuis,  1909. 


60  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3^    SÉR.,    T.    II 

la  Chaise  ;  et  comme  cela  se  voyait  encore  au  iii^-iv^  siècle 
de  notre  ère,  sur  l'ancien  rivage  du  Havre  de  la  Gachère,  où 
existait  une  forêt  importante,  le  Neinus  Vertao,  près  Verta- 
viim,  c'est-à-dire  entre  Vairé  et  le  Pont-Vertou  (H.  Boutin). 

Ces  forêts,  vierges  alors,  formaient  encore,  à  l'époque 
romaine  (i^r-v*^  siècle),  «  un  cordon  de  végétation  séculaire 
entre  les  parties  cultivées  et  les  (lots  »  (E.  Desjardins)  ;  et  ces  rem- 
parts naturels  suffirent  longtemps  à  empêcher  les  sables  de 
nos  plages  de  former  des  dunes,  là  où  il  y  en  a  actuellement. 

Ce  n'est  qu'au  début  du  moyen  âge,  surtout  après  les  grands 
mouvements  de  terrains  qui  se  produisirent  sur  les  côtes  de 
Vendée  du  iv*?  siècle  jusqu'au  x''  siècle  ;  qu'après  que  l'on  eût 
détruit  ces  bois  défenseurs  pour  agrandir  le  domaine  de  la 
culture  [ce  qui  fut  surtout  l'œuvre  des  abbayes  et  des  moines], 
que  les  sables  envahirent  le  rivage,  d'ailleurs  devenu  plus/j/«/, 
parce  qu'en  partie  effondré  sous  les  eaux,  et  moins  escarpé! 

Comme  on  le  voit,  nous  faisons  jouer,  dans  la  formation  des 
dunes  modernes,  un  rôle  non  seulement  à  la  disparition  de  nos 
forêts,  suivant  ainsi  l'exemple  du  P^  E.  Desjardins,  mais  aussi 
et  surtout  aux  mouvements,  indiscutables  pour  nous,  du  sol 
de  la  région,  caractérisés  par  un  affaissement  progressif,  ayant 
commencé  à  se  produire  bien  avant  la  période  romaine,  dès 
le  Néolithique,  et  ayant  duré  jusqu'au  début  du  moyen  âge, 
—  peut-être  même  beaucoup  plus  tard  en  certains  points  de 
la  Vendée  maritime  —,  et  se  produisant  encore  de  nos  jours, 
au  large  de  nos  côtes,  dans  les  îles  d'Yeu  et  de  Noirmoutier 
par  exemple  (Viaud-Grand-Marais). 


I.    —   Dunes  récentes  [post-romaines]. 

Il  est,  je  crois,  utile  de  résumer  brièvement  les  faits,  déjà 
observés?"  qui  nous  ont  amené  à  avoir  cette  conception  des 
dunes  littorales.  C'est  la  meilleure  manière  de  faire  com- 
prendre en  outre  qu'il  y  a  là  un  véritable  Chronomètre  pro- 
ToiiisTORiQiTE  et  historique,  sur  lequel  nous  avons  d'ail- 
leurs déjà  attiré  l'attention. 


M.    BAUDOUIN.    —    UONNÉKS    STRATIGR AFUIQUES  01 

Pour  être  bien  plus  modernes  et  moins  difficiles  à  débrouil- 
ler que  les  Dépôts  alluvionnaires  des  jleuves  el  des  océans,  ces 
formations  éoliennes  n'en  sont  pas  moins  précieuses  et  com- 
portent une  précision  réelle,  à  laquelle  on  n'a  pas  encore  assez 
crû  jusqu'à  aujourd'hui,  faute  d'observations  précises,  locales, 
suffisantes,  et  irréprochal)lement  prises. 

Voyons  donc  ce  que  l'on  rencontre,  en  Vendée,  sous  ces  dunes 
et  au  milieu  d'elles  ;  voire  même  sur  elles  !  Ces  vestiges  des 
temps  passés,  indiquant  le  passage  de  l'homme  à  leur  niveau, 
nous  montrent,  grâce  à  une  étude  complète  de  V Industrie 
retrouvée,  comment  la  Dune  s'est  formée,  et  quel  espace  de 
temps  il  lui  a  fallu  pour  qu'elle  puisse  passer  par  les  diverses 
étapes  et  atteindre  la  puissance  présente,  qui  est  à  peu  prés 
celle  de  1860  environ,  époque  où  l'on  commença  les  premières 
plantations  de  pins,  qui  ont  réussi  à  les  fixer  à  peu  près  défini- 
tivement. 

Nous  savons,  certes,  qu'en  Vendée  au  moins,  et  dans  cer- 
taines régions  (le  Marais),  le  sol  parait  s'exhausser,  et  la  mer 
se  retirer.  —  Cela  peut  être  dû  à  trois  causes  : 

1°  Un  exhaussement  réel  de  la  région,  sous  des  influences 
géologiques  mal  connues  ; 

2°  Un  apport  de  matériaux,  provenant  soit  de  la  mer  elle- 
même  (alluvions  marines  :  vases  et  sables)  ;  soit  des  rivières 
de  la  côte  (dénudation  des  hauts  plateaux)  ; 

30  Mais  il  n'y  aurait  rien  d'étonnant  à  ce  que  les  dunes  for- 
mées depuis  près  de  1500  ans  sur  nos  côtes  aient  joué  un  cer- 
tain rôle  dans  ce  recul  des  eaux  de  l'Océan,  comme  l'a  laissé 
pressentir  E.  Desjardins,  qui  dit  :  «  La  formation  des  dunes, 
datant  du  moyen  âge,  a  bien  pu  faire  reculer  la  mer.  »  Cela 
est  indiscutable,  à  ce  qu'il  nous  semble,  surtout  pour  nos 
Dunes  intérieures  et  celles  du  Marais  de  Mont,  qui  sont  en 
partie  post-romaines  (comme  nous  l'avons  prouvé  depuis  long- 
temps), quoiqu'elles  aient  débuté  longtemps  auparavant. 

En  somme,  si  l'on  ne  considère  que  le  Nord  du  département 
de  la  Vendée,  on  est  amené  à  conclure  ce  qui  suit  : 

1°  U  n'y  a  guère  de  Dunes  littorales  actueWes,  antérieures  à 


62  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3«    SÉR.,    T.    II 

l'Epoque  Romaine,  qu'à  Vile  d'Yen  [cale  occidentale].—  Cela 
tient  à  ce  que  la  falaise  occidentale  de  cette  île  n'a  presque 
pas  varié  depuis  V Epoque  néolithique  ;  ce  qui  est  dû  :  a)  à  la 
falaise  à  pic,  elle  même  assez  haute  ;  b)  à  l'absence  de  plages 
basses  importantes  voisines  ;  c)  aux  grands  fonds  marins  du 
voisinage  (la  courbe  de  fonds  de  20  mètres  étant  toute  proche 
du  rivage). 

2o  Toutes  les  Dunes  actuelles  du  littoral,  du  Lay  à  la  Raie 
de  Rourgneuf,  sont  au  contraire  post-romaines,  de  même  que 
celles  de  la  côte  orientale  de  rite  d'Yen,  et  celles  de  Noirmou- 
tier  ; 

3°  Il  faut  en  conclure,  forcément  :  a)  que  l'Ile  d'Yen  est 
séparée  du  continent  depuis  V époque  gallo-romaine  seulement, 
ainsi  que  Noirmoutier  [comme  je  l'ai  démontré  depuis  long- 
temps par  la  Préhistoire]  ;  b)  que  les  rivages,  où  il  y  a  des 
plages  basses,  ont  notablement  reculé  depuis  l'époque  néoli- 
thique [ce  qui  explique  les  Forêts  et  les  Tourbes  sous-marines, 
citées  plus  haut]. 

Il  importera  d'appuyer  plus  loin  ces  conclusions  par  quel- 
ques exemples,  pour  entraîner  la  conviction  ;  mais  nous  ne 
rapporterons  que  les  plus  typiques  parmi  tous  les  faits  que 
nous  avons  observés  et  notés. 


II.    —   Dunes  anciennes  [pré-romaines]. 

1°  Dunes  néolithiques.  —  Nous  avons  des  preuves  strati- 
graphiques  que  certaines  Dunes  de  Vendée  remontent  à 
ï Epoque  néolithique  !  Il  ne  paraît  pas  d'ailleurs  y  en  avoir  de 
plus  anciennes  [Paléolithiques],  pour  des  raisons  que  nous 
avons  souvent  exposées,  en  particulier  au  Congrès  préhisto- 
rique de  Vannes  (1906).  —  Ces  sortes  de  Dunes  de  la  Pierre  polie 
sont,  il  est  vrai,  très  rares  à  l'heure  présente,  au  moins  en  Ven- 
dée. Ce  qui  permet  cette  étude,  c'est  l'existence  des  Monu- 
ments mégalithiques,  qui,  aujourd'hui,  sont  bien  datés,  sur  les 
rivages  de  la  France. 

D'après   la   carte   des   rivages   atlantiques   publiée   par  A. 


M.    BAUDOUIN.  —    DONNÉES    STI^ ATIGRAPHIQUES  63 

lUitol'^'  pour  l'Epoque  quaternaire,  il  faudrait  admettre 
(inai'aiil  la  période  de  la  Pierre  polie,  la  Vendée  s'avançait 
dans  r  Océan  d'une  façon  assez  notable  !  D'après  nos  calculs  '^\ 
si  cette  carte  est  exaclo,  il  faudrait  reporter  la  côte  Vendéenne 
à  environ  cent  kilomètres  au  large  :  distance  ^^'  considérable  ! 

Cela  correspond  à  peu  près,  sur  les  cartes  marines,  aux 
fonds  qui  ont  une  profondeur  de  cinquante  mètres  actuelle- 
ment, puisque  nous  sommes  là  au  niveau  du  5^  degré  de 
longitude  Ouest.  Mais  nous  ne  sommes  qu'un  peu  au  large  de 
Rochebonne  ! 

L'empiétement  des  Dunes,  dans  les  pays  où  se  voient  de  ces 
Monuments,  est  extrêmement  intéressant  à  observer.  On  peut 
en  tirer  des  conclusions  inattendues. 

Si  le  Mégalithe  est  établi  sur  la  dune  même,  elle  prouve, 
surtout  quand  celle-ci  à  une  certaine  puissance,  qu'elle  est 
plus  ancienne,  c'est-à-dire  au  moins  néolithique,  puisqu'elle 
est  antérieure  au  Monument,  qui  ne  peut  remonter  qu'à  la 
dernière  phase  de  la  Pierre  polie  ! 

Connait-on  des  Mégalithes  dans  ce  cas  ? 

a)  Si  l'on  envisage,  d'abord,  des  dunes  puissantes,  épiih^e?, 
de  quelques  mètres,  on  peut  dire  qu'au  moins  dans  notre 
pays  on  ne  connaît  pas  de  constructions  de  cette  sorte  ! 

En  effet,  ça  aurait  été  —  il  n'y  a  pas  d'autres  termes  à 
employer  !  —  manifestement  «  construire  sur  le  sable  »,  c'est- 
à-dire  faire  œuvre  vaine.  —  On  peut  même  dire.qu'il  aurait  été 
très  difficile  d'édifier  des  Dolmens  ou  d'ériger  des  Menhirs 
dans  de  telles  conditions.  Rien  n'aurait  tenu  !  Les  pilieis 
dressés  n'auraient  pas  pu  suppoite;  les  lourdes  tables  de  re- 
couvrement... 

(1)  A.  RuTOT  (de  Bruxelles).  —  Les  deux  grandes  Provinces  quarter- 
naires  de  la  France.  —  Bull,  de  la  Soc.  Préh.  de  France,  1908,  t.  V, 
n"  mal,  n°  5,  p.  191. 

(2)  On  peut  les  faire  de  différentes  façons.  Véchelle  exacte  n'étant  pas 
donnée. 

(3)  La  distance  moyenne  est  égale  sur  la  carte  à  celle  qui  va  de  la 
frontière  espagnole  au  Bassin  d'Arcachon.  Elle  correspond  par  suite  à 
presque  2  degrés  de  longitude  ou  12(i  kilomètres.  C'est  celle  que  nous 
adoptons  ici.  Elle  est  aussi  égale  à  celle  qui  sépare  la  pointe  du  Finis- 
tère de  la  pointe  du  Pays  de  Galles,  qui  est  presque  de  2  degrés  égale- 
ment. 


64 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3*    SÉR.,    T.    II 


Certainement,  jamais  les  Néolithiques  n'ont  construit 
dans  de  pareilles  conditions  et  sur  un  tel  terrain  !  —  Le. 
sable  mouvant,  même  couvert  de  forêts,  ne  peut  pas  être 
une  région  à  Mégalithes  importants... 

b)  Mais  si  l'on  envisage,  non  plus,  les  dunes  vraies,  mais 
simplement  les  minces  couches  de  sable  de  dunes,  ou  dépôts 
de  sable?  maritimes,  qui  se  voient  souvent  sur  les  falaises  peu 
élevées,  voisines  d'anses  sans  roches,  plates,  très  sablon- 
neuses, il  est  parfaitement  possible  d'y  rencontrer  des  Méga- 
lithes. 

En  Vendée  nous  avons,  en  particulier,  constaté  le  fait 
par  des  fouilles  à  l'Ile-d'Yeu. 


FiG,  1.  —  Le  Monument  en  forme  de  Cromlech,  à  Barbe  (Ile  d'Yeu,  V.). 

Légende  :  I,  Plan  du  monument  à  menhir  central,  M.  —  Echelle  :  1/200. 
—  II,  Coupe  du  terrain  au  niveau  du  menhir  M.  —  Echelle  :  2/100.  — 
p,  pierrailles.  —  G,  galet  de  mer.  —  p,  pierre  plaie  sous  le  menhir.  — 
III,  Coupe  du  Menhir  M. 

Nous  avons  pu  démontrer ^^^  en  effet  que  le  Petit  Crom- 
lech de  Barbe  avait  bien  été  construit  sur  la  falaise  granitique, 
voisine  de  V Anse  du   Sablia,   mais  au   miheu  d'un  Dépôt  de 


(1)  Marcel  Baudouin.  —  Découverte  d'un  petit  Cromlech  et  d'une  sta- 
tion néolithique  à  Barbe,  en  l'Ile  d'Yeu  (Vendée).  — AFAS,  Congrès  de 
Toulouse,  1910,  Paris.  1911,  in-S».  —  Tiré  à  part,  1911,  in-S".  3  fig.,  8 
pages. 


M.    BAUDOUIN.  —    CONNÉES    S IHATIGRAPHIQUES  65 

Sable  marin  (et  non  pas  de  terre  végétale),  de  plus  de  0,25  cm. 
d'épaisseur  ^^^  (F/g-.  1). 

Donc  ce  sable  est  au  moins  néolithique  [sans  cela  les  pierres 
di  essées  ne  seraient  pas  restées  debout]  ;  donc  F  Anse  du  Sa- 
blia  est  au  moins  néolithique  ;  donc  la  Côte  occidentale  de 
rile-d'Yeu  n'a  guère  changé  de  forme  depuis  la  Pierre  polie  : 
ce  que  j'ai  pu  démontrer  d'ailleuis,  par  bien  d'autres  consta- 
tations préhistoriques  ! 

Cet  exemple  est  typique,  en  effet  ;  et  la  Station  néolithique 
de  Barbe,  à  l'Ile  d'Yen,  que  j'ai  découverte,  est  une  preuve 
aussi  indiscutable,  puisqu'elle  gît  sur  le  sable  ! 

Là,  il  y  a  un  petit  Menhir,  qui  est  dressé  sur  le  rocher  (gra- 
nité), et  qui  ne  tient  debout  que  parce  qu'il  est  entouré  d'une 
couche  de  sable  fin  (venant  de  la  plage,  voisine,  de  Y  Anse  du 
Sablier),  épaisse  de  25  à  30  centimètres.  Or,  pour  que  ce  men- 
hir ait  pu  être  dressé,  il  a  fallu  que  la  Dune  existât  déjà  à  cette 
époque  en  ce  point  (Fi g.  1). 

Mais  on  remarquera  que  nous  sommes  ici  à  plus  de  16  kilo- 
mètres du  Rivage  vendéen  dont  nous  parlons,  et  sur  une  haute 
falaise,  du  côté  de  1'  Occident  ^^K  C'est  d'ailleurs  le  seul  point 
du  département  où  des  Dunes  anténéolithiques  puissent  s'ex- 
pliquer, étant  donné  ce  que  l'on  sait  aujourd'hui  des  Dunes 
continentales. 

Nous  n'insisterons  donc  pas  sur  ces  Dunes  spéciales  ;  mais 
on  voit  de  suite  comment  la  Préhistoire  peut,  en  ces  matières, 
servir  la  Géologie  ! 

2°  Dunes  de  l'Age  du  Fer.  —  1°  Par  exception,  nous 
connaissons  une  Sépulture  —  c'est  d'ailleurs  le  seul  fait 
connu  !  —  de  l'époque  gallo-romaine,  nettement  datée  par 
un  vase  du  iii^  siècle  après  J.-C,  qui  a  été  trouvé  sur  une 
Dune  (et  non  au-dessous  d'elle,  comme  c'est  la  règle). 

Mais  cette  Dune  est  une  Dune  intérieure,  et  non  une 


(1)  Les  dunes  de  la  côte  orientale  ne  peuvent  être  que  post-romaines, 
si  l'isolement  de  l'Ile  d'Yeu  est  bien  post-romain,  comme  nous  le  croyons. 

Mais  jusqu'à  présent,  aucune  trouvaille,  caractéristique  et  assez  pro- 
bante pour  être  citée  ici,  n'a  été  faite. 


66 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3«   SÉR.,    T.    II 


Dune  du  littoral  actuel,  qui  correspond  au  lieu  dit  Les 
Chaumes,  dans  l'ancienne  île  du  golfe  de  Mont,  appelée  Ile 
de  Riez  (Fig.  2). 

Cette  trouvaille,   absolument  typique,   démontre  que  cer- 


/6ïV*i 


V 


e 


__:Ï^^^V^^ 


Fig.  2.  —  Situation  de  la  Station  Gallo-romaine  des  Chaumes 
[Saint-Hilaire-de-Riez].  — La  seule  connue  sur  les  Dunes  Intérieures 
du  Marais  de  Mont  [ancienne  Ile  de  Sion-Riez].  —  A,  Menhir, 
sous  la  Dune.  —  V,  Sépulture,  sur  la  Dune. 

taines  de  ces  Dunes  intérieures  au  moins,  peuvent  être  anté- 
lieures  à  la  période  gallo-romaine. 

Mais,  dans  ces  conditions,  le  sable  qui  les  a  formées  est  venu 
alors  de  l'ancien  rivage  intéiieur  du  Golfe  de  Mont,  et  non  de 
l'Océan  lui-même,  comme  pour  les  dunes  littorales. 

Pans  cette  sépulture,  où  il  s'agissait  de  quinze  cadavres  au 


M.    BAUDOUIN.   —    DONNÉES    STRATIGRyVPHIQUES  67 

moins,  inhumés  dans  la  dune  môme,  tous  les  os  longs  étaient, 
au  niveau  de  la  diaphysc,  remplis  par  le  sable  marilime,  au 
milieu  duquel  serpentaient  de  fines  radicelles  de  Pin  maritime 
\Pinus  maritimus,  Lam.],  les  ayant  enfilé,  en  pénétrant  par 
les  épiphyses  spongieuses,   comme  cela  se  produit  toujours. 

De  même  tous  les  crânes  étaient  pleins  de  ce  sable  et 
des  mêmes  racines  ! 

Il  est  donc  absolument  certain  que  les  cadavres  ont  été  dépo- 
sés à  50  centimètres  au  moins  au-dessous  du  sol  actuel  du  ter- 
rain [peut-être,  depuis  le  iii^  siècle,  du  sable  a-t-il  d'ailleurs 
disparu  en  ce  point?.]  —  Par  conséquent,  il  est  certain  que 
cette  Dune  des  Chaumes  existait  à  cette  époque.  C'est  donc 
bien  une  Dune  préromaine. 

Or,  comme  il  faut  que  la  Mer  ait  été  voisine  à  l'Est  (puisque 
la  côte  est  très  loin  à  l'Ouest:  3  kilomètres  environ),  c'est-à- 
dire  du  côté  du  Marais,  il  faut  bien  en  conclure  que  ce  Marais 
était  Golfe  maritime,  avant  le  iii^  siècle  ! 

Comme,  d'autre  part,  au  même  point,  il  y  a  un  Menliir 
tombé,  enfoui  sous  les  mêmes  Sables  [Menhir  des  Chaumes 
ou  du  Trou  d'Argent],  cette  Dune  est  post-néolithique,  et,  par 
conséquent,  remonte  au  plus  à  VAge  du  Bronze  ou  du  Fer. 

2°  Mais  une  autre  constatation,  faite  dans  l'îlot  voisin  du 
Loisson^-'\  montre  que  la  formation  du  Golfe  maritime  cité 
(Golfe  de  Challans  ou  de  Mont),  doit  être  postérieure  au  moins 
à  la  période  moyenne  du  Bronze,  puisqu'on  a  trouvé  dans  cet 
îlot  une  hache  de  bronze  (à  talon  et  à  aileron),  qui  est  dans  ma 
collection. 

3°  La  trouvaille  d'une  hache  de  bronze  à  Saint-Urbain  plaide 
dans  le  même  sens. 

4°  A  Notre-Dame  de  Riez,  on  a  trouvé  une  hache  plate  de 
Cuivre,  dans  la  terre  de  l'Ile^^^  Cette  découverte  vient  évi- 
demment corroborer  ce  qui  précède. 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Le  Préhistorique  à  V Ilot  du  Loisson  de  Saint- 
Hilaire  de  Riez  (V.)  dans  le  Marais  septentrional  de  lu  Vendée.  —  /«■■  Con- 
grès préh.  France,  Pcrigueux,  1905.  Par.,  lOOf),  I.  421-432,  3  fiy.  —  Tiré 
à  part,  1906,  in-8»,  3  fig.,  10  p. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Les  Haclies  plates  en  Vendée.  —  Mérn.  de 
la  Soc.  Préh.  Franc.,  1911,  Paris,  t.  I,  p.  1. 


68  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3^    SÉR.,    T.    II 

En  conséquence,  en  admettant  pour  la  formation  de  cette 
Dune  VAge  du  Fer,  nous  sommes  certainement  dans  la 
vérité.  Et  il  est  probable  que  d'autres  trouvailles  pourront, 
dans  l'avenir,  permettre  de  préciser  bien  davantage  encore 
l'époque  où,  en  réalité,  elle  a  commencé  à  se  former. 

Remarques.  —  Il  y  a  une  preuve  indiscutable  de  l'existence 
de  la  Baie  de  Challans  ou  du  Golf'e  de  Mont  à  l'époque 
romaine  : 

1°  Absence  totale  de  Débris  gallo-romains  à  la  surface  des 
petits  îlots  actuels  du  Marais  de  Mont,  et,  bien  entendu,  à  for- 
tiori, à  la  surface  du  sol,  sous  le  Marais.  —  Donc,  il  était  alors 
sous  Veau. 

2°  Présence  de  nombreux  Vestiges  gallo-romains,  tout  le 
long  du  Golfe,  au  niveau  de  V ancien  Rivage.  —  Voici  les  prin- 
cipaux : 

a)  Rivage  Sud  et  Ouest.  —  Ile  de  Riez  (Riacum)  : 
P  Trouvaille  d'une  amphore  (Joussemet,  1755)  ; 

2»  Fortifications  très  anciennes  dans  le  Bourg   sur  le  sable  ; 
30  Sépulture  des  Chaumes,  sur  la  Dune. 

b)  Rivage  Est.  —  a)  Soullans  :  Soulandeau  (Tuiles  romaines): 
sur  le  sable,  d'ordinaire. 

b)  Challans  :  La  Bloire  (Aigle  romaine).  —  La  Voie  (Tuiles 
romaines).  —  Pont-Habert  (Ancien  Port.  —  Substructions.  — 
Statue  de  Vénus). 

c)  Saint- Gervais.  —  La  Salle  [Substructions].  —  Tour  de 
la  Huguenotte. 

d)  Beauvoir  et  Commequiers.  —  Douteux. 


§  II.   —   Gisements  sous  les  Dunes. 

I.  —  Situation  des  Monuments  et  Gisements  néolithiques 
ET  des  Stations  photohistoriques. 

A.  —  Néolithiques.  —  a)  Il  faut  faire  remarquer  de  suite 
([w'iiucun    MonuiDcnl    Dtégtdithiijue,    qu'aucune  Station    néoli- 


M.    BAUDOUIN.    —    DONNÉES    STRATI.RAPHIQUES  69 

thiqiie  lï existe  en  Vendée  —  en  dehors  du  fait  ci-dessus  résumé 
(Ile  d'Yeu)  —  dans  la  région  des  Dunes  lillorales,  sur  un  sol 
CONSTITUÉ  exclusivement  par  du  Sable  maritime  actuel  ! 

Ces  vestiges  sont  donc  antérieurs  aux  Dunes,  en  particulier 
à  Belesbat  (Saint-Vincent-sur-Jard),  où  il  y  a  une  station,  de 
plus  de  50  centimètres  d'épaisseur,  avec  des  poteries  néoli- 
thiques entre  la  base  de  la  Dune  actuelle  elle-même  et  une 
couche  deBri,  typique.  Cela  prouve  qu'à  l'époque  où  ces  Méga- 
lithes ont  été  érigés  et  où  ces  stations  néolithiques  se  sont  for- 
mées, ces  points  étaient  assez  éloignés  du  littoral  pour  que  le 
sol  correspondant  n'ait  pas  pu  antérieurement  être  recouvert 
par  les  Dunes,  c'est-à-dire  à  au  moins  1  à  3  kilomètres  ^^\ 
pour  les  rivages  très  bas. 

Ces  données  sont  importantes  à  retenir,  car  elles  permettent 
de  reporter  le  Rivage  néolithique  là  où  il  était  vraiment, 
c'est-à-dire  à  plusieurs  kilomètres  au  large. 

a)  D'ailleurs,  les  Mégalithes,  actuellement  submergés  en 
Vendée,  comme  en  Bretagne  et  en  Charente-Inférieure, 
plaident  dans  le  même  sens  ^^K 

I.    —   Station  néolithique  de  Saint-Vincent-sur-Jard. 

A  propos  des  Dunes  de  la  région  de  Saint-Vincent-sur-Jard 
et  de  la  station  néolithique  de  Belesbat,  le  regretté  C.  Passe- 
rat  ^^^  a  écrit  ce  qui  suit,  qu'il  faut  tout  d'abord  réfuter. 

«  Sur  la  côte  de  Vendée,  à  2  kilomètres  de  Saint-Vincent- 
sur-Jard,  existe,  au  bord  même  de  la  mer,  au  lieu  dit  Belesbat, 
un  kjôkkenmôdding,^^^  épais  cVun  niètre  et  long  de  plusieurs 
centaines  de  mètres,  dont  le  niveau  coïncide  avec  celui  des  plus 

(1)  En  effet,  à  l'heure  actuelle  —  ou  plutôt  en  1860,  avant  les  planta- 
tions de  pins — -les  Dunes  atteignaient  parfois  cette  puissance,  en  largeur, 
à  Olonne  et  à  Saint- Jean-de-Mont. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Les  Mégalithes  submergés  des  côtes  de  Ven- 
dée. —  Homme  préliistoriqiie,  1903. 

(3)  C.  Passerat.  —  Les  Plaines  du  Poitou.  —  Revue  de  Géographie, 
1909,  p.  213-214. 

(4)  Erreur  grave,  qui  prouve  que  l'auteur  n'a  pas  été  sur  les  lieux  ! 
—  Elle  n'avait,  d'ailleurs,  pas  été  faite  par  B.  Fillon,  où  Passerat  a  puisé 
les  éléments  de  cette  note. 


70  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3«    SÉR.,    T.    Il 

hautes  marées.  Il  a  été  étudié  en  détail  par  B.  Fillon  [xArt.  de 
la  Terre,  p.  4-5]. 

«  Par  la  facture  des  silex  taillés  et  des  poteries,  il  appartient, 
vraisemblablement,  à  un  stade  assez  ancien  du  Néolithique  : 
les  vases  recueillis  à  la  base  sont  très  mal  cuits  ;  ils  ont  été 
faits  à  la  main,  avec  une  terre  grossière  et  sableuse,  prise  dans 
les  marais  du  voisinage.  » 

«  Si  cette  origine  est  exacte ^^',  ce  que  nous  n'avons  pas  pu 
vérifier,  ce  serait  une  preuve  directe  et  irrécusable  de  l'an- 
cienneté du  comblement  des  Marais  de  Saint-Vincent  par  le 
bri  marin  ;  à  plus  forte  raison  devrait-on  y  voir  la  preuve  que 
le  niveau  marin  était  déjà  aussi  élevé  que  de  nos  jours  ! 

«  Mais  cette  preuve  nous  est  directement  fournie  par  le  gise- 
ment archéologique  lui-même  :  tandis  que  sa  base  repose  sur 
le  calcaire  corallien  du  rivage,  la  masse  de  son  contenu  est  mêlée 
à  du  sable  marin,  dans  lequel  on  découvre  des  foyers.  La  sta- 
tion n'était  certainement  pas  à  l'abri  des  plus  fortes  marées, 
qui  devaient  y  faire  parfois  des  incursions  !  On  ne  s'explique- 
rait pas  autrement  ce  mélange  d'apports  marins  et  humains, 
qui  prouvent  à  l'évidence  que  les  uns  et  les  autres  sont  con- 
temporains. Il  n'y  a  pas  eu  de  remaniements  postérieurs,  car 
le  gisement  est  recouvert  par  des  Dunes  hautes  de  di.v  mètres, 
couronnées  à  leur  tour  par  des  ruines  gallo-romaines  !  » 

Malheufeusement,  il  y  a  là  autant  d'erreurs  matérielles  que 
de  mots  !  Cela  prouve  qu'on  peut  faire  dire  aux  textes  tout  ce 
qu'on  veut,  car  jamais  B.  Fillon,  qui,  lui,  avait  vu  les  lieux, 
n'aurait  formulé  des  conclusions  pareilles  !  Cela  prouve  que 
C.  Passerat  n'a  pas  étudié  la  station  et  a  écrit  en  partie  son 
volumineux  travail,  probablement  en  chambre... 

a)  D'abord,  il  ne  s'agit  pas  là  d'un  kfôkkenmôdding.  ^^*  On 
n'y  a  pas  trouvé  le  moindre  débris  de  cuisine  :  aucune  coquille 
marine  alimentaire,  telles  que  Patelles,    Littorines,    Huîtres, 

(1)  Affirmation,  en  l'air,  des  anciens  auteurs  !  —  On  n'en  sait  absolu- 
ment rien.  Elle  est  sans  doute  tout  à  fait  erronée. 

(2)  Voir,  à  titre  de  comparaison  :  Marcel  Baudouin.  —  Découverte 
(l'un  Kjôlikenmôdding  à  V lie  cl'  Yeu.  —   Bull,  et  Além.  Soc.  Anth.  Paris, 


M.    BAUUOL'IN.   —    DONNÉES    STRA TIGRAPHIQCKS  71 

Palourdes,  etc.  !  Aiiciiii  ossemenl   d'aiiimdl  nlimeitaire  (Sus, 
Bos,  Capra,  etc.)  ! 

b)  Il  s'agit  (l'une  station  de  sin'jacc,  terrîennk,  du  début 
du  Néolilhiqiic  :  ce  qui  est  précisénienl  le  eoulraire  d'un  kjôk- 
kenmôdding,  et  contredit  absolument  les  conclusions  de 
C.  Passerat  ! 

c)  Il  est  absolument  impossible  de  prouver  que  la  terre  des 
poteries  vieil  des  Marais  uoisiiis  ;  ce  n'est  là  qu'une  vue  de 
l'esprit  \ 

d)  II  n'y  a  pas  du  tout  de  sable  marin,  au  milieu  des  Foyers  ! 
Certes,  il  y  a  du  sable  ;  mais  il  n'est  pas  permis  d'affirmer  qu'il 
est  d'origine  marine,  car  il  ne  diffère  en  rien  du  sable  qu'on 
trouve  dans  l'intérieur  des  terres.  C'est  tout  simplement  le 
résultat  d'un  apport  éolien  ou  autre  ;mais  on  n'y  voit  pas,  en 
effet,  le  moindre  débris  de  coquilles  marines  ! 

e)  Il  y  a  une  couche  de  Bri  au-dessous  de  la  couche  néoli- 
thique. , 

/)  Les  Dunes  n'ont  que  quelques  mètres,  et  non  dix  mètres 
de  hauteur  en  ce  point  ! 

h)  Les  ruines,  dites  romaines  [il  n'est  pas  démontré  encore 
qu'elles  soient  de  cette  époque]  sont  sous  la  dune,  et  non  dessus 
[constatations  de  notre  regretté  ami  G.  Bastard  en  1902-03, 
et  de  M.  Bitton],  comme  l'avait  dit  l'abbé  F.  Baudry  ! 

i)  Tant  qu'aux  ruines  (jui  sont  sur  les  dunes,  elles  sont  du 
haut  Moyen  âge,  comme  je  l'ai  démontré  par  des  fouilles  pra- 
tiquées à  Belesbat  même  [Château  du  moyen  âge  et  murettes 
spéciales]. 

Il  ne  reste  donc  rien  des  conclusions  de  C.  Passerat.  Il  est, 
au  contraire,  certain  qu'à  l'époque  Néolithique  le  rivage  marin 
était  assez  loin  de  ce  gisement  !  Il  devait  d'ailleurs  correspon- 
dre à  l'embouchure  du  grand  fleuve,  appelé  Le  Kanentelos  à 
répoc[ue  romaine. 


72 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3'   SÉR.,    ï.    II 


II. 


MÉGALITHES    SOUS    LES    DuNES. 


Comme  découvertes  personnelles  de  Mégalithes  recouverts 
par  les  sables  des  Dunes,  à  l'heure  présente,  je  puis  citer  : 

10  Le  Menhir  de  la  Conche  Verte,  découvert  sous  la  Dune 
de  la  Forêt  d'Olonne,  trouvé  tombé,  et  actuellement  redressé  ! 
Quoique  situé  dans  une  Conche  des  Dunes,  il  était  recouvert 
d'une  couche  épaisse  de  sable ^^\ 

2°  U Allée    couverte,    désormais  presque  détruite,   de  VHer- 


Fig. 


Le    Menhir  des  Chaumes,  sous  la   Dune,  avant  les  Fouilles. 


baudière,  à  Noirmoutier,  dont  les  éléments  sont  aujourd'hui 
recouverts  en  partie  par  la  Dune  {lors  de  la  fouille  en  1864,  par 
Piet,  le  monument  était  presqu' intact)  ^^^. 


(1)  Marcel  Baudouin  et  G.  Lacouloumère.  —  Le  Menhir  de  la 
Conche  verte,  dans  les  Dunes  de  la  Forêt  d'Olonne  (V.).  —  Ann.  d.  l.  Soc. 
d'Enuil.  de  la  Vendée,  1901-1902,  p.  65-100,  7  fig.  —  Tiré  à  part,  1902, 
in-8°,  40  p.,  8  fig. 

(2)  En  1863,  J.  Piet  (Fouilles  archéologiques  à  Noirmoutier.  —  Ann. 
de  la    Soc.   d'Em.  de   la  Vendée,  1864,   X,  p.  226)    a  signalé  l'existence 


M.    BAUDOUIN.    —    DONNKES    STRATIGRAPHiQUES 


73 


3°  Mégalithe,  disparu  sous  les  sables,  à  La  Barre  de  Moni^'^K 
4o  Le  Menhir  des  Chaumes,  à  Notre-Dame  de  Riez,  décou- 


J"ig.  4.  —  Le  Menhir  des  Chaumes    (Sainl-IIilaire  de  Riez,   (Vendée), 

JADIS  sous  LES    DUNESet  AUJOURD'HUI   DÉGAGÉ.    — Le    Troii 

d' Argent. 


de  Mégalithes  sous  les  sables  des  Dunes,  à  Noirmoutier  ;  mais  il  n'a  pas 
soupçonné  leur  intérêt  spécial  au  point  de  vue  où  nous  nous  plaçons 
dans  ce  travail.  —  Nous  comptons  étudier,  en  1912,  à  ce  propos,  les  ves- 
tiges de  ces  dolmens. 

(1)   Renseignement  publié  jadis  par  l'abbé  Simonneau.   —   11  faut   v 


74  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

vert    tombé,    encore    sous    les    sables    à   l'heure    présente ^^' 
(Fig.  3  el  4). 

Après  avoir  résumé  brièvement  les  faits  principaux  que 
nous  apprend  la  station  de  Belesbat,  nous  croyons  utile  de 
résumer  ici  l'histoire  du  Menhir  de  la  Conçue  Verte,  tout  à 
fait  instructive,  au  point  de  vue  où  nous  nous  plaçons  dans 
ce  mémoire.  Elle  nous  dispensera  de  parler  ici  des  trois 
autres  faits  cités  ci-dessus. 


III.    —   Le  Menhir  de  la   Conche  Verte. 

Ce  Menhir,  appelé  aussi  Menhir  de  la  Conche  de  VHerniitage 
de  Saint-Viuence,  est  situé  dans  la  Forêt  d'Olonne,  entre  les 
Sables  et  le  Havre  de  la  Gachère.  Aujourd'hui  redressé  et 
classé  comme  Monument  historique,  puis  repéré  sur  la  route 
de  la  Forêt  par  nos  soins  à  l'aide  d'un  poteau  indicateur 
du  T.  C,  ce  Menhir  fut  retrouvé  en  1901,  après  bien  des  re- 
cherches, renversé  sous  la  dune^^^   [Fig.    U  5,  6]. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  à  avoir  sur  la  nature  mégalithique  de 
ce  bloc,  car  quatre  ordres  de  faits  montrent  qu'il  ne  peut  s'agir 
que  d'un  menhir  tombé  : 

1°  La  forme  et  les  dimensions  de  la  pierre,  tout  à  fait  carac- 
téristiques ; 

2°  La  présence  de  blocs  de  calage  [constatation  caractéris- 
tique], au  niveau  de  l'une  des  extrémités  ; 

3°  La  trouvaille,  auprès  du  bloc,  d'un  caillou,  cassé,  assez 
volumineux,  en  Amphibolite,  roche  rare,  qui  a  servi  à  faire 
en  particulier  une  Hache  polie  [que  nous  avons  vue  jadis  dans 
la  collection  de  M.  Paul  de  Bois-Chevaher,  aux  Sables,  et  qui 

ajouter   le    Mégalithe   de.    Saint- Jean    de    Mont   détruit   (Baudry,    1864), 
situé  sous  la  dune  également. 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Découverte  d'un  Menliir  tombé  sous  les  Dunes 
et  d'une  station  gallo-romaine  aux  Chaumes  de  Saint-IJUaire  de  Riez  (V.). 
—  Bull,  et  Mém.  Soc.  d' Anthr.,  Paris,  1905,  in-S».  —  Tiré  à  part,  1905, 
in-8o,  5  fig. 

(2)  M.  Baudoitin.  —  Les  Mégalithes  des  Dunes  comme  repères  de  Chro- 
nologie préhistorique.  —  La  Nature,  Paris,  1902,  p.  40-41,  3  fig. 


M.    BAUDOUIN.  —    DONNEES   STRATIiHAPHIQUKS 


75 


provient   de  la   même    région]  :    débris    (jui   est    une    pierre 


APPORTEE    n  ASSEZ  LOIN    ; 


•  ti) 


1°  Le  Menh  ir  n'  est  pas  en  une  roche  de  même  nature  que  celle 
du  sous-sol.  Il  a  donc  été  apporté  là  et  d'assez  loin  aussi, 
comme  nous  le  montrerons  dans  un  instant. 


Fig.   5.   —   Le   Menhir  de  la  Conche  Verte,   Forêt  d'Olonne  (Vendée). 
Photographie  du  Menhir  tombé.  —  Schéma  de  cette  pierre. 


A  notre  avis,  ces  quatre  premières  constatations  suffisent 
pour  affirmer  qu'il  s'agit  bien  là  d'un  Menhir.  Mais  la  forme 
est  si  caractéristique,  de  même  que  les  dimensions,  que, 
même  sans  la  fouille,  on  aurait  pu  se  prononcer  nettement. 


(1)  On  sait  qu'il  y  a  un  gisement  à'  Ampluholite  dans  le  voisinage,  au 
sud  d'Olonne  même  (Carte  géologique:  feuille  des  Sables-d'Olonne),  et 
que  les  pseudo-Alignements  mégalithiques  de  cette  commune  sont  cons- 
titués par  des  blocs  d'amphibolite,  sonores  comme  du  métal. 


76 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST. 


3'   SÉR.,    T. 


Géologie.  —  1°  Sol  sous-jaceni.  —  Quand  nous  eûmes  à 
peu  près  enlevé  tout  le  sable  de  la  dune  qui  recouvrait  le 
Menhir  renversé,  nous  creusâmes  tout  autour  à  une  profon- 
deur suffisante  pour  nous  rendre  bien  compte  de  la  nature  du 
sol,  sur  lequel  il  reposait. 

Une  très  légère  couche  de  terre  noirâtre  et  de  sable  fut 


Fig.  6.  —  Le  Menhir  de  Saint-Vivence.  —  Sommet  ou  Extrémité  Ouest 
du  Menhir  renversé.  —  Vue  par  la  face  Est.  [Photographie  faite  à  l'Est 
dans  la  matinée.]  — •  Blocs  de  Calage. 

[On  voit  que  le  bloc  est  situé  au  fond  d'une  Excavation,  assez  profonde 
creusée  dans  le  sable,  sur  le  bord  de  laquelle  on  distingue  Irois  grosses 
pierres  calcaires,  provexant  du  pied  du  Menhir.  Le  sommet  est  un 
peu  relevé.  On  notera  sa  pointe  aiguë  et  la  terminaison  d'un  filon  spécial, 
qui  parcourt  de  haut  en  bas  ce  bloc  de  Micaschiste.] 


trouvée  au-dessous  de  lui,  si  bien  qu'on  peut  affirmer  qu'il  a 
dû  tomber  à  une  époque  qui  correspond  au  début  de  la  forma- 
tion (les  dunes  ou  à  peu  près,  c'est-à-dire  il  y  a  plus  de  1500 
ans.  Au-dessous,  on  trouva  de  suite  la  roche.  La  terre,  qui  pri- 
mitivement le  maintenait  dressé,  a  disparu  avant  la  formation 


M.  BAUDOUIN.  —  DONNÉES  STRATIGRAPHIQUES       77 

de  la  dune,  soit  par  les  venls,   soit  même  par    les    //o/.s    de 
la  yBaie  d'Olomie. 

a)   Infralias.   —  Mais  nous  étudiâmes  avec  soin  la  façon 


Fig.   7.  —  Base  ou   extrémité  Est   du    Menhir   renversé  [Pliotogra])hie 
faite  à  l'Ouest,. au  cours  de  la  restauration).  —  Vue  de  la  face  Est. 

[Sur  cette  photographie,  il  est  facile  de  voir  que  le  pied  ou  base  est 
situé  au  fond  d'une  excavation  profonde,  creusée  dans  les  sables,  et  q'ue 
ce  trou  a  au  moins  un  mètre,  comme  l'indiquent  les  jambes  de  deux 
personnes  visibles  sur  le  bord  du  côté  de  l'Est.  —  A  noter  la  largeur  de 
cette  base,  qui  n'a  pas  été  taillée.] 

dont  le  pied  était  placé  ;  et  il  ne  nous  fut  pas  difficile  de  voir 
que  la  base  reposait,  par  contre,  directement  sur  le  sol  cal- 
caire de  là  région,   qui  est  de  1' Infralias  ^^\    Le  menhir 

(1)  D'après  la  petite  Carte  géologique  de  la  France  (et  la  feuille  de  la 
Vendée)  au  1/500.000,  de  G.  Vasseur  et  Garez,  dans  la  forêt  d'Olonne, 
on  verrait  affleurer  le  calcaire  de  I'infralias  à  sa  limite  Est,  c'est-à-dire 
sur  la  rive  du  marais  de  la  Gachère  ;  et  cet  affleurement  s'étendrait  pré- 
cisément des  environs  de  Sauveterre  et  de  l'Allerie  (Four  à  chaux  ?)  à 


78  BULL.    SOC,    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

avait  donc  été  mis  en  place  à  un  moment  où  les  dunes  n'exis- 
taient pas  en  ce  point,  c'est-à-dire  à  une  époque  encore  plus 
ancienne  qu'elles. 

D'ailleurs,  au  pied,  nous  avons  trouvé  de  nombreux  mor- 
ceaux de  CALCAIRE  LOCAL,  qui  avaient  dû  servir  à  le  caler, 
lors  de  son  érection,  comme  d'ordinaire. 

Il  est  donc  prouvé  aujourd'hui  que  ce  Menhir  n'a  pas  été 
érigé  sur  la  dune,  mais  sur  le  rocher,  et  par  suite  à  une  époque 
où  les  dunes  n'existaient  pas  encore.  Ce  point  était  très 
important  à  préciser  ;  et  c'est  pour  cela  que  nous  avons  pro- 
cédé aux  FOUILLES  avec  la  plus  grande  attention.  S'il  en  avait 
été  autrement  et  si  nous  avions  trouvé  la  base,  c'est-à-dire  le 
pied  du  menhir,  en  plein  sable,  ce  fait  aurait  été  en  contra- 
diction avec  la  date  de  formation  de  ces  dunes,  qui  est  relati- 
vement récente  et  certainement  postérieure  à  l'époque  méga- 
lithique [autres  découvertes].  Ce  n'était  pas,  d'ailleurs,  à  pré- 
sumer ;  mais  nous  avons  tenu  à  nous  en  assurer  de  visu,  pour 
pouvoir  être  désormais  tout  à  fait  affirmatif. 

b)  Sable  de  la  Dune.  —  Une  autre  preuve  qu'il  y  a  long- 
temps que  ce  menhir  était  renversé  quand  on  a  essayé  de  le 
déterrer,  '  c'est  I'épaisseur   de   sable   qui   le  recouvrait,   et 


la  Grenouillère,  c'est-à-dire  aux  environs  de  la  Conclic  Verte,  soit  sur 
une  longueur  de  3  kilomètres  environ  ;  il  aurait  presque  un  kilomètre 
de  large. 

En  réalité,  il  n'y  a  pas  affleurement  réel.  ]\Iais,  dans  la  forêt,  c'est-à-dire 
au  niveau  de  la  dune,  le  calcaire,  se  trouve  comme  nous  l'avons  signalé, 
à  environ  2  mètres  de  profondeur  sous  les  sables.  Dans  les  parties  mare 
cageuses  et  les  conches,  et  sur  les  bords  du  marais,  il  n'est  parfois  qu'à 
1  mètre  et  1"'")0.  En  tout  cas,  l'Infralias,  représenté  sous  forme  d'ilot, 
par  G.  Vasseur  et  Garez  au  milieu  des  dunes  d'Olonne,  correspond  à 
peu  près  à  la  partie  la  plus  élevée  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  de  l'an- 
cienne Ile  Vertime.  On  remarquera  qu'il  est  figuré  en  ilôt,  et  non  pas' 
en  presqu'île  ;  mais  G.  Vasseur  a  corrigé  cette  inexactitude  dans  la  feuille 
des  Sables-d'Olonne  au  80/000  (Carte  du  Service  des  Mines),  en  prolon- 
geant l'Infralias  jusqu'aux  schistes  micacés  de  la  Bauduère  d'Olonne, 
et  en  le  faisant  descendre  de  l'Allerie  à  Sauveterre,  de  façon  à  ce  qu'il 
vienne  s'appuyer  sur  les  terrains  primitifs.  Cet  Infralias  est  d'ailleurs 
constitué  ici  par  un  Calcaire  gréseux,  comparable  à  celui  de  Saint- 
Jean  d'Orbestier,  correspondant,  dans  le  sud  de  la  pointe  avancée  en  mer 
des  terrains  primitifs  d'Olonne,  à  une  région  analogue. 

A.   Rivière,  dans  ses  travaux  géologiques  sur  la  Vendée,   avait  déjà 
mentionné  l'existence  de  ce  bassin  calcaire  et  y  avait  reconnu  du  lias. 


M.    BAUDOUIN.  —    DONNÉES    STRATIGR  \PHIQUES  79 

tfn'oii  pouvait  évaluer,  au  moiiUMil  où  uous  l'avons  retrouvé, 
avec  assez  d'exactitude,  à  environ  un  mèlrc. 

Deux  de  nos  photographies  montrent  bien  d'ailleursla  profon- 
deur du  trou  qu'il  a  fallu  creuser  pour  l'atteindre  (F/j/.  5  et  6). 
En  effet,  les  jambes  des  hommes  assis  sur  le  bord  de  l'exca- 
vation, du  côté  de  la  base  du  menhir  (Fig-  6),  arrivent  en- 
viron à  la  moitié  du  trou  ;  or,  la  jambe  a  à  peu  prés  50  cen- 
timètres de  longueur.  Mais  la  photographie  qui  représente 
le  sommet  montre  que  cette  partie  était  moins  enfouie  (  Fig.  5) 
que  le  pied. 

2°  Pétrographie.  —  Le  Menhir  est  constitué  par  un  Mica- 
schiste, ({ui,  évidemment,  ne  peut  provenir  que  du  massif  de 
cette  roche^^^  qui  se  trouve  prés  du  Fort  Saint-Nicolas  de  la 
Chaume,  et'  s'étend  jusqu'à  la  Pironniére  et  la  Hudeliére, 
dans  la  commune  du  Château  d'Olonne.*^'  A  la  Chaume,  les 
dunes  ont  recouvert  l'ancien  sol  ;  mais,  prés  de  la  Rudelière, 
il  y  a  un  centre  ncolitlii<jue  important,  qui  explique  Vorigine 
et  le  transport  de  ce  bloc  dans  la  région  calcaire  de  la  côte 
d'Olonne. 

B.  —  Cuivre,  Bronze  et  Fer.  —  Nous  ne  pouvons  abor- 
der ici  ce  qui  a  trait  à  1'^^^'  des  Métaux,  parce  que  jusqu'à 
présent  on  n'a  pas  de  données  précises  sur  la  stratigraphie  des 
découvertes  de  Cuivre  et  de  Bronze,  faites  au-dessous  même 
des  Dunes  littorales  ! 

La  seule  trouvaille  de  haches  de  bronze  connue,  celle  de  Sion 
(abbé  Ch.  Joussemet,  1755),  à  Saint-Hiliare  de  Riez,  paraît 
cependant  avoir  eu  lieu  au-dessous  des  sables  maritimes  ;  mais 
on  n'en  est  pas  certain. 

En  tout  cas,  il  est  permis  de  supposer  que  les  dépôts  de  ces 

(1)  Carie  géologique  du  Service  des  Mines  au  1/80.000  [F'euille  des 
Sables-d'Olonne].  —  D'après  M.  Vasseur,  qui  l'a  exécutée,  ces  micas- 
chistes forment  une  bande  de  2  km.  1/2  de  largeur  entre  le  gneiss  du 
fort  Saint-Nicolas  de  la  Chaume  et  les  schistes  micacés  du  sud-ouest 
d'Olonne. 

(2)  Au  sud  du  Château  d'Olonne  et  au  nord  de  la  Rudelière,  d'ajjrès 
la  même  carte,  il  y  a  des  filons  de  peginalilc,  si  importants  que  M.  Vasseur 
a  cru  devoir  les  figurer  [ce  qui  n'est  pas  son  habitude  pour  les  .uisomcnts 
d'un  médiocre  intérêt]. 


80  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3«    SÉU.,    T.    II 

époques  ont  toujours  été  trouvés  au-dessous  des  sables  mari- 
times, hypothèse  confirmée  d'ailleurs  par  les  observations 
faites  par  la  période  qui  suit  ou  gallo-romaine,  pour  ce  qui 
concerne  les  Dunes  littorales  actuelles.  Les  rivages  de  V Epoque 
protohistorique  étaient'  donc  presqu'aussi  éloignés  vers  le 
large  que  ceux  de  l'époque  néolithique. 

Situation  des  Dépôts  gallo-romains- 

Il  y  a  longtemps  que  l'abbé  F.  Baudry  l'a  démontré  :  Pour 
les  Dunes  des  côtes  de  Vendée,  les  dépôts  gallo-romains 
se  trouvent,  dans  tous  les  cas,  sous  les  Dunes  ;  par  suite,  ils 
reposent  sur  le  sol  naturel,  existant  avant  la  formation  des 
Dunes.  ^^^ 

Il  résulte  de  là  que,  puisque  les-  Dunes  littorales  se  sont  for- 
mées depuis  le  iii^  siècle  après  J.-C,  il  s'est  produit  forcément 
sur  les  côtes  de  ce  département  un  cataclysme,  qui  a  amené  un 
changement  radical  (apparition  des  Dunes)  dans  le  régime  des 
Mers  et  des  Vents  ! 

Ce  cataclysme,  par  suite,  a  dû  être  très  important. 

Il  correspond,  pour  moi,  à  l'effondrement  (affaissement  du 
sol)  des  plaines  Jurassiques,  Liasiques  et  Eocènes,  qui  jadis 
réunissaient  Rochebonne,  Vile  d'Yen,  Noirmoutier  au  conti- 
nent, et  à  leur  destruction  par  les  flots,  ainsi  qu'y  a  insisté 
mon  ami,  le  D^  Atgier,  pour  l'Ile  de  Ré,^^^  après  M.  Rutot^^^ 
et  moi-même,  dans  divers  mémoires. 

Pour  les  Dunes  littorales,  nous  connaissons  les  stations  sui- 
vantes : 

A.  —  Faits  anciens.  —  1°  Ile  de  Mont-Yeu,  existant  à 
l'époque  romaine  et  alors  reliée  à  Vile  d'Y  eu. 

a)   Y  eu  :  Partie  Sud  [Toponymie  latine  :  Les  Martinières  : 

(1)  Abbé  F.  Baudry.  —  [Epoque  des  Dunes  situées  au-dessous  de  la 
la  Loire].  —  Congrès  archéologique  de  France,  Fontenay-le-Gomte,  1864, 
p.  31. 

(2)  Atgier  (D'').  —  L'Ile  de  Ré  préhistorique.  —  V»  Congres  préhisl. 
de   France,  Beauvais,  1909.  Paris,  1910. 

(.J)   A.  lAuToï.  — -  ///e  Congrès  préhistorique  de  France,  Vannes,  190G 


M.    BAUDOUIN.  —    DONNÉES    STRATIGRAPHIQUES  81 

La  Croix  ;  Les  Vieilles  ;  Les  Fontaines  ;  etc.  —  Tombeaux 
du  Bourg  et  de  Saint-Etienne]. 

b)  Mont.  —  [Trésor  de  Chdrinoni.  —  Siibslriiclions  sous  les 
Dunes,  signalées  jadis  par  plusieurs,  mais  non  encore  retrou- 
vées]. 

2°  Ile  de  Sion-Riez  [Sidunum]. 

a)  Saint-Hilaire  de  Riez  :  Débris  de  Poteries  au  Nord. 
La  Jarrie  :  Tuiles  romaines  (Débris  roulés). 

b)  Croix-de-Vie  :  Le  Haut-Roc  (Tuiles  romaines,  roulées). 
Comme    observations    personnelles    venant    corroborer   les 

faits  déjà  publiés,  je  puis  citer  encore  les  suivants  : 

1°  Découverte  d'une  Villa  gallo-romaine,  à  la  Couche  du 
Charnier,  à  Bretignolles.  ^-^^  On  a  constaté  qu'il  y  avait 
3  mètres  d'épaisseur  de  Sable  maritime  sur  les  ruines  de 
ladite  villa,  construite,  elle,  sur  le  sol  ancien,  et  rasée  après 
incendie,  malgré  sa  situation  sur  une  falaise  de  13  à  15  métrés 
d'altitude  ; 

2°  Découverte  d'un  Puits  funéraire  gallo-romain  ^^\  dont 
l'orifice  fut  trouvé  absolument  obstrué  par  une  maçonnerie 
en  pierres  sèches,  et  recouvert  de  2'"50  au  moins  de  sable  mari- 
time, au  Vieux- Brem,  à  Bretignolles,  prés. de  la  Couche  du 
Charnier.  Le  sable  est  venu  de  l'entrée  du  Havre  de  la 
Gachère.^^^ 


§  in.   —  Situation  des  Restes  du  Moyen  âge 
AU  MILIEU  des  Dunes. 

Nous  avons  démontré  ci-dessus  que  nos  Dunes  littorales 
sont  toutes  post-romaines.  Mais  il  faut  maintenant  suivre  leur 
formation    et   leur   développement    —    à    l'aide    des   couches 

(1)  Marcel  Baudouin.  —  Découvertes  de  stations  gallo-romaines  sur 
l'ancien  rivage  du  Havre  de  la  Gachère.  —  Ann.  de  la  Soc.  d'Emul.  de  la 
Vendée,  1905.  —  La  Roche-sur- Yon,  1906.  p.  173-214,  14  figures.  —  Tiré 
à  part,  1906,  40  p. 

(2)  Marcel  Baudouin.  —  Découverte  d'un  Puits  funéraire  gallo-romain 
au  Vieux- Brem,  à  Bretignolles  (Vendée).  —  y//*  Congrès  préliistorique 
de    Nîmes,  1911.  —  Paris,  1912. 

(3)  Marcel  Baudouin.  —  Loc.  cil.  plus  haut. 


82  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

archéologiques  ou  de  monuments  parfois  établis  sur  elles  — 
du  iv*^  siècle  après  J.-C.  à  nos  jours. 

Deux  faits  inédits,  récemment  découverts  par  nous,  et  que 
nous  décrirons  avec  détails  plus  tard,  indiquent  quels  excel- 
lents renseignements  ces  sortes  de  trouvailles  peuvent  four- 
nir, en  ce  qui  concerne  la  rapidité  et  l'époque  de  formation  de 
certaines  dunes,  jusqu'au  moins  à  l'époque  des  Plantations  de 
Pins,  effectuées  par  l'Administration  des  Forêts  sur  nos  côtes, 
c'est-à-dire  vers  1860. 

Il  s'agit  : 

10  De  la  découverte  d'une  Couche  archéologique  au  milieu 
d'une  Dune,  à  Saint-Jean-de-Mont,  au  lieu  dit  Bois-Maçon, 
dans  un  point  où  il  n'y  a  jamais  eu  de  pins  ; 

2°  De  la  trouvaille  des  substruclions  de  diverses  Maisons, 
plus  ou  moins  importantes,  construites  sur  les  Dunes  mfine,  à 
Notre-Dame-de-Mont  (au  lieu  dit  Le  Grand  Moulin)  et  ail- 
leurs: substructions  aujourd'hui  recouvertes  parfois  de  l'^ôO 
de  sable,  dans  des  points  où  il  n'y  a  pas  eu  non  plus  de  plan- 
tation de  pins  par  l'Administration  des  Forêts. 


1°  Couches  archéologiques  sans  substructions. 

I.   —  Station  moyenâgeuse  de  la  Dune  de  Bois-Maçon 
(Saint- Jean-de-Mont). 

Sur  la  route  de  Croix-de-Vie  à  Saint-Jean-de-Mont,  du  côté 
Ouest,  à  quelques  dizaines  de  mètres  au  sud  de  la  Ferme 
de  Bois-Moçon,  se  trouve,  sur  le  bord  même  du  chemin,  une 
Dune,  assez  élevée  au-dessus  des  sables  voisins,  et  formant  un 
monticule,  de  7  à  8  mètres  de  hauteur  au  moins. 

En  1909,  nous  avons  constaté  que  cette  dune,  éventrée  par 
suite  de  l'établissement  sur  sa  partie  sud  d'une  carrière  de 
sable,  était  déjà  à  moitié  détruite,  et  que,  sur  cette  sorte  de 
coupe  Est-Ouest,  on  pouvait  voir  les  couches  suivantes 
[Fig.  8]. 

fo  A  la  base,  la  Dune  d'origine,  ayant  au  moins  6  mèlres 


M.    BAUDOUIN.   —    DONNÉES    STRATIGRAPHIQUKS  83 

d'épaisseur,  à  la  partie  centrale  du  monticule.  Sable  fin,  net- 
tement maritime,  blanc  jaunâtre,  sans  aucune  coquille     5"^ 

2o  Une  couche  de  sable  (iris-noir,  onctueux,  dense,  à  colora- 
tion très  tranchée 0"'50 

3"  Au  sommet,  nouvelle  couche  de  sable  fin  maritime,  jaune, 
en  forme  de  calotte,  coiffant  la  dune l'"50 

40  Une  couche  du  même  sable  recouvert  des  débris  végé- 
taux actuels,  sur  foule  la  dune 0"^03 

Evidemment,  la  couche  gris-noire  est  une  couche  archéolo- 
gique, puisqu'on  remarque  de  suite  qu'elle  renferme  divers  ves- 
tiges. 

10  Couche  archéologique.  —  a)  Station.  —  La  couche 
de  sable  gris-noir  renferme  : 

1°  Des  Mollusques  terrestres,  vivant  sur  les  dunes  [Hélix  : 
espèces  diverses]  ;  on  les  trouve  sur  toute  la  hauteur  de  la 
couche  archéologique  ; 

2o  Des  nwllrs(ues  niarins,  presque  tous  cdimenlaires,  captu- 
rés sur  la  plage  ou  les  rochers  de  la  plage  : 

a)  Ostrea  edulis  (Huîtres)  :  très  petits  exemplaires. 

b)  Venus  verrucosa  (Praire)  :  une  coquille. 

c)  Mytilus  edulis  (Moule)  :  petits  exemplaires. 

d)  Tapes  decussa  us  (Palourdes)  :  quelques  coquilles. 

e)  Littorina  liltoralis  (Bigorneaux)  :  petits  et  gros  exem- 
plaires (les  gros  n'existent  plus  actuellement  sur  la  plage). 

f)  Cardium  edulis  (Sourdon)  :  nombreux  exemplaires,  de 
grandeur  moyenne. 

g)  Scrobicularia  piperata  (Lavignon)  :  quelques  coquilles, 
qui  doivent  provenir  de  l'ancien  canal  de  Besse  [embouchure 
primitive  de  la  Vie]. 

h)  Natica  catena  :  un  exemplaire  [non  alimentaire  ;  ramassé 
sur  la  plage,  sans  doute]. 

30  Des  débris  de  Schiste  à  séricite,  ne  pouvant  provenir  que 
des  Rochers  de  Sion,  éloignés  de  7  à  8  kilomètres,  puisque 
ceux  de  la  plage  voisine  sont  Calcaires  ; 

40  Des  galets  de  mer,  en  calcaire  éocène,  perforés  par  les 
Pholades  (Pholas  dactylus  L.),  provenant  des  rochers  sous- 
marins  de  la  plage  de  Saint-Jean-de  Mont  ; 


84 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.     -    3^   .SÉR.,    T.    II 


5°  Des  débris  d' Ardoises,  très  minces,  et  par  conséquent 
assez  modernes,  peu  abondants  ; 

6o  Des  débris  de  poterie.  —  Pâte  très  cuite,  très  sonore,  très 
résistante  ;  parois  peu  épaisses.  —  Cols  et  fonds  vernissés  — 
Par  conséquent.  Céramique  presque  actuelle. 

Nous  notons  plus  particulièrement  encore  : 

7°  Un  galet,  en  calcaire  éocène  (à  trous  de  Pholades),  ayant 
subi  r action  du  Feu  :  ce  qui  indique  le  séjour  de  l'homme  ! 

Au  cours  d'un  très  bref  examen,  nous  avons  trouvé  presque 
tous  ces  objets,  exactement  en  place,  dans  la  couche  archéolo- 
gique, au  milieu  d'un  sable  assez  compact,  ayant  été  au  con- 
tact de  l'air  (sur  la  coupe  de  la  dune),  et  par  conséquent  s'étant 
durci. 


G-^^^K-L"  '0  .;<fliJ!i!;'iil/!lilliiiliil,7iTïïïï.ii,,j^^ 


^.«.  h'J'. 


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Fi(i.   8.  —  Coupe  de  la  Dune  récente  de  Bois-Maçon,  à  Sainl-.Ican  de 
Mont  (Vendée).   —  Coupe  nord-sud.   —  Ligne  ouest. 

Légende  :  A,  B,  Couche  archéologique  ancienne  [Moyen  âge].  —  C,  D, 
Couclie  à  mollusques  terrestres  (Terre  végétale  ancienne).  —  E,  F,  O, 
Traces  de  Feu  de  Joie.  —  T,  V,  Débris  végétaux  actuels.  —  I,  II,  III, 
Les  trois  sommets  successifs  des   Trois  Dunes. 


B)  Sable  noir.  —  Il  est  évident  que  la  couche  de  sable  noir 
correspond  à  une  station  humaine  s,\ir  cette  dune,  à  une  époque 
très  moderne  ;  mais  cependant  non  récente,  puisqu'il  y  a  par 
dessus  1"^50  de  sable  maritime  ordinaire,  plus  une  couche  de 
0"^05  de  sable  transformé  par  la  végétation  actuelle. 

Il  est  certain  que  l'occupation  a  duré  assez  longtemps, 
puisque  cette  couche  de  sable  transformé  a  0'"50  environ,  au 


M.    BAUDOUIN.   —    DONNÉES    STHATIGRAPHIQUES  85 

sommet  de  la  dune,  c'est-à-dire  est  dix  fois  plus  épaisse  que  la 
nappe  à  végétaux  actuels. 

Cette  couche  est  évidemment  du  sable  rouge  de  la  dune, 
modifié  :  a)  par  les  détritus  végétaux  qui  se  sont  détruits, 
b)  par  des  apports  de  terre  des  Marais  ;  c)  par  la  présence 
d'éléments  chimiques,  non  déterminés,  qui  font  que  ce  sable, 
exposé  à  l'air,  se  durcit  et  se  transforme  presque  en  grès,  à 
grains  très  fin,  en  devenant  noirâtre  ! 

On  trouve  d'ailleurs  les  Mollusques  terrestres  mélangé?,  dans 
toute  cette  couche  avec  les  restes  d'Industrie  :  ce  qui  indique 
l'origine  du  changement  de  constitution  du  sable  maritime. 

c)  Nature  de  la  Station.  —  Quelle  est  la  nature  de  cette 
station  ?  Y  eut-il  sur  cette  dune,  comme  sur  la  dune  située  en 
face,  à  l'est,  une  Ferme  ou  une  Maison  d'agriculteurs  (\),  ainsi 
qu'à  Bois-Maçon?  C'est  possible;  mais  pourtant  une  ferme 
est  peu  probable,  en  raison  de  la  présence  des  ardoises.  Il  vaut 
mieux  supposer  l'existence  d'un  rendez-vous  de  chasse  ou  de 
pêche,  ou  d'une  maison  d'habitation  quelconque,  hypothèse 
qui  explique  mieux  les  huîtres  et  les  autres  mollusques  alimen- 
taires recueillis.  Pourtant  il  n'existe  aucune  trace  de  substruc- 
lions  quelconques  !  On  pourrait  croire  à  une  Vigie,  si  la  dune 
était  plus  élevée  et  surtout  plus  rapprochée  de  la  mer,  quoique 
d'ordinaire  les  dépôts  des  Vigies  ne  contiennent  pas  de  mol- 
lusques alimentaires. 

2o  Traces  de  Feux  de  Joie. 

Lorsqu'en  1909  nous  avons  étudié  la  coupe  de  la  dune  de 
Bois-Maçon  décrite  plus  haut,  nous  fûmes  t  es  frappés  par 
ce  que  nous  constatâmes  à  son  sommet   (Fig.  8). 

On,  voyait  sur  cette  coupe,  au  point  le  plus  élevé,  une  sorte  de 
CÔNE, à  base  supérieure,  à  pointe  s'arrêtant  à  la  couche  archéo- 

(1)  Je  sais  très  bien  que  cette  couclie  noire  peut  être  le  résultat  de  la 
décomposition  de  substances  végétales,  pouvant  correspondre  à  des 
détritus  de  vannage  du  blé  à  l'air  libre  I  Mais  ce  vannage  n'est  pas  suffi- 
sant ici  pour  expliquer  la  présence  desCoquiltes  et  des  Ardoises  !  Il  faut 
chercher  plus  loin. 


86  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^    SÉR.,    T.    II 

logique  de  sable  noir,  ayant  1"^50  de  hauteur  environ  et  1  mètre 
de  large  à  la  base,  formé  par  du  sable  fin,  un  peu  humide,  ren- 
fermant une  très  grande  quantité  de  charbon  de  bois,  depuis 
le  haut  jusqu'en  bas.  —  C'était  des  débris  de  sapins  brûlés. 
Il  ne  peut  s'agir  que  d'un  cône  (V enfoncement  de  mât  de  Feu 
de  joie  I  ^^^ 

II.   —  SUBSTRUCTIONS    SUR    DES   DuNES,   DÉJÀ  ANHISTORIQUES. 

Nous  en  connaissons  de  trois  sortes  : 

a)  Poses  (F observation  [Vigie,  etc.],  dans  un  lieu  favorable 

b)  Des  moulins  ci  vent. 

c)  Des  habitations  [Fermes  ou  Bourrines  isolées]. 

A.    —   Les  Vigies. 
fo  La    Vigie  (de  Saint- Jean-de-Mont). 

Au  Pé  de  la  Vigie,  on  trouve  actuellement  sous  la  dune  : 
1°  des  débris  de  brigues  ;  2°  des  fragments  d'ardoises.  Par  suite 
de  la  dénomination  même  de  cette  dune  élevée,  il  est  certain 
que  ce  point  correspond  à  une  ancienne  Vigie  de  la  période 
où  l'on  ne  connaissait  que  la  télégraphie  optique,  et  que,  par 
suite,   ces   détritus   sont  les   restes   d'un   poste   de   guetteurs. 

Actuellement,  on  voit  là  un  moulin  à  vent  [Le  Moulin 
Penisson]. 

B.    —   Moulins  a  vent. 

On  les  rencontre  seulement  sur  les  plus  hautes  dunes. 

C.    —   Habitations. 

1°  La   Folie   [Saint-Jean-de-Mont] 

A  Saint-Jean-de-Mont,  au  Nord  du  Bourg,  près  de  La  Cha- 
pellerie, se  trouve  une  très  forte  dune,  très  élevée,  atteignant 
28  mètres  de  hauteur,  sur  laquelle  il  y  avait  jadis  un  n}oulin, 

(1)  Encore  à  l'heure  présent e.  on  l'iiit  parfois  des  Fnix  dv  .Joie  clans 
ce  pays  [Feux  de  la  Saint- Jam]. 


M.    BAUDOUIN.    —    DONNKES    STRATIGRAPHIQUKS  87 

et  OÙ  se  trouve  aujourd'hui  la  villa  de  M.  Martel.  Cela  s'appe- 
lait jadis  le  Pé  de  la  Folie  et  le  Moulin  de  la  Folie. 

Or  les  habitants  de  cette  contrée  ont  remarqué  qu'il  y  avait, 
au  pied  de  cette  dune,  des  débris  de  construction  (ardoises,  etc.) 
et  des  débris  alimentaires  ;  ce  que  d'ailleurs  je  n'ai  pas  encore 
pu  vérifier.  Certes,  jadis,  il  y  eut  là  le  Moulin  de  la  Folie. 
Mais  il  est  très  probable  qu'il  y  eut  aussi,  antérieurement, 
en  raison  du  nom  du  lieu  dit,  si  caractéristique,  un  rendez-vous 
de  chasse,  comparable  aux  Folies  de  la  région  parisienne,  et 
plus  ancien  peut-être  que  le  Moulin  à  vent. 

2°  Le  Château  de  Belesbat  (Saint-Vincent-sur-Jard). 

J'ai  découvert,  en  1904,  à  Belesbat,  en  Saint-Vincent-sur- 
Jard,  sur  la  dune,  et  à  quelques  centaines  de  mètres  du  rivage 
seulement,  des  restes  d'une  construction  importante,  que  j'ai 
appelée  Châ'eau,  mais  qui  n'était  sans  doute  qu'une  Folie, 
c'est-à-dire  un  rendez-vous  de  chasse,  si  l'on  tient  compte  de  la 
Légende  dite  de  Belesbat. 

Ces  restes,  qui  indiquent  une  construction  du  moyen  âge, 
n'étaient  alors  recouverts  que  par  0"^50  à  0"^60  de  sable 
moderne  seulement. 

Je  me  borne  à  mentionner  cette  trouvaille,  que  je  décrirai 
plus  longuement  dans  un  autre  mémoire. 

D.    —   Fermes  ou  Bourrines. 

3°  Maisons  enfouies  dans  les  Dunes. 

Depuis  le  sud  de  la  Vendée  jusqu'à  la  Barre  de  Mont  et 
Noirmoutier,  tout  le  long  de  la  ligne  des  Dunes,  on  est  suscep- 
tible de  découvrir  des  maisons,  assez  modernes,  dans  les  Dunes. 

On  sait,  en  effet,  de  par  les  données  historiques,  qu'à  diffé- 
rentes époques,  des  ouragans  de  sable  ont  englouti  des  maisons, 
et  même  des  villages  ! 

A)  Faits  anciens.  —  L'abbé  F.  Baudry  a  cité,  dès  1864, 
les  faits  suivants  : 

a)  La  Ferrière  (près  Saint-Vincent-sur-Jard)  :  probablement 
ancienne  exploitation  de  Fer  ou  Forge  ; 

9 


88  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3^    SÉR.,    T.    II 

h)  La  Quenouillerie  (Olonne)  :  La  Conillerie  [Cassini],  voi- 
sine du  Menhir   de  la  conche  verie  (d'où  son  nom). 

c)  La  Trésorerie  (Olonne)  ; 

d)  Le  Clos- Saint-Martin  (Notre-Dame-du-Mont)  ; 

e)  La  Fortinière  (La  Barre-de-Mont)  ; 

f)  La  Guérinière  (Noirmoutier),  etc.,  etc. 

B)  Faits  nouveaux.  —  Nous  pouvons  y  ajouter  nos  trou- 
vailles récentes  (1902-1910),  en  particulier  : 

1°  La  Barre  de  Mont.  —  Dans  les  Dunes,  on  trouve  souvent 
des  amas  d'huîtres  et  de  coquilles  alimentaires.  Ce  sont  des 
déchets  de  cuisine,  indiquant  d'anciennes  habitations  en  terre, 
des  Bourrines  disparues  !  Par  exemple,  à  la  Parée  Afou/rz>r,  sur  la 
route  du  Bourg  à  la  mer.  Il  importe  de  dire  que  jadis  on  a  dé- 
crit ces  dépôts  d'huîtres  comme  situés  sous  les  dunes  ;  il  n'en 
est  rien.  —  J'ai  pu  m'assurer,  en  1910,  qu'ils  sont  sur /es  dunes 
et  très  récents. ^^^ 

2°  Notre-Dame-de-Mont.  —  a)  La  Maison  du  Grand  Moulin, 
à  Notre-Dame-de-Mont,  qui  vient  d'être  mise  à  jour,  en  pleine 
dune,  est  fort  intéressante.  Nous  décrirons  ailleurs  cette  décou- 
verte, car  elle  a  trait  à  une  commune  où  les  Dunes  ont  toujours 
eu  jadis  une  mobilité  extrême. 

Cette  maison  doit  être  enfouie  depuis  assez  longtemps,  sous 
les  Sables,  car  elle  n'est  pas  indiquée  sur  la  Carte  de  Cassini, 
où  l'on  trouve  des  fermes  du  pays,  bien  moins  importantes. 

Sa  disparition  doit  être  antérieure  au  commencement  du 
xviii^  siècle. 

b)  L'ancienne  église  du  xi^-xii^  siècle  était  jadis  en  partie 
cachée  par  les  sables,  comme  j'ai  pu  le  remarquer  moi-même, 
avant  la  construction  de  la  nouvelle. 

3°  Saint-Hilaire-de-Riez.  —  a)  En  face  le  tombeau  de 
La  Rochejacquelein,  aux  Mattes,  sur  le  côté  Ouest  de  la  route 
du  Perrier,  j'ai  vu,  en  1910,  sur  un  petit  monticule  de  sable 
[Dune  intérieure],  qu'on  venait  de  romuer  pour  y  planter  une 

(1)  Il  ne  faut  pas  les  confondre  avec  les  Bancs  d'Huîtres  de  Beauvoir- 
sur-Mer,  situés  en  plein  Marais,  et  qui,  comme  ceux  de  Saint-Micliel-en- 
l'Herm,  ne  résultent  que  d'un  Travail  humain  de  l'Epoque  historique 
[Forlificaiions  et  Chaussées,  construites  à  l'aide  d'IIuUres  vivantes]. 


M.    BAUDOUIN.    —    DONNÉES    STKATIGKA  FHIQUES  89 

vigne,  un  dépôt  de  coquilles  d' Huîtres,  alimcnldiics,  abondant, 
correspondant  certainement  à  une  ancienne  habitation,  dont 
le  niveau  a  été  recouvert  par  les  sables  depuis  longtemps/^^ 

b)  A  Saint-Hilaire-de-Riez,  au  bord  de  la  plage  de  Sion,'^^ 
un  moulin  à  vent,  situé  sur  une  dune  élevée,  et  ayant  servi 
d'amer  aux  marins  pendant  de  longues  années,  est  connu  de- 
puis les  plus  anciennes  cartes  marines. 

Par  conséquent,  à  ce  moment-là,  cette  dune  imiiortante 
était  déjà  constituée  ! 

c)  Au  nord,  les  anciennes  cartes  (Walkenaer)  (1583)  indiquent 
un  monument  (Moulin  ruiné,  ou  église,  ou  chapelle)  n'existant 
plus,  qui  était  situé  sur  les  dunes  de  Sion  à  Saint-Jean-de- 
Mont,  et  qui  paraît  distinct  du  Moulin  de  Sion.  Je  n'ai  jamais 
pu  retrouver  les  traces  de  ce  monument,  appelé  Picquelier. 

4°  Croix-de-Vie.  —  La  création  du  bourg  de  Croix-de-Vie, 
qui  ne  remonte  qu'à  la  fin  du  xvi*^  siècle,  prouve  aussi  que  dès 
cette  époque  les  Dunes  de  l'embouchure  de  la  Vie  avaient 
atteint  leur  plus  grand  développement.  En  effet,  nous  connais- 
sons l'existence  de  quatre  moulins  ^^^  à  vent,  construits  de 
1622  au  xviii^  siècle,  qui  tous  se  trouvaient  au  sommet  de 
Dunes  assez  élevées.  Or,  tout  cela  a  disparu.... 

5°  Bretignolles.  —  a)  Nous  avons  montré  que  les  Dunes 
avaient  obstrué  l'embouchure  du  Jaunay,  jadis  fleuve,  entre 
le  xvie  et  le  xviii^  siècle,  et  insisté  sur  les  modifications  de  la 
plage  de  la  Parée,  à  Bretignolles,  depuis  l'époque  romaine  ^^\ 

b)  On  connaît  bien  aujourd'hui  toutes  les  modifications 
survenues  à  l'embouchure  du  Havre  de  la   Gachère  (ancienne 

(1)  Cela  est  dû  surtout  au  voisinage  du  Pont  d'Yeu,  vestige  de 
ristlime  qui  réunissait  autrefois  l'Ile  d'Yeu  à  la  côte  de  Mont,  et  au 
Détroit  de  l'Ile  d'Yeu,  où  les  courants  et  les  vents  jouent  un  rôle  plus 
marqué  qu'ailleurs. 

(2)  Il  y  a  là  une  courte  falaise  rocheuse  (Sion  à  Croix-de-Vie),  où  les 
dunes  véritables  manquent.  —  Mais  là  encore,  les  restes  romains  trouvés 
[La  Jarric,  etc.]  sont  sous  la  couche,  mince,  de  sable  maritime.  Il  n'y 
a  donc  pas  là,  comme  sur  la  côte  occidentale  de  l'Ile  d'Yeu,  de  Dunes 
néolithiques,  malgré  l'analogie  des  lieux. 

(3)  Moulin  de  La  Chapelle.  —  Moulin  de  la  Motte  Tuffée.  —  Deux 
I\Ioulins,  au  Bourg. 

(4)  Marcel  Baudouin.  —  Notes  géologiques  sur  le  Rivage  vendéen  du 
Havre  de  la  Gachère  à  la  Vie.  —  Bull.  Soc.  Se.  nat.  Ouest  France,  Nantes, 
2«  s.,  t.  X,  p.  69-92,  5  figures.  —  Tiré  à  part,  1910,  in-8°,  24  p.,  5  fig. 


90  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   S^  SÉR.,    T.    II 

Baie  gallo-romaine  d'Olonne)  et  les  transformations  histo- 
riques, d'ailleurs  beaucoup  moins  marquées  là  qu'au  Nord 
du  département,  subies  par  le  rivage  des  Sables-d'OIonne  à 
r embouchure  du  Lay.  Il  n'y  a  pas  lieu  ici  d'insister. 

Conclusions.  —  Mais,  de  l'ensemble  de  cette  note,  on  peut 
conclure  que,  du  Lay  à  la  Baie  de  Bourgneuf,  les  Dunes  de 
notre  côte  Nord  sont  :  1^  absolument  récentes  ;  2°  certaine- 
ment  post-romaines  ;    3°   et   formées    depuis   le   Moyen   âge. 

Elles  résultent  du  cataclysme  géologique  du  IV^  siècle  après 
J.-C,  qu'elles  ont  fait  soupçonner. 

La  plupart  de  leurs  hauts  sommets  existaient  déjà  peu  après 
le  XI®  siècle,  lors  de  l'apparition  des  moulins  à  vent,  qui  sem- 
blent être  nettement  antérieurs  à  la  première  croiside  (xi*?  siè- 
cle), malgré  leur  nom  de  «  Moulins  Turcs  »  ! 

Mais,  depuis  cette  époque  jusqu'au  moment  de  leur  boise- 
ment, il  n'y  a  eu  que  des  déplacements  locaux  de  sables,  évi- 
dents certes,  importants  certainement  au  point  de  vue  social, 
hydraulique  et  pratique,  mais  sans  intérêt  géologique. 

Le  grand  travail  de  la  mer  et  du  vent  s'est  fait  surtout  au 
début  du  Moyen  âge,  lors  du  changement  brusque  de  régime 
des  côtes  vendéennes  qui  a  isolé  Vile  d'Yen  et  Noirmoutier 
du  Continent. 


NOTULES    HÉMIPTÉROLOGIQUES 


PAT. 


Joseph   PÉNEAU 


I.  —  Espèces  et  variétés  nouvelles  pour  la  Faune 
de  la  Loire-Inférieure  et  environs. 

Eremocoris  podagricus  (Fabricius).  —  La  Haie-Fouassière, 
en  juin  ;  Le  Cellier,  en  mars  (E.  de  l'Isle). 

Nabis  lineatus  Dahlbom.  —  Sur  les  Osmondes,  dans  le  Ma- 
rais de  Logné.,  en  juin. 

Salda  C.  album  Fieber.  —  Sur  la  vase,  dans  le  Marais  de 
Logné,  en  juin. 

Salda  lateralis  Fallen.  —  Sur  la  vase  des  Marais-salants,  à 
Noirmoutier,  en  juillet.  —  M.  Jourdran  a  trouvé  cette  espèce 
dans  les  mêmes  conditions  à  La  Baule  (Loire-Inférieure). 

Calocoris  sexpunctatus  var.  confluens  Reuter.  —  En  juillet, 
vallée  du  Cens;  Basse-Goulaine. 

Rhopalotomus  ater  var.  tyrannus  (Fabr.).  —  Dans  les  tail- 
lis de  chênes,  en  juin,  à  Bouaye. 

II.  —  Remarques  sur  quelques  espèces. 

Triecphora  sanguinolenta  (Linné). 

Citée  seulement  de  Pornic  par  l'abbé  Dominique  ;  nous 
l'avons  rencontrée  en  plusieurs  autres  localités  :  Sainte-Luce, 
près   Nantes  ;   Blain  ;   Bourgneuf  ;  (en  Loire-Inférieure)  ;   Les 

Nantes.  -  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Ouest,  3'  Sér.,  t.  U.  30  Juin  1912. 

10 


92  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3-    SÉR.,    T.    II 

Fourneaux,  près  Saumur  ;  Gennes  ;  (en  Maine-et-Loire).  — 
Nous  possédons  de  la  Camargue  (coll.  Puel.)  plusieurs  exem- 
plaires typiques  et  un  autre  coloré  comme  la  variété  bien 
connue  basalis  Fieber  de  Triecphora  mactata  : 

Triecphora  sanguinolenta  var.  simulans  nov.  var. 

Hémiélytres  noirs,  moins  une  petite  tache  humérale  rouge 
avec  une  vague  apparence  d'une  autre  tache  de  même  cou- 
leur, avant  le  sommet. 

Camargue  (L.  Puel). 

Copium  Teucrii  Host. 

Var.  nigricans  nov.  var.  —  Fémurs  moins  les  genoux,  brun 
foncé  ou  presque  noirs,  ainsi  que  les  deux  tiers  basilaires  des 
tibias  et  les  nervures  transverses  de  la  bordure  membraneuse 
des  élytres. 

Cette,  sur  Teucrium  polium  (A.  Perrier). 

Triphleps  nigra  Wolff. 

Var.  nitida  nov.  var.  —  Entièrement  noire,  très  brillante, 
seulement  une  fine  bordure  marginale  testacée  à  la  base  de 
l'exocorie  ;  on  perçoit  aussi  une  légère  teinte  plus  claire  sur 
l'endocorie  ;  pattes  brun  foncé  avec  les  tibias  antérieurs  testa- 
cés  ainsi  que  les  antennes,  moins  le  premier  article  qui  est 
brun.  Correspondrait  à  la  variation  ^  de  Reuter.. 

Noirmoutier,  au  pied  des  plantes,  à  fin  octobre.  —  Arthez 
(Tarn),  sur  la  vipérine,  au  commencement  de  novembre 
(A.  Perrier). 

III.  —  Contribution   à  la  biologie   des  Hémiptères 
de  l'Ouest  de  la  France. 

Odontoscelis  dorsalis  F. 

Vit  dans  les  terrains  sablonneux,  principalement  les  dunes 
maritimes,  caché  au  pied  des  plantes.  En  été,  on  rencontre 
ensemble  des  jeunes  et  des  adultes. 

Les  formes  larvaires  (fig.  1)  sont  plus  oblongues,  et  moins 
larges  que  l'adulte  ;  elles  sont  à  peu  près  brun  unicolore  ; 
poils  latéraux  hérissés  plus  nombreux  que   chez  l'adulte,   pas 


i 


J.    PKNEAU.    —    NOTULES    HhMIPTKKOLOGiQUES  93 

de  bandes  longitudinales  de  denses  poils  argentés,  ni  dense 
pubescence  coueliée  ou  feutrée  ;  elles  n'ont  qu'un  petit  nombre 
de  poils  écailleux  blonds,  épars  sur  l'abdomen  ;  ponetuation 
fine  et  serrée. 

Yeux  petits,  les  joux  se  terminent  en  arrière  par  un  angle 
très  aigu  qui  débordent  fortement  les  yeux.  Tibias  avec  une 
seule  rangée  de  petits  poils  spinuleux.  Antennes  de  5  articles, 
le  premier  restant  caché  sous  la  tête. 


FiG.    1. 

Odontoscelis  dorsalis.   Larve. 
Ile  de  Noirmoutier,  15  juillet  1906. 

Graphosoma  italicum  Muller  =  lineatiim  auct. 

Un  couple  fut  capturé  sur  une  feuille  de  Rumex,  le  4  juin; 
le  6,  la  Q  pondit  un  groupe  de  13  œufs  sur  la  face  inférieure  de 
la  feuille  ;  l'éclosion  eut  lieu  le  21,  soit  15  jours  après  la  ponte. 

Les  œufs  sont  blancs,  oblongs,  ils  sont  agglutinés  ensemble 
et  adhèrent  aux  feuilles  par  le  moyen  des  petites  aspérités 
spinuleuses  dont  ils  sont  recouverts  ;  ils  sont  déposés  verti- 
calement sur  la  feuille  et  l'éclosion  se  produit  par  l'ouverture 
d'une  calotte  à  leur  pôle  supérieur. 

Les  jeunes  larves  mesurent  à  leur  naissance  un  peu  plus 
d'un  millimètre  de  long,  elles  sont  d'un  blanc  jaunâtre  sur 
l'abdomen,  avec  une  rangée  transversale  de  points  bruns  sur 
chaque  anneau.  La  tête,  les  segments  thoraciques  sont  égale- 
ment bruns,  ainsi  qu'une  tache  marginale  sur  chaque  anneau 
de  l'abdomen  en  dessus  et  en  dessous,  et  aussi  l'aire  environ- 
nant les  orifices  glandulaires.  Pattes  brunes,  genoux  et  base 
des  tibias  plus  clairs.  Rostre  court,  robuste,  atteignant  la  base 
du  mésosternum. 


94 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    -    3^   SÉR.,    T.    Il 


Avant  la  dernière  mue,  la  coloration  des  larves  s'approche 
de  celle  des  adultes  ;  elles  sont  noires  avec  des  bandes  longitu- 
dinales rouges  :  une  sur  le  milieu  de  la  tête,  du  pronotum  et  du 
mésonotum,  deux  autres  sur  la  base  de  la  tête,  au  bord  interne 
des  yeux  qui  se  prolongent  aussi  sur  le  pronotum,  et  enfin 
deux  autres  bandes  obliques  sur  les  parties  latérales  de  ce 
segment  prolongées   sur  les  angles    basilaires   de   l'écusson. 

Rudiments  d' hémiélytres  plus  longs  que  Vécusson,  marqués 
d'une  bordure  rouge  et  d'une  tache  médiane  de  même 
couleur. 

Abdomen  rouge,  rugueusement  ponctué  de  noir  ;  tous  les 
segments  du  connexivum  largement  noirs  ;  aire  médiane  du 
dos  également  noire. 

Les  hanches  qui  étaient  distantes  dans  les  jeunes  larves, 
se  sont  fortement  rapprochées  de  la  ligne  médiane  et  le  rostre 
devenu  plus  grêle  atteint  les  postérieures  ;  bords  latéraux  du 
pronotum  nettement  arqués.  Pas  d'ocelles. 


FiG.   2. 
Grapliosoma  italicum.    Œufs.  Larves. 


Brachypelta  aterrima  Forster. 

Habite  les  terrains  sablonneux,  surtout  les  dunes  maritimes 
et  les  îles  la  Loire. 

En  été,  on  rencontre  fréquemment  les  larves  en  compagnie 
des  adultes. 

Les  larves  âgées  (fig.  3)  sont  noires,  avec  l'abdomen  rouge, 
moins  une  petite  tache  sur  les  côtés  de  chaque  segment  et 
l'aire  des  orifices  dorso-abdominaux.  Antennes  de  4  articles, 
tibias  prismatiques  fortement  spinuleux,  mais   épines  moins 


J.  PÉNEAU.  —  NOTULKS  HÉMIFT  ÉROLOGIQUES        95 

longues  et  moins  nombreuses  que  chez  l'adulte;  loslre  dépas- 
sant un  peu  les  hanches  antérieures. 


FiG.  3. 

Brachypelta  atterima,  Larve  âgée. 
Ile  de  Normoutier,  15  août. 

Menaccarus  arenicola  Scholtz. 

Vit  dans  nos  dunes  maritimes  ;  les  larves  sont  entièrement 
jaunâtres,  avec  de  fins  points  rouges  sur  le  dessus  de  l'abdo- 
men ;  chez  les  larves  âgées,  les  ocelles  se  montrent  comme 
deux  très  petits  points  rouges. 


,/^^^\ 


FiG.   4. 

Menaccarus  arenicola.  Larve  âgée. 
Dunes  de  Saint-Brévin,  15  juillet  1902. 

ffilia  acuminata  L. 

Les  larves  au  dernier  stade  (nymphes),  sont  d'un  jaunâtre  tes- 
tacée  comme  lés  adultes.  Densement  et  grossièrement  ponc- 
tuées, rugueuses  même  sur  le  pronotum  etl'écusson,  la  plupart 
des  points  portent  un  poil  blond  fin  et  court  ;  quatre 
bandes  longitudinales  noires,  à  reflet    métallique  sur   la  tête 


96  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUHST.  —    3*"   SÉR.,    T.    II 

et  le  pronotum  ;  deux  sur  l'écusson,  une  sur  chaque  rudiment 
d'hémiélytre,  deux  sur  le  milieu  de  l'abdomen  et  une  sur 
chaque  bord  de  cet  organe,  dont  les  flancs  sont  aussi  un  peu 
plus  sombres  que  la  partie  médiane. 

Epistome  bien  plus  court  que  les  joues  ;  ocelles  nuls  ;  rostre 
atteignant  le  sommet  des  hanches  postérieures  ;  orifices  glan- 
dulaires dorso-abdominaux  petits,  ouverts  obliquement  de 
chaque  côté  des  aires  qui  sont  peu  accusées  ;  tarses  biarticu- 
lés,  les  deux  ongles  terminaux  accompagnés  chacun  d'un  ap- 
pendice allongé  et  obtus  à  leur  base. 

Elles  se  développent  sur  les  fleurs,  les  herbes  et  toutes 
plantes  basses,  où  l'on  peut  les  rencontrer  avec  les  adultes,  en 
été. 


FiG.  5. 

JEUa  acuminata.   Larve  âgée. 
Bord  du  Lac  de  Grandlieu,  30  août  1903. 


Sehirus  dubius  Scop. 

Les  jeunes  larves  ont  la  tête  et  les  trois  segments  thora- 
ciques  noir  bleuâtre,  brillants  ;  l'abdomen  rouge  avec  une 
tache  noire  transversale  sur  le  milieu  des  3,  4,  5  segments,  et 
une  autre  tache  semi-circulaire  sur  le  bord  de  chaque  segment; 
les  segments  thoraciques  sont  grossièrement  et  éparsement 
ponctués,  surtout  sur  les  côtés  ;  l'épistome  est  aussi  long  que 
les  joues  ;  les  antennes  de  4  articles,  finement  velues,  le  2^  ar- 
ticle le  plus  long  de  tous,  les  deux  derniers  plus  épais  ,  le  3*^  plus 
court  que  le  2°  et  que  le  3^  ;  le  rostre,  assez  robuste,  atteint  les 
hanches  postérieures. 

Dans  les  stades  successifs,  la  coloration  reste  la  même,  les 


J.    PÉNEAU.    —    NOTULHS    HKMIPTKHOLOGI  ^UES 


97 


différences  consistent  seulement  dans  la  formation  graduelle 
des  divers  organes. 


FiG.  6. 

Sehirus  dnbius.  Larves  2»  et  3"  stades. 
Arthon-en-Retz,   14  juillet   1904. 

Campyloneura  virgula  H.  S. 

Larves  très  agiles,  vert  jaunâtre  pâle  ;  tête,  pronotum  et 
base  des  rudiments  d'hémiélytres  bordés  de  rouge  vineux. 
Premier  article  des  antennes  rouge  vineux,  les  autres  articles 
annelés  de  vert  jaunâtre  pâle  et  de  rouge  vineux  ;  rostre  dé- 
passant les  hanches  antérieures,  mais  non  les  intermédiaires. 

Cette  larve  est  carnassière  ;  placée  dans  un  godet  recouvert 
d'une  lamelle  de  verre,  nous  l'avons  vu  attaquer  des  pucerons. 
Elle  s'approche  de  l'aphide,  le  palpe  des  antennes  et  du  rostre, 
mais  au  moindre  mouvement  qu'il  fait,  elle  s'enfuit  brusque- 
ment ;  elle  revient,  le  pique,  et  finalement  le  suce.  Elle  pompe 
aussi  volontiers  les  sécrétions  que  les  pucerons  laissent  sur  les 
plantes. 


FiG.  7. 
Campyloneura  virgula.   Larve  au   dernier  stade  (N\mphe). 


98  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3''   SÉR.,    T.    II 

Heterotoma  merioptera  Scop. 

Larve  très  reconnaissable  à  ses  curieuses  antennes.  Très 
brillante.  Tête  et  thorax  à  poils  noirs,  d'un  gris  jaunâtre 
obscur,  une  teinte  verdâtre  dessinant  un  V  sur  la  tête,  un  X 
sur  le  pronotum  ;  les  rudiments  d'hémiélytres  noir  grisâtre  ou 
verdâtre,  avec  une  ligne  médiane  plus  verte.  Abdomen  brun 
ou  jaune  verdâtre,  plus  ou  moins  obscur,  une  vague  bordure 
plus  verte  à  chaque  segment,  une  tache  rouge  sur  le  milieu  du 
3^  segment.  Fémurs  d'un  vert  tendre,  tibias  jaune  pâle,  tarses 
noirs.  Antennes  velues,  l^r  et  2^  articles  brun  foncé  ;  3^  blanc  : 
4®  noir.  2^  article  comprimé  latéralement  et  rétréci  vers  son 
milieu,  de  sorte  que  vu  en  dessus  il  n'a  pas  la  même  forme 
que  vu  de  côté.  Larve  très  carnassière  qui  suce  avec  avidité, 
dans  les  boites  d'élevage,  les  sucs  des  autres  insectes  qu'elle 
peut  transpercer  ;  nous  l'avons  observée  pompant  le  sang 
d'une  de  ses  sœurs  blessée  auprès  d'elle.  Excessivement  agile, 
elle  se  laisse  pourtant  facilement  observer  quand  elle  est  occu- 
pée à  manger. 


FiG.  8. 

Heterotoma  merioptera.   Larve  au  dernier  stade. 
Lq  Haie-Fouassière,  20  juin  1911. 

Micronecta  meridionalis  Costa. 

Larve  au  dernier  stade.  Tête  gris  clair  avec  3  bandes  longi- 
tudinales brunes,  une  médiane,  une  autre  plus  faible  près  du 
bord  interne  des  yeux.  Pro  et  mésothorax  sillonnés  longitudi- 
nalement,  d'un  brun  pâle,  plus  foncés  sur  le  milieu  de  chaque 
côté.  Rudiments  hémiélytraux  bruns,  bordés  de  teslacé  pâle. 
Abdomen  testacé  ou  rose  pâle,  une  tache  rectangulaire  noire 


J.    PÉNEAU.    —    NOTULES    HÉMIPTÉROLOGIQUES  99 

sur  le  milieu  des  3  premiers  segments  ;  deux  autres  taches 
noires  sur  le  premier  segment,  des  taches  brunes  sur  les  sui- 
vants. Pattes  antérieures  très  courtes,  dilatées.   Dessous  du^ 
corps  d'un  gris  blanchâtre. 

Se  trouve  avec  les  adultes  dans  les  Marais,  au  printemps. 

w 


FiG.   9. 

Micronecta   meridionalis.   Larve  au   dernier  stade. 

Marais  de  l'Erdre  à  La  Chapelle-sur-Erdre,  28   mai  1911. 

(a)  Patte  antérieure  gauche  vue  en  dessous. 


CONTRIBUTION 

A    LA 

FAUNE 

DES 

Diptères  et  HYménoptères 

DE    LA 

Loize-lnfézieu  ze 

PAR 

Gabriel  REVELIÈRE 


Au  cours  de  mes  promenades  entomologiques  aux  environs 
de  Saint-Nazaire  et  de  Blain,  j'ai  recueilli  un  certain  nombre 
de  Diptères  et  Hyménoptères  que  M.  l'abbé  Parent  a  eu  la 
complaisance  de  me  déterminer.  En  raison  du  peu  de  docu- 
ments existant  sur  la  faune  de  ces  insectes  dans  notre  région, 
je  crois  être  utile  aux  entomologistes  en  donnant  ici  la  liste 
de  mes  captures. 

I.   -  DIPTÈRES 

Stratiomyid^ 

Stratiomys   longicornis   Scop.    Saint-Nazaire,    juin,  juillet  et 

quelquefois  août,  dans  les  marais,  A.  R. 
Odontomyia  tigrina  Fabr.   :    Saint-Nazaire,   juin. 
Microchysa  polita  Lin.  :  Blain,  au  soleil,  sur  les  feuilles  en  mai. 
Sargus  cuprarius  Lin.   :  Blain,  Saint-Nazaire.  C,  en  mai  et 

juin. 
Subula   marginata  Meig.   :   Saint-Nazaire. 

Nantes.  —  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Ouest,  3-  Sér.,  t.  U,   30  décembre  1912.  12 


102  BULL.    SOC.    se.    NAT,    OUEST.    —    3*^   SÉR.,    T.    II 

Leptid^ 

Leptis  conspicua  Meig.  :  Blain,  mai,  C. 

—  tringaria  Lin.  :  Blain,  mai,  C. 

—  scolopacea  Lin.  :  Blain,  mai,  A.  C. 

Tabanid^ 

Tabanus  solsticialis  Meig.  :  Saint-Nazaire. 

—  glaucopsis  Meig.  :  Forêt  du  Gâvre,  août,  A.  C. 

—  bovinus  Lœw.   :  Saint-Nazaire,  juin,  juillet,  août.   C. 

—  (atylotus)  rusticus  Lin.  :  Saint-Nazaire. 

—  {atylotus)  fulvus  Meig.  :    Saint-Nazaire,   Saint-Brevin, 

Blain,  juin,  juillet,  août. 
Hœmatopoda  italica  Meig.   :  Blain,  Saint-Nazaire  et  proba- 
blement toute  la  Loire-Inférieure.    Commun  de   juin  à 
septembre. 

BOMBYLIID/E 

Bombylius  fimbriatus  Meig.  :  Saint-Nazaire. 

—  major  Lin.  :  Blain,  forêt  du  Gâvre,  fin  avril. 

—  venosus  Mikan.  :  Blain,  mai. 

—  discolor  Mikan.  :  Blain,  mai.  A.  C. 

—  cinerascens  Mikan.  :  Saint-Nazaire,  juin.  T.  C. 
Argyramœba   varia   Fabr.    :    Saint-Nazaire,   juillet. 

—  anthrax  Schrank.  :  Saint-Nazaire,  sur  le  sable,  fin  mai. 
Anthrax  morio  Lin.  :  Saint-Nazaire,  juin. 

—  flava   Meig.    :    Saint-Nazaire.    A.    C,    juillet,    talus   et 

vieux   murs. 

—  velutina.    Saint-Nazaire,    Saint-Brevin,    sur    le    sable, 

en  juillet. 

Therevid^ 

Thereva  annulata  Fabr.  :  Saint-Nazaire,  INlindin,  C.  dunes, 
mai,  juin,  juillet  ;  plus  rare  dans  l'intérieur  du  dépar- 
tement (Blain,  sur  les  routes). 

ASILID/E 

Leptogaster  cylindrica  De  Geer  :  Saint-Nazaire.  A.  C.  en  juin, 
sur  les  buissons. 


G.    REVELIÈRE.    —    FAUNE    DES    DIPTÈRES  103 

Asilus    crabroniformis    :    Miiidiii,    dunes,    août,    septembre 
(T.  (].  dans  le  ]\r()rl)ihan,  Quiheron,  Ilennehont). 

—  chrysitis    Meig.    :    Saint-Nazaire,    juillet. 

—  (I)isiiiachus)   trigonus   Meig.    :    Sainl-Nazaire,    Mindin. 

dunes.  C.  juin,  juillet. 

—  (Dismachus)   spiniger   Zell.    :    Saint-Nazaire,    juin. 

—  (Machinus)    atricapillus    V;\\\.    -.    Sainl-Nazaire,    juin, 

juillet,    dunes.    C. 

—  {Philoniciis)   albiceps    Meig.    :    Saint-Nazaire,    Mindin, 

dunes,    juin,    juillet. 

—  (Entolinus)  rufibarbis  Meig.  :  Saint-Nazaire,  dunes. 
Dasypogon  teutonus  Lin.   :   Saint-Nazaire,  Blain,   Mindin  et 

probablement    tout    le    département  ;     buissons,     juin, 
juillet.  C. 

—  diadema  Fall.  :  Saint-Nazaire,  dunes  ;  au  commence- 

ment de  juillet,   très  localisé.   C.  autrefois.   R.   au- 
jourd'hui. 

Empid^ 

Empis  livida  Lin.  :  Saint-Nazaire. 

—  Bistortœ  Meig.  :  Saint-Nazaire. 

—  tessellata  Fab.  :  Blain,  en  mai. 

—  trigramma  Meig.   :  Blain,  mai. 

—  fiumana  Egger.  :  Blain,  mai.  A.  C. 
Rhamphomyia  sulcata.  Fall.  :  Saint-Nazaire. 
Drapetis  œneseens  Wied.  :  Saint-Nazaire. 

—  aterrima  Curtis.  :  Saint-Nazaire,  en  mars. 

DOLICHOPIDyE 

Gymnopternus  nobilitatus  Lin.  :  Saint-Nazaire,  Blain,  bords 
des  eaux,  lieux  humides,  juin,  juillet.  T.  C. 

COXOPID/E 

Dalmannia...    spec.  ?    Loire-Inférieure    (environs    de    Saint- 
Nazaire). 
Physocephala  vittata  Fabr.   :  Blain,  Campbon,  août. 


104  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

Myopa  testacea  Lin.  :  Saint-Nazaire,  Blain,  avril,  mai. 

—  stigma  Meig.  :  Blain,  mai. 

—  picta  Panz.  :  Blain,  mai. 

LONCHOPTERID.E 

Lonchoptera   flavicauda   Meig.    :    Saint-Nazaire,    janvier,    fé- 
vrier, mars. 

Syrphid.e 
a)  Syrphin^. 

Syrphus  ribesii  L.  :  Saint-Nazaire,  Blain.  C.  avril,  mai,  juin, 
juillet. 

—  aurîcollis,    var.    maculicornis    Zett.    :    Saint-Nazaire. 

A.  C.  de  mars  à  novembre. 

—  corollse  Fabr.  :  T.  C.  partout,  de  mai  à  novembre. 

—  nitidicollis   Meig.    :    Saint-Nazaire,   Blain,    avril,    mai, 

juin. 

—  bifasciatus  Fabr.  :  C.  partout,  mai,,  juin,  juillet. 

—  venustus  INleig.  :  Loire-Inférieure  (environs  de  Saint- 

Nazaire). 

—  albostriatus  Fall.  :  Blain,  Saint-Nazaire,  mai-août. 

—  balteatus  de  Geer    :  Blain,  mai,  juin. 

—  (catabomba)    pyrastri   Lin.    :    Saint-Nazaire,   Blain.    C- 

juin  à  septembre. 

—  vitripennis  :  Blain,  en  mai. 

—  luniger  Meig.  :  Blain,  mai. 

Plalychirus   albimanus    Fabr.  :  Loire-Inférieure  (environs   de 
Saint-Nazaire). 

—  scutatus  Meig.   :   Loire-Inférieure  (environs  de  Saint- 

Nazaire). 

—  clypeatus    Meig.    :    Saint-Nazaire,    Blain.    T.    C,    fin 

avril-mai-juin. 

—  fulviventris    Macq.     :     Loire-Inférieure    (environs    de 

Saint-Nazaire). 
Orthoneura  brevicornis  Lœw.   :   Saint-Nazaire,  août. 

—  frontalis  Lœw.   :  Loire-Inférieure  (environs  de  Saint- 

Nazaire). 


G.    REVELIÈRE.    —    FAUNE    DES    DIPTÈRES  105 

Liogaster  metallica  Fnl).  :  Blain,  mai. 

Melanostroma  barbifrons  Fall.  :  Saint-Nazaire.  mars. 

—  scalare    Faljr.    :    Saint-Nazaire,   Blain,    mai.    C. 

—  mellinum  Lin.  :  Saint-Nazaire. 
Ascia  podagrica  Fabr.  :  Blain,  avril. 

Chilosia  albitarsis  Meig.  :  Blain.  C.  sur  les  fleurs  des  champs, 
fin   avril,   mai  ;   commencement   de  juin. 

—  pulchripes  Lœw.  :  Blain.  C.  fin  avril,  mai. 
Rhyngia  rostrata  Lin.:  Blain.  C.  avril,  mai  ;  tournoie  en  l'air 

à  la  manière  des  si/rphus. 
Xanthogramma^  ornata  Meig.  :  Saint-Nazaire,  juillet. 

b)  VOLUCELLIN^. 

Volucella  Bombylans  L.  :  Saint-Nazaire,  Saint-Brovin,  Blain. 
A.  C.  dans  les  bois,  juin,  juillet. 

—  plumata  de  Geer.  :  Saint-Brevin,  en  juillet. 

—  zonaria    Poda    :    Saint-Nazaire,    Mindin,    juin,    juillet, 

commencement  d'août. 

—  pellucens  :    Forêt  du  Gâvre,  Blain,  juin,  juillet,  août. 

A.   C.   fleurs  de  ligustrum. 

c)  Eristalin.^. 

Eristalis  intricarius   Lin.    :    Saint-Nazaire,  Blain  ;   de  la   mi- 
avril  jusqu'à   septembre.   A.   C. 
.  —     tenax    Lin.    :    Loire-Inférieure.    T.    C.    partout,    toute 
l'année,  hiverne  dans  les  habitations. 

—  rupium  Fab.  :  Saint-Nazaire,  en  juin. 

—  œnens  Scop.  :  Saint-Nazaire,  Blain.  C.  partout,  toute 

l'année,  hiverne. 

—  arbustorum  Lin.    :   Saint-Nazaire,  Blain.   T.   C.   avril, 

mai,  juin,  juillet. 

—  pertinax    Scop.    :    Saint-Nazaire,    Blain,    avril,    mai, 

juin,  juillet.  C. 

—  sepulchralis  Lin.  :  Saint-Nazaire,  Blain.  C.  fin  avril  à 

septembre. 
Helophilus  pendulus  Lin.  :  Saint-Nazaire,  Blain.  C.  mai,  juin. 

—  florens  Lin.  :  Saint-Nazaire,  Blain,  mai,  juin,  juillet. 


106  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3*   SÉR.,    T.    II 

C.  sur  les  fleurs  et  particulièrement  sur  les  aubé- 
pines. 

Helophilustrivittatus  Fab.:  Loire-Inférieure  (environs  de  Saint- 
Nazaire). 

Merodon  equestris  Fab.  :  Saint-Nazaire,  mai,  juin. 

d)  Milesin.î:. 

Milesia  crabroniformis  Fabr.  :  Mindin,  sur  les  fleurs  du  fœni- 

culum  officinalis. 
Chrysochlamis   cuprea   Scop.    :    Saint-Nazaire,   Blain,    Saint- 

Brevin  :  juin,  juillet  et  août  ;  au  soleil,  sur  les  troncs 

d'arbres. 
Tropidia    fasciata    Meig.    :    Blain,    Saint-Nazaire  ;    fin    avril, 

mai,  juin. 
Xylota  nemorum  Fab.  :  Blain. 

—  sylvarum   Lin.    :    Saint-Nazaire  ;   juin. 

—  segnis  Lin.  :  Blain.  A.  C.  fin  avril,  mai. 

Syritta  pipiens  Lin.  :  Blain,  Saint-Nazaire.  T.  C.  en  mai. 
Brachypalpus   valgus  ?   Panz.    :    Blain,   forêt   du   Gâvre,    fin 
avril,  mai. 

e)  Chrysotoxin^e. 

Chrysotoxum  vernale  Lœw.  :  Blain.  en  mai. 

—  octomaculatum  Curt.  :  Saint-Nazaire. 

—  elegans  :  Loire-Inférieure  (environs  de  Saint-Nazaire) 

MUSCIDAE    CALYPTER.E 

a)  AnthomyinjE. 

Aricia  populi  Meig.  :  Saint-Nazaire,  mai. 

—  lucorum  Fall.  :  Saint-Nazaire,  mars,  avril. 

Polietes  lardaria  Fabr.  :  Saint-Nazaire,  Blain,  avril,  mai, 
juin. 

Spilogaster  clara  Meig.  :  Loire-Inférieure  (environs  de  Saint- 
Nazaire). 

Ophyra  leucostoma  Wied.  :  Loire-Inférieure,  Blain,  Saint- 
Nazaire.  T.  C,  mai,  juin. 


G.    REVELIÈRE.    —    FAUNE    DES    DIPTÈRES  107 

Homalomyia   scalaris   Fal)r.    :    Loire-Inférieure   (environs   de 
Saint-Xazaire). 

Lispa  littorea  Fall.  '?  Saint-Nazaire,  juin. 
~     tentaculata  :  Saint-Nazaire,  juin. 

Cœnosia  tigrina  Fabr.  :  Loire-Inféiieure  (environs  de  Saint- 
Nazaire). 

b)  MuSCINiE. 

Musca  corvina  Fabr.   :   Loire-Inférieure  (environs  de  Saint- 
Xazaire). 

—  domestica  Lin.  :  T.  C  partout  et  toute  l'année. 
Cyrtoneura  stabulans  Fall.  :  Saint-Nazaire. 

—  pabulorum  Fall.  :  Saint-Nazaire,  février,  mars,  avril. 

—  hortorum  Fabr.  :  Blain.  T.  C.  au  soleil,  sur  les  feuilles  ; 

avril,  mai.  juin. 
Pollenia  vespillo  Fabr.  :  Blain,  au  soleil  sur  les  feuilles,  avril, 
mai. 

—  rudis  Fabr.  :  Saint-Nazaire,  mars,  avril. 

Lucilia  cœsar  Lin.  :  T.  C.  partout,  presque  toute  l'année. 

—  cornicina   Fabr.    :    Saint-Nazaire,   Blain,   avril   à   sep- 

tembre. A.  C. 
Phormia  cœrulea  Macq.  :  Saint-Nazaire,  juillet  et  août. 
Pyrellia  œnea  Zett.  :  Blain,  Saint-Nazaire,  avril,  mai. 

—  serena  Meig.  :  Saint-Nazaire,  en  automne. 
Mesembrina    meridiana    Lin.    :    Sa  nt-Nazaire,    Blain,    avrii, 

mai,   juin.  ' 

Stomoxys  calcitrans  Lin.  :  T.  C.  partout,  presque  toute  l'année. 
Graphomyia  maculata  Scop.  :  Blain,  Saint-Nazaire,  au  soleil, 

sur  les  feuilles,  de  la  fin  avril  en  août. 
Calliphora  vomitaria  Lin.  :  Saint-Nazaire  et  probablement  tout 
le  département,  mais  bien  plus  rare  qu'erythrocephala. 

—  erythrocephala  Meig.  :  T.  C.  partout,  toute  l'année. 
Dasyphora  saltuum  Rond.  :  Saint-Nazaire.  C.  au  soleil,  sur 

les  feuilles,  mars,  avril,  mai. 

c)  Dexiin^. 

Thelaira  leucozona  Pnz.  :  Blain,  juin,  au  soleil  sur  les  feuilles. 
Melanophora  roralis  Lin.  :  Loire-Inférieure. 


108  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST,   —    3^   SÉR.,    T.    II 

d)  Tachinin^. 

Servillia  lurida  Fab.   :  Blain  et  environs.   C.   clans  les  bois  ; 

avril,  mai. 
Gonia    divisa    Meig.  ?    Loire-Inférieure    (environs    de    Saint- 
Nazaire). 

—  capitata  Fall.  :  Saint-Nazaire,  Mindin,  dunes,  en  mai. 
De  Geeria  strigata  Meig.  :  Loire-Inférieure  (environs  de  Saint- 

.    Nazaire). 
Gymnochœta  viridis  Meig.  :  Blain,  mai. 

Echinomyia  tessellata  Fab.   :  Saint-Nazaire,  mai,  juin,   sep- 
tembre. 

—  magnicornis  Zett.   :  Blain,   fin  avril,   mai. 
Siphona    geniculata    Latr.    :    Loire-Inférieure. 

—  flavifrons     Stœger     :     Loire-Inférieure. 

e)  Sarcophagin^. 

Onesia  cœrulea  Meig.  :  Blain,  au  soleil,  sur  les  feuilles,  mai, 

juin. 
Cynomyia   mortuorum   Lin.    :    Loire-Inférieure. 

MUSCID/E    AcALYPTERiE 

a)  ScATOPHAGINyî:. 

Fucellia  fucorum  Fall.  :  Loire-Inférieure. 
Scatophaga   stercoraria   L.    :    T.    C.    partout,    presque   toute 
l'année. 

—  merdaria  Fab.  :  Saint-Nazaire,  février,  mars. 

—  littorea   Fall.    :    Saint-Nazaire,    au   soleil,    sur  la   vase 

des  marais,   avril,   mai,   juin,   juillet.   C. 

b)  CORDYLURINiE. 

Norellia  spinimana  Meig.  :  Loire-Inférieure  (environs  de  Saint- 
Nazaire). 
Cordylura  pudica  Meig.  :  L.-Inf. 

—  albilabris  Fab.   :       d" 

—  albipes     Fall.     :       d*^ 


G.    REVELIÈRE.    —    FAUNE    DES    DIPTÈRES  109 

d)  Helomyzin^e. 

Orygma  luctuosa  Meig.  :  T.  C.  sur  les  plages,  sur  loul  le  lil- 

loral,  sous  les  algues,  mars,  avril,  mai. 
Blephariptera    surata    Lin.    :    Loire-Inférieure    (envirous    de 

Saint-Nazaire). 
Œdoparea  buccata  Fall.  :  Saint-Nazaire. 

e)  TetanocerinvE. 

Sepedon  sphegeus  Fabr.  :  Saint-Nazaire,  Blain,  juin,  juillet, 

août  :  bords  des  eaux,  sur  les  herbes.  A.  C. 
Elgiva  albiseta  Scop.   :   Saint-Nazaire,  août. 

/)  D0RYCERIN.E. 

Dorycera  graminum  Fabr.  :  Saint-Nazaire,  fin  mai,  juin, 
sur  les  herbes. 

g)  Dryomyzin^. 

Actora  aestuum  Meig.  :  T.  C.  à  Quiberon  (Morbihan),  sur  le 
sable  humide  de  la  plage,  en  septembre;  existe  probable- 
ment  en   Loire-Inférieure,    dans   les   mêmes   conditions. 

h)  Ortalin^e. 

Ceroxys  hortulana  Rossi.  :  Saint-Nazaire  en  novembre,  au 
soleil,  sur  les  feuilles. 

i)  Ulidin^e. 

Chloria  demandata  Fabr.  :  Saint-Nazaire,  août  et  septembre. 

/■)    EPHYDRINiE. 

Teichomiza  fusca  Macq.  :  T.  C.  partout,  presque  toute  Tan- 
née. 

Ephydra  macellaria  Egger.  :  Saint-Nazaire,  sur  les  flaques 
d'eau,  au  bord  des  chemins  ;  novembre  et  décembre  T.  C. 

Ochtera  mantis  De  Geer.  :  Saint-Nazaire,  en  automne. 


110 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^    SÉR.,    T.    II 


k)    BORBORINyE. 

Cœlopa  frigida  Fall.  :  Saint-Nazaire,  en  mars. 
Sphœrocera  subsultans   Fabr.   :   Saint-Nazaire,   mars. 
Borborus  niger  Meig.  :  Saint-Nazaire,  février,  mars. 
—     fumipennis   Stenliam.    :    Saint-Nazaire,    février, 


mars. 


/)  B1B10NID.E 


L.-Inf. 

Saint-Nazaire.  C.  fin  mars,  avril. 
L.-Inf. 
d»         T.   C.   partout  en  mai. 
do         T.  C.  partout,  fin  avril,  mai. 
Saint-Nazaire  et  probablement  tout 
le  département.  T.  C.  février,  mars,  avril. 
Dilophus  vulgaris  Meig.  :  Saint-Nazaire,  mars,  avril.  C. 


Bibio   clavipes   Meig. 

—  Johannis  Lin. 

—  venosus  Meig. 

—  hortulanus  Lin 

—  marci   Lin.    : 
Scatopse  notata  Lin. 


G.    REVELIÈRE.    —    FAUNE    DES    HYMÉNOPTÈRES  111 


II.    -   HYMÉNOPTÈRES 


Tenthredinid^ 

Paururus  Juvencus  Lin.  :  Saint-Nazaire,  sur  les  pins  en  août. 

Cirex  Gigas  :  Blain,  un  exemplaire. 

Cimbex  humeralis  Frcr.  :  Blain,  mai,  juin. 

Hylotoma    cfaneo-crocea    Frst.    :    Loire-Inférieure. 

Trichiocampus  viminalis  Fall.  :  c|o 

Dolerus  triplicatus  Fall.  :  d^ 

Macrophya  rustica  L.  :  Saint-Nazaire. 

—     neglecta  Kl.  :  Blain,  en  mai. 
Allantus  vespa  Retz.  :  Saint-Nazaire.  A.  C.  sur  les  ombelli- 

fères,  en  mai,  juin. 
Rhogogastera  viridis  L.   :  Blain,  juin. 
Pachyprotasis    rapae    Lin.    :    Loire-Inférieure. 
Tenthredo  temula  Scop.  :  Blain,  mai. 

J 

ICHNEUMONID^ 

Ambliteles  fasciatorius  Fab.   :  Saint-Nazaire,  juillet. 

ChRYSIDIDïE 

Chrysis  ignita  L.  :  Loire-Inférieure.  C.  partout,  de  mai  en  août, 
sur  les  murs,  les  vieux  bois  et  aussi  sur  les  fleurs,  prin- 
cipalement  les   ombellifères. 

Hedychridium  sculpturatum  Ab.  :  Saint-Nazaire,  sur  les 
ombellifères,   août. 

Sphegid.î; 

Mutilla  maura  :  Lin.  Saint-Nazaire,  Mindin,  Saint-Brevin  ; 
terrains  sablonneux,  juillet,  août,  septembre. 


112  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3''   SÉR.,    T.    II 

Tiphia  morio  F.  :  Saint-Nazaire,  juin. 

—  femorata  F.   :   Campbon,  août. 
Discolia  hirta  Schrank.  :  Saint-Nazaire.  août. 

—  punctata  F.  :   Saint-Nazaire,  Mindin.  juillet,  août. 
Triclis  maculata  F.  :  Mindin.  dunes,  août. 
Pemphredon....  spec.'^  Saint-Nazaire,  juin. 
Pseudagenia  punctum   Scop. 

Pompilius    plumbens    Fall.  :  L.-Inf. 

—  viaticus   Lin.    :  d^ 

—  dispar    Dahlb  ?  d^ 

—  fumipennis  Zett.  ?  d^ 

Ammophila  sabulosa  Lin.  :  Loire-Inférieure,  partout.  A.  C. 

mai  à  septembre. 
Psammophila  hirsuta  Scop.  :    Saint-Nazaire»    Mindin,  Saint- 

Brevin,  etc.,  sur  tout  le  littoral.  C.  dans  les  dunes,  de 

mai  jusqu'à  octobre. 
Sphex  maxillosus  F.  :  Saint-Nazaire,  juin. 
Cerceris  rybiensis  Lin.   :  Saint-Nazaire,  août. 
Mellinus  arvensis  Lin.  :  L.-Inf.  (env.  de  Saint-Nazaire). 
Philanthus  triangulum  F.  :  Saint-Nazaire,  juin. 
Bembex  rostrata  Lin.  :  Saint-Nazaire,  en  juillet,  dunes.  A.  C. 
Crabro  vexillatus  Pnz.  :  Saint-Nazaire,  juin. 
Trypoxylon  figulus  Lin.  :  Blain,  août. 

—  attenuatus  Sm.  :  L.-Inf. 

Vespid^ 

Vespa  crabro  Lin.  :  T.  C.  dans  les  bois,  partout,  pendant  la 
belle  saison,  o  hiverne  cachée  dans  le  bois. 

—  rufa  Lin.   :    Saint-Nazaire,    Blain,    Mindin.   A.    R.,  ç 

hiverne  sous  terre. 

—  germanica  F.  :  T.  C.  partout,  presque  toute  Tannée. 

—  sylvestris  Scop.  :  Blain,  mai. 
Eumenes  coarctata  Lin.  :  Blain,  août. 

Polistes  gallicus  Lin.  :  Blain.  C.  en  mai,  juin  et  juillet,  jamais 

rencontré  autour  de  Saint-Nazaire. 
Odynerus    parietum    Lin.    :    Loire-Inférieure,    Saint-Nazaire 


G.    REVELIÈRE.    —    FAUNE    DES    HYMÉNOPTÈRHS  113 

et    environs,    en    mai,    juin  ;    doit    se    trouver    dans 
tont  le  départemenl. 
Odvnerus  spinipes  Liu.  :  Blain.  mai. 

Apid^e 

Colletés  cunicularius  Lin.  :  Saint-Nazaire,  fin  mars,  avril,  mai. 
Halictus  scabiosse  Ilossi.  :  Saint-Nazaire.  C  fin   juin,  juillet 
et  août. 

—  morio    Fab.    :    L.-Inf. 

—  calceatus  Scop.  :  d" 

Sphecodes  fuscipennis  Germ.  :  Sainl-Nazaire.  A.  C.  mai  el  juin. 
Andrena  labialis  Ky.   :   L.-Inf. 

—  extricata   Sm.    :        d» 

—  bimaculata  Xy  ?      d" 

—  proxima   Ky.  d" 

—  Flessoe  Pnz.  :  Saint-Nazaire,  Blain,  fin  avril,  mai,  juin. 

—  thoracica  F.  :  Saint-Nazaire,  fin  avril,  mai. 

—  nigro-œnea  Ky.  :  L.-Inf. 

—  cineraria  Lin.   :  Saint-Nazaire,  fin  avril,  mai,  juin. 

—  fulvicrus  Ky.  :  Blain,  mai. 

—  Schenki  Mor.  :  Saint-Nazaire,  juin. 

—  albicans  Mûll.  :  Saint-Nazaire,  fin  avril. 
Melitta  leporiia  Pnz.   :   L.-Inf. 

Anthophora  acervorum  Lin  :  Blain,   Saint-Nazaire,   mai. 

—  fulvitarsis  Brullé    :    Saint-Nazaire,    mai,   juin. 
~     retusa  Lin.  :  Blain,  Saint-Nazaire.  C.  mai. 

Eucera  longicornis  Lin.  :  Blain,  Saint-Nazaire,  mai.  juin.  A.  C. 
Melecta  luctuosa  Scop.  :  Blain,  mai. 

—  armata    Pnz.    :    L.-Inf. 

Crocisa  ramosa  Lep.  :  Saint-Nazaire,  juillet. 
Nomada  austriaca  Schmied.  :  L.-Inf. 

—  fucata    Pnz.    :  d" 

—  bifida  Th.  :  d^ 

—  ruficornis   F.   :  d" 

—  succincta  Pnz.  :  Blain,  mai. 

—  Fabriciana  Lin.  :  L.-Inf. 


114  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3*    SÉR.,    T.    II 

Xylocopa  violacea  :  Blain,  wSaiiit-Nazaire,  mai,  juin.  A.  R. 
Megachile   maritima   Ky.    :   Saint-Nazaire,   fin  juin,   juillet  ; 
dunes. 

—  argentata    F.  ?    L.-Inf. 

—  ericetorum  Lep.  :  Saint-Nazaire,  fin  juin. 
Chalicodoma  Pyrenaica  Lep.  ?  Saint-Nazaire,  mai. 
Anthidium    oblungatum    Latr.  ?    Loire-Inférieure    (environs 

de   Saint-Nazaire). 

—  diademaLatr.  ?Mindin  (L.-Inf.),  dunes,  fin  juin,  juillet. 
Osmia  Panzeri  Mor.  :  Blain,  mai. 

—  Gîraudi  Schmied.  ?  L.-Inf. 

—  cornuta  Latr.  :  Saint-Nazaire.  Blain,   fin  mars,  avril, 

mai. 

—  bicornis  Lin    :  Blain,  mai,  juin. 

—  bicolor  Schrank.  :  L.-Inf. 

Cœlioxys  conoïdea  Kl.   :  Saint-Nazaire,  juillet,  dunes. 

—  afra    Lep.  ?    Saint-Nazaire,    juillet. 

Bombus  hortorum  Lin.  :  C.  partout  L.-Inf.,  pendant  la  belle 
saison,  o  hiverne  en  terre. 

—  terrestris.  Comme  le  précédent,  mais  plus  C. 

—  lapidarius  Lin.   :   C.   partout,   comme  hortorum. 

—  pratorum  Lin.  :  Blain,  Saint-Nazaire,  mai,  juin. 

—  Sylvarum  Lin.  :  Forêt  du  Gâvre,  Blain,  fin  avril,  mai. 

—  venustus  Smith.   :  Blain,   Saint-Nazaire.   C.   fin   avril, 

mai,  juin,  juillet,   août. 

—  rapellus  Ky.  :  Blain  et  probablement  toute  la  Loire- 
Inférieure  pendant  la  belle  saison. 


Le  Glaciaire  de  la  Vallée  du  Louron 

(Hautes-Pyrénées) 


PAR 


Maurice   GOURD  ON 


Au-delà  du  Port  de  Peyresourde,  de  l'autre  côté  des  monts 
qui  au  couchant  circonscrivent  le  pays  de  Ludion,  arrosé 
par  la  Pique  et  ses  affluents,  dont  nous  avons  déjà  étudié 
le  glaciaire,  s'ouvre  la  Vallée  du  Louron.  Elle  semble  tirer 
son  nom  cV Iluro,  dieu  de  la  contrée  à  l'époque  gallo-romaine, 
et  dont  on  a  découvert  sur  son  territoire  quelques  autels 
votifs  avec  inscriptions  dédicatoires. 

Ouverte  directement  du  sud  au  nord  elle  présente  un 
développement  de  25  kilomètres  environ  de  long  sur  6  à  7 
de  largeur  moyenne.  Descendue  des  grands  pics  et  des  gla- 
ciers de  la  fiontière  franco-aragonaise,  la  Nesfe  la  traverse 
dans  toute  son  étendue,  et  sur  la  rive  droite,  dans  la  moitié 
inférieure,  passe  la  grande  route  thermale  de  Luchon  à 
Bagnères-de-Bigorre,  par  Arreau. 

Si  de  nos  jours  la  vallée  du  Louron  aux  belles  cultures, 
aux  grasses  prairies,  aux  nombreux  villages  disséminés  sur 
les  bords  du  torrent  ou  sur  les  pentes  voisines,  apparaît  comme 
une  contrée  sinon  riche,  tout  au  moins  prospère  à  l'aspect 
pittoresque  et  riant,  il  n'en  fut  pas  toujours  ainsi.  Comme 
dans  les  vallées  voisines  du  Larboust  et  d'Oo,  uu  puissant 
fleuve  de  glace  en  occupait  jadis  toute  l'étendue.  En  se 
retirant  peu  à  peu  il  a  laissé  après  lui  des  traces  indélébiles 

Nantes.  —  Bull.  Soc.  se.  nal.  Ouest,  3=  séi-.,  t.  II,  30  décembre  1912. 


116  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

de  son  ancienne  existence.  Elles  se  voient  en  effet  en  maints 
endroits  ainsi  que  nous  allons  pouvoir  le  constater,  et  tout 
en  explorant  la  contrée,  il  nous  sera  facile  de  noter  en  passant, 
moraines  et  blocs  erratiques,  dont  certains  ont  des  noms 
particuliers. 

Du  Port  de  Peyresourde  (1545  mètres)  la  grande  route 
thermale  qui,  de  la  vallée  du  Larboust.  nous  amène  dans 
celle  du  Louron,  descend  d'abord  directement  à  l'ouest  au 
travers  d'alpages  et  de  prairies,  et  dans  les  murs  qui  la  bordent 
au  nord  se  montrent  des  blocs  de  granité.  Il  en  existe  égale- 
ment au  sud  dans  le  thalweg,  tout  voisin,  du  petit  ruisseau 
du  Bayet.  Mais  ces  premiers  erratiques  n'ont  pas  de  grands 
cristaux  de  feldspath  comme  d'autres  que  nous  aurons 
l'occasion  de  signaler.  Au-delà  d'un  petit  vallon  et  un  peu 
avant  le  point  où  la  route  (3  kilomètres  1/2)  oblique  au  nord 
pour  décrire  trois  lacets  et  atteindre  le  village  de  Louder- 
vielle,  quittez-la  et  recoupez  presque  horizontalement  les 
pentes  gazonnées  de  la  montagne.  Chemin  faisant,  par  1.330 
mètres  d'altitude  reposent  plusieurs  blocs,  dont  un  de  31 
mètres  cubes.  Non  loin  :  nouveau  bloc  granitique  de  dimen- 
sion à  peu  près  semblable,  également  sans  cristaux  de  feld- 
spath et  de  forme  un  peu  plate,  portant  gravé  à  la  partie 
supérieure  une  croix  de  15  centimètres  sur  20  de  haut. 

Sur  la  rive  gauche  d'un  ruisselet  servant  d'écoulement 
à  la  source  de  la  Pénère,  j'ai  pu  constater  la  présence  d'un 
dépôt  de  boues  glaciaires  avec  petits  blocs.  D'ici  le  regard 
embrasse  tout  le  territoire  de  la  commune  de  Mont  jusqu'au 
sommet  de  Lagle  (2090  mètres)  avec  sa  vallée  circonscrite 
à  l'Est  par  la  frontière  de  la  Haute-Garonne  (1908  mètres), 
et  à  l'Ouest  par  la  crête  de  la  Pêne  d'Aube  (1620  mètres). 
Actuellement  aucune  trace  du  passage  de  l'ancien  glacier 
du  Louron  n'y  est  visible,  ce  qui  donne  à  penser  qu'il  ne 
l'a  pas  dû  envahir  jadis.  Inutile  par  conséquent  d'y  pénétrer. 
Aussi  reprenons  la  route  thermale,  dont  les  murs  de  soutène- 
ment sont  en  partie  formés  de  blocs  erratiques  brisés  pour  les 
construire. 

Un    dernier   lacet    nous   amène    à   Loudennelle,    d'où    nous 


M.  GOLHUON.  —  GLACIAIHK  DE   LA  VALLÉK  DU  LOUKON   117 

n'avons  plus  qu'à  descendre  au  nord  en  traversant  ou  laissant 
de  côté  les  divers  villages  disséminés,  rive  droite  de  la  Nesle, 
sur  le  flâne  de  la  montagne. 

Nous  retrouvons  maintenant  le  granité  à  grands  eristaux 
de  feldspath  des  hautes  montagnes  du  Louron  et  avant 
d'atteindre  le  ruisseau  de  Mont  un  long  mur  de  soutènement 
en  est  entièrement  formé.  La  grosseur  des  fragments  suffit 
à  montrer  que  les  blocs  étaient  de  forte  taille  ainsi  que  ceux 
utilisés  dans  les  propriétés  et  les  champs  voisins  comme 
clôture.  Le  ruisseau  lui-même,  surtout  dans  la  j)artie  infé- 
rieure «u-dessus  de  la  route,  en  est  rempli. 

A  moitié  distance  environ  entre  Loudervielle  et  Aneran- 
Camors,  sur  le  territoire  de  cette  commune,  la  route  recoupe 
un  épais  filon  de  caischiste,  passant  au  schiste  ardoisier,  à 
stratification  verticale.  Des  deux  côtés  se  voient  des  blocs, 
et  l'un  d'eux  au-dessus  de  la  route,  accosté  de  plusieurs 
autres  plus  petits,  cube  un  peu  plus  d'un  mètre,  et  repose 
directement  sur  la  roche  en  place. 

Un  habitant  du  village  iï Avajan  m'a  signalé  non  loin  de 
Fréchet,  à  180  ou  200  mètres  au-dessus  de  la  route,  au  quartier 
de  la  Pêne,  un  bloc  erratique  de  7  à  8  mètres  cubes. 

Aux  portes  mêmes  (ï  Aneran  (nord),  dans  un  pré  dominant 
le  chemin  et  près  d'un  peuplier  :  nouveau  bloc  de  30  mètres 
cubes.  Au-delà  du  village  jusques  à  Bordères  les  murs  de  la 
route  sont  presque  entièrement  construits  avec  du  granité  ; 
et  nombreux  sont  les  blocs  descendus  jusque  dans  le  lit 
même  de  la  Neste. 

Aux  approches  de  Bordères  ils  se  trouvent  mélangés  avec 
les  granités  sans  cristaux  descendus  des  montagnes  voisines  : 
Montions  et  autres,  dont  les  sapinières  de  ce  nom  et  de 
Hougastrou  masquent  en  partie  la  solide  ossature. 

Remontons  maintenant  la  rive  gauche  de  la  Neste.  Au 
sud  de  Bordères,  près  de  la  bifurcation  de  la  route,  nous 
trouvons  tout  d'abord  Aixijan.  A  l'entrée  du  village  un  sen- 
tier en  partie  envahi  par  les  eaux  d'un  petit  ruisseau  monte 
à  l'ouest,  et  sur  son  parcours  se  voient  des  blocs  de  granité 
à  muscovite  sans  cristaux,  ayant  en  moyenne  un  mètre  cube. 

13 


118  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^    SÉR.,    T.    II 

Inutile  d'arriver  jusqu'à  un  énorme  rocher  qu'à  distance 
on  pourrait  prendre  pour  un  erratique.  C'est  tout-  simple- 
ment du  schiste  tombé  de  la  montagne  voisine. 

Voici  bientôt  Vieille-Louron,  puis  Pouchergiies  et  Ader- 
vielle,  assez  écartés  de  la  NesLe.  Chemin  faisant,  nombreux 
sont  les  blocs  erratiques  avec  ou  sans  cristaux  de  feldspath 
de  1  à  2  mètres  cubes  dans  les  murs  de  clôture  bordant  la 
route  qui  aboutit  à  Génosi. 

En  entrant  dans  le  village,  à  droite  du  chemin,  sur  les 
schistes  en  place  :  deux  blocs  à  grands  cristaux  de  feldspath 
(1050  mètres). 

Génosi  est  un  bourg  de  200  habitants  qui  passerait  partout 
assez  inaperçu  s'il  n'avait  à  montrer  aux  touristes  son  vieux 
castel,  dont  la  haute  tour  carrée,  protégée  par  une  enceinte 
élevée,  encore  debout,  se  dresse-  fièrement  au  faîte  d'un 
piton  rocheux  dominant  le  village  au  N.-E.  sur  la  rive  gauche 
de  la  Neste.  Il  fait  partie  d'une  puissante  formation  de  schiste 
ardoisier,  dont  nous  aurons  à  reparler,  et  qui  barre  ici  com- 
plètement la  vallée  de  l'Ouest  à  l'Est,  et  à  travers  laquelle 
le  torrent  s'est  peu  à  peu  frayé  un  étroit  passage  ;  véritable 
défilé  que  l'homme  à  une  époque  toute  récente  a  élargi  pour 
étal)lir  la  route  carrossable  menant  à  Loudenvielle. 

Ue  la  tour,  mieux  que  de  tout  autre  point  il  est  facile  de 
constater  sur  les  pentes  occidentales  de  la  vallée  la  présence 
d'erratiques  de  même  nature  que  les  deux  blocs  dont  nous 
venons  de  parler.  Aux  Granges  de  Nabias  (1330  mètres), 
et  plus  haut  encore  sur  les  alpages  montant  vers  le  col  d'Azet 
ils  sont  nombreux  et  certains  atteignent  6,  7  et  8  mètres 
cubes.  Plus  loin,  sur  les  pentes  de  la  Montagne  de  Paoulède 
(1272  mètres),  une  certaine  quantité  d'autres  de  2  à  3  mètres 
cubes  est  disséminée,  ma's  ne  portent  pas,  que  je  sache, 
de  noms  particuliers.  Quant  aux  dépôts  de  boues  glaciaires, 
ils  sont  fréquents  et  importants  en  ces  parages  jusqu'au- 
delà  des  Bains  (1123  mètres)  avant  le  sommet  de  Lapadé. 
D'après  les  indigènes  il  existerait  au-dessous  de  ce  pic  un  bloc 
de  14  à  15^Tnètres  cubes,  connu  sous  le  nom  de  Roc  de  Ci  galère. 

Ue   Génosi  un  large  chemin  muletier,  tout  ombragé,  utili- 


M.  GOIIHDOX.  GLACIAUU-:  I)K  LA  VALrj-.K   DU  LOL'HON       119 

sable  pour  les  eharreUes  du  pays,  vous  amène  eu  20  minutes 
à  un  pont  jeté  sur  la  Neste  (978  mètres),  qu'on  traverse,  et 
quelques  pas  après  au  village  de  Loudcnvielle,  rive  droite 
du  torrent.  Remonlons-en  le  cours. 

Au-delà  du  village  on  s'engage  au  travers  des  cultures 
et  de  belles  prairies  bordées  de  boucjuets  de  frênes,  et  moins 
d'une  demi-heure  après  on  atteint  un  groupe  de  granges 
foraines.   Ce  sont  celles  lV  Orsubalch.   En  ce  point,   comme  à 


FlG.    1. 


Bloc  (l'Orsubatch 


la  hauteur  de  Génost,  un  puissant  filon  de  schiste  ardoisier, 
recoupant  la  vallée,  forme  un  large  ressaut  s'étendant  sur  un 
assez  grand  espace.  Sur  la  roche  en  place  ou  les  gazons  qui 
parfois  la  couvrent,  sont  disséminés  bon  nombre  de  blocs 
à  grands  cristaux  de  feldspath.  L'un  d'eux,  de  dix  mètres 
cubes,  à  gauche  et  sur  le  bord  même  du  chemin  (1018  mètres), 
près  de  la  première  écurie  est  connu  sous  l'appellation  de 
Cailhaou  (T  Orsubatch  ou  de  Portet,  du  nom  du  propriétaire 
du  pré  voisin. 


120 


1JUI,L.    SOC.    se.    NAT.    OUKST. 


3^   SÉR.,    T.    II 


Le  vieux  chemin,  quelque  peu  délaissé  en  ce  point,  est 
remplacé  par  une  voie  carrossable  qui,  décrivant  à  l'est  une 
courbe,  passe  sur  un  pont  de  pierre  le  torrent  d'Aube  au- 
dessus  d'une  petite  construction  où  s'emmagasine  la  force 
motrice  ■  pour  l'éclairage  électrique  de  Loudenvielle.  A  la 
partie  supérieure  du  seuil,  dont  nous  venons  de  parler,  et 
voisinant  avec  d'autres  erratiques,  se  voit  un  énorme  bloc 
de    cinquante-neuf    mètres    cubes.    Connu    sous   le    nom    de 


FiG.  2. 


Roc  Coloumèra 


Roc  de  Coloumèra  et  formé  d'un  granité  à  grands  cristaux 
de  feldspath,  il  repose  par  1.100  mètres  d'altitude  sur  la 
roche  en  place  par  ses  deux  extrémités.  Au-dessous,  en 
effet,  est  un  vide  assez  grand  pour  abriter,  en  cas  de  besoin, 
trois  ou  quatre  personnes.  A  stratification  presque  verticale, 
le  schiste  de  ce  barrage  naturel  est  en  maints  endroits  poli  et 
strié  sur  de  larges  surfaces.  Il  marque  sans  doute  une  des 
étapes  du  retrait  du  grand  glacier,  maintenant  disparu. 
En  face  du    Roc  Coloumèra,  rive  gauche  de  la  Neste,  sur 


M.   <  OURDON.  (1I>ACIAIHE  DK  I.A.  VAM.KK   DU   I.OLHOX        121 

les  pentes  de  la  montagne,  se  voient  également  des  blocs 
erratiques  et  des  dépôts  de  boue  glaciaire. 

Les  mêmes  phédomènes  géologiques  se  reproduisent  du 
reste  assez  fréquents  jusqu'à  la  Chapelle  (l'Artigalongue 
et  sur  les  pentes  inférieures  de  la  montagne,  à  gauche  du  che- 
min, au-dessus  des  écuries  foraines,  les  blocs  d'un  assez  fort 
volume  sont  assez  nombreux. 

Par  1112  mètres  nous  voici  à  la  Chapelle  adossée  à  la  mon- 
tagne en  cet  endroit,  constituée  par  des  roches  schisteuses 
à  stratification  plus  ou  moins  horizontale,  surmontées  d'un 
banc  granitique  à  petits  éléments,  portant  à  la  partie  extrême 
une  statue  de  la  Vierge  sur  socle  de  marbre.  Tout  en  remon- 
tant la  vallée  nous  ne  saurions  passer  près  de  l'avant  dernière 
grange  que  l'on  rencontre  (celle  du  sieur  Toiimo,  de  Loiiden- 
vielle),  sans  signaler  aux  botanistes  la  présence  d'une  plante 
assez  rare  et  qui  d'ordinaire  pousse  à  l'orée  des  forêts  ou 
sous  leur  frais  ombrage.  Elle  forme  ici,  loin  des  bois,  une 
véritable  colonie  des  plus  intéressantes.  Dans  la  petite  cour 
intérieure  de  l'écurie  un  énorme  quartier  de  schiste  est  litté- 
ralement couvert,  seulement  au  nord,  par  des  centaines  de 
touffes  de  Ramondia  pyrenaica,  qui  semblent  affectionner 
les  fissures  et  les  plans  de  stratification  de  la  roche.  Vers  le 
milieu  de  juin  elle  disparaît  pour  ainsi  dire  sous  une  luxu- 
riante jonchée  de  fleurs  aux  pétales  du  plus  doux  violet  et 
du  plus  charmant  effet. 

Au-delà,  la  route  s'élevant  en  pente  douce,  franchit  et 
recoupe  à  un  moment  donné  un  important  filon  de  granité, 
dont  le  glacier  a  jadis  entièrement  poli  et  moutonné  la  sur- 
face. Cet  endroit  (1165  mètres)  est  connu  dans  le  pays  sous 
le  nom  de  V  Escalo  Pio.  Il  précède  de  peu  un  étroit  défilé 
où  mugit  la   Neste  (1190  mètres). 

Un  peu  plus  loin  on  longe  de  très  près  la  base  d'un  escar- 
pement granitique  avec  suintements  d'eau,  la  Goutère  de 
Lahat,  portant  aussi  les  traces  du  passage  de  l'ancien  glacier. 
Au  pont  même  de  Tramezaïgues  (1229  mèties),  sur  ia  rive 
droite  de  la  Neste  de  Clarabide  au  pied  même  du  pic  d' Espi- 
chadère    (2596  mètres),  dont  les  derniers  ressauts  sont  polis. 


122 


BULL.    SOC.    se.    \AT,    OUKST. 


S*"    SKR.,    T.    II 


se  voit  un  dépôt  de  boue  glaciaire  avec  blocs  de  moyenne 
taille  emballés  dans  la  ma?se. 

D'ici,  si  nous  pénétrions  dans  la  vallée  de  la  Pès  ou  dan;; 
celle  plus  belle  et  plus  imposante  de  la  Neste  de  Clarabide. 
nous  retrouverions  également,  surtout  dans  la  partie  infé- 
rieure de  cette  dernière  de  nombreuses  traces  glaciaires. 
Mais  les  blocs  anciennement  déposés  dan?  cette  région  se 
trouvent   forcément   mélangés   avec    ceux    ciui   actuellement 


l'iG.  3. 


Bloc  de  Génost 


descendent  des  montagnes  voisines,  et  ces  recherches  j)ré- 
senteraient  peut-être  moins  d'intérêt  et  d'exactitude  que 
dans  la  contrée  que  nous  venons  de  visiter. 

En  redescendant  la  vallée  je  contrôlai  au  passage  mes 
observations  de  la  matinée  et  par  Loudenvielle  et  Aranvielle 
rentrai  à  Génost.  Chemin  faisant,  entre  les  deux  premiers 
villages,  je  constatai  dans  les  petits  murs  de  clôture  et  ceux 
des  maisons,  la  présence  de  nombreux  blocs  de  granité  à 
grands  cristaux  de  feldspath. 


M.  GOUHDON.   —  GLACIAIRE  UE  LA  VALLÉE  DU  LOUHON       123 

Au-delà  du  ponl  de  Génost  (Est),  rive  droite  de  la  Neste, 
de:  la  route  carrossable  se  détache  le  vieux  chemin  muletier 
(|ui  monte  vers  la  Tour  de  Moulor  el  Loudervielle.  Prenons-le. 
Il  s'élève  d'abord  en  lacets  au-dessus  de  l'ardoisière  de  rive 
droite  à  la  partie  supérieure  du  barrage  naturel,  dont  nous 
avons  déjà  parlé.  ('Jiemin  faisant  ces  schistes  à  stratification 
verticale  sont  en  maints  endroits  polis  et  profondément 
striés,  suivant  l'axe  de  la  vallée,  sur  de  larges  espaces.  Nom- 
breux étaient  encore  il  y  a  cjuelques  années  les  blocs  errati- 
(jues  de  granité  à  grands  cristaux  de  feldspath  déposés  à  leur 
surface.  Une  partie  a  été  utilisée.  Mais  il  en  reste  encore 
quelques-uns  de  dimensions  respectajjles.  L'un  d'eux  à  demi 
enfoui  dans  le  gazon,  mesure  trente-deux  mètres  cubes  ; 
urt  autre  tout  voisin,  vingt-cinq.  Notons  encore  en  ce  point 
des  boues  glaciaires.  .Je  ne  parlerai  que  pour  souvenir  de  la 
vue  magnifique  qui  d'ici  s'offre  à  vous  vers  le  sud  sur  les 
hautes  montagnes  de  Claraliide  et  de  Caillaouas,  lieux  d'ori- 
gine des  blocs,  dont  nous  venons  de  relever  la  position  dans  le 
thalweg  de  la  vallée  et  les  pentes  voisines. 

De  l'ardoisière  à  Loudervielle  par  la  Tour  de  Moulor  on 
traverse  cultures  et  prairies,  et  nombreux  sont  les  blocs 
épars  le  long  du  sentier  ombragé  que  l'on  suit.  Dans  le  village 
même  (1040  mètres),  au  croisement  de  quatre  chemins  se 
voit  un  erratique  d'un  mètre  et  demi  cube.  Signalons  encore 
celui  de  deux  mètres  et  demi  cubes  placé  à  l'ejitrée  de  la 
coursière  recoupant  les  lacets  de  la  route  thermale,  qu'on 
rejoint  en  vingt  minutes  de  marche. 

De  là,  moins  d'une  heure  de  marche  suffit  pour  gagner 
le  Port  de  Peyresourde  et  rentrer  en  Haute-Garonne. 

Dans  la  vallée  du  Louron,  les  blocs  erratiques  semblent 
en  général  de  forte  taille,  mais,  contrairement  à  ce  qu'on 
remarque  dans  celles  de  la  Pique  et  du  Larboust,  peu  d'entre 
eux  ont  des  noms  spéciaux. 


Le  Marais  Mcridiopal  de  la  Vepdée 


Les  Marais   mouillés 
Influence   des   inondations   sur   leur   fertilité 

PAR 

M.    G.   CHARTRON 


La  station  agronomique  de  Pétré,  commune  de  Sainte- 
Gemme-la-Plaine  (Vendée),  vient  de  se  livrer  à  des  études 
scientifiques  très  intéressantes  sur  les  divers  phénomènes 
atmosphériques,  et  particulièrement  sur  le  régime  des  eaux 
pouvant  favoriser  l'agriculture. 

Sa  situation  à  la  limite  de  la  plaine  et  au  bord  du  Marais 
la  portait  naturellement  à  envisager,  sous  ses  multiples 
rapports,  les  richesses  qu'une  habile  direction  peut  tirer 
d'un  pays  aussi  favorisé  que  celui  dont  nous  parlons. 

Depuis  de  nombreuses  années,  nous  pourrions  même  dire 
depuis  le  commencement  du  xix^  siècle,  bien  des  écrits  nous 
avaient  révélé  les  avantages  de  notre  région  ;  mais  aucun 
n'avait  su  par  des  preuves  précises  nous  donner  des  résultats 
aussi  concluants  que  ceux  dont  nous  nous  proposons  de  faire 
l'analyse. 

Nous  empruntons  donc  au  travail  inédit  de  M.  Touchard, 
Directeur  de  la  Station  agronomique  de  Pétré  et  de  M.  Bon- 
Nantes.  —  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Ouest,  3-  ,Sér.,  t.  11.  30   décembre  1912.  1-i 


126  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST,    —   3*    SÉR.,    T.    II 

netat,  Professeur  à  la  même  station,  tout  ce  qui  va  suivre 
et  relatif  simplement  à  la  région  considérée.  C'est-à-dire 
aux  terrains  anciens,  aux  terrains  sédimentaires  et  aux 
alluvions  modernes.  Ce  sont  ces  derniers  terrains  surtout 
qui  font  l'objet  principal  de  leur  travail. 


«  L'eau    qui    recouvre   fréquemment   les    marais    pendant 

«  l'hiver  et  au  début  du  printemps,  laisse  derrière  elle  un 

«  «  limon  »    qui   est   abondant   surtout   dans  les   bas-fonds. 

«  La  quantité  de  ce  limon  ayant  été  importante  en   1910, 

«  à  la  suite  des  pluies  prolongées  de  l'hiver  dernier,   et  la 

((  prise    d'échantillons    facile,    nous    en    avons    profité    pour 

«  étudier  sa  composition  et  ses  causes,  et  par  suite  nous  avons 

«  été  amenés  à  rechercher  d'abord  l'origine  et  la  composition 

«  des  eaux  qui  submergent  nos  marais. 


((  Les  digues  qui  préservent  les  marais  desséchés  arrêtent 

«  le  cours  naturel  des  eaux  qui  descendent  de  la  plaine  et 

«  ce  sont  ces  eaux  qui,  se  mélangeant    à    celles  que  fournit 

«  la   rivière   Vendée,    s'accumulent   dans   le   marais   mouillé 

«  en  attendant  que  les  canaux  des  cinq  Abbés  et  de  Luçon, 

«  évacuateurs   puissants,    mais   insuffisants   pour    éviter   les 

«  inondations,  les  conduisent  à  la  mer. 


Composition  des  eaux 

(c  a)  La  rivière  Vendée  prend  sa  source  dans  les  schistes 
«  argileux  et  les  terrains  qu'elle  draine  avec  ses  affluents 
«  appartiennent  en  grande  partie  à  ces  shistes  et  aux  forma- 
«  tions  granitiques,  terres  pauvres  en  acide  phosphorique 
«  et  en  chaux  (le  degré  hydrotimétrique  des  eaux  est  infé- 
«  rieur  à  10),  mais  assez  riches  en  potasse  comme  le  montrent 
«  les  analyses  ci-après  : 


G.  CHARTRON.  —   MARAIS    MÉRIDIONAL   DE    LA   VENDÉF:      127 


FORMATION 

GÉOLOGIQUE 

LOCALITÉS 

Acide 

ptiospho- 

rique 

"/oo 

Azote 

'Voo 

Potasse 

Cliaux 

"/oo 

Schistes  argileux. 

Ctiavagnes-les-Redoux 

0,99 

i,4;i 

M,  4  7 

21,40 

■S  1  (      A  la  limite 
s  s|  du  Lias  et  de 
i|    rOolithe. 

Thouarsais 
Thouarsais 

0,55 
0,79 

0,85 
0,87 

2,01 
3,26 

14.63 
7,10 

Schistes  argileux. 

Saint-Pierre-dn-CHemin 

0,64 

1,02 

l,()0' 

2.^0 

La  Jaudonnière 

0,(:H 

1,22 

3.04 

11,50 

((  b)  Dans  la  plaine  les  formations  jurassiques  (Bajocien, 
«  Bathonien,  Callovien)  sont  recouvertes  d'une  couche  de 
«  terre  végétale  ^^^  dont  l'épaisseur  peut  varier  de  0  m.  10 
«  à  0  m,  50,  terre  qui  est  généralement  fertile  comme  Tin- 
«  diquent  ces  analyses. 


FORMATION 

GÉOLOGIQUE 


A  la  limite  du 
Bajocien  et  du  Ba- 
thonien  


Bathonien, 


LOCALITES 


Limite  duBatho-( 
nien  et  (lu Callovien? 

Bathonien 

Partie  nord 

Bathonien 

Partie  sud 
Callovien 


Chazais 

fonienay-le-CoDite 
FODtenay-le-Coiiite 

Ouïmes 
Nalliers 


Limite  du  Batho-) 
nienit  du  Callovien) 


Luçon 

Luçon 

Velluire 

Luçon 


Acide 

phospho- 

rique. 

o/ 
/oo 


1,76 

1,10 
1,27 
0,88 
1,96 
0,95 
0,97 
1,55 
0,55 
1,20 


Azote 

"/oo 


1,82 

2,45 
2,00 
2,95 
2,17 
1,60 
1,65 
1,48 
1,08 
1,35 


Potasse 

«/oo 


5,09 

3,66 
2,95 
4,40 
4,90 
3,05 
2,35 
3.40 
3.40 
6,70 


Chaux 

"/oo 


12,00 

92,00 
151,00 

50,00 

23,60 
105,00 
108,00 

18,00 
2,80 

80,00 


(1)  Résultat  de  la  décalcification  —  dans  le  temps  —  de  la  roche  sous- 
jacente.  C   C. 


128 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 


«  Il  y  a  peu  d'eau  de  ruissellemeut  dans  la  Plaine,  parce 
«  que  le  terrain  n'est  pas  accidenté  et  parce  que  le  sous-sol 
((  (et  quelquefois  le  sol)  est  perméable. 

<(  Si  après  une  forte  pluie,  l'eau  reste  stagnante  sur  les 
«  champs,  elle  ne  tarde  pas  à  s'infiltrer  à  travers  la  terre  et  à 
«  atteindre  le  niveau  inférieur  en  s' emparant  des  principes 
«  solubles  qu'elle  rencontre  et  en  se  chargeant  de  calcaire. 

«  Ce  niveau  est  d'ailleurs  à  une  faible  profondeur  au  voi- 
«  sinage  du  marais  mouillé  et  l'eau  source  dans  tous  les 
«  abreuvoirs  et  les  fossés  dont  le  fond  est  creusé  dans  le 
«  calcaire. 

((  Non  seulement  le  sol  de  la  plaine  est  fertile,  mais  il  est 
«  abondamment  fumé  avec  le  fumier  de  ferme.  A  presque 
«  toutes  les  exploitations  sont  jointes  des  prairies  du  marais 
«  et  le  sol  de  la  ferme  reçoit  en  outre  du  fumier  correspondant 
«  à  la  paille,  aux  fourrages  et  aux  racines  fourragères  qu'il 
«  produit,  celui  qui  résulte  de  la  consommation  des  foins 
«  du  marais.  Les  eaux  de  drainage  doivent  donc  se  charger 
«  de  nitrate  et  cela  d'autant  plus  que  presque  toujours  le 
«  purin  s'écoule  dans  les  fossés  par  suite  de  l'absence  de  fosses 
«  étanches  à  côté  des  plates-formes  à  fumier. 

«  Dans  le  tableau  ci-dessous,  nous  voyons  que  les  eaux 
«  de  drainage  de  la  Plaine  sont  en  effet  beaucoup  plus  riches 
«  en  nitrates  que  celles  du  Canal  des  Hollandais,  lesquelles 
«  sont  le  résultat  du  mélange  des  premières  avec  les  eaux 
«  de  ruissellement  de  la  Plaine  et  les  eaux  de  la  rivière  Vendée. 


DATE 

A 

B 

DE    LA 

EAUX  DE  DRAINAGE 

EAUX  DU  CANAL 

PRISE  D'ÉCHANTILLONS 

DE  LA  PLAINE  Cl 

DES     HOLLANDAIS 

17  Décembre 

r^c^^  de  nitrate 
0  g'--    027  par  litre. 

og.-.uoi8;!:;;;i'tï^:'' 

IG  Janvier 

032 

0027        » 

12  Février. 

035         » 

0049        » 

20  Mars 

0315        » 

0072        » 

(I  Ces  ùcliantillons  ont  été  prélevés  dans  un  puits  éloigné  des  liabitatiuns 
et  situé  à  la  limite  de  la  Plaine  et  du  Marais. 


G.  CHARTRON.  —    MARAIS   MÉRIDIONAL   DE    LA  VENDÉP:       129 

'(  Si  nous  examinons  les  chiffres  de  la  colonne  ]>,  les  plus 
((  intéressants  pour  nous,  nous  remarquerons  que  la  richesse 
«  en  nitrates  de  l'eau  qui  recouvre  nos  marais  augmente 
«  avec  la  température,  passant  de  0  gr.  0018  par  litre  en 
«  décembre,  à  0  gr.  0072  à  la  fin  de  mars.  Ces  eaux  sont 
«  d'ailleurs  riches  en  calcaire,  leur  degré  hydrotimétrique 
«  moj^en  étant  de  20  à  30"  suivant  les  lieux  et  les  saisons. 

Formalion  du  limon 

«  Les  premières  chaleurs  du  printemps,  tout  en  favorisant 

«  la  nitrification,  activent  la  végétation,  et  l'herbe  se  déve- 

((  loppe  dans  l'eau.  Eh  même  temps  uiîe  algue,  la  Confcrva 

«  rivularis  se  multiplie  avec  une  très  grande  rapidité  et  l'eau, 

«  devenue   onctueuse,   ne  s'écoule   plus  qu'avec   difficulté. 

«  Si  cette  situation  se  prolonge  quelques  jours,  l'algue  em- 

«  poisonne  dans  son  réseau   les  jeunes  pousses  d'herbe,   et 

«  lorsque  l'eau  se  retire,  il  reste  sur  le  sol  une  sorte  de  feu- 

«  trage  que,  dans  la  région  on  désigne  sous  le  nom  de  «  limon  ». 

«  S'il   survient   alors   de   nouvelles   pluies,    l'eau   détache   le 

«  limon  et  l'applique  sur  le  sol,  en  débarrassant  le  gazon;  si, 

«  au  contraire,  le  temps  reste  sec,  l'algue  étouffe  l'herbe  et, 

«  au-dessous  du  limon,  la  partie  aérienne  du  gazon  a  dis- 

«  paru  ;  le  sol  est  nu. 

«  Le    Printemps    1910    a    été    particulièrement    favorable 

«  à  la  multiplication   de  la    Conferva  rivularis,   puisque  les 

«  prairies    de   l'Ecole  .étaient   encore   en   partie   submergées 

«  pendant  la  première  quinzaine  d'avril.  De  nouvelles  pluies 

«  n'étant  pas  tombées  pour  laver  l'herbe,   un  limon   épais 

«  s'est  déposé  et  il  nous  a  été  possible  de  prélever  les  échan- 

«  tillons  que  nous  désirions  analyser.  L'eau  ayant  séjourné 

«  plus  longtemps  dans  les  bas-fonds,  nous  avons  été  amenés 

«  à  choisir  trois  types  d'échantillons  : 

L  —  Limon  le  plus  épais  correspondant  à  14.930  k"^  de 
matières   séchées   à   l'hectare. 

IL  —  Limon  d'épaisseur  moyenne  correspondant  à  6.580  k^^ 
de  matières  séchées  à  l'hectare. 

IIL  —  Limon  le  moins  épais  correspondant  à  2.920  k^^ 
de  matières  séchées  à  l'hectare. 


130 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 


«  Nous  n'avons  pas  pu  nous  rendre  compte  d'une  manière 
«  précise  de  la  quantité  d'herbe  qui  restait  dans  les  prairies 
«  avant  l'inondation,  mais  ces  prairies  nourrissaient  un 
«  troupeau  nombreux  et  le  gazon  était  tondu  ;  aussi  la  quan- 
«  tité  de  matière  sèche  apportée  par  le  gazon  emprisonné 
«  dans  la  Conferva  riviilaris,  était  certainement  inférieure 
«  à  1.000  kilos  par  hectare  dans  les  bas-fonds  où  il  y  avait 
(c  le  plus  de  refus,  et  à  500  kilos  sur  les  parties  élevées  où 
«  se  trouvait  le  limon  le  moins  épais. 

«  L'apport  dû  à  l'inondation  variait  donc,  dans  les  prai- 
«  ries  de  l'Ecole,  de  2.400  kilos  au  moins  à  13.000  kilos  au 
«  plus  par  hectare.    . 

Composition  du  limon 

«  Les  différents  échantillons  de  limon  ont  été  analysés, 
<c  en  même  temps  qu'un  échantillon  de  Conferva  rivularis 
«  prélevé  dans  un  fossé  (l'algue  n'était  pas  absolument  pure, 
«  quelques  lentilles  d'eau  (Lemna  polyrhizi)  étaient  mélan- 
«  gées  à  la  masse). 

«  Les  résultats  de  ces  analyses  sont  consignés  dans  le  ta- 
«  bleau  suivant  : 


ÉLÉMENTS  DOSÉS 


Cendres,  °/o  de  matières 
sèches  

Carbonate  de  chaux  cor- 
respondant à  la  chaux 
totale  %  de  matière 
sèche 

Carbonate  de  chaux  "/o 
de  matière  sèche  d». . 

Azote  o/oo  de  matière 
sèche  

Acide  phosphorique  %o 
de  matière  sèche 

Potasse  o/oo  de  matière 
sèche 


CONFERVA 
RIVULARIS 


31,28 

29,50 
28,40 
18,08 
4,60 
)4,75 


GROS 
DÉPÔT 


59,30 

54,25 

53,30 

4,53 

1,54 

3,70 


MOYEN 
DÉPÔT 


55,95 

54,25 

53,80 
5,69 
2,56 
2,03 


PETIT 
DÉPÔT 


57,05 

56,00 
» 

8,46 
2,05 
2,30 


(l)  Dosages  faits  à  l'acide  du  calcimètre  Bernard. 


G.  CHARTRON.  —   MARAIS    MÉRIDIONAL    DE    LA  VENDÉE      131 

«  Les  quantités  de  cendres  contenues  dans  les  différents 
«  échantillons  de  limon  sont  peu  variables,  quoique  un  peu 
«  plus  élevées  dans  le  limon  épais;  en  revanche  il  yen  a  près 
«  de  deux  fois  moins  dans  l'algue  prélevée  dans  les  fossés. 

((  Ces  cendres  sont  en  grande  partie  composées  de  car- 
«  bonate  de  chaux. 

«  On  s'explique  donc  que  le  limon  se  forme  surtout  lorsque 
«  l'eau  reste  sur  les  prés  au  mois  de  mars.  A  cette  époque 
«  les  eaux  sont  chargées  de  nitrates  et  la  Conferva  se  mul- 
«  tiplie  avec  rapidité  ;  l'eau,  devenue  gluante,  s'écoule  diffi- 
«  cilement,  elle  stationne  sur  les  prairies  et  s'évapore  en  partie 
«  pendant  que  le  bicarbonate  de  chaux  qu'elle  renferme 
«  en  dissolution  se  décompose  et  laisse  précipiter  le  carbo- 
«  nate.  Cette  transformation  est  moins  active  dans  les  fossés 
«  où  il  subsiste  longtemps  un  courant  d'eau.  Deux  échantil- 
«  Ions  d'eau  ont  été  prélevés  le  même  jour  : 

«  1°  Dans  un  fossé  ;  2°  dans  un  bas-fond  où  elle  station- 
«  nait  depuis  quelque  temps  ;  le  degré  hydrotimétrique 
«  du  premier  échantillon  était  de  24,  alors  que  celui  du  second 
«  n'était  plus  que  de  18. 

«  Dans  les  bas-fonds,  où  nous  avons  constaté  que  la  quantité 
((  de  matière  sèche  apportée  pouvait  atteindre  13.000  k^" 
«  à  l'hectare,  le  niveau  du  sol  s'élève  de  plus  d'un  millimètre 
«  à   la  suite  d'une  crue  semblable. 

((  Mais  ces  dépôts  ne  peuvent  que  nous  donner  une  idée 
«  approximative  de  l'importance  des  dépôts  anciens,  car 
«  ce  n'est  que  depuis  une  trentaine  d'années  que  les  marais 
«  mouillés    ne   sont   guère   submergés    que    pendant   l'hiver. 

«  Vers  1870,  l'évacuation  vers  la  mer  se  faisait  beaucoup 
«  plus  lentement  et  il  n'était  pas  rare  de  voir  les  prairies  de 
«  l'Ecole  encore  en  partie  couvertes  par  les  eaux  au  mois 
«  de  mai.  A  cette  époque  de  l'année,  le  dépôt  de  calcaire 
«  devait  encore  être  plus  abondant  qu'il  ne  l'a  été  au  mois 
«  de  mars  1910. 

«  Si  les  matières  limoneuses  charroyées  par  la  Sèvre  Nior- 
«  taise,  la  Vendée  et  le  Lay  ont,  dans  une  certaine  propor- 
«  tion    contiibué  à    la    formation     du    sol   de   nos    marais. 


132  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3»   SÉR.,    T.    II 

«  cette  proportion  est  donc  minime,  et  c'est  aux  eaux  de 
<(  drainage  de  la  Plaine,  eaux  chargées  de  calcaire  que  sont 
«  dûs  presque  tous  les  dépôts  accumulés  depuis  que  la  mer 
«  a  laissé  le  Lay  à  nu.  La  partie  supérieure  du  sol  du  ma- 
«  rais  est  donc  le  résultat  de  la  décalcification  de  la  plaine. 
«  En  dehors  du  carbonate  de  calcium  qui  est  à  l'état  très 
«  tenu,  et  doit  favoriser  la  nitrification  des  matières  orga- 
«  niques,  le  limon  apporte  de  l'azote  en  quantité  appréciable, 
«  mais,  en  revanche  peu  de  potasse  et  d'acide  phosphorique. 
«  Aussi,  si  son  action  est  bienfaisante  lorsqu'une  pluie  sur- 
«  vient  à  point,  pour  laver  le  gazon,  son  utilité  est  discutable 
«  lorsqu'il  entraîne  la  perte  de  ce  gazon,  détruisant  une  partie 
«  de  la  flore  des  prairies,  comme  cela  a  eu  lieu  au  printemps 
«  dernier.  Dans  ce  cas  on  peut  dire  de  lui,  à  l'inverse  de  la 
«  chaux,  qu'il  ruine  le  père  en  enrichissant  les  enfants.  » 

D'après  cette  étude,  faite  avec  beaucoup  de  soin,  on  voit 
que  les  auteurs  du  mémoire  se  sont  inspirés  des  travaux  qui 
font  l'objet  de  leur  enseignement.  Après  avoir  retracé  à  grands 
traits  la  formation  géologique  de  la  région,  ils  ont  passé 
aux  études  chimiques,  végétales  et  animales,  sans  oublier 
une  des  plus  importantes,  celle  du  sol  ;  ce  qui  constitue,  si 
on  peut  le  dire  ainsi,  les  diverses  branches  de  l'Agriculture, 
études  basées  sur  les  ressources  que  peut  offrir  la  nature 
du  terrain,  dans  un  pays  aussi  essentiellement  agricole  que 
le  nôtre. 

Ces  résultats  interprétés  par  des  esprits  consciencieux, 
mettent  en  lumière  bien  des  faits  plus  ou  moins  obscurs 
sur  les  phénomènes  aériens  et  sub-aériens,  communs  à  la 
région  considérée.  Ces  mêmes  phénomènes  étaient  connus 
depuis  longtemps,  mais  ils  n'avaient  jamais  été  mis  en  lu- 
mière comme  l'ont  fait  les  auteurs  du  Mémoire  à  qui  en  re- 
vient tout  le  mérite. 

Nous  souhaitons  que  ces  diverses  branches  de  la  science 
agricole  germent  dans  l'esprit  de  nos  jeunes  générations 
et  qu'elles  les  conduisent  avec  succès  dans  la  lui  le  du  sol 
snr  l'homme  et  de  l'homme  sur  le  sol. 


Hipparict)  gracile  de  Christ 

à    MARTIGNÉ-BRIAND    (Maine -et -Loire) 


PAR 


M.   G.  FERHOaXIÈRE 


En  classant  la  collection  donnée  à  l'Université  d'Angers  par 
le  Dr  Farges,  j'ai  reconnu  une  Ire  prémolaire  supérieure  gauche 
d  Hippanon  que  je  rapporte  à  Hipparion  gracile  de  Christ 
provenant  de  Martigné-Briand  (Maine-et-Loire) 


Cet  échantillon  est  de  taille  sensiblement  égale  à  celui  fiauré 
par  Gaudry  (Animaux  fossiles  de  l'Attique)  (^  ;  peut-être  un 

(I)  Gaudry.  Animaux  fossiles  da  V  Atli-qne,  pi.  XXIV,  p.  71  et  p.  233. 
Nantes.  _  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Ouest,  3-  Sér..  t.  II.  30  décembre  1912.  15   ' 


134 


BULL.    SOC.    se.    .\AT.    OUKST.    —    3^    SÉR.,    T.    II 


peu  plus  petit.  L'émail  est  plus  plissé,  et  la  coloniiette 
interne  qui  n'est-  pas  entièrement  ovale  mais  présente  un 
petit  prolongement  à  l'angle  antérieur,  plus  franchement  isolée 
en  forme  d'île.  Sa  dimension  la  range  toutefois  dans  la  forme 
de  grande  taille  et  ses  plis  très  découpés  la  rapprochent  des 
échantillons  d'Eppelsheim. 

Comparée  avec  la  figure  que  donne  M.  Deperet  d'Hipparion 
crassum  Dep.  ^^\  elle  est  un  peu  plus  petite  et  un  peu  moins 
plissée,  ce  qui  m'a  paru  suffisant  pour  écarter  une  assimilation 
avec  cette  espèce,  de  date  plus  récente  qu'//.  gracile.  Il  m'a 
été  impossible  d'observer  par  le  seul  examen  des  figures  les 


autres  différences  que  signale  JNI.  Deperet  (émail  plus  épais  et 
plus  grande  quantité  de  cément  chez  H.  crassum).  Ce  fossile 
provient  de  Martigné-Briand  (M.-et-L.),  gisement  falunien  de 
faciès  savignéen  (Faluns  à  Bryozoaires)  ;  altitude  65  mètres. 

Hipparion  gracile  n'a  pas  été  jusqu'ici  signalé  de  façon  pré- 
cise, à  ma  connaissance  du  moins,  dans  les  Faluns  de  l'Ouest 
de  la  France  ;  et  la  faune  de  mammifères  dont  il  est  un  des 
éléments  les  plus  caractéristiques  (faune  pontienne)  n'est 
actuellement  connue  ni  dans  le  bassin  de  Paris,  ni  dans  celui 
d'Aquitaine  proprement  dits,  non  plus  que  dans  les  lambeaux 
miocènes  du   massif  armoricain. 


(1)  Deperet.   Animaux  pîiocèncs  du  Rc'ussillim,  pi.  VI,  p.  12  et  p.  77. 


G.  FE1UU).N\IKR::. 


mi'l'AIUON    GitACILK 


135 


Les  fakius  de  Touraiue  ont  donné  à  M.  ÎMayeL  ^^^  une  fannc 
composée  d'éléments  Burdigaliens  qui  lui  paraissent  provenir 
des  sables  de  l'Orléanais,  et  d'éléments  Vindoloniens  contem- 
porains des  Faluns,  sans  mélange  d'éléments  pontiens  carac- 
téristiques. 

Toutefois,  Vasseur  ^-^^  signale  Hipparion  sp.  à  la  Chaussé- 
rie  :  «  dent  parfaitement  typique  »  (Tournouër,  C.  P».  somm. 
des  séances  de  la  Soc.  géol.  de  Fr.,  7  avr.  1879,  p.  39-40),  avec 
Anthracotherium  onoïdeum'?  Gerv.  (=  Brachijodus  onoïdeus 
Gerv.),    Rhinocéros  sp.,    Mastodon   angiisliden.s  Cuv.  et  Dino- 


Ihcruin  Ciiuieri  Kauf,  espèces  que  M.  Mayet  donne  comme 
Vindoboniennes.  La  Chaussérie  est  également  une  localité  de 
Faluns  à  Bryozoaires. 

M.  Couffon  ^^^  signale  Hippolheriiim  à  Machelle  (M.-et-L.). 
localité  de  faluns  de  faciès  savignéen,  et  Equus  à  Sceaux, 
localité  Redonienne. 

On  sait  qu'en  revanche  la  faune  pontieniie  à  Hipparion  est 
bien  connue  dans  le  Massif  central,  particulièrement  au  Puy- 
Courny,  environs  d'Aurillac,  où  elle  est  nettement  distincte 
des  deux  faunes  de  Sansan  (Helvétien)  et  de  Simorje  (Torto- 
nien),  qui  l'ont  précédée  immédiatement,  et  dans  lesquelles 
Hipparion  n'a  jamais  été  rencontré.*  La  faune  de  Sansan  est 


(1)  MA.YET.  Etudes  sur  les  mammifères  pliocènes  des  sables  de  l'Orléanais 
et  des  Faluns  de  Touraiue  :  Ann,  iiniv.  de  Lyon,  nouv.  sér.,  fasc.  XXIV. 
1908. 

(2)  Vasseur.  Terrains  tertiaires  de  la  France  occidentale,  1881,  p.  372. 

(3)  Couffon.  Le  Miocène  en  Anjou  (Bull,  de  la  Soc.  d'ét.  se.  d'Anjou, 
1906-1907. 


136  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OLKST.    —    3'^    SÉR.,    T.    II 

contemporaine  des  premières  alluvions  de  l'Allier  ;  celle  du 
Puy-Courny  date  de  la  3^  période  éruptive  du  plateau  central 
et  des  premières  éruptions  acides  (andésitipes).  De  cette  épo- 
que datent  également  les  premières  éruptions  du  Mont-Dore, 
du  Cantal,  du  Mezenc,  du  Megal  et  de  l'est  du  Velay.  Il  serait 
intéressant  de  rechercher  dans  les  graviers  de  nos  faluns  supé- 
rieurs les  moins  éloignés  du  massif  central  si  l'on  retrouverait 
trace  des  roches  éruptives  de  cette  époque.  Rien  de  tel,  on  le 
sait,  n'a  été  signalé  dans  les  sables  de  Sologne. 

Malheureusement  l'étiquette  de  l'échantillon  que  je  pré- 
sente ne  contenait  aucune  indication  sur  les  circonstances 
de  son  gisement.  Il  semble  bien,  par  la  patine  qu'il  a  conser- 
vée, avoir  été  trouvé  dans  masse  même  du  falun,  ce  qui  rajeu- 
nirait jusqu'au  début  du  Pontien  la  fin,  tout  au  moins,  des 
Faluns  à  Bryozoaires  de  l'Anjou. 


A  ppopos  d'un  banc  de  Calcaire  perforé 
du  KIMMERIDGIEN 

de   CHAÏELAILLON   (Charente-Inférieure) 


PAR 


M.  G.  FERRONNIÈRE 


Au  cours  de  l'excursion  faite  cette  année  à  La  Rochelle, 
j'ai  pu  relever  à  l'extrémité  sud  de  la  falaise  de  Châtelaillon 
la  coupe  suivante  : 


Argile 


Oolilhe  ç;lanconieus 


Cale,  jaunàlro  dur  perforé  parles  lithopha^^'es 
(lOc/in) 
Arirfles  et  marnes  à  0.  virgula 

L'argile^de  la  base,  qui  alterne  avec  des  bancs  marneux 
remplis  de  petites  Ostrea  virgula,  contient  la  faune  bien  con- 
nue dont  voici  la  liste  : 

Fucoïdes    indet.    (!)  :     fragments    de    Spongiaires    indet. 

(1)  Pour  établir  cette  liste,  je  me  suis  servi  de  celles  données  dans  les 
compte  rendus  d'excursions  cités  entre  parenthèses,  qui  donnent  la  situa- 
tion assez  précise  des  assises  qui  ont  fourni  chaque  fossile,  sans  discuter 
les  déterminations;  j'ai  marqué  d'un  !  ou  d'un  !?  les  espèces  que  j'ai  pu 
récolter  et  reconnaître  moi-même  avec  certitude  ou  avec  cloute. 


Nant«s.  —  Bull.  Soc.  Se.  Nat.  Ouest,  3'  Sér.,  t.  U,  30  Décembre  dai2. 


16 


138  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OLEST.    —   3«    SÉR.,    T.    II 

(cf.  Amorphospongia  suprajurcnsis  (!).  Rhabdocidaris  Orbignyi 
Desor  (Beltremieux  87,  blocs  éboulés  ;  Duval-Laguierce  85, 
base  de  la  falaise  ;  Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant 
à  chaque  marée,  sur  la  plage).  Acrosalenia  angularis  (Beltre- 
mieux 87,  près  de  la  falaise).  Pygiirus  jurensis  Marcosi  (Bel- 
tremieux 84,  blocs  éboulés).  Terehraiula  siibsella.  Leym  (Bel- 
tremieux 84,  blocs  éboulée).  W aldheimia  humeralis  Rœm.  (Bel- 
tremieux 87,   sur  la  plage).  Ostrea  virgula  d'Orb.  (!)  (Duval- 
Laguierce  85,  bancs  à  mer  basse,  base  de  la  falaise  ;  Beltre- 
mieux 87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque  marée,  sur  la 
plage,  plus  près  de  la  falaise).    Ostrea   Bnininitana  (Beltre- 
mieux  87,    sur   la   plage).    Ostrea   spiralis   d'Orb  (!)  (Duval- 
Laguierce    85,    bancs    à    mer    basse).    Ostrea    cyprœa    d'Orb. 
(Duval-Laguierce   85,    bancs   à   mer   basse).    Ostrea  solitaria 
Sow.  (Duval-Laguierce  85,  bancs  à  mer  basse,  base  de  la  falaise; 
Beltremieux  87,   bancs  recouvrant  à  chaque  marée,   sur  la 
plage,  plus  près  de  la  falaise).  Anomya  Kimmeridgiensis  d'Orb. 
(!  ?  jeune).  Pinnigera  Saiissurei  d'Orb.  (Beltremieux  87,  sur 
la  plage).  Aviciila  subplana  d'Orb.  (Duval-Laguierce  85,  bancs 
à  mer  basse).  Mytilus  subpiinctatus  d'Orb.  (Beltremieux  87, 
marnes  bleues  recouvrant  à  mer  basse,  sur  la  plage).  Mytilus 
jurensis  Rœm  (=  M.  gigas  d'Orb.)  (!)  (Duval-Laguierce  85, 
bancs  à  mer  basse).  Mytilus  médius  d'Orb.  (!)  (et  M.  papli- 
catus   Etallas).   Mytilus  subœquiplicatus  Goldf.  (Beltremieux 
84,   bas  de  la  falaise,    Duval-Laguierce    85,    bancs    à    mer 
basse).    Pinna    socialis    d'Orb.    (Beltremieux   84,    bas   de    la 
falaise).  Lavignon  rugosa  d'Orb.  (Beltremieux  84,  bas  de  la 
falaise  ;  Duval-Laguierce  85,  bancs  à  mer  basse  ;  Beltremieux 
87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque  marée,  sur  la  plage). 
Mactra   ouata   d'Orb.  (!)   (Duval-Laguierce  85,    bancs  à   mer 
basse  ;    Beltremieux    87,    sur    la    plage).    Mactra    rupellensis 
d'Orb.  (!  ?)  (Duval-Laguierce  85,  bancs  à  mer  basse).  Thracia 
suprajurensis  Desh.  (Beltremieux  84,  bas  de  la  falaise,  blocs 
éboulés  ;  Duval-Laguierce  85,  bancs  à  mer  basse,  base  de  la 
falaise.  Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque 
marée,  sur  la  plage).  Ceroniya  excentrica  Ag.  (!)  (Beltremieux 
81,  bas  de  la  falaise,  Duval-Laguierce  85,  bancs  à  mer  basse, 


G.    FERRONNIÉRK.    —     CALCAIRE    DU    KIMMERIDGIEN  139 

i 

bas  de  la  falaise,  Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant 
à  chaque  marée,  sur  la  plage).  Ceromija  ohouala  d'Orb.  (!) 
(Duval-Laguierce  85,  bancs  à  mer  basse,  Beltremieux  87, 
marnes  bleues  recouvrant  à  chaque  marée,  sur  la  plage). 
Panopœa  robusia  d'Orb.  (Beltremieux  87,  marnes  bleues 
recouvrant  à  chaque  marée).  Panopœa  Dunkeri  d'Orb.  (Bel- 
tremieux 87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque  marée). 
Panopœa  Aldouini  d'Orl).  (Duval-Laguicrce  85,  bancs  à  mer 
basse,  Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque 
marée).  Pholadoniya  Proiei  Defr.  (!)  (Duval-Laguierce  85, 
bancs  à  mer  basse,  Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant 
à  chaque  marée,  sur  la  plage).  Pholadomya  acuticosta  Sow. 
Hœm.  (Duval-Laguierce  85,  bancs  à  mer  basse;  Beltremieux 
87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque  marée,  sur  la  plage). 
Pholadomya  subtrnncata  d'Orb.  (Peut-être  faut-il  y  rapporter 
un  échantillon  trouvé  par  moi,  qui  n'est  peut-être  qu'un 
Ph.  Protei  écrasé  et  en  mauvais  état).  (Duval-Laguierce  85, 
bancs  à  mer  basse,  Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant 
à  chaque  marée,  sur  la  plage).  Pterocera  (/ct/a/eaM'Orb.  (Beltre- 
mieux 87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque  marée).  Ple- 
rocera  oceani  Delabèche  (Belttemieux  87.  marnes  bleues 
recouvrant  à  chaque  marée).  Pterocera  Ponti  Delabèche 
(Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque  marée, 
sur  la  plage,  plus  près  de  la  falaise).  Natica  hirhinijormis 
Rœm.  (Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque 
marée).  Natica  eudora  d'Orb.  (Duval-Laguierce  85,  bancs  à 
mer  basse  ;  Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque 
marée,  sur  la  plage,  plus  près  de  la  falaise).  Natica  hemiphe- 
rica  d'Orb.  (Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant  à 
chaque  marée,  plus  prés  de  la  falaise).  Natica  globosa  Rœm. 
(Beltremieux  87,  marnes  bleues  recouvrant  à  chaque  marée). 
Natica  macrostoma  Rœm.  (Beltremieux  87,  marnes  bleues 
recouvrant  à  chaque  marée).  Natica  diibia  Rœm.  (Beltre- 
mieux 85,  bas  de  la  falaise.;  Beltremieux  87,  marnes  bleues 
recouvrant  à  chaque  marée,  sur  la  plage).  Natica  rupellensis 
d'Orb.  (Beltremieux  87,  près  de  la  falaise).  Pictonia  cymodoce 
d'Orb.  (?  !)  (Beltremieux  84,  blocs  éboulés  ;  Duval-Laguierce 


140  BULL.    SOC.    se.    NAT,    OUEST.    —   3"    SÉR.,    T.    II 

85,  bancs  à  mer  basse,  bas  de  falaise  ;  Beltremieux  87,  marnes 
bleues  découvrant  à  chaque  marée,  sur  la  plage,  bas  de  la 
falaise.  Le  fossile  désigné  sous  ce  nom,  également,  par  Boisse- 
lier,  feuille  de  la  Rochelle,  et  par  M.  Welsch,  1905,  1908, 
1909,  quoique  cité  pai  d'Orhigny  (Prodrome)  comme  existant 
à  Châtelaillon,  ne  répond  pas  exactement  à  la  figure  de  d'Or- 
bigny.  Paléontologie  française  ;  peut-être  est-ce  une  autre 
espèce).  Nautilus  subinlatu  :  d'Orb.  (!)  (Beltremieux  87,  marnes 
bleues  recouvrant  à  chaque  marée,  plus  près  de   la   falaise). 

Je  signalerai  sur  cette  liste  les  très  abondantes  traces 
ordinairement  bilobées  indiquées  ci-dessus  sous  le  nom  de 
Fucoïdes.  Ces  traces  sont  constituées  par  deux  cylindres 
écrasés,  lisses,  parallèles  et  à  peu  près  contigus.  situés  sur  le 
même  plan,  à  la  surface  des  bancs  marneux  plus  durs,  sur 
lesquels  ils  font  saillie  et  se  contournent  sans  cesser  d'être 
contigus.  Leur  aspect  rappelle  certains  Bilobites  lisses  du 
Silurien,  avec  cette  différence  qu'ils  ont  une  épaisseur  et 
que  la  partie  apparente  des  cylindres  qui.  forment  les  lobes 
présente  sa  convexité  au-dessus.  Il  serait  intéressant  de  rap- 
procher ce  faciès  à  Fucoïdes  de  celui  signalé  par  Boisselier 
(Feuille  de  La  Rochelle),  au  sommet  de  la  zone  des  calcaires 
d'Angoulême,  dans  des  calcaires  marneux  situés  au-dessous 
des  grès  et  calcaires  à  Serpula  quadrangulata  et  Astarte 
mininia  qui  le  terminent  d'après  lui  ;  peut-être  pourraient- 
ils  même  se  confondre  aux  points  où  le  faciès  des  marnes 
gris  bleuté,  si  développées  à  Châtelaillon,  fait  défaut, 
le  faciès  calcaire  de  couleur  claire  étant  continu.  L'étude 
des  différents  lécifs  de  ces  niveaux  serait  intéressant  à  re- 
prendre dans  ce  sens  en  faisant  pour  eux  ce  qui  a  été  fait 
par  M.  le  Chanoine  Bourgeat  (87),  pour  ceux  de  la  région 
de  Valifn.  Rappelons  également  à  ce  sujet  que  MM.  Douvillé 
et  Jourdy  (75),  ont  signalé  aux  environs  de  Bourges  un  faciès 
à  Fucoïdes  avec  Serpula  Thurmanni,  entre  la  zone  à  Ammo- 
nites Achillcs  et  la  zone  à  Ammoniles  Cijmodocc. 

Je  noterai  en  outre  que,  dans  les  bancs  de  marne  jaunâtre 
de  la  plage  située  à  l'extrémité  sud  de  la  pointe  du  Ché,  on 
retrouve  déjà  en  grand  nombre  à  certains  niveaux  :   Ostrea 


G.    FEHRONMKMK.  CALCAIME    DU    KIMMEHIDOIKN  141 

Ciiprœa  (!)  Arca  S  p.  (!),  Ceromijd  r.vccnlricd  (!),  Ceronuja 
obovata{\),  Thracici  suprajurensis  (!)  et  Pholadomya  Protei  (!) 
avec  des  Natica  (cf.  .V.  grandis  Muiist.)  (!),  et  Pholadomya 
pancicosta  Rœm.  (!). 

Ces  bancs,  qui  semblent  se  placer  entre  la  fin  du  faciès 
corallien  de  la  Pointe  du  Ché  (bancs  à  Encrines  et  à  Cidaris) 
et  le  calcaire  d'Angoulins,  se  comportent  là  comme  une  pre- 
mière et  plus  faible  apparition  du  faciès  marneux  à  un  niveau 
un  peu  inférieur.  Basset  (82),  y  note  également  Terebratula 
snbsella  et  un  Pterocère  ;  Dollot  (93)  signale  aussi  ces  bancs. 

A  leur  sommet,  les  marnes  et  calcaires  bleuâtres  de  Châ- 
telaillon  passent,  soit  à  un  calcaire  blanc-jaunâtre,  plus  ou 
moins  oolithique  et  formé  en  partie  de  débris  de  coquilles, 
se  débitant  en  plaquettes,  exploité  au  point  le  plus  haut  de  la 
falaise  et  visible  au  nord  du  village  de  Châtelaillon,  dans  le 
talus  de  la  route,  soit  à  des  argiles  ou  sables-jaunâtres  mar- 
qués à  tort  P  sur  la  feuille  de  La  Rochelle  et  qui  ne  sont, 
comme  l'a  indiqué  'SI.  Welsch  (1905),  que  des  produits  de 
décalcification  et  tassement  sur  place. 

Ces  niveaux  supérieurs  ont  donné  les  fossiles  suivants  : 

Rhabdocidaris  Orbignyi  Desor.  (Beltremieux  84,  calcaire  argi- 
leux jaune).  Acrosalenia  angularis  Ag.  (Duval-Laguierce  85, 
calcaire  argileux  jaune).  Holedypus  corallinus  d'Orb.  (Bel- 
tremieux 84,  calcaire  argileux  jaune).  Terebratula  subsella 
Le^^m.  (Beltremieux  84,  calcaire  argileux  jaune,  calcaire  dur, 
marnes  et  calcaire  blanc  ;  Duval-Laguierce  85,  calcaire  blanc 
mince).  Waldheimia  huineralis  Pioem.  (Beltremieux  84,  calcaire 
dur;  Duval-Laguierce  85,  calcaire  blanc  mince).  Rhynchonella 
inconstans  d'Orb.  (Duval-Laguierce  85,  calcaire  blanc  mince). 
Ostrea  multijormis  Koch  (Beltremieux  84,  calcaire  argileux 
jaune)  Ostrea  solitaria  d'Orb.  (Beltremieux  84,  calcaire  argi- 
leux jaune,  calcaire  dur  ;  Duval-Laguierce  85,  calcaire  blanc 
mince).  Pinnigera  Saussurei  d'Orb.  (Duval-Laguierce  85,  cal- 
caire blanc  mince).  Mytilus  plicatus  Goldf  (Duval-Laguierce 
85,  calcaire  argileux  jaune).  Natica  hemispherica  d'Orb.  (Bel- 
tremieux 84,  calcaire  argileux  jaune).  Ammonites  cymodoce 
d'Orb.  (Beltremieux  84,  calcaire  argileux  jaune). 


142  BULL.    SOC.    se.    WT.    OlîKST.  —    3'^    SÉH.,    T.    Il 

Les  bancs  plongeant  au  sud,  lorsqu'on  atteiit  l'extrémité  de 
la  falaise  du  côté  du  corps  de  garde,  l'argile  gris  ])leuâtre 
s'enfonce  peu  à  peu  et  le  calcaire  oolithique  se  trouve  presque 
au  niveau  de  la  plage.  INIais  en  ce  point,  il  ne  forme  plus  qu'une 
dalle  de  10  cm.  d'épaisseur  environ,  toujours  composée  de 
calcaire  oolithique  à  fragments  de  coquilles,  mais  très  dure,  à 
aspect  gréseux,  à  surface  rabotée  et  lisse,  percée  de  trous  de 
Lithodomes  qui  ont  coupé  les  grains  d'oolithe  sur  leur  par- 
cours, et  portant  des  Huîtres  indéterminées  fixées  sur  elle.  Ces 
deux  derniers  cairaetères  montrent  que  ce  calcaire  était  déjà 
durci  lorsque  les  huîtres  et  les  animaux  perceurs  s'y  sont  éta- 
blis. La  continuité  du  banc  malgré  sa  faible  épaisseur,  sa  posi- 
tion, en  concordance  avec  les  assises  qui  le  précédent  et  qui  le 
suivent,  montrent  que  ce  banc  est  certainement  en  place, 
malgré  l'opinion  de  Beltremieux  (87),  qui  croyait  y  voir  des 
blocs  détachés  de  la  pointe  du  Ché  et  apportés  par  les  courants 
de  l'époque  Kimmeridgienne.  Sa  ressemblance  d'aspect  avec 
les  bancs  de  ce  dernier  point  et  la  réapparition  de  plusieurs 
fossiles  de  ce  niveau  tiennent  simplement  à  ce  qu'il  représente 
une  récurrence  de  faciès. 

Ses  caractères  :  durcissement,  surface  rabotée.  Huîtres 
fixées  dessus,  trous  de  Lithodomes,  rappellent  les  plages  sub- 
côtières  observées  par  Munier-Chalmas  et  Pellat  (1900)  dans 
le  Boulonnais,  et  par  MM.  P.  Lemoine  et  Rouyer  (1904)  dans 
le  Kimmeridgien  de  la  région  située  entre  l'Aube  et  la  Loire, 
ainsi  que  les  surfaces  perforées  et  rubéfiées  connues  dans  cet 
étage  dans  la  Côte-d'Or  et  la  Haute-lNIarne. 

Ils  sont  considérés  comme  causés  par  la  surélévation  tem- 
poraire au-dessus  du  niveau  de  la  mer  d'un  haut-fond  auquel 
un  léger  enfoncement  postérieur  a  rendu  sa  position  première. 

La  présence  des  lits  à  Fucoïdes  aurait  peut-être  pu  déjà 
faire  pressentir  cette  tendance  à  des  surélévations  plus  ou 
moins  passagères. 

Au-dessus  apparaît  une  oolithe  à  grains  glauconieux  dans 
laquelle  j'ai  pu  récolter  :  Rhabdocidaris  Orbignyi  Desor  ? 
Terebralula  subsella  Leym.  Serpnla  cf.  Davidsoni  de  Loriol? 
Ostrca  piilligcrti  Goldf.  Ostrea  suliturùt    Sow.    Ostrea  spircdis 


.\g.  fkhmonmkmi:.  —  caixaihi-:  nu  kimmi;i.m)(iIi:n        143 

d  Orb.  Plicalida  horrida  Desl.?  Mytilus  suhœquiplicalus  Goldf. 
Pecten  siiprajurcnsis'Buoiiour.  Perna  corallina  d'Orb.?  Ilinni- 
les  inœquistrialns  d'Orb.?  Ccroinya  ohovala  Goldf.  Pholadonnja 
Prolei  Defr.  Pholadomija  subinincata  d'Orb.?  Isocordia  cornuia 
KIoden.  Pterocera  galalea  d'Orb. 

Il  est  intéressant  de  noter  l'apparition  de  la  glauconie  après 
ce  changement  de  faciès  et  de  niveau  du  fond  (cf.  à  ce  sujet 
Collet,  1908). 

Le  calcaire  oolitique  se  transforme  au  sommet  en  une  argile 
jaune  à  grains  d'oolithe  dans  laquelle  j'ai  récolté  :  Amorpho- 
spongiasiiprajiirensis d'Orh.  Terebratulasiibsellaheym.  Serpiila 
cf.  Davidsoni  de  Lor.?  Ostrea  virgiila  d'Orb.  Osirea  spiralis 
d'Orb.  Ostrea.  Natica  Eudora  d'Orb. 

Il  semble  que  la  surface  durcie  et  érodée  ne  se  retrouve  pas 
dans  la  partie  la  plus  haute  de  la  falaise,  plus  au  nord,  et  qu'en 
ce  point  les  marnes  gris  bleuâtre  passent  insensiblement  par 
l'intermédiaire  d'assises  argileuses  jaunes  aux  calcaires  en 
plaquettes,  lesquels  semblent  eux-mêmes  être  en  relation 
de  continuité  au  moins  dans  leurs  bancs  les  plus  élevés,  avec 
l'oolithe  glauconieuse.  Toutefois,  l'accès  du  niveau  de  contact 
étant  à  cet  endroit  impossible,  une  fouille  pourrait  seule 
donner  la  certitude  sur  la  question. 

En  tout  cas,  il  m'a  paru  intéressant  de  noter  l'existence  de 
ce  phénomène  peut-être  tout  local,  d'une  surface  erodée  sépa- 
rant les  argiles  et  marnes  gris  bleuâtre  de  l'oolithe  glauco- 
nieuse. 

Cette  oolithe  glauconieuse  ne  m'a  pas  fourni  d'ammonites, 
mais  nous  avons  vu  que  Pictonia  cf.  cymodoce  avait  été  récol- 
tée dans  les  zones  supérieures  de  la  falaise.  Elle  est  du  reste 
rattachée  par  M.  Welsch,  ainsi  que  les  calcaires  auxquels  il  l'a 
vu  passer  latéralement,  à  la  zone  à  Amm.  cymodoce  et  Amm. 
decipiens  ;  mais,  en  revanche,  il  n'y  a  jamais  récolté  Amm.  Lal- 
lieri  d'Orb.,  ni  Amm.  orthocera  d'Orb.  ;  ce  faciès  glauconieux 
dont  Boisselier  (feuilles  de  La  Rochelle,  la  Tour  de  Chassiron, 
Saint-Jean-d'Angely)  et  M.  Welsch  (1905,  1908,  1909)  ont 
reconnu  la  large  extension  horizontale,  appartiendrait  donc, 
comme  les  marnes  gris  bleuâtres,  à  la  zone  à  Piclonia  cymodoce 


]44  lîULI..    soc.    se.    NAT.    OUEST.    —    3'=    SHH.,    T.    II 

et  Periphicies  decipiens,  zone  dans  laquelle  MM.  P.  Lemoine 
et  Rouyer  ont  placé  leurs  niveaux  a  et  du  /3  Kimmeridgien  de 
la  région  entre  l'Aube  et  la  Loire. 

La  présence  de  fossiles  du  corallien  de  la  pointe  du  Ché 
dans  cette  reprise  du  faciès  corallien  succédant  à  l'épisode 
argileux  de  la  base  ne  fait  que  confirmer  ce  rattachement  de 
l'oolithe  glauconieuse  aux  sédiments  qui  lui  sont  inférieurs. 

Or,  il  est  intéressant  de  noter  que  des  phénomènes  d'éro- 
sion, plages  subcôtières  ou  galets,  ont  été  observés  à  trois 
niveaux  assez  constants  du  Kimmeridgien  dans  le  bassin  de 
Paiis  et  dans  le  bassin  d'Aquitaine. 

1°  A  la  base  de  l'étage  (base  du  niveau  a)  ;  base  de  la  zone 
à  cymodoce  et  decipiens  ; 

2°  Au  milieu  du  niveau  jS  ;  2^  tiers  de  la  zone  à  cymodoce  et 
decipiens  ; 

3°  Au  sommet  du  niveau  7;  milieu  de  la  zone  à  Aspidoceras 
orihocera. 

Le  phénomène  que  je  viens  de  signaler  à  Châtelaillon  ne 
se  rattache  pas  au  l^r  mouvement,  dont  il  faudrait  chercher 
la  trace  du  côté  d'Angoulins. 

Il  ne  se  rattache  pas,  non  plus,  au  3^,  le  plus  général  des 
trois,  semble-t-il,  puisqu'on  l'observe  produisant  les  mêmes 
effets  (calcaires  à  surface  perforée  ou  lits  de  galets  ou  de 
brèches),  entre  le  Boulonnais  et  la  Haute-Marne,  dans  la 
Haute-Marne,  dans  la  Côte-d'Or  (P.  Lemoine  et  Rouyer,  1904), 
et  dans  le  basein  d'Aquitaine,  sur  le  dôme  de  Mareuil. 

Il  se  rapporterait  plutôt  au  second  mouvement,  datant  du 
milieu  de  la  zone  a  cymodoce  et  decipiens,  et  il  serait  peut-être 
possible  de  le  synchroniser  avec  le  niveau  à  trous  de  Litho- 
domes  qui  sépare  le  calcaire  lithographique  des  marnes  à 
Ostrea  virgula,  à  l'extrémité  ouest  de  la  feuille  d'Angoulême, 
dans  la  vallée  de  la  Charente  (Glangeaud  et  de  Grossouvre, 
feuille  d'Angoulême),  mouvement  de  surélévation  temporaire 
qui,  dans  la  région  intermédiaire,  sur  la  feuille  de  Saint-Jean- 
d'Angely,  aurait  comme  écho  affaibli  l'apparition  dans  la  par- 
tie inférieure  de  la  zone  à  Picionia  cymodoce  d'un  faciès  de 
marnes  sableuses  s'intercalant  dans  les  calcaires  compacts, 


G.    PERRONNIKRE.    —    CALCAIRE    DU    KIMMERIDGIEN  145 

faciès  auquel  répondent  les  calcaires  gréseux  et  les  sables  argi- 
leux signalés  à  ce  niveau  par  Toucas  dans  les  Deux-Sèvres 
(1885). 

Sur  la  feuille  d'Angoulème,  au  faciès  d'émersion  signalé 
plus  haut  succède  un  faciès  à  galets  de  calcaire  et  parfois  de 
quartz,  dans  la  zone  située  en  arrière,  c'est-à-dire  ver?  l'est, 
avant  d'arriver  à  la  zone  oolithique  que  l'on  retrouve  sur  la 
feuille  de  Rochechouart  (Glangeaud).  Cette  modification  de 
faciès  avec  laquelle  ce  que  nous  venons  d'étudier  présente, 
en  petit,  des  analogies,  marque  la  trace  du  récif  frangeant 
qui  occupait  la  côte  de  l'autre  côté  du  détroit  poitevin,  en 
face  de  celle  à  laquelle  se  rattachent  les  terrains  de  la  feuille  de 
La  Rochelle.  Enfin,  une  parties  des  brèches  kimmeridgiennes 
connues  sur  la  bordure  sud-ouest  du  massif  central,  et  dont 
la  fin,  au  moins,  se  synchroniserait  peut-être  avec  la  suré- 
lévation du  dôme  de  Mareuil  (Glangeaud,  1900  ;  Thévenin, 
1903),  pourrait  dater,  comme  notre  calcaire  perforé,  du 
2^  mouvement  signalé  par  MM.  P.  Lemoine  et  Rouyer,  et 
cette  surélévation  pourrait  avoir  eu  comme  résultat  en 
arrière  l'apparition  du  faciès  lacustre  connu  sur  la  feuille 
de  Brive  (Mouret),  mais  que  l'absence  de  fossiles  caractéris- 
tiques empêche  jusqu'ici  de  dater  d'une  façon  précise. 

Il  serait,  en  tout  cas,  intéressant  de  suivre  ces  divers  symp- 
tômes de  surélévation  caractérisés  par  la  présence  de  plages 
subcôtières  ou  de  galets  ou  l)rèches,  et  de  rechercher  leurs 
relations  possibles  avec  les  diverses  failles  nord-ouest-sud-est 
qui  jalonnent  la  bordure  du  bassin  d'Aquitaine. 


146  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3^   SÉR.,    T.    II 


BIBLIOGRAPHIE 


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des  Se.  nat.  de  la  Charente-Inférieure,  1882. 
Bp:LTREMiErx.  Description  des  falaises  del'Aunis.  La  Rochelle, 

1856. 

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—  Excursion  à  Châtelaillon.  Bull,  de  la  Soc.  des  Se.  nat.  de 

la  Charente- Inférieure,  1884. 

—  Charente  et  Dordogne  (C.  R.  de  la  Sess.  extraordinaire). 

Bull,  de  la  Soc.  géol.  de  France,  1887. 
BoissELiER.  Feuille  de  la  Tour  de  Chassiron  au  80.000e,  i885. 

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Bol  RGEAT.  Recherches  sur  les  formations  coialliennes  du  Jura 
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Collet.  Les  Dépôts  marins,  1908. 

DoLLOT.  Excursion  géologique  à  Angoulins.  Bull,  de  la  Soc. 
des  Se.  nat.  de  la  Charente-Inférieure,  1893. 

DouviLLÉ  et  JouRDY.  Notc  sur  la  partie  moyenne  du  Juras- 
sique dans  le  Berri.  Bull,  de  la  Soc.  géol.  de  France, 
1875. 

Duval-Laguierce.  Excursion  à  Châtelaillon.  Bull,  de  la  Soc. 
des  Se.  nat.  de  la  Charente-Inférieure,  Î885. 

Glangeaud  et  de  Grossouvre.  Feuille  d' Angoulême  au 
80.000e. 

Glangeaud.  Feuille  de  Rochechouart  au  80.000^. 

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à  l'étude  des  mers  jurassiques  dans  le  bassin  d'Aqui- 
taine). Bull,  du  Serv.  de  la  Carte  géol.  de  France,  1895. 

—  Le  Jurassique  supérieur  des  enviions  d' Angoulême.  Bull. 

de  la  Soc.  géol.  de  France,  1897. 

—  Aquitaine  (Charente  et  Dordogne).  Livret-guide  des  ex- 

cursions  du    Congrès   géologique   inlernalional.    Paris, 
1900. 


G.    FEHRONNIÈRE.    —    CALCAIRE    DU    KIMMERIDGIEN  147 

l.EMOiNE  (P.)  et  Fvorvi.i;.  L'élai^e  Kininieri(li>icii  entre  l'Aube 
et  la  Loire.  Bull,  de  la  Soc.  des  Se.  histor.  et  nat.  de 
l'Yonne,  1904.  ^ 

MouRET.  Feuille  de  Brive  au  80.000^. 

Munier-Chalmas  et  Pellat.  Falaises  jurassiques  du  Boulon- 
nais. Livret-guide  des  excursious  du  ('ongrès  géol. 
internat.  Paris,  1900. 

Thévenin.  Etude  géologic[ue  sur  la  ])ordure  S.-O.  du  Massif 
central.  Bull,  des  Serv.  de  la  Carte  géol.  de  France,  1903. 

ToucAs.  Jurassique  des  Deux-Sèvres.  Bull,  de  la  Soc.  géol.  de 
France,  1903. 

Welsch.  Feuille  de  La  Rochelle  au  320.000^.  Bull,  des  Seiv. 
de  la  Carte  géol.  de  France,  1905. 

-  Feuille  de  La  Rochelle  au  320. 000^.  Bull,  des  Serv.  de  la 

Carte  géol.  de  France,  1908. 

—  Feuille  de  La  Rochelle  au  320. 000^.  Revision  de  la  feuille 

de  Saint-Jean-d'Angely  au  80.000^.  BulL  des  Serv.  de 
la  Carte  géol.  de  France,  1909. 


LELEPHAS  MERIDIONALIS 

de    CHANTONNAY   (Vendée) 

PAR 

M.  G.  FERRONNIÈRE 


Les  sables  et  graviers  notés  comme  pliocènes  sur  les  cartes 
au  80.000^  de  l'Ouest  de  la  France  n'ont  jamais  fourni,  dans 
le  massif  armoricain  et  les  régions  avoisinantes,  aucun  fossile 
caractéristique  du  niveau  de  Saint-Prest,  sauf  un  fragment 
de  dent  d' Ekphas  meridionalis  autrefois  découvert  à  Chan- 
tonnay  (Vendée),  lors  du  creusement  d'un  puits  dans  un  ter- 
rain formé  de  cailloux  roulés  et  graviers,  par  M.  Brossard  de 
Corbigtiy,  ingénieur  au  Corps  des  Mines,  et  décrit  et  figuré 
par  le  D^'  Farges  (Ann.  de  la  Soc.  Linéenne  de  M.-et-L.,  1862). 

Ce  fossile  était  resté  en  la  possession  de  M.  Brossard  de  Cor- 
bigny  et  avait  été  égaré  depuis  cette  époque.  Ayant  eu  la 
bonne  fortune  de  le  retrouver  et  de  le  faire  entrer  aux  collec- 
tions du  Laboratoire  de  géologie  de  l'Université  d'Angers, 
j'ai  cru  intéressant  d'en  donner  la  photographie,  qui  du  reste 
concorde  parfaitement  avec  la  figure  de  Farges,  et  je  repro- 
duis ci-après  les  quelques  lignes  que  cet  auteur  lui  a  consa- 
crées : 

«  Ce  fragment  important  a  été  trouvé  à  Cliantonnay 

(Vendée),  localité  déjà  célcl)re  par  son  fameux  aérolithe.  Il 
gisait  dans  un  terrain  diluvien  formé  de  cailloux  roulés  et  gra- 
viers, avec  d'autres  espèces  fossiles  dont  nous  n'avons  que 
3  segments  de  côtes  ayant  vraisemblablement  appartenu  à 

Nantes.  —  Bull.  Soc.  Se.  Xat.  OubèI,  3*  Sér.,  I.  II,   30  déceiiiljiv  1913.  17 


150 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3'   SÉR.,    T. 


une  autre  espèce,  mais  trop  minimes  pour  donner  lieu  même  à 
un  essai  d'attrilnition. 

<(  Le  tout  nous  a  été  communiqué  par  notre  collègue  M.  Bros- 
sard  de  Corbigny  et  fait  partie  des  matériaux  qu'il  accumule 


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avec  zèle  et  savoir  pour  servir  de  base  à  une  carte  géologique 

de  la  Vendée Le  champ  d'exploration  était  d'ailleurs  fort 

restreint,  car  c'est  le  forage  d'un  puits  qui  a  amené  ces  débris 
au  jour.  »  ' 

Farges.  Elephas  meridionalis,  nouveau  gisement  ;  Ann.  de 
la  Soc.  Linéenne  de  Maine-et-Loire,  1862,  p.  85-87,  1  pi. 


CAPTURES    ORNITHOLOGIQUES 

Faites  à  rAiguillon-sup-Mer  <Vendée) 
Pendant    l'Automne    et   l'Hiver    igi i  -  ic)i2 

PAR 

E.  SEGUIN-JARD 


L'hiver  de  1911-1912  a  été  remarquable  par  la  persistance 
du  vent  d'Est  d'abord,  puis  du  Sud  à  l'Ouest  et  la  violence 
de  tempêtes  d'une  certaine  durée.  C'est  sans  doute  à  ces 
circonstances  que  nous  sommes  redevable  des  captures, 
rares  pour  la  région,  dont  nous  allons  donner  un  compte- 
rendu  sommaire. 

Nucifraga  caryocatactes  macrorhynchus  C.  L.  Brehm  (=  N. 
caryocatactes  leptorhynchus  R.  Blasius).  Du  milieu  d'octobre 
au  milieu  de  novembre  1911,  plusieurs  spécimens,  apparte- 
nant à  la  forme  des  régions  septentrionales  de  l'Europe,  ont 
été  tués  aux  environs  de  l'Aiguillon  : 

cf,  longueur  O^M  ;  bec,  du  front  à  la  pointe  de  la  mandi- 
bule supérieure,  0i"046  ;  bec  effilé,  blanc  très  étendu  à  l'ex- 
trémité inférieure  de  la  première  rectrice.  Forêt  de  Pins 
maritimes  de  la  Faute,  15  octobre  1911,  par  M.  Grolier  (Col. 
Séguin-Jard). 

Sexe-?  long.  0™33  ;  bec  0^1047.  Même  localité,  1«''  novembre 
1911,   par  M.   Dodet  (Col.   Galteau.  à  Blanzac,   Charente). 

cT,  Long.  Oni335  ;  bec  Om017.  Même  localité,  7  novembre 
1911,  par  M.  Renaudin,  de  Luçon. 

9,  Long.  0^33  ;  bec  0^043.  Même  localité,  7  novembre 
1911,  par  M.  Renaudin. 

Nantes.  —  Bull.  Soc.  se.  nat.   Giiest,  3=  sér.,  t.  Il,  30  décembre  1912. 


152  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    S*"    SÉR.,    T.    II 

cf.  Dîmes  de  la  Belle-Henriette,  13  novembre  1911  (Col. 
S.-J.). 

Tous  avaient  mangé  des  graines  du  Pinus  maritimus.  Ils 
étaient  peu  farouches  ;  l'un  d'eux  fut  même  poursuivi  à  coups 
de  cônes  de  Pins,  par  les  enfants  du  village.  Les  deux  indi- 
vidus tués  par  M.  Renaudin  le  furent  l'un  après  l'autre, 
sans  que  le  coup  de  fusil  effrayât  le  second. 

Un  individu  appartenant  également  à  la  forme  macrorhyn- 
clms  C.  L.  Brehm  a  été  tué  à  l'automne,  vers  1900,  à  Grues, 
commune  voisine  de  l'Aiguillon-sur-Mer  (Muséum  de  Nantes). 
Depuis  cette  époque,  nous  n'avions  pas  revu  le  Cassenoix 
dans  notre  région. 

Ciconia  nigra  (Linné).  ~  Le  14  septembre  1911  un  jeune  & 
a  été  tué,  par  M.  Buton,  fermier  à  la  Cabenette,  dans  un 
abreuvoir  de  l'un  des  prés  avoisinant  la  ferme.  En  dix  minutes 
de  pêche,  l'oiseau  avait  pris  et  avalé  trois  anguilles  de  0"^35 
à  0"H0,  un  carpeau  de  0"U1  de  longueur  et  une  grenouille 
adulte.  Poissons  et  Batracien  furent  trouvés  intacts  à  l'au- 
topsie. (Col.  S.-J.).  —  La  Cigogne  noire  ne  fait  que  de  rares 
apparitions  dans  notre  contrée.  Nous  n'en  avons  noté  qu'une 
autre  capture  faite  en  1904. 

Procellaria  glacialis  Linné.  —  Le  12  novembre  1911,  on  a 
capturé,  en  mer,  un  Pétrel  glacial  cr',  avec  la  tête  et  le  cou 
blanc  cendré.  L'estomac  contenait  des  Seiches  entières  de 
petite  dimension.    (Col.  Séguin-Jard). 

Le  23  novembre  1911,  un  autre  cf  a  été  trouvé  mourant, 
sur  la  côte.  Plumage  d'adulte  ;  tête  et  cou  d'un  blanc  pur. 
(Col.  Cavro,  à  Roubaix). 

Le  26  novembre  1911,  une  9  a  été  capturée  en  mer.  Même 
livrée  que  le  précédent.  (Col.  E.  Anfrie). 

Le  20  août  1912,  un  o^  en  mue  (Col.  S.-J.). 

Thalassidroma  leucorhoa  (Vieillot).   —   Lhie  9  tuée  à  Port- 
Moricq,  le  15  décembre  1910.  (Col.  Séguin-Jard). 
Un  individu  capturé  en  mer  le  l*^""  décembre  1911. 

Stercorarius  catarrnclrs  (Lin.).    -    o^    en  livrée  brune,   pris 


SEGUIN'-JARI).    -       CAPTIRKS    OHM  IHOI.OGiyUKS  153 

en  mer,  le  20  déceml)re  1911.  Longueur  ()"'5()5.(C()1.  l'^sliot). 

Le  21  décembre,  un  cf  en  livrée  de  jeune  a  été  trouvé 
mourant  et  très  maigre  dans  un  fossé  bordant  la  route  de 
l'Aiguillon-sur-Mer,  à  Luçon,  au  lieu  dit  La  Dune,  à  6  kilo- 
mètres environ  de  la  mer.  Longueur  ()'"53.  (Appartient  à 
M.  Priouzeau,  cultivateur  à  Triaize). 

Le  23  décembre,  un  çf  en  livrée  de  jeune  a  été  tué  par 
M.  Gellereau,  à  la  Belle-HenrietLe.  Longueur  0"'5G.  (Col. 
Deleuil,  à  vSalon,  Bouches-du-Rhône). 

Ces  trois  individus  sont  venus  à  la  côte,  à  la  suite  d'une 
tempête  de  vent  d'Ouest  d'une  durée  de  plusieurs  jours. 

Le  7  janvier  1912,  j'ai  reçu  du  Pertuis-Breton,  un  jeune  (f. 
Longueur  0'"565.  (Col.  G.  Durand). 

Le  16  janvier  1912,  &  pris  en  mer,  à  l'Aiguillon.  (Col. 
Costrel  de  Corainville). 

Deux  autres  individus  font  partie  de  notre  collection. 
Ce  sont    : 

1°  Jeune,  tué  le  10  décembre  1903,  sur  la  rivière  Le  Lay, 
en  amont  de  l'Aiguillon-sur-Mer.  L'oiseau  affamé  était 
occupé  à  dépecer  un  Goéland  cendré  quand  un  marin  put 
l'approcher  et  l'assommer  à  coups  d'aviron  ; 

2°  Un  individu  pris  en  mer,  près  l'Aiguillon,  le  31  dé- 
cembre 1910.  Livrée  uniformément  d'un  noir  fuligineux 
avec  dos,  ailes  et  queue  noirâtres,  paupières  entourées  de 
plumes  blanches. 

Stercorarius  pomariijus  (Temm.).  —  Le  13  novembre  1911, 
on  a  tué,  en  mer,  un  Stercoraire  pomarin  (f  en  livrée  parfaite 
d'adulte.  Sommet  de  la  tête,  dos,  ailes  et  queue  noirs.  Parties 
inférieures  blanches,  avec  une  raie  transverse  noirâtre  à  la 
poitrine.  Sur  le  derrière  et  les  côtés  du  cou,  des  plumes  effilées 
jaune  clair.  Les  deux  plumes  médianes  de  la  queue  mesurent 
0^218.  (Col.  S.-J). 

Le  9  janvier  1912,  nous  avons  reçu  une  ç  adulte  à  parties 
inférieures  d'un  blanc  moins  pur  et  cou  moins  nuancé  de 
jaune. 

Rissa  tridactyla  (Linné).  —  Nous  avons  eu  le  plaisir  de  rece- 


154  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3'^   SÉR.,    T.    II 

voir,  le  10  décembre  1911,  dans  un  lot  de  Mouettes  tridactyles, 
une  9  en  plumage  de  jeune,  atteinte  d'albinisme  presque 
complet.  Le  plumage  est  entièrement  blanc,  avec  les  parties, 
habituellement  noires  à  cet  âge,  nuancées  de  couleur  Isabelle 
claire,  c'est-à-dire  les  couvertures  des  ailes,  les  scapulaires, 
le  côté  externe  des  quatre  premières  rémiges  et  la  barre  de 
l'extrémité  de  la  queue. 

Xema  Sabinei  Leach.  —  Le  19  octobre  1904  nous  avons  eu 
la  bonne  fortune  de  recevoir  un  individu  adulte  en  plumage 
dliiver.  Il  nous  fut  apporté  par  M.  Vrignaud,  alors  gardien 
du  phare,  qui  l'avait  trouvé  mourant  à  la  pointe  de  l'Aiguil- 
lon-sur-Mer. 

Le  l^r  décembre  1911,  un  individu  capturé  en  mer,  jeune  en 
premier  plumage,  commençant  sa  mue  par  une  plume  bleu 
cendré  visible  sur  le  dos.  (Col.  Séguin-Jard). 

Le  27  août  1912,  on  a  tué  un  spécimen  en  livrée  de  noces, 
commençant  à  muer.  (Col.  S.-J.). 

Nous  avons  appris  que,  dans  le  courant  du  même  mois, 
plusieurs  de  ces  oiseaux  ont  été  tués  à  l'île  de  Ré  et  à  Royan. 
Des  naturalistes  de  ces  localités  en  ont  préparé  pour  modes. 

Oiseaux  bagués  :  Larus  ridibundus. 

Le  22  décembre  1911,  M.  Maury  fils  a  pris,  au  filet,  en  rade 
de  l'Aiguillon-sur-Mer,  une  Mouette  rieuse  portant,  à  la 
patte,  une  bague  en  aluminium,  avec  l'inscription  :  Vogel- 
warte-Rossiten-Germania,  6001. 

Le  24  décembre  1911,  M.  Renaud  Salle  a  également  pris 
au  filet,  à  l'Aiguillon-sur-Mer,  une  Mouette  rieuse  portant 
une  bague  semblable  à  la  précédente  et  avec  la  même  inscrip- 
tion, mais  avec  le  n°  6089.  Nous  avons  signalé  ces  captures  à 
la  Station  intéressée,  et,  si  la  demande  nous  en  est  faite, 
nous  nous  ferons  un  plaisir  d'offrir  ces  oiseaux  iialuralisés  à 
M.  le  D""  Hugo  Wiegold,  pour  le  Muséum  des  mers  du  Nord. 


DEUXIÈME     PARTIE 


EXTRAITS   ET   ANALYSES 


BIBL.lOaRAPHIE,     NOUVjELLES 


LISTE     DES     COLLABORATEURS 


Léon  Bourgeois.  (L.  Bourg.). 
L.  Bureau.  —  (L.  B  ). 
Ed.  Bureau.  —  (Ed.  B.). 
Em.  Bureau.  —  (Em.  B.). 
Ed.  Chevreux.  —  (E.  Ch.). 
P.  Citerne.  —  (P.  C). 
L.  P.  Davy.  —  (L.  D.). 
G.  Ferronnière.  —  (G.  P.). 
Ch.  Menier.  —  (Çh.  M.). 
.1.  Péneau.  —  (J.  p.). 
Rey.  —  (R.). 
Abbé  Richard.  —  (J.-R.)- 


BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ  DKS  SCIENCES  NATURELLES 

EXTRAITS    ET  ANALYSES 


I   -  ZOOLOGIE 

Kogia  breviceps  Blainville;  par  M.  Bernard  (Annales  de 
la  Société  des  Sciences  nat .  de  la  Rochelle,  n°  36,  1911). 

Un  exemplaire  de  ce  grand  Cétacé  s'est  introduit,  le  3  sep- 
tembre 1910,  dans  les  «  écluses  »  des  pêcheurs  de  l'Ile  d'Oléron. 
Il  figure  maintenant  au  musée  départemental  de  La  Rochelle. 

J.   P. 

Poissons  des  Deux-Sèvres  et  des  eaux  douces  de  la 
Vendée;  par  H.  Gelin  (Niort  :  Mém.  Soc.  de  vulg.  des  Se. 
nal.  des  Deax-Sèures,  t.  II,  1910  [1911],  p.  35-64). 

Inventaire  méthodique  des  Poissons  connus  de  cette  région. 
L'auteur  fait  ressortir  les  faits  les  plus  intéressants  qui  se  déga- 
gent de  la  synthèse  de  cette  faune,  telle  est  par  exemple  l'absence 
des  ablettes  dans  la  Sèvre  Niortaise,  la  Vendée  et  le  Lay.  Il  rap- 
pelle les  essais  de  Pisciculture  tentés  à  plusieurs  reprises.  11  donne 
ensuite  la  liste  des  espèces  ;  un  tableau  dichotomique  pouvant 
servir  à  les  déterminer  ;  des  notes  sur  les  mœurs,  l'habitat,  la  bio- 
logie de  chaque  espèce.  J.   p. 


4  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.     -    3^   SÉR,,    T.    il 

Reptiles  et  Batraciens  des  Deux-Sèvres  et  Région 
voisine  ;  par  H.  Gelin  (Niort  :  Méni.  Soc.  de  vulg.  des  Se. 
nat.  des  Deux-Sèvres,  2'  vol.,  1910  [1911],  p.  65-86). 

Travail  analogue  au  précédent,  pour  les  Reptiles  et  Batraciens. 

J.   P. 

Note  sur  la  présence  de  la  Grémille  commune  (Acer/na 
cernua  Cuv.)  dans  la  Sarthe,  à  Saint-Ceneri-le-Geret 

(Orne);  par  l'abbé  A.-L.  Letacq  {Bull.  Soc.  d'Amis  des 
Sciences  naturelles  de  Rouen,  5<=sér.,  t.  46,  1900  [1911],  p.  67). 

Excursions  de  la  Société  scientifique  d'Angers  en  1911  ; 

comptes-rendus  par  MM.  Rocher,  Préaubert,  Abot  (Bull. 
Soc.  Et.  Se.  Angers,  1910  [1911],  ). 

Ces  excursions  ont  eu  lieu  à  Montjean,  Durtal,  Brézé  et  Saint- 
Cyr-en-Bourg.  On  trouve  dans  ces  comptes  rendus  l'indication 
des  trouvailles  les  plus  intéressantes.  J.  P. 

Excursions  ornithologiques  sur  les  côtes  de  Bretagne  ; 

par  Magaud  d'Aubusson  (Paris  :  Bull.  Soc.  nat.  d'acclima- 
tation, 58*^  année,  n°  23,  P-"  décembre  1911,  p.  717-725  et  à 
suiure). 

Dans  un  style  captivant,  M.  Magaud  d'Aubusson  nous  raconte 
ses  excursions  de  l'été  1911  au  Croisic,  Belle- Ile, et  aussi,  à  Nantes. 

J   P. 

Coquilles  de  Cancale.  Iconograph'e  et  critique  de 
quelques  petites  espèces;  par  H.  Martel  (Paris  :  Feuille 
des  Jeunes  Naturalistes,  n°493,  1*'  janvier  1912,  p.  1-4  av.  fig). 

Etude  critique  de  Odostomia  rissoides  Hanley  ^  O.  pallida 
Jeffreys  et  Odostomia  rissoides  Hanley.  Ces  deux  espèces  n'en 
forment  en  réalité  qu'une  seule,  très  polymorphe.  J.  P. 

Contribution   à    l'étude   des    Névroptères    de    France; 

par  Joseph  Lacroix  (Paris  :  Feuille  des  Jeunes  Naturalistes, 
1912). 

Beaucoup  des  espèces  citées  dans  cette  note  proviennent  des 


EXTRA IT^    ET    ANALYSES.   —    ZOOLOGIE  5 

Deux-Sèvres  (captures  de  M.  Gélin)  ou  de  Sainl-Nazaire,  Loire- 
Inférieure,  (captures  de  notre  collègue  G.  Revelière). 

J.   P. 

Notes  sur  les  Coléoptères  de  l'Anjou;  par  R.  de  la  Per- 
RAUDiÈRE  (Le  Mans,  1911.  Imprimerie  Benderitter,  1  vol. 
in-8°,  260  pages). 

Manuel  pour  servir  à  l'étude  des  Mollusques  du  Maine 
et  de  la  Basse-Normandie  ;  [)ar  labbé  Letacq  (Laval  : 
Bulletin  de  Mayenne-Sciences,  1911,  p.  57-120,  2  pi.). 

Notions  sur  la  structure  et  la  physiologie  des  Mollusques,  leur 
recherche,  préparation  ;  tableaux  et  description  des  genres  et 
des  espèces.  J.   P. 

Catalogue  des  Lépidoptères  observés  dans  l'Ouest  de 
la  France  (Région  atlantique  d'allitude  intérieure  à  300  "')  ; 
par  Henri  Gelin  et  D.  Lucas  (Niort  :  Mém.  Soc.  Hisl.  et 
Scient,  des  Deux-Sèvres,  1^  ann.,  1911,  p.  97-216  et  à  suivre). 

Ce  catalogue  embrasse  la  Faune  de  la  région  s'étendant  depuis 
les  contreforts  pyrénéens  au  sud,  sur  tout  le  littoral  Atlantique 
y  compris  les  îles  et  une  étroite  lisière  au  sud  de  la  Bretagne  juscjue 
vers  47050  de  lat.  N.,  et  limitée  à  l'Est  par  une  ligne  légèrement 
sinueuse  voisine  de  2°  long.  Ouest,  cjui  s'infléchit  vers  l'Est  au 
passage  des  grandes  vallées  de  la  Loire  et  de  la  Garonne. 

Ce  n'est  pas  une  sèche  énumération  de  noms,  au  contraire,  pour 
la  plupart  des  espèces,  les  auteurs  ont  condensé  de  nombreux 
documents  sur  les  mœurs,  les  variations  et  la  distribution  géogra- 
phique. J.   P. 

Observations  météorologiques  faites  au  Laboratoire 
maritime  de  Concarneau  ;  par  J.  Guérin  Ganivet  : 
(Trav.  scient,  du  Laboratoire  de  Zoolog.  et  de  Physiol.  marit. 
de  Concarneau,  t.  IIL  lasc.  1.  1911). 

Dans  le  but  de  permettre  d'étudier  les  rapports  cjui  existent 
entre  les  variations  climatériques  et  la  Biologie,  une  station  météo- 
rologicjue  a  été  installée  au  laboratoire.  On  y  relève  la  pression 
barométricjue,  la  température,  l'humidité,  la  nébulosité,  la  pluie 
tombée.  J.   P. 


6  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3^   SÉR.,    T.    II 

Notes  préliminaires  sur  les  Gisements  de  Mollusques 
comestibles  des  Côtes  de  France;  par  J.  Guéhin- 
Ganivei  (Trau.  Se.  du  Lab.  de  Zool.  mar.  de  Concarneau, 
t.  III,  fasc.  3,  1911  ;  15  p.  av.  1  carte). 

C'est  la  22e  ^jg  ^es  «  Notes  »  ;  elle  comprend  Les  Anses  de  la 
côte  occidentale  du  Finistère  et  l'archipel  de  Sein.  J.  P. 

Contribution  à  l'étude  systématique  et  biologique  des 
Rhizocéphales  ;  par  J.  Guérin-Ganivet  (Trau.  Scient,  du 
Lahor.  de  Zool.  mar.  de  Concarneau,  t.  III,  fasc.  7,  1911,  17 
pages,  1  pi.  et  fig.  texte). 

Dans  la  première  partie  de  son  travail,  J.  G.  résume  les  opinions 
opposées  de  Giard  et  de  Smith.,  le  premier  croyant  à  la  spécifica- 
tion parasitaire  des  Rliizocéphales,  tandis  que  Smith  tendait  au 
contraire  à  les  réunir  en  lin  fort  petit  nombre  d'espèces,  si  même 
il  n'y  en  avait  pas  qu'une  unique.  Guérin  relève  les  faits  signalés 
par  les  auteurs  ou  observés  directement  par  lui-même  qui  peuvent 
servir  de  base  à  une  théorie  intermédiaire. 

Dans  la  deuxième  partie  (Systématique),  il  réunit  le  plus  de 
documents  possibles  sur  l'habitat,  les  mœurs,  la  morphologie,  les 
formes  larvaires  et  la  distribution  de  chaque  espèce,  dans  l'espoir 
que  ces  détails  serviront  un  jour  à  une  étude  plus  définitive  des 
formes  de  ces  animaux. 

Dans  les  distributions  géographiques,  nous  relevons  les  espèces 
suivantes,  rencontrées  sur  nos  côtes  : 

Peltogaster  sulcatus  Lilljeborg,  sur  Eupagurus  cuanensis  (Thomp- 
son), Saint- Vaast-la-Hougue,  baie  de  Saint-Brieuc. 

Sacculina  carcinii  Thom.  Commune  sur  Carcinus  mœnas  (Pen- 
nant). 

S  Andersoni  Giard,  espèce  de  validité  douteuse,  sur  Portiinus 
holsatiis  Fab.,  Le  Portel  (Manche),  baie  de  Concarneau. 

S.  Belli  Giard,  autre  espèce  douteuse,  sur  Portunus  marmuralus 
Leach,  Le  Portel  (Manche). 

S.  Betencoiirli  Giard,  encore  une  espèce  douteuse,  sur  Platyoni- 
chus  latipes  (Pennant),  même  localité. 

S.  phalangi  Hoel,  sur  Stcnorhynchus  roslratiis  L.,  Le  Portel,  Saint- 
Vaast-la-Hougue,  Roscoff,  Concarneau. 

S.  Gibsi  liesse,  sur  Pisa  Gibsi  Leach,  Le  Portel  (Manche). 


EXTRAITS  ET  ANALYSES.  —  ZOOLOGIE  7 

Lerneeodisciis  galathcœ  Smith.,  sur  Galalhca  dispersa  Spence  Bat, 
Saint- Vaast-la-Hougue. 

Triangiilus  munidse  Smilh,  sur  Munida  Bamffica  Pcnuant,  Haut- 
fond  de  la  Chapelle-Fond. 
Guérin  décrit  trois  espèces  nouvelles  : 

Peltogasler  senegalensis  de  la  côte  occidentale  d'Afrique,  sur  Cli- 
banarius  senegalensis  Chevr.  et  Bouvier. 

Sacculina  abyssicola,  sur  Mthasina  abyssicola,  des  campagnes  du 
Talisman,  par  3.975  mètres  de  profondeur,  aux  environs  des 
Açores.  Il  observe  les  signes  (le  castration  parasitaire  très  nette. 

Triangulopsis  abyssorum,  sur  Orophorynchiis  Parfaiti  A.-M.-Edw., 
des  campagnes  du  Talisman,  par  4.255    mètres    de    profon- 
deur, dans  l'Atlantique,  par  44o20  lat.  N.  et  lO^lS  long.  W. 
Le  mémoire  est  terminé  par  une  conclusion  où  l'auteur  passe 

en  revue  la  Classification   et  la  Phylogénie  des  Rhizocéphales. 

J.   P. 

Contributions  à  l'étude  des  Bryozoaires  des  Côtes 
armoricaines;  par  M""'  G.  Guérin-Ganivet  (Trav.  du 
Laborat.  de  Zool.  marit.  de  Concarneau,  t.  III,  tasc.  2  et  5, 
1911.  19  p.,  2  pi.  et  fig.  texte). 

Les  Bryozaires  étudiés  proviennent  : 

1°  De  l'expédition  de  la  Vienne  en  1900,  sur  le  Haut-Fond  de 
la  Chapelle  et  environs  ; 

2°  Des  récoltes  des  Frères  Crouan  dans  la  rade  de  Brest. 

Les  premiers  comprennent  23  espèces,  dont  :  Marguet  a  piil- 
chra  Jullien,  Cryptella  torquataJuWien,  Sertella  aquitanica  Jullien, 
Setosella  vulnerata  (Busk.). 

Les  seconds  34  espèces,  dont  :  Bugula  tiirbinata  Aider;  Membra- 
nipora  tehuelcha  (d'Orbigny),  non  signalées  sur  les  côtes  de 
France  et  une  espèce  nouvelle  ;  Fliistra  calveti.  J.  P. 


BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3*   SÉR.,    T.    II 


II  -    BOTANIQUE 

Sur  quelques  parasites  des  chênes  en  Ille-et-Vilaine 
et  dans  la  Loire-Inférieure;  par  A.  Vuillet  (Rennes  : 
//ïsec/a,  juillet  1911). 

Dans  cette  intéressante  petite  note,  illustrée  de  plusieurs  pho- 
tographies, M.  Vuillet  signale  les  dégâts  que  depuis  4  ans  les 
chênes  de  notre  région  subissent.  En  1908  et  1909,  l'action  com- 
binée de  V  Oïdium  et  des  Liparis  en  fit  périr  beaucoup.  En  1911, 
à  l'Oïdium  vinrent  s'adjoindre  des  Hannetons,  des  Charançons 
{Rhynchasnus  quercus),  des  Cynips,  etc.  J.   P. 

Essai  de  Catalogue  des  plantes  nuisibles  à  l'agricul- 
ture dans  le  département  des  Deux-Sèvres  ;  par  A.-J. 
Gamin  (Niort  :  Mém.  Soc.  de  vulg.  des  Se.  nat.  des  Deiix- 
Sèores,  t.  II,  1910  [1911],  p.  2-29). 

Inventaire  des  plantes  que  le  cultivateur  actif  est  obligé  de 
détruire  : 

Dans  les  prairies  artificielles,  les  prairies  naturelles  les  mois- 
sons, les  cultures,  les  vignes.  J.   P. 


EXTRAITS    ET    ANALYSES.  —    BOTANIQUE  9 

Session    extraordinaire    de    la    Société    Botanique    de 
France,  tenue   en  Vendée   pendant   le  mois  de  juin 

19il   (Paris  :    Bulletin    de  la   Soc.   Bot.   de    France,    1911, 
4^  série,  tome  XI,  pages  I  à  XLIX). 

Ce  compte  rendu  reproduit,  avec  les  allocutions  des  Présidents, 
les  différents  rapports  qui  ont  été  lus  aux  séances  des  4  et 
14  juin  1911. 

Séance  du  4  juin.  —  Après  un  premier  rapport  de  M.  l'abbé 
Hue,  sur  l'attribution  du  prix  de  Coincy  en  1911  à  M.  l'abbé  Har- 
mand  pour  ses  travaux  sur  les  Lichens,  M.  Guinier  décrit  «  un 
Saule  peu  connu  de  la  flore  de  France  {Salix  atrocinerea  Brot.)  », 
différent  du  Salix  cinerea  par  son  port  plus  élancé,  diffus,  ses 
rameaux  beaucoup  moins  pubescents,  parfois  '  glabres,  et  ses 
feuilles  à  bord  à  peu  près  entier,  brillantes,  vert- foncé  sur  la  face 
supérieure,  glauques  ou  jaunâtres  sur  la  face  inférieure. 

M. Guinier  donne  ensuite  communication  du  travail  deM.A.Cop- 
pey  :  Contribution  à  l'étude  des  Muscinées  de  V  Ouest  et  du  Littoral. 

Un  quatrième  rapport,  celui  de  M.  l'abbé  Hy  :  La  Vendée  consi- 
dérée comme  unité  géographique  et  caractérisée  surtout  par  sa  flore, 
fut  présenté  par  M.  l'abbé  Bioret.  «  La  Vendée,  dit  l'auteur,  cons- 
titue incontestablement  une  des  unités  les  mieux  accentuées  de 
l'Ouest  de  la  France  »,  et  le  but  de  sa  notice  est  précisément  «  d'en 
préciser  quelques  caractères  physiques  ».  La  Vendée  ou  Bocage 
Vendéen,  qu'il  faut  étendre  jusqu'à  la  Loire  présente,  outre  les 
caractères  minéralogiques  et  géologiques,  une  particularité  de 
flore  qui  suffit  à  la  séparer  des  régions  limitrophes,  surtout  de 
l'Armorique.  Plusieurs  de  ses  plantes  de  sous-bois  «  pourraient 
être  même  qualifiées  de  montagnardes  »,  tandis  que  d'autres 
ont  une  physionomie  méridionale. 

La  séance  du  4  juin  se  termina  par  une  importante  communi- 
cation de  M.  Gerber  sur  les  diastases  du  Figuier,  dont  la  repro- 
duction paraîtra  ultérieurement  dans  les  mémoires  de  la  Société. 

Séance  du  14  juin  1911.  —  A  cette  séance,  on  distribua  aux 
membres  présents  une  importante  série  de  plantes  de  l'Ouest 
fraîches  ou  desséchées,  envoyée  par  M.  Fouillade.  Le  Bulletin 
reproduit  cette  liste  avec  les  notes  critiques  qui  l'accompagnaient. 
Puis,  suit  une  très  intéressante  note  de  M.  Ed.  Bonnet  :  Sur  une 
édition  très  rare  et  fort  peu  connue  de  Z'Herbarius,  imprimée  à 
Paris  vers  1486. 


10  BULL.    SOC,    se.    NAT.    OUEST.    —    3^   SÉR.,    T.    II 

Ce  livre,  très  curieux  et  très  rare  (il  n'en  existe  que  4  exem- 
plaires connus),  «  le  premier  livre  de  botanique  sorti  des  presses 
de  l'imprimerie  encore  au  berceau,  est  V Herbarius  Moguntinus, 
ainsi  nommé  parce  que  sa  première  édition  vit  le  jour  à  Mayence, 
en  1484,  chez  Pierre  Schoyffer  ».  11  forme  un  \olume  petit 
in-quarto  de  173  feuillets,  et  constitue  un  véritable  traité  de  bota- 
nic|ue  médicale. 

Le  compte  rendu  de  la  session  se  termine  par  un  dernier  rap- 
port de  M.  Eug.  Simon  sur  «  un  Sagina  nouveau  présumé  hybride  : 
Sagina  Icmovicensis  Simon.  »  Cette  plante,  découverte  par  l'au- 
teur en  1903,  près  de  Nantiat,  dans  la  Haute- Vienne,  est  ainsi 
caractérisée  : 

Radix  duriuscula,  plurannua  vel  perennis.  Caules  supini,  mox 
ascendeules,  divergentes,  vel  ex  stirpe  vel  sœpius  ex  axilla  folio- 
rum  rosulœ  sterilis  orientes,  subradicantes  inferne  indurati.  Folia 
auguste  linearia  ad  margines  ciliato-pubescentia,  aristata.  Pedi- 
celli  elongati,  erecti,  ex  eodem  caule  plures  plerumque  nascentes, 
folia  suprema  longe  superantes.  Calyx  erectus,  post  anthesin 
sœpe  iDatens.  Sepala  5,  ovata,  obtusa,  in  capsula  vix  longiore 
adpressa.  Petala  5,  calycem  œquantia.  Pcdicelli  sepalaque  tenuis- 
sime  gandulosa  pubescentia.  J.   R. 

Que  penser  du  Carex  umbrosa  Host.  ;  par  Mgr  Lkveillé 
(Le  Mans  :  Bull,  géogr.  bot.,  i"  série,  n°  260,  juin  1911). 

Le  Carex  umbrosa  est-il  réellement  une  espèce  ?  Telle  est  la 
cfuestion  que  se  pose  Mgr  Léveillé  à  propos  de  la  découverte  en 
Mayenne  d'une  forme  très  voisine  de  celui-ci  et  cjui  correspond 
à  la  variété  umbrosœjormis  Fleischer  du  C.  caryophillea  Latourr. 
Les  caractères  donnés  par  les  différents  auteurs  pour  spécifier 
ces  deux  espèces  sont  en  réalité  très  voisins;  etsil'on  tient  compte 
de  la  variété  C.  umbrosœformis,  la  différence  spécifique  entre 
C.  umbrosa  et  C.  carijophijllea  tiendrait  à  la  racine  fibreuse  du 
premier.  Est-ce  bien  suffisant  ?  J.  R. 

La  flore  du  Maine  il  y  ^  2000  ans  ;  par  le  même  {il., 
11°  263,  octobre  1911). 

Tableau  très  intéressant  des  fleurs  qui  peuplaient,  avant  l'ar- 
rivée de  César  dans  les  Gaules,  les  forêts,  les  marécages,  et  les 
hauts  sommets  dénudés  du  Maine.  J.  R. 


EXTRAITS  F:T  ANALYSES.  —  BOTANIQUE  11 

Florule  de  Livet  (Sarthe)  ;  par  Mgr  Léveillé  (it.). 

Exemple  de  la  richesse  du  terrain  jurassique  dans  un  peiiL  vil- 
lage de  la  Sartlie  :  (380  espèces,  sur  un  total  de  1.200  que  compte 
le  département,  se  renconlrenl  sur  une  superficie  de  100  hectares 
au  maximum.  J.  R. 

Les  Glumacées  de  la  Mayenne  ;  par  Mgr  Léveillé  (Laval  : 
Bulletin  de  Mayenne-Sciences,  1910). 

Les  CYpéracées  de  la  Mayenne  ;  par  le  même  (1911). 
Ces  deux  articles  sont  consacrés  aux  Cypéracées.  J.  R. 

Champignons  nouveaux  ou  rares  pour  la  Mayenne;  par 

M.  Pierre  Corfec  (Laval   :  Bulletin  de  Mayenne-Sciences, 
1910). 

4  genres  :Omphalia  Pries,  Pleurotus  Fries,  Nyctalis  Fiies  et 
Cantliarellus  Fries.  J.   R. 

Etudes  sur  les  collections  botaniques  des  frères  Crouan; 
par  le  D'  C.-A.  Picquenard. 

I.   Les  Characées  de  Bi-etagne. 

II.  Fucoideœ  (Travaux  scientifiques  du  Laboratoire  de  Zoo- 
logie et  de  Physiologie  marines  de  Concarneau.  Tome  m,  fasc.  4 
et  6,  1911). 

Dans  ces  deux  fascicules,  l'auteur  fait  la  revision  des  différents 
ordres  de  Characées  et  d^Algues  faisant  partie  de  l'herbier  géné- 
ral des  frères  Crouan.  J.   R. 

Notes  sur  la  flore   des   rochers  du   Châtellier   (Orne), 

recueillies   par   MM.  Husnot,  Gerbaut   et  l'abbé  Letacq 
{Bull,  de  la  Soc.  des  Amis  des  Se.  nat.  de  Rouen,  5^  série,  1910). 

Rochers  gréseux,  riches  en  muscinées,  parmi  lescjuelles  des 
Hépatiques  non  encore  signalées  dans  l'Orne  {Frullania  fragilli- 
folia,  Scapiana  resiipinata,  Cepalozia  lunulifolia,  Lophozia  gra- 
cilis).  J.   R. 


12  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3*   SÉR.,    T.    II 

Plantes  rares  du  Calvados  et  principalement  des  envi- 
rons de  Caen;  par  René  Chevrel  (Caen  :  Bull,  de  la  Soc. 
linn.  de  Normandie,  1911,  6^  série,  S*"  volume,  années  1908 
et  1909). 

Trois  Muscinées  nouvelles  pour  le  département  de 
Maine-et-Loire;  par  M.  Fernand  Camus  (Angers:  Bul- 
letin de  la  Société  d'Etudes  scientifiques  d'Angers,  1910  [1911]). 

Les  trois  Muscinées  nouvelles  ajoutées  à  la  flore  bryologique 
du  Maine-et-Loire  par  M.  Camus  sont  :  Philonoiis  ri  gicla  Brid., 
Calypogeia  ericetoriim  Raddi  el  (]ephaloziella  Baumgartneri 
Sciffn.  J.   R. 

Résultats  d'herborisations  en  Anjou,  de  1909  à  1911 
(flore  vasculaire)  ;  par  E.  Préaubert  (Angers,  //.). 

Florule  des  Rubus  de  l'Anjou  ;  par  G.  Bouvet  (Angers,  it.). 

Cette  florule,  due  à  M.  Bouvet,  dont  on  connaît  la  compétence 
en  pareille  matière,  est  faite  avec  «  descriptions  courtes,  précises, 
différentielles  et  comparatives,  ainsi  que...  plusieurs  clefs  analy- 
tiques, rendant  possible,  pour  toute  personne  tant  soit  peu  exer 
cée,  la  détermination  d'un  échantillon  donné,  recueilli  dans  des 
conditions  normales...  »,  suivant  le  désir  qu'il  exprimait  dans  la 
préface  de  ses  «  Matériaux  pour  l'étude  des  Rubus  de  l'Anjou 
1907  .).  .1.   R. 

Quelques    mots    sur    la    flore    de    Moisdon-la-Rivière 

(Loire-Inférieure)  ;   par  Charles    Halet  (Paris  :  Feuille  des 
Jeunes  Naturalistes,  l^-"  juilletl912,  n°  499). 

L'auteur  a  recueilli  jusqu'à  présent  322  espèces  de  plantes 
dans  cette  commune  ;  il  donne  la  liste  et  l'habitat  des  plus  inté- 
ressantes. J.   P. 

La  Maladie  des  Chênes. 

En  11)()(S  et  11)09,  nous  avons  résumé,  ici,  les  principaux  ailicles 
publiés  sur  le  Blanc  du  Chêne,  et  nous  avons  dit  que  E.  Paque 
avait  pu  attiibuer  cet  oïdium  à  Phijllactiuia  corijlea  Pers.  Depuis, 
une  série  d'articles  a  continué  à  être  écrite  sur  ce  sujet  ;  nous 
allons  en  résumer  quelcjues-uns  : 


EXTRAITS  KT  ANALYSES.  —  BOTANIQUE  13 

La  maladie  du   Chêne   en   1909    et    1910;    par  E.   Paque  (Bruxelles  :    liiill.    Soc. 
Roij.  Botdti.  (le  Bclg.,  fasc.  I.,  p.  22-20). 

Dans  des  cultures  près  d* Anvers,  lauleur  a  observé  que  les 
chênes  indigènes  étaieuL  tous  aLleinLs,  alors  que  les  espèces  exo- 
tiques étaient  presque  toutes  indemnes,  bien  que  cultivés  en- 
semble. 

Sup  la  forme  de  l'Oïdium  du   Chêne  en   France  ;  par  MM.  G.  Aknaud  et  Et.  Fofix 
(R.  acad.    des  Se,  15  janvier  1912). 

MM.  Arnaud  et  Foëx  ont  recueilli  des  péritlièces  sur  le  Chêne- 
Rouvr  (Q.  sessiliflora  Sm.  à  Cavillargues  (Gard),  en  décembre 
1911.  Ce  serait  bien  Microsphera  alni  (Salmon  p.  p.),  ainsi  que 
l'avaient  supposé  Hariot  et  Mangin.  Ce  Microsphera  est  identique 
au  Microsphera  quercina  (Schweinitz),  qui  se  développe  sur  les 
Chênes  en  Amérique.  Le  nom  de  quercina  étant  antérieur  à  celui 
d'alni,  qui  d'ailleurs  correspond  à  plusieurs  formes  peut-être  dif- 
férentes. Les  auteurs  donnent  la  description  détaillée  des  péri- 
thèces  de  cet  oïdium. 

Les  Micposphœpa'des  Chênes  et  les  périthèces  du  blanc  du  Chêne  ;  par  Ed.  Ghik- 
FON  et  A.  Maublanc(C.  R.  Acad.  des  Se,  9  avril  1912,  p.  935-938),  et  (Bull. 
Soc.  Mijcol.  de  France,  1912.  t.  XXVIII,  1"  fasc,  p.  88-104). 

D'après  ces  auteurs,  les  Microsphera  connus  jusqu'ici  sur  les 
Chênes  seraient  au  nombre  de  : 

En  Améric|ue  :  deux  espèces  certaines,  mais  polymorphes. 

En  Europe  :  deux  espèces  aussi,  mais  différentes  de  celles 
d'Amérique.  Les  périthèces  décrits  du  Gard  par  MM.  Arnaud  et 
Foëx  ne  peuvent  se  rapporter  à  aucune  des  -Microsphera  connus  et 
doivent  constituer  une  espèce  nouvelle  :  Microsphœra  alphiioides. 

Sur  l'Oïdium  des  Chênes  ;  par  Ahnaud  et  FoiiX  (C.  R.  Acad.  des  Se,  13  mai  19  12, 

p.  1302-1304). 

Ces  deux  auteurs  maintiennent  l'assimilation  des  périthèces 
qu'ils  ont  trouvés  à  Microsphœra  quercina  =  M.  alni  p.  parte.), 

J.  P. 


Flore  algologique  de   la  Hougue   et  de   Tatihou  :    par 

Hariot    (Annales    Inst.    Océan,   de  Monaco,    1912,    L    IV, 
fasc.  V). 


14  BULL,    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3=   SÉR.,    T.    II 

Sur  quelques   plantes   du   pays  de   Guemené-Penfao  ; 

par  M.  Perret  (Rennes  :  (Rev.  Bret.  de  Botanique,  7^  année, 
n°  2-3,  avril  1912,  p.  62-63). 

Liste  de  43  plantes  assez  rares,  faciles  à  récolter  dans  la  région 
de  Guémené-Penfao.  J-  P. 

Sur  la  présence  de  Cephalozia  macrostachya  Kaal  dans  la 
Manche  ;  par  M.  Potier  de  la  Varde  (Cahan  :  Revue  brio- 
logique). 

Notre  collègue  a    recueilli  cet  hépatique  à    Saint-Michel-des- 
Loups,  en  1899.  J.   P. 

Sur  une  variété  de  l'OxYrrhYnchium  Swartzii  (Turn.). 
Warnst.  (d"        d»). 

Variété  trouvée  sur  les  parois  d'une  vieille  fontaine,  à  Ploer- 
mel.  Il  propose  de  l'appeler  var.  fluitans.  J.  P. 

Le  Carex  elongata  dans  la  Sarthe  ;  par  Mgr.  H.  Léveillé 
(Le  Mans  :  Bull.  Geogr.  Botanique,  20*^  année,  n"  262,  août- 
septembre  1911). 

La  plante  a  été  découverte  à  Livet,  dans  le  nord  du  départe- 
ment. J.   P. 

Relevé  annuel  des  herborisations  mayennaises,  19il  ; 

par  Mgr.  H.  Léveillé  (Le  Mans  :  loc.  cit.,  p.  232-234). 

Notes  sur  la  flore  bretonne;  par  Ch.  Guffray  (Bull.  Soc. 
Bot.  France,  t.  59,  1912,  n°  4-5,  p.  316-323  et  385-391). 

Notes  sur  des  plantes  récoltées  dans  plusieurs  localités  du 
Finistère,  des  Côtes-du-Nord  et  du  Morbihan,  quelques  espèces 
ou  variétés  n'avaient  pas  encore  été  signalées  dans  ces  régions  : 
Ranunculus  Baudoti  Godr.  var.  terrestris  G.  G.,  Carantec  (Finis- 
tère) ;  Fumaria  officinalis  L.  var.  Wirtgeni  Hauskn.,  même  loca- 
lité ;  Nasturtium  officinale  R.  Br.  var.  parvifoUum  Peterm.,  var. 
intermedium  Grenier,  var.  littorale  N.  ;  Viola  sylvestris  Luck.  var. 
pumila  G.  et  G.,  Le  Diben  (Morbihan)  ;  Arenaria  serpyllifollia  L. 
var.  scabra  Fenzl.,  Baie  de  Loquirec  (Finistère)  ;  Stellaria  média 


EXTRAITS  ET  ANALYSES.  —  GÉOLOGIE  ET  MINÉRALOGIE   15 

L.  var.  brachypctala  Opiz.,  Garantec  ;  vav.  omissa  N.,  Pénantrez 
(Morbihan)  ;  Spergularia  marilima  var.  angustala  Clav.,  Le  Diben, 
Terénez,  Garantec  ;  Erodium  sabulicola  Lange,  Le  Diben  (Mor- 
bihan), E.  Ballii  Jord.  (mêmes  loc.)  ;  Hypericum  humifiisuin 
L.,  var.  ambigiiiim  Gillot,  Tcrenez.  lOxalis  corniculata  L.  var. 
villosa  Hohm.,  Ruffelic  (Morbihan)  ;  Trifoliiim  minus  Rehl.  var. 
microphyllum  Serv.,  Le  Diben  ;  T.  campeslre  var.  parvifoliiim 
N.,  Le  Diben  ;  Lotus  hispidus  Desf.  var.  littoralis  Rouy,  Le 
Diben  ;  Vicia  sepium  var.  monlann  Kali.,  Le  Diben  ;  Y.  cracca 
L.  var.  linearis  Peterm.  ;  Cerasus  Laurocerasus  Lois.,  subs- 
pontané à  Huelgoat  ;  I'.pilobium  roseum  Schrelj.,  Garantec  ;  Ille- 
cebrum  verticillatum  L.  var.  dcnsum  Martr.,  Guern  (Morbilian)  ; 
Torilis  nodosa  Germ.  var.  pedunculata  Rouy  et  Gam.,  Le  Diben  ; 
Galium  saxatile  L.  var.  iransiens  Rouy  et  var.  riparium  Rouy  ; 
Senecio  Cineraria  L.,  naturalisé  sur  les  murs  de  la  plage  de 
Loquirec.  J.   P. 


GEOLOGIE  ET  MINERALOGIE 

Ca/amitomyelon  Morierei  gen.  et  sp.  nov.  ;  par  M.  O.  Li- 
GNiER  (Caen  :  Bull.  soc.  liim.  de  Normandie.  [6J  II.  1908-1909, 
p.  116-128). 

M.  Lignier  établit,  par  des  considérations  très  savantes,  que 
le  fossile  du  grès  liasique  de  Sainte-Honorine-la- Guillaume  (Orne), 
que  M.  Morière  a  appelé  Schizoneura  Morierei,  ne  peut  conserver 
ce  nom,  et  il  propose  de  le  nommer  Calainitomyelon  Morierei. 

L.  D. 

Le  Bennettites  Morierei  (Sap.  et  Mar.)  ne  serait-il  pas 
d'origine  infraerétacée?  par  M.  O.  Ligniek  (Caen  :  Bull, 
soc.  linn.  de  Normandie.  [6]  II.  1908-1909,  p.  214-216). 

Il  est  très  probable  que  le  Beneitites  Morierei  qui  est  un  fruit, 
n'appartient  pas  à  la  plante  nommée  Fittonia  Brongniarti,  et 
n'est  pas  crétacé  comme  l'est  cette  dernière.  Ges  deux  fossiles 
ont  été  trouvés,  très  près  l'un  de  l'autre,  au  pied  d'une  falaise, 
mais  ils  proviennent  de  couches  d'âges  très  différents.         L.  D. 


16  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^    SÉR.,    T.    II 

Poitou.  —  Géologie  des  environs  des  Sables-d'Olonne 
(Vendée);  par  M.  J.  Welsch  (Bull.  cart.  géol.  de  France, 
C.  R.  des  coll.  XXI  (1909-1910),  juin  1911,  11  p.)- 

M.  Welsch  étudie  successivement  :  les  Dunes  qui  bordent  régu- 
lièrement la  côte  sur  une  longueur  de  100  kilomètres  en  Vendée, 
elles  sont  d'âges  divers  ;  les  Sables  littoraux,  souvent  très  mobiles  ; 
les  Alluvions  modernes,  formées  d'argiles  marneuses  à  Scrobicu- 
laria  plana,  qui  comblent  les  anciennes  anses  des  roches  cristal- 
lines et  des  terrains  jurassiques  ;  les  Marais  des  Sables  et  delà 
Gâchère  ;  la  Tourbe  littorale,  de  composition  toute  spéciale  ;  les 
Silex  taillés  ;  le  Terrain  de  transport  des  plateaux,  etc. 

Après  avoir  dit  quelques  mots  du  Lias,  il  décrit  avec  détail  le 
Massif  ancien,  composé  de  schistes  cristallins  et  phyllades,  de 
gneiss,  de  calcschistes  à  Bourgenai  et  Fontsouce,  de  calcaire  cris- 
tallin au  Rocher-Noir  de  la  Chardrie,  de  schistes  sériciteux  et 
quartzites,  dephyllades,  de  granité,  de  granulite  et  pegmatite. 

Il  cite  aussi  des  filons  de  quartz,  des  failles,  etc.  L.  D. 

Notice  historique  sur  l'exploitation  des  mines  de  Pont- 
péan  (Ille-et-Vilaine)  ;  par  M.  Lodin,  Insp.  gén.  des  Mines 
{Ann.  des  Mines  [10]  XIV,  1908 et  XX,  1911,  168  p.,2  fig.,  2  pi.). 

«  L'exposé  des  vicissitudes  de  l'exploitation  de  Pontpéan  pen- 
«  dant  une  période  de  près  de  deux  siècles  est  instructif  à  bien 
«  des  égards. 

«  Au  point  de  vue  technique,  il  fait  ressortir,  dans  un  cas  d'es- 
«  pèce,  l'erreur  où  l'on  est  trop  souvent  tombé  jusqu'à  ces  der- 
«  nières  années,  en  affirmant  qu'il  n'existait  pas  en  France  de 
«  gîtes  métallifères  d'une  réelle  valeur.   » 

Il  a  été  extrait  de  cette  mine,  de  1854  à  1904,  243.659  tonnes 
de  galène  et  76.994  tonnes  de  blende.  Les  bénéfices  distribués 
n'ont  été  que  de  50  millions  ;  ils  auraient  été  bien  plus  grands 
si  la  mine  avait  été  mieux  dirigée.  Une  reprise  est  encore  possible. 

L.  D. 

La  géologie  des  environs  de  Thouars  (Deux-Sèvres)  et 
l'étage  Toarcien  ;  par  M.  Welsch  (Niort  :  Mém.  de  la 
Soc.  de  ualgarisation  des  Se.  natur.  des  Deux-Sèvres.  II,  1910, 
p.  93-124). 

La  région  de  Thouars,  dont  M.  Welsch  donne  une  description 


EXTRAITS    ET    ANALYSES.  —   GKOI.OGIE    ET    MINÉRALOGIE      17 

géologique  bien  étudiée,  est  très  intéressante  ;  on  y  voit,  appuyé 
contre  un  promontoire  précambrien  traversé  par  des  rociies  gra- 
nitiques, le  Lias  supérieur  (Toarcien),  le  Bajocien,  le  Bathonien, 
le  Cénomanien,  puis  les  sables  rouges  sidérolithiques  et  les  allu- 
vions  quaternaires. 

La  transgression  sur  la  pénéplaine  précambrienne  est  évi- 
dente. 

A  la  fin  du  jurassique,  la  mer  se  retire  de  nouveau  pour  ne 
revenir  qu'à  l'époque  cénomanienne  et  disparaître  encore  à  la 
fin  du  Sénonien.  L.   D. 

La    triade    préhistorique     d'Arzon     (Morbihan);     par 

M.  H.  P.  HiRMENECH  (Bull,  et  niêm.  de  la  Soc.  danthrop.  de 
Paris  [4]  I,  1910,  p.  494-500,  2  fig.). 

D'après  M.  Hirmenech,  les  trois  tumulus  du  PeliL-Monl,  de 
Graniaul  et  de  Tumiac  situés  dans  la  presqu'île  d'Arzon  et  y 
formant  un  triangle  équilatéral,  occupaient  un  territoire  privi- 
légié limité  par  une  ligne  représentée  encore  aujourd'hui  par 
quatre  des  sept  menhirs  qui  se  trouvent  au  levant,  vers  le  point 
où  l'isthme  est  le  plus  rétréci.  A  proximité  existent  deux  dolmens 
ruinés.  L.    D. 

Découverte  et  fouille  d'un   kjôekkenmôedding  néoli- 
thique aux  Tabernaudes,  à   l'Ile  d'Yeu  (Vendée)  ;  par 

le  D'  Marcel  Baudouin  (de  Paris).  (Bull,  et  mém.  de  la  Soc. 
danthrop.  de  Paris  [4]  I,  1910,  p.  549-590,  19  fig.). 

M.  Baudouin  donne  avec  tous  les  détails  possibles  le  compte 
rendu  de  la  découverte  qu'il  a  faite,  en  1907,  d'un  kjôekkenmôed- 
ding néolithique  aux  pieds  d'un  minuscule  menhir  situé  aux 
Tabernaudes,  à  l'Ile  d'Yeu.  Il  décrit  cette  accumulation  de  co- 
quilles marines,  où  les  patelles  sont  surtout  nombreuses,  mélan- 
gées de  débris  de  poteries,  d'ossements  de  poissons  et  de  mammi- 
fères, et  aussi  de  galets  roulés  qui  ont  été  utilisés  comme  broyeurs. 
L'amas  occupait  une  surface  de  1  "^  x  1  ™60  et  avait  une  épaisseur 
de  0°^25. 

En  1883,  M.  Auger  a  signalé  en  un  autre  point  de  l'Ile  d'Yeu 
un  autre  kjôekkenmôedding  au  sujet  duquel  les  détails  manquent. 

L.  D. 


18  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

Bassin  houiller  de  la  Basse-Loire  (Fascicule  I.  Histoire 
des  Concessions.  —  Pièces  justificatives.  —  Descrip- 
tion géologique  du  Bassin)  ;  par  M.  Bureau  Edouard. 
Paris.  Iinpr.  nat.  1910,  in-4°,  443  p.,  1  carte  géol. 

L'ouvrage  de  ^I.  Bureau  Edouard,  quand  il  sera  complet,  sera 
le  résultat  de  longues  années  de  recherches  et  d'études  les  plus 
approfondies  ;  dans  le  premier  fascicule  pul)lié,  on  trouve  l'his- 
toire de  13  concessions,  depuis  leur  origine,  remontant  souvent 
à  plus  d'un  siècle  et  demi,  jusqu'à  ce  jour,  et  la  reproduction 
in  extenso  de  53  pièces  justificatives  concernant  ces  concessions. 

Le  chapitre  III  est  consacré  à  la  géologie  du  bassin  compre- 
nant :  le  synclinal  d'Ancenis  avec  la  description  de  ses  flancs 
précambriens,  siluriens  et  dévoniens,  et  le  synclinal  de  Teille. 
Un  chapitre  énumère  les  failles.  Un  autre  décrit  les  petits  bassins 
Westphalliens  qui  avoisiennt  le  gisement  principal. 

M.  Ed.  Bureau  consacrera  d'autres  volumes  à  l'étude  des  végé- 
taux fossiles  de  la  région.  L.  D. 

Note  sur  l'importance  probable  du  gisement  ferrifère 
de  l'Anjou  ;  par  M.  Bellanger,  Ing.  au  corps  des  Mines 
(Ann.  des  Mines.  [10]  XX,  1911,  p.  452-456).     - 

C'est  un  très  court  résumé  de  ce  qui  a  été  écrit  sur  les  gisements 
ferrifères  concédés  et  sur  leur  prolongement  probable  vers  l'ouest. 

L.  D. 

Note  sur  un  nouveau  gisement  aurifère  en  Anjou  ;  par 

M.  E.  Bellanger.  Ing.  au  corps  des  Mines  {Ann.  des  Mines 
[10]  XX,  1911,  p.  447-452). 

Pendant  le  dernier  quart  du  siècle  dernier,  on  a  reconnu  l'exis- 
tence de  travaux  anciens,  certainement  gaulois,  sur  les  affleure- 
ments d'un  filon  de  quartz  à  pyrite  et  mispikel  c{ui  s'étend  en 
ligne  droite,  parallèle  à  l'orientation  générale  du  terrain  stratifié, 
sur  une  longueur  de  40  kilomètres,  depuis  La  Pouëze  (Maine-et- 
Loire)  jusqu'à  l'est  de  Moisdon  (Loire- Inférieure),  en  passant 
par  Angué,  Vritz,  Le  Pin,  Petit- Auverné,  etc. 

Des  travaux  récents  prouvent  d'une  façon  indubitable  que  l'or 
était  le  métal  exploité  là  par  nos  aïeux. 

Autour  de  la  concession  des  mines  de  la  Bellière,  on  a  reconnu 


EXTRAITS    P:T    ANALYSKS.  —    GEOLOGIE   ET    MINÉRALOGIE      19 

(les  filons  aurifères  noml)reux,  mais  qui  semblent  moins  riclies 
que  ceux  exploités. 

Il  en  est  cîe  même  d'un  grand  noml)re  d'autres  observés  au  voi- 
sinage de  Cholet  et  sur  les  affleurements  desquels  on  retrouve 
des  travaux  préhistoriques.  L'auteur  indique  les  points  princi- 
paux où  se  font  des  recherches.  L.  D. 

Un  nouveau  gisement  de  Grès  tertiaire  dans  les  Côtes- 
du-Nord  ;  par  M.  F.  Kerforne  (Bull.  soc.  sci.  et  médic.  de 
l'Ouest.  Rennes  :  XX,  1911,  p.  236). 

Au-dessus  du  Kaolin  de  Plémet,  qui  est  l'état  actuel  en  place 
d'une  granulite  feldspalhique  profondément  altérée,  M.  Kerforne 
a  constaté  l'existence  de  gros  blocs  de  grès  tertiaire  à  Sabalites 
andegavensis,  avec  traces  de  végétaux.  C'est  le  gisement  de  grès 
tertiaire  le  plus  avancé  vers  l'Ouest  que  l'on  connaisse  en  France. 

Un  autre  îlot  analogue  a  été  signalé  à  Meslin,  près  Lamballe, 
par  M.  Barrois.  L.  D. 

Note  sur  les  minerais  de  fer  de  la  région  de  Château- 
briant  et  du  Sud  de  l'IIle-et- Vilaine  ;  par  M.  F.  Ker- 
forne (Rennes  :  Bull.  soc.  sci.  et  médic.  de  l'Ouest.  XX,  1911, 
p.  237-242). 

M.  Kerforne  distingue,  à  partir  de  la  limite  méridionale  de  la 
pénéplaine  précambrienne  de  Rennes,  quatre  plis  synclinaux 
séparés  par  trois  lignes  de  sommets  anticlinaux,  laissant  voir  sur 
leurs  tranches  les  affleurements  cambriens,  siluriens,  gothlan- 
diens  et  dévoniens. 

Le  minerai  de  fer  s'observe  : 

1°  Dans  le  Cambrien,  à  Coatquidam  ; 

2°  A  la  partie  supérieure  du  Grès  Armoricain,  en  un  grand 
nombre  de  points  ; 

3°  Dans  le  Gothlandien,  à  Glénac,  Renac,  Beslé,  Blain,  etc.  ; 

4"  Les  gisements  exploités  comme  minières  et  souvent  consi- 
dérés comme  appartenant  à  l'époque  tertiaire  appartiendraient 
le  plus  souvent,  d'après  M.  Kerforne,  à  l'époque  primaire. 

La  note  de  M.  Kerforne  se  termine  par  une  description  géné- 
rale des  gisements  des  minerais  ordoviciens  qu'il  est  impossible 
de  résumer  en  peu  de  mots.  L.  D. 


20  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST,    —    3^    SÉR.,    T.    II 

Essai  de  Minéralogie  du  département  des  Côtes-du- 
Nord  ;  par  M.  P.  de  Brun,  receveur  des  Domaines 
(Rennes:  Bull.  soc.  sci.  et  médic.  de  l'Ouest,  1911.  XX, 
p.  136-207). 

M.  P.  de  Brun  s'est  servi  de  toutes  les  publications  qui  ont 
parlé  de  la  minéralogie  des  Gôtes-du-Nord  et  aussi  des  collec- 
tions contenant  des  minéraux  de  ce  département  ;  il  a  ajouté  à 
ces  renseignements  ses  observations  personnelles  et  a  ainsi  pro- 
duit un  ouvrage  très  intéressant  qui  manquait  pour  les  études 
du  sol  de  la  Bretagne  et  particulièrement  du  département  des 
Côtes-du-Nord.  L.    D. 

Réunion  extraordinaire  de  la  Société  Géologique  de 
France  dans  la  Sarthe  et  dans  la  Mayenne  (Evron, 
Sillé-le-Guillaume,  Sablé,  Laval)  (Comptes  rendus  des 
séances)  ;  par  M.  D.  Œhlert.  —  Observations  de  MM.  Ber- 
geron,  Bigot,  Kilian,  Azéma  {Bnll.  soc.  géol.  de  France  [4?] 
IX,  1909  (1912;.  p.  545-672,  44  fig.,  7  pi.). 

La  réunion  extraordinaire  de  la  Société  Géologique  de 
France,  en  1909,  sous  l'hal^ile  direction  de  M.  Œhlert,  a  riva- 
lisé d'intérêt  avec  celles  qui  l'ont  précédée  dans  le  Finistère  et 
la  Loire- Inférieure. 

L.   D. 

Des  différentes  zones  paléontologiques  dans  le  Dévo- 
nien  de  l'Ouest  du  Finistère  ;  par  M.  L.  Collin  (A. F. A. S., 
40<"  session  à  Dijon,  1911,  p.' 310-320). 

A  la  base  les  Schistes  et  Qimrtzites  de  Ptoiigastel  (Gédinnien), 
divisés'  en  deux  zones  contenant  chacune  des  fossiles  spéciaux. 
Au-dessus  les  Grès  de  Landévennec  (Taunurien),  divisés  en  trois 
zones  dans  lesquelles  plusieurs  assises  diffèrent  par  la  nature  de 
la  roche  et  la  variété  des  fossiles  qu'elles  renferment.  Vient  ensuite 
le  Coblentzien  supérieur,  que  l'auteur  divise  en  cinq  zones  dis- 
tinctes. 

Le  Dévonien  moyen  est  composé  de  deux  terrains  bien  définis  ; 
en  bas  l'Eifélien,  qui  peut  se  subdiviser  en  sept  parties  bien  dis- 
tinctes ;  en  haut  le  Givétien,  constitué  par  des  schistes  calcareux 
spéciaux. 


EXTRAITS    ET   yVNALYSES.  —    GÉOLOGIE    ET    MINÉRALOGIE      21 

Le  Dévonicu  supérieur  comprend  deux  i)arties  :  le   l''rasnien, 
subdivisé  en  deux  sous-étages,  à  la  i)ase,  le  l-'aniennieu  au-dessus. 

L.    D. 

Etude  de  la  région  Dévonienne  occidentale  du  Finis- 
tère; thèse  soutenue  par  M.  L.  Collin.  (Brest,  chez  Bour- 
geon, in-8».  1912,  470  p.,  17  fig.,  2  pi.,  1  carte). 

La  thèse  de  M.  Collin  est  une  véritable  monographie  dans  la 
laquelle  l'auteur  décrit  avec  précision  la  structure  de  la  région 
dévonienne  qui  entoure  la  rade  de  Brest  et  établit  les  différentes 
subdivisions  que  l'étude  des  fossiles  et  la  stratigraphie  oui  rendu 
l)ossibles.  Il  dit  quelques  mots  de  la  tectonique  de  la  région  cl  la 
compare  à  celles  de  même  âge  géologique  de  la  France,  de  l'Angle- 
terre, des  bords  du  Rhin,  des  Pyrénées,  de  l'Espagne  et  de  la 
Bohême. 

L'étude  détaillée  de  la  faune  occupe  la  seconde  moilié  du 
volume. 

L'ouvrage  de  JNI.  Collin  est  désormais  indispensable  dans  loules 
les  bibliothèques  des  géologues.  L.    D. 

Sur  la  tectonique  de  la  région   du  Sud  de  Rennes  ;   par 

M.  F.  Kerforne  (C.  R.   acad.  sci.,   t.    154,  12  février  1912, 
p.  457-458). 

L'auteur  résume  comme  suit  les  résultats  de  son  éUuie  :  (  Il 
«  ressort  de  cette  structure  que  le  bouclier  de  Paimpont  se  pro- 
«  longe  vers  le  sud-est  par  des  éperons  résistants  et  allongés, 
«  de  chac[ue  côté  desquels  des  fosses  se  sont  ouvertes,  amenant 
«  quelquefois  des  disparitions  de  couches  par  étirement.  Cette 
«  disposition  s'éloigne  complètement  de  celle  des  coupes  schéma- 
«  tiques  si  singulières,  représentant  jusqu'à  présent  la  tectonique 
«  de  la  région  du  sud  de  Rennes.  »  L.  D. 

Sur  la  nature  et  l'origine  des  minerais  de  fer  de  la 
forêt  de  Lorges  (Côtes-du-Nord)  ;  par  M.  F.  Kerforne 
(C.  R.  acad.  sci.,  t.  154,  15  janvier  1912,  p.  145-147). 

Les  couches  de  minerai  de  fer  de  la  forêt  de  Lorges  sont  dévo- 
niennes.  Aux  affleurements  le  fer  est  hydroxydé,  un  peu  plus  bas 
il  passe  à  une  couche  noire  pyriteuse  peu  consistante  qui  se  trans- 


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22  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3^   SÉR.,    T.    II 

forme  en  profondeur  en  pyrite  compacte,  et  celle-ci  semble  être 
la  forme  primitive  du  gîte. 

La  présence  de  quelcjues  débris  fossiles  doit  faire  admettre 
qu'il  y  a  là  une  couche  interstratifiée  et  non  un  filon  ;  elle  s'est 
formée  par  la  substitution  lente  des  minéraux  actuels  à  une 
couche  calcaire  stratifiée  préexistante.  L.  D. 

Modification  des  épontes  des  filons  stannifères  de  la 
Yilleder  (Morbihan)  ;  par  M.  R.  Tronquoy  (C.  R.  acad.  sci, 
t.  154,  P'  avril  1912,  p.  899-901. 

Les  altérations  des  roches  voisines  de  la  surface  sont  dues  aux 
agents  atmosphériques,  mais  en  profondeur  on  observe  des  alté- 
rations spéciales  qui,  au  contact  du  quartz,  n'occupentque  quel- 
cjues centimètres  d'épaisseui.  L'étude  de  ces  altérations  montre 
qu'il  y  a  alcalinisation  des  épontes  du  filon  par  les  apports  de 
profondeur. 

Les  détails  de  ces  transformations  sont  le  sujet  de  la  très  inté- 
ressante note  de  M.  Tronquoy.  L.   D. 

Note  préliminaire  sur  la  faune  jurassique  des  environs 
de  Montreuil-Bellay  ;  par  MM.  Couffon  (D'"  Olivier)  et 
DodviLLÉ  Robert  (Bull.  soc.  géo.  de  France.  C.  R.  des 
séances,  17  juin  1912,  p.  111-112). 

MM.  Couffon  et  Robert  Douvillé  ont  constaté  à  Montreuil- 
Bellay  l'existence  de  Cosmoceras  Elisabethœ  du  Callovien  supé- 
rieur et  d'un  Pachyceras  affecté  de  nanisme  ;  les  formes  naines 
sont  d'ailleurs  très  fréquentes,  mais  elles  n'existent  pas  chez  les 
Oppelidées.  Cette  fréquence  doit  être  attribuée  à  des  conditions 
biologiques  défavorables.  L.   D. 

Note  sur  le  mode  de  plissement  du  bord  nord  du  syn- 
clinal  de  Laval-Châteaulin  ;  par  le  général  Jourdy  (Bull, 
soc.  géoyde  France  [4],  IX,  15  mars  1912,  p.  673-676,  1  fig.). 

Le  général  Jourdy  étudie  les  plissements  des  terrains  du  bord 
nord  du  synclinal  de  Laval-Châteaulin,  et  particulièrement  l'acci- 
dent de  roc-ar-feunlen  situé  près  du  chemin  qui  relie  La  Feuillée 
à  Plouneour-Ménez  (Innistère).  Ce  cju'on  y  observe  présente 
quelque  intérêt  «  au  point  de  vue  des  phénomènes  encore  obscurs 


EXTRAITS  ET  ANALYSES.  —  GÉOLOGIE  ET  MINÉRALOGIE   23 

«  du  métamorphisme  en  Bretagne,  et  surLoiiL  pour  la  connais- 
«  sance  des  x^lissements  accentués  du  l)ord  nord  du  synclinal  au 
«  contact  de  l'obstacle  de  résistance  à  la  poussée,  (|ui  est  consti- 
«  tué  par  le  massif  archéen,  véritable  môle  d'arrêt  pour  les  vagues 
«  tectoi:i([ues  qui  expliquent  la  slriicLure  ondulée  de  ce  syncli- 
«  nal.  ))  ,  L.  D. 

Sur  une  météorite  tombée  près  de  Vitré  (Ille-et-Vi- 
laine;  par  M.  Meunier  Stanislas  (Bull.  soc.  géo.  de  France. 
C.  R.  som.  des  séances  1912,  3  juin,  p.  84-85). 

Cette  météorite  est  tombée  le  4  juillet  1890,  à  Saint-Ciermain- 
du-Pinel,  prés  Vitré.  Elle  pèse  3  kg.  716  et  appartient  au  lype 
lithologic{ue.  Elle  porte  à  sn  surface  des  sillons  produits  par  la 
résistance  de  l'air,  «  sa  vitesse  était  tellement  grande  que,  la 
«  masse  s'étant  rompue  en  deux  fragments  par  le  choc  contre 
«  une  branche  d'arbre,  une  partie  est  tombée  sous  l'arbre  pen- 
«  dant  que  l'autre  a  continué  à  se  mouvoir  presque  horizontale- 
«  ment  jusqu'à  3  kilomètres  de  distance  ».  L.  D. 

Les  mines  de  fer  dans   l'Anjou  et    la   Bretagne  ;    par 

M.  Brull,    Ing.  des  arts  et   manuf'''^  (Le  Génie  civil,  2  et 
9  septembre  1911,  10  p.,  16  fig). 

M.  Brull  refait  pour  la  Bretagne  et  l'Anjou  ce  qu'il  a  fait  pour 
la  Normandie  ;  il  raconte  sommairement,  en  s'aidant  beaucoup 
des  ouvrages  déjà  parus,  l'histoire  des  mines  de  fer  de  l'Anjou 
depuis  leur  origine  après  la  guerre  de  1870  jusqu'à  aujourd'hui  ; 
il  décrit  les  principaux  travaux  exécutés  et  s'étend  surtout  sut 
l'avenir  pro])a])le  de  ces  mines.  L.   D. 

Sur  la  présence  de  couches  calcaires  dans  les  schistes 
cristallins  de  la  Vendée  ;  par  M .  Jules  Welsch  (B.  s.  g.  F. 

[4]  XI,  3  avril  1911,  p.  73-75). 

M.  Welsch  étudie  la  coupe  des  terrains  anciens  des  environs 
des  Sables-d'Olonne.  De  part  et  d'autre  de  la  ville,  on  voit  des 
gneiss  traversés  par  de  nombreux  filons  de  granulite  et  de  peg- 
matite  ;  ils  supportent  des  schistes  sériciteux  maclifères  et  gre- 
natiféres  contenant  de  nombreux  filets  et  même  des  bancs  puis- 
sants de  calschistes.  Ceux-ci  peuvent  s'observer  particulièrement 


24  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3<=   SÉR.,    T.    II 

au  Pas-de-Bougenais,  sous  la  Chapelle  ;  à  Fontsonce  ;    au    Ro- 
clier-Noir  de  la  Chardrie,  etc. 

Antérieurement  à  l'étude  de  M..  Welsch,  ces  calcaires  n'ont  été 
signalés  qu'en  un  seul  point,  entre  La  Chaume  et  le  Havre  de  lia 
Gachère,  par  Rivière. 

La  série  des  roches  précaniljriennes  calcarifères  est  surmontée 
par  des  schistes  feldspathiques  avec  grenats  et  des  phyllades 
satinés.  L.  D. 

Des  schistes  argileux  \dolacés  probablement  cambriens  se 
voient  en  divers  points  à  la. partie  supérieure  des  phyllades. 

L.  D. 

Les  minerais  de  fer  en  Normandie;  par  Gh.  Marquet, 
Imprimerie  Cadet,  brochure  42  p. 

Il  Gen.  Belosepie/la  De  Aless;  par  R.  Brunati  (Pavie)  (Atti 
délia  Societa  ital.  di  Scienze  Nal.  e  del  Mus.  civ.  di  Storia 
natiirale  in  Milano,  1911,  vol.  L,  lasc.  1,  p.  31-36,  pL  I). 

M.  Brunati  n'accepte  pas  la  conclusion  de  M.  Lericlie  considé- 
rant Vasseiiria  occiàentalis  comme  des  phragmocônes  de  Belose- 
piella  ;  au  contraire,  comm.e  M.  Cossmann,  Brunati  dit  que  Vas- 
seuria  et  Belosepiella  doivent  constituer  deux  genres  distincts. 

J.   P. 


TABLE     DES     MATIERES 


DU 


BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ  DES  SCIENCES  NATURELLES 

DE  L'OUEST    DE  LA  FRANCE 


Troisième  Série  —  Tome  II 
1912 


I.  —  ZOOLOGIE 

I.  —  PROCÈS -VERBAUX  DES  SÉANCES 


Pages 


Bureau,  D"-  L.  —  Présentation  de  deux  reptiles  rapportés  du 

Congo  par  M.  Paul  Vie iv 

—  Melizophilus  undalus  bradfordiensis  (Lath)  [1  p.] xvi 

—  Présentation  d'un  nid  de  Courlis  cendré  [3  l.j xli 

Brandicourt,  h  —  Présentation  de  Vipera  hexaceraDum.  et 

Bib.,  du  Congo iv 

Dattin,  E.  —  Un  Lépidoptère  nouveau  pour  la  faune  fran- 
çaise. Lozopera  Beafricella  [i  page] xxxix 

Labbé,  Dr  A.  —  Sur  la  thigmomorphose  et  la  variation  lente 

dans  le  genre  Anonua   [1  page] xliv 

—  Causerie  sur  la  faune  des  crustacés  des  eaux  douces. . .  iv 

—  —    sur  l'anatomie  et  la  physiologie   des  poissons  ve- 

nimeux         XII) 

—  Un  cas  de  Myase  oculaire  [3  1 .  | xxxix 

3 


26  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —   3^   SÉR.,    T.    II 

Pages 

Lasïours,  de.  —  Elevages  de  Lépidoptères  exotiques xlvii 

Péneau,  J.  —  Liste  de  quelques  Myriapodes  de  l'Ouest  [1  p.]  ix 

—  Présentation  d'un  Diptère  Cralœrhina  pallida  [1  page]  . .  xiv 

—  —        d'un   Coleoptère  :  A frac/oce;-usa/r/canus  [8  1.] .  xv 

—  —       d'un    Névroptère  :     Ascalaphus   meridionalis, 
capturé  à  Bagnères-de-Luchon,  par  M.  M.  Gourdon  xv 

—  Résumé  d'un    mémoire  de  MM.  Howard  et  Fiske  sur 

l'importation  des  insectes  utiles  aux  Etats-Unis   [3  1.]  xli 


MUSEUM 

Lemur  Mongoz  (Maki),  jeune  de  3  jours,  offert  par  M.  Rous- 
seau    XII 

Chenalopex  ^iigyptiaca  (Oie  d'Egypte)  achetée  chez  un  mar- 
chand de  comestibles xii 

Sterna  onglica.    Deux  exempl.,   l'un  offert   par  M    Seguin- 

Jard,  l'autre  par  M""  Lehuédé xii 

Lépidoptères  offerts  par  M.  de  Lastours xlviii 

■2.  —  TRAVAUX  ORIGINAUX 

Péneau,  Joseph.  —  Notules   hémiptérologiques    (4*)    [av. 

fig.] 91 

Revélière,  Gabriel.  —  Contribution  à  la  faune  des  Diptères 

et  Hyménoptères  de  la  Loire-Inférieure 101 

Seguix-Jard,  E.  —  Captures  ornilhologiques  faites  à  l'Aiguil- 

lon-sur-Mer  (Vendée) 151 

3.    —  EXTRAITS  ET, ANALYSES 

Bernard.  —  Kogia  breviceps  Blainv 3 

Gelin,  h.  —  Poissons  des  Deux-Sèvres  et  des  eaux  douces 

de  la  Vendée 3 

—  Reptiles  et  batraciens  des  Deux-Sèvres  et  Région  voisine  4 
Gelin,  Henri  et  Lucas,  D,  —  Catalogue  des  Lépidoptères 

observés  dans  l'Ouest  de  la  France '. 5 


TABLE    DES    MATIÈRES  27 

P;i{»ps 

Guérin-Gamvet,  J.  —  Obscrviilions  inolt'()r<)l(igi(|iK's  l'niies 

au  Lnhoratoire  maritime  de  Conearneaii ."> 

—  Notes  préliminaires   sur   les   gisements  <lc   Mollusques 

comestibles  des  côtes  de  France (i 

—  Contribution  à  l'étude  bioIogi(iue  et   systématique   des 

Rhizocépbales <> 

Guérin-Ganivet,  M""®  G.    —   Contributions    à    l'étude    des 

Bryozoaires  des  Côtes  armoricaines 7 

Lacroix,  Josepb.  —  Contribution  à  l'étude  des  Névroptéres 

de  France 4 

Letacq,  abbé  A.-L.  —  Note  sur  la  présence  de  la  Grémillc 

commune  (Acerina  cernna  Cuv.)  dans  la  Sartlic 4 

—  Manuel  pour   servir  à  l'étude  des   Mollus([ues  du  Maine 

et  de  la  Basse-Normandie ô 

Magaud  d'Aubusson.  —  Excursions  ornilhologiqucs  sur  les 

côtes  de  Bretagne 4 

Martel,  H.  —  Coquilles  de  Cancale.  Iconographie  et  critique 

de  quelques  petites  espèces 4 

Perraudièhe,  R.  de.  —  Notessur  les  Coléoptères  de  l'Anjou  5 

Rocher,  Préaubert,    Abot.  —    Excursions  de  la  Société 

scientifique  d'Angers 4 


II.   —   BOTANIQUE 

1.  _  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 

CiTERKE,   P.   —    Présentation    d'un   pied    de   Godelia  anor- 
mal [3  l.J XVI 

Col,  1)1'  A.  —  Expériences  sur  Lalhrœa  claiidesliiui  [1  i).^l/2|.  v 

—  Différences  entre  les  cellules  des  épidémies  des  graines 

de  poires  et  de  celles  de  pommes  |2  p.,  4  fig. | vi 

—  Présentation    de    long?;    stolons   ^e    Phragiuilcs    com- 

miinis  [2  p.  1 xvi 

—  Communication  d'une  note  de  M.  Gaueceau,  sur  deux 

Œnanlhe  de  la  flore  de  lOuest xlvii 

—  Application  de  l'appareil  du  Professeur  Florence  [18  1.].    XLViii 
Frémy,  p.  —  Envoi  d'une  note  sur  une  fascie  de  la  CarUiui 

uulgaris  L ix 


28  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    --   3"^   SÉR.,    T.    II 

Pages 

Rey.  —  Abondance  de  VOphrys  aranifera  à  La  Baule  et  au 

Pouliguen xli 

Viaud-Graxd-Makais.   —  Envoi    d'une   note    sur    Scabiosa 

'  maritima ix 

Welsch,  J.  —  Graines  de  la  Tourbe  du  Croisic  et  de  Bréti- 

gnolles  [14  1.] m 

2.  -  TRAVAUX  ORIGINAUX 

Frémy,  p.  —  Sur  une  fascie  de  Caiiina  vulgaris  L     [1  fig.J..  43 

Reau,  L.  du.  —  Parasitisme  de  Bnlzamia  viilgnris  (YiH.)  sur 

le  Pin  noir  d'Autriche  en  Anjou 39 

Viaud-Grand-Marais,  D^  —  Le  Scabiosa  maritima  des  îles 
vendéennes  et  son  identification  avec  les  Scabiosa 
atropurpiirea  et  calyptocarpa  S'  Am 48 

3.  —  EXTRAITS  ET  ANALYSES 

Arnaud  et  Foex.  —  Sur  la  forme  de  l'oïdium  du  Chêne  en 

France 13 

—  Sur  l'oïdium  du  Chêne 13 

Bouvet,  G.  —  Florule  des  Rubus  de  l'Anjou  12 

Camus,  Fernand.  —  Trois  Muscinées  nouvelles  pour  le  dépar- 
tement de  Maine-et-Loire 12 

Chevrel,  René.   —  Plantes  rares  du  Calvados  et  princi|)a- 

lement  des  envir.  de  "Caen 12 

CoRFEC,  Pierre.  —  Champignons  nouveaux  ou  rares  pour  la 

Mayenne 11 

Gamin.  A.-J.  —  Essai  de  Catalogue  des  plantes  nuisibles  à 

l'agriculture  dans  le  département  des  Deux-Sèvres. .  8 

Griffon  et  Maublanc.  —  Les  Microsphœra  des   Chênes  et 

les  périthèces  du  Blanc  du  Chêne 13 

GuFFRAY.  —  Notes  sur  la  tlore  bretonne 14 

Halet,  Ch.  —  Quelques  mots  sur  la   tlore  de  Moisdon-la- 

Rivière î2 

Hariot.  —  Flore  algologique  de  la  Hougue  et  de  Tatihou.  .  13 

HusNOT,  Gerbaut  et  abbé  Letacq.  —  Notes  sui-  la  ilore  des 

rochers  du  Chàtellicr  (Orne) 11 

Leveillé,  h.  —  Le  Carex  elongata  thuis  la  Sarthe H 

—  Relevé  annuel  des  herborisations  mavennaises 14 


TABLE    UES    MATIÈRES  29 

Pages 

Léveillé,  Ms'.  —  Que  penser  du  Carex  umhrosd  Hoii 10 

—  La  flore  du  Maine  il  y  a  2iA)()  ans 10 

—  Florule  de  Livet 11 

—  Les  Glumacés  de  la  Mayenne 11 

—  Les  Cyperacées  de  la  Mayenne î! 

Paque,  E.  —  La  maladie  du  Chêne  en  190'.;  et  1910 13 

Perret.    —   Sur  quelques  plantes   du   pays  de  Guemené- 

Penfao H 

Picquenard,  C.-A. —  Etudes  sur  les  collections  Botanicpies 

des  frères  Ciouan  :  Les  Characées  et  les  Fucoidés, .  1 1 
Potier  de  la  Varde.    —   Sur  la   présence  de  Ceplialozia 

niacrostachj^a  Kaal  dans  la  Manche 14 

—  Sur  une  variété  de  l'Oxyrrhynchiuni  Swartzii  (Turn.). .  14 
Préaubeht,  E.   —   Résultats   d'herborisations  en   Anjou  de 

1909  à  191 1 12 

Société  Botanique  de  France.   —  Session   extraordinaire 

tenue  en  A'^endée  pendant  le  mois  de  juin  1911 9 

VuiLLET,  A.  —  Sur  quelques   parasites  des  chênes  en  111e- 

et-Vilaine  et  dans  la  Loire-Inférieure 8 


III.  -  GEOLOGIE  ET  MINERALOGIE 

1.  —  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 

Ferronnière,  g.  —  Communication  sur  la  tectonique  delà 

région  ouest  de  la  Loire-Inférieure  (2  1.) iv 

—  Présentation  tie  Silex   éclatés   provenant   de   la   grande 

côte  du  C^roisic  (il  l.| xlv 

—  —           d'une  déni  û'Elephas  meridionalis  de  Chan- 
tonnay  [6  1.] *xlvi 

—  —  d'une  dent  dHipparion  gracile   provenant 

de  Martigné-Briand  [3  1-] xlvi 

—  —           d'une  dent  d'Hippopotame,    probablement 
supposée  à  tort,  fossile xlv 

—  —           de  Gj'pse  de  formation  actuelle  des  marais- 
salants  de  Batz xlvi 


30  BL'LL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.    —    3«   SFR.,    T.    II 


Fa  "es 


Grossouvre,  a.  de.  —  Envoi  d'un  Mémoire  sur  le   Crétacé 

de  la  Loire-Inférieure  et  de  la  Vendée ix 

Polo,  Di.  • —  Excursion  géologique  dans  les  Ardennes  [2J  l.|         xl 

2.  —  TRAVAUX  ORIGINAUX 

Baudouin,  I)-- Marcel.  —  Données  stratigrajîhiques  fournies 

par  les  Dunes  sur  les  Côtes  de  Vendée  [av.  fig.]  ....  55 

Chartron,  g.  —  Le  Marais  méridional  de  la  Vendée 125 

Ferronnière,  g.  —  L'Elephas  meridionalis  de  Chantonnay  149 

—  Hipparlon  gracile  de  Christ  à  Martigné-Briand 13:^ 

—     A  propos  d'un   banc  de  calcaire  perforé  du  kimme- 

ridgien  de  Chàteillaillon \'-'>l 

Grossouvre,  A.  de.  —  Le  Crétacé  de  la  Loire-Inférieure  et 

de  la  Vendée  (3  pi.  et  fig.  texte] 1 

Gourdon,  Maurice.  —  Le  Glaciaire  de  la  vallée  du  Louron.  î  1-^ 

3.  —  EXTRAITS  ET  ANALYSES 

Baudouin,  D"^  Marcel.  —  Découverte  et  fouille  d'un  kjoek- 
kenmoédding  [néolithique  aux  Tabernaudes,  à  l'ile- 
d'Yeu  (Vendée) • î7 

Bellanger,  E.  —  Note  sur  l'importance  probable  du  gi- 
sement ferrifère  de  l'Anjou 18 

—  Note  sur  un  nouveau  gisement  aurifère  en  Anjou 18 

Brull.  —  Les  mines  de  fer  dans  l'Anjou  et  la  Bretagne. ...  23 

Brun,  P.  de.  —  Essai  de  Minéralogie  du   département  des 

Côtes-du-Nord 20 

Brunati,  R.  —  Il  Generi  Belosepiella  De  Aless 24 

Bureau,  Edouard.  —  Bassin  houillcr  de  la  Basse-Loire.  — 

(I.   Histoire  des   concessions.    Pièces  justificatives. 

Description  géologique  du  Bassin) 18 

CoLLiN,  L.   —  Des  différentes  zones  paléontologiques  dans 

le  Dévonien  de  l'Ouest  du  Finistère 20 

—  Etude  de  la  région  Devonienne  occidentale  du  Finistère.  21 
CouFFON,  Olivier  et  Douvillé,  Robert.  — Note  préliminaire 

sur  la  faune  jurassique  des  environs  de  Montreuil- 

Bellay. 22 

HiRMENECH,  P.  - —  La  triade  prèiiistoriciue  d'Arzon  (Mor- 
bihan)    17 


TABLE    DES    MATIÈRES  31 

Pages 

JouHDY,  Général.    —    Note  sur  le  mode  de   plissement  du 

bord  nord  du  synclinal  de  Laval-Chàteaulin 22 

Kerforne,  F.    —  Un    nouveau  gisement  de  grès  tertiaire 

dans  les  Côtes  du-Nord    19 

—  Note  sur  les  minerais  de   1er  de  la   région  de  (^hàteau- 

briant  et  du  Sud  de  l'Ille-el-Vilaine 19 

— •  Sur  la  tectonique  de  la  région  du  Sud  de  Rennes "-!! 

—  Sur  la  nature  et  l'origine  des  minerais  de  fer  de  la  forêt 

de  Lorges  (Côtes-du-Nord) 21 

LiGNiER,  O.  — ■  Calamitomijelon  Morierei  gen.  et  sp.  nov  ...  15 

—  Le  Bennetlites  Morierei  (Sap.  et  Mar.   ne  serait-il    pas 

d'origine  infracrétacée  ?)  15 

LoDix.  —  Notice  historique  sur  l'exploitation  des  mines  de 

Pontpéan 16 

Marquet,  Ch.  —  Les  minerais  de  fer  en  Normandie 24 

Meunier,  Stanislas.  —  Sur  une  météorite  tombée  près  de 

Vitré  (lUe-et-Vilaine) 2.5 

Société  Géologique  de  France.  — ■  Réunion  e.Ktraordinaire 

dans  la  Sarthe  et  la  Mayenne 20 

Tronquoy,  R.  —  Modification  des  épontes  des  filons  stan- 

nifères  de  la  Villeder  (Morbihan) 22 

Welsch,  J.  — ■  Poitou.  —  Géologie  des  environs  des  Sables- 

d'Olonne 16 

^  La  Géologie  des  environs  de  Thouars  et  l'étage  Toar- 

cien H) 

—  Sur  la  présence  de  couches  calcaires  dans  les  schistes 

cristallins  de  la  Vendée 23 


IV.   —   DIVERS 

Bureau,  Dr  L.  —  Goinptes  de  l'exercice  1911 mi 

Acquisition  d'ouvrages  (Bibliothèque  Dumas) ii 

Programme  du  51e  Congrès  des  Sociétés  savantes xli 

Remise  d'un  souvenir  à  notre  Secrétaire  général.  Discours 

de  MM.  Col,  Larbé,  Malherre,  Bure.^u xviii 

Liste  des  Collaborateurs  aux  analyses  (2'^  partie) 2 


32  BULL.    SOC.    se.    NAT.    OUEST.  —   3''   SÉR.,    T.    II 

V.  —  NOUVELLES 

(Distinctions  honorifiques,  nominations,  nécrologie,  etc.) 

Pages 

Bureau,  D'  L.  —  Nomination  au  grade  de  Chevalier  de  la 

Légion  d'honneur xi 

Œhlert,  p.  — Promotion  au   titre  d'Officier  de  la  Légion 

d'honneur xi 

Pelous.  —  Nomination  au  titre  d'Officier  d'Académie xlii 

ViAUD,  Th.  —  Nomination  au  titre  d'Officier  de  l'Instruction 

publique xlii 

Oberthûr,  Ch.  —  Nomination  au  titre  de  Chevalier  de  la 

Légion  d'honneur xlii 

f  Brandicourt,  Henri.  —  Membre  affilié xlii 

f  Crié,  Léon,  Membre  honoraire xlii 

f  Michel-Lévy.  —  Directeur  du  Service  de  la  Carte  géolo- 
gique de  France.  Membre  honoraire i 

f  Poydras  de  la  Lande,  Julien.  —  Membre  titulaire xxxix 


Nantes.  —  Imp.  A.   Dugas,  .">,  quai   Cassard 


BULLETIN 


DE    LA 


SOOlK'l'h: 


DKS 


SCIENCES  NATURELLES 


DE   T/OIÎEST    DE    LA    FRANCE 


Troisième  Série.  —  Tome  II 


1^X2 


,^5i4      J'^'^^St^S— #^5er-,J?  WJ^-'^!.   ^i~.»=^^.* -B-3#-*  .i,%r~---- 


NANTES 
Secrétariat   au   Muséum   d'Histoire   Naturelle 

PARIS 

LIBRAfRtR     DKS     SCIENCES     NATURKLLES 

Léon  Lhomme 
.'î,    Rue    Corneille,    tl 

Le  Bulletin  paraît  par  livraisons  trimestrielles 


i.a  Société  ollre  graUiilemenl  25  lirayeh  a  part  aux  auteurs  i|ai  en  (onl 
la  demande  sur  le  manuscrit. 

Des  tirages  à  part  supplémentaires  peuvent  en  outre  être  louruis  aux  prix 
suivants,  remise  en  pages,  couverttue.  lilie  et  brochage  compris. 


Nombre  d'Exemplaires 

25        50 

75       100 

150      200 

Une  feuille,  16  pages,  ou  trois 

quarts  de  feuille,  12  pages. 

r^     :  c.  50 

8 

9 

Il  75 

U  25 

Une  demi-feuille,  8  pages 

3  r.()  '  '•  -^'^ 

5  50 

6  25 

8 

9 

Un  quart  de  feuille,  i  pages 

3            ' 

i  75- 

5  25     (i  25 

/         \ 

Un  Imilième de  feuille,  2 pages 

2  25  .    ■' 

3  5<^ 

i 

4  50 

5 

Deux  feuilles. 

i) 

12 

14 

16 

20 

26 

Jrois  feuilles 

13 

17 

19 

22 

28 

35 

Quatre  feuilles 
Nota.  —  Au  delà  de  qui 

15 

21 

25 

30 

36 

45 

ître  feuilles,  1 

a  feuille  sera  payée  à  rai- 

son  de  4  f i .  le  cent  par  tirage  inininuini  de  cent  exemplaires.      |j 

Les  planches  sont  fournies 

aux  auteurs  aux  mêmes  conditions  qu'à  la  || 

Société. 

Port  à  la  charge  du  destinataire. 

DIPLOME 

Un  Diplôme  de  Memhre  <le  la  Société  est  misa  la  disposition  des  Sociétaires. 

Ce  diplôme  sera  expédié  franco  contre  un  mandat-poste  de  3  francs  adressé 

d'une  manièr-e  impersonnelle  à  M.  le  Secrétaire  (/énêral  de  la  Société. 


PRIX    DU    VOLUME 


Pour  les  Membres  de  la  Sociéti 
Pour  le  Public 


10  ir. 
12  Ir. 


AVIS    AU    RELIEUR 
Le  Volume  doit  être  i^elié  dans  l'ordre  suivant  : 

PRhMIÈRE  PARTIE 

Extraits  des  prgcés-vhrb.aux  diis  .sé.wces i  à  xljx 

MÉMOIRES  :  pi.  I  à  m là   154 

DEUXIÈME  IWRTIE 

EXTR.A.1TS  ET  ANALYSES I  à  24 

Table   des   Matières i.'i  à  32 


Nantes.  —  Imp.  A.  Diigas,  5,  quai  Cassard 


MHI.  WHOI    I.IBRAKY 


UH    lAlK 


'4iiM*Aiit.AkhÀiiiiJsR 


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